4 février, 2014

Dépenser pour les pauvres

Pour parvenir à une fiscalité légère mieux vaut avoir une dépense publique elle –même modérée. La question qui se pose en matière de dépense publiques est donc la suivante : comment bien dépenser et pour quoi ? Depuis l’origine, l’Etat défend son action en affirmant qu’il agit pour le bien de la collectivité. Cela a même un nom : le service public. Pourtant à chaque époque, le doute a existé sur la pertinence de ce genre de discours.

 

 

Machiavel et Rousseau, contre la dépense publique

 

La preuve de ce doute est le fait que les premiers théoriciens de la politique ont recommandé aux dirigeants de se montrer économe. C’est le cas notamment de Machiavel. Dans son livre le Prince, paru en 1515, il donne des conseils de gouvernement d’un tel cynisme que certains ont affirmé qu’il  avait agi plus en provocateur qu’en analyste politique. Il y recommande notamment aux dirigeants  « l’avarice » plutôt que la « libéralité ». Prenons un extrait du chapitre XVI du  Prince : « si un prince veut se faire dans le monde une réputation de libéral, il faut nécessairement qu’il n’épargne aucune sorte de somptuosité ; ce qui l’obligera à épuiser son Trésor par ce genre de dépenses : d’ou il s’ensuivra que , pour conserver la réputation qu’il a acquise, il se verra enfin contraint à gréver son peuple de  charges extraordinaires , à devenir fiscal et à faire en un mot, tout ce qu’on peut faire pour avoir de l’argent. Aussi commencera t- il bientôt  à être odieux à ses sujets, et à mesure qu’il s’appauvrira, il sera moins bien considéré. »

 

 

Pour Machiavel, dépenser ne sert à rien car les bénéficiaires des dépenses publiques sont des ingrats !

 

Moins cynique , Jean-Jacques Rousseau exprime également des doutes sur l’opportunité de la dépense. Rousseau est l’auteur de l’article Economie Politique de l’Encyclopédie, article paru en novembre 1755. Après sa dispute avec Diderot, il récupère sa liberté de diffusion, et le texte est édité sous le nom du discours sur l ‘économie politique.

Dans ce texte, où il est en fait assez peu question d’économie et beaucoup de politique, Rousseau se fait l’apologiste de l’agriculture, parce qu’elle rend libre et du monde rural parce qu’il est simple. Il se pose en détracteur du commerce et de l’industrie, parce qu’ils rendent riche et favorisent l’émergence des villes où règnent luxe et corruption. Dans le monde qu’il conçoit, la population vit à la campagne dans des petites communautés, si bien que l’Etat doit être réduit au strict minimum. Rousseau lui assigne  de promouvoir les valeurs civiques et recommande fermement sur le plan économique de contenir ce parasite potentiel. Le but ultime est de contenir la dépense, action indispensable car l’Etat écrit Rousseau « enrichit les fainéants de la dépouille des hommes utiles »….. »

 

 

… «  Depuis la révolution Française, L’Etat est devenu le grand bénéficiaire de la croissance. La richesse augmente mais les dépenses publiques encore plus, si bien que leurs poids dans le PIB est croissant. Au delà de 40 % de dépenses publiques avait déclaré Valéry Giscard d’Estaing ont change de société pour quitter la démocratie libérale est créer une société socialiste. Dans un premier temps, pour limiter les récriminations, on a déconnecté dépenses et prélèvements fiscal : charme de la dette qui permet de dépenser sans payer. Mais l’astuce a  ses limites. La dette permet la dépense puis génère de la dépense : les intérêts – et étouffe l’état.

 

 

Aujourd’hui, l’heure de vérité est arrivée : en France, la fiscalité est suffisamment lourde pour qu’on cherche à la fuir, notamment à l’étranger, sans se sentir particulièrement  coupable. La charge de la dette est le deuxième budget de l’Etat. Les dépenses représentent 56% du PIB. Leur décrue est donc à l’ordre du jour. Seulement, cela ne se fera pas sans douleur : certains « oisifs » ont une légitimité à l’être comme les personnes âgées. Pour d’autres, des questions se posent sur les raisons pour lesquelles la puissance publique les paie. Ceux là ne vont pas se laisser faire, ils affirment haut et fort leur mission de service public ;ils soulignent le rôle social  d l’Etat et de ses dépenses. Ils parlent de Welfare pour mieux résister à ceux qui annoncent le nécessaire retour du workfare, pourtant ce workfare va s’imposer.

 

 

Extrait de « 8 leçons d’Histoire Economique » par Jean-Marc Daniel

Auteur: idlibertes

Profession de foi de IdL: *Je suis libéral, c'est à dire partisan de la liberté individuelle comme valeur fondamentale. *Je ne crois pas que libéralisme soit une une théorie économique mais plutôt une théorie de comment appliquer le Droit au capitalisme pour que ce dernier fonctionne à la satisfaction générale. *Le libéralisme est une théorie philosophique appliquée au Droit, et pas à l'Economie qui vient très loin derrière dans les préoccupations de Constant, Tocqueville , Bastiat, Raymond Aron, Jean-François Revel et bien d'autres; *Le but suprême pour les libéraux que nous incarnons étant que le Droit empêche les gros de faire du mal aux petits,les petits de massacrer les gros mais surtout, l'Etat d'enquiquiner tout le monde.

9 Commentaires

Répondre à CedricF

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  • Libre

    6 février 2014

    Surtout avoir un système d’aide sociale réservé aux foyers modestes de façon à éviter les troubles à la paix civile que peuvent provoquer la pauvreté et le désespoir…Aussi faire un véritable effort en faveur de la formation professionnelle tout au long de la vie ( chèque formation sous condition de ressources).Puis conditionner dans la mesure du possible les aides sociales à un effort pour leur bénéficiaires ( formation sérieuse et qualifiante ou travail public rémunéré en complément).Enfin plafonner les dépenses sociales à un certain pourcentage du PIB sur la totalité du cycle économique pour éviter des dépenses sociales insoutenables!

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  • CedricF

    4 février 2014

    « Seulement, cela ne se fera pas sans douleur : certains « oisifs » ont une légitimité à l’être comme les personnes âgées. »
    En quoi un jeune retraité de 50 ans est plus légitime qu’une mère de famille à mi-temps ? En quoi les cohortes de retraités actuelles qui ont payé des charges ridiculeusement basses sur leurs salaires (pour des raisons évidentes de démographie) et endetté le pays pendant des décennies ne devraient pas payer leur écot aujourd’hui ?

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  • Mathias CORVIN

    4 février 2014

    Par essence un pseudo-économiste appartenant au sérail de la
    gauche-bobo est déconnecté des réalités de l’économie de marché,et son
    refrain sur le progrés technologique prenant la place des travailleurs
    sonne faux !! ………Car le progrés s’accompagne de formations qualifiantes
    accompagnant les travailleur en faisant évoluer les tâches ……..
    C’est la qualité du management , qui a la sagesse de recruter des têtes
    biens faites ,des créateurs prolifiques et géniaux , des techniciens formés
    et confirmés……….qui assure le succés d’un projet technologique avancé !!

    Tout commence dans la Famille par le culte de la solidarité et de l’effort ,
    l’éducation n’est vraiment nationale qu’en CHINE oû les enfants sont guidés
    des leur plus jeune age dans le CULTE de la PATRIE et le respect du
    sens commun……et de la hiérarchie………

    A partir de ces bases sérieuses,qui furent les nôtre,tout devient possible ,
    ainsi ce peuple d’agriculteurs Kolkhosiens est il devenu une puissance
    spaciale de premier plan , une puissance nucléaire , le premier producteur
    mondial de biens de consommation………….notre partenaire incontournable
    le TIGRE Asiatique………..qui dévore notre Lion de Sauchau !!

    Nos formations actuelles dans les Lycées et les Facs,sont dispensées par de pauvres Profs démunis de technologies de pointe,et qui n’ayant jamais exercés dans les industries enseignent le passé fossilisé….à des éléves
    qui ne savent plus écrire trois lignes de Langue Française sans y faire
    cinq fautes ……!! Qu’attendre de ces échanges stériles entre sourds,muets et aveugles ……….??? …….des croûtes,des chômeurs potentiels , des
    gens aigris et vindicatifs , parce qu’on leur à fait croire que malgré leurs
    déficiences……..ils étaient les Rois de la création ….!!!

    N’en déplaise aux économistes-bobo , il se trouvent de moins en moins de
    volontaires pour remorquer les armées de crétins formatés par une
    pseudo éducation nationale devenue un monstre dont la seule grande
    aspiration est d’enseigner la théorie du genre et l’éducation sexuelle déviante
    selon LGBT …………..la FRANCE est mure pour devenir une fabrique
    de gode-michet ……..!!!

    Répondre
  • Amellal Ibrahim

    4 février 2014

    Bonjour,

    Dans quel domaine de l’économie, l’Etat peut-il mieux faire que la « société civile » ?

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    • LAutre

      4 février 2014

      Disons que sans l’intervention de l’État, point de TGV, point d’EDF, d’Airbus, d’Ariane ou de SNCF. Je vis dans un pays qui n’a pas ce genre de pensée à long terme, ce qui amène désertification du pays et dépense excessive en pétrole. Certains domaine demandent des investissements considérables avec des rentabilités parfois médiocres mais pourtant nécessaires.

      Pour ramener cela au niveau concret, disons que ces grands projets sont des dépenses d’investissement, comme le serait une maison pour une famille. Tandis que tous les versements sociaux ou subventions représenteraient l’équivalent de l’épicerie.

      On peut s’endetter pour acheter une maison: c’est une bonne chose, mais s’endetter pour l’épicerie, ça c’est une mauvaise idée.

    • Dame Ginette

      4 février 2014

      Les TGV, EDF et autre SNCF sont dus à des entrepreneurs privés au XIXe s qui ont risqué leurs fortunes pour faire fortune. Ces entreprises furent nationalisées ultérieurement…
      Les avancées, innovations qui ont menées à la « qualité » de service actuelle ont pour origine l’initiative privée, à une époque où l’on pouvait se lancer car moins de tracasseries étatiques !

  • Missoiline

    4 février 2014

    Bonjour,

    Merci pour cet article.
    On commence à entendre de plus en plus d’économistes de gauche (comme Jorion ou Larrouturou) nous expliquer que le progrés technologique a pris pour partie la place de travailleurs. Et que le valeur créée par ces progrès technologiques est allée directement dans la poche des actionnaires alors que dans le même temps, l’Etat s’endettait pour payer des chômeurs.
    Dit comme ça, cela semble imparable.

    Peut-on dire en effet qu’il n’y a plus assez de boulot au vue de la population grandissante et des progrès technologiques ?
    Je suppose que Schumpeter doit se retourner dans sa tombe, mais ses analyses sont-elles encore d’actualité ?

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    • orsu

      4 février 2014

      Bonsoir
      Je me permets de répondre a vos questions
      – « Economiste de gauche » est à mon sens une aberration, une idéologie ne peut se marier qu’avec elle-même, et surtout pas avec une autre matière tel que l’économie à vocation descriptive et applicatrice d’une réalité et non d’une utopie !
      – Larrouturou est un des diffuseurs de la théorie du partage du travail, dans une vision purement quantitative et donc malthusienne, il « résonne » (je met les «  » car je ne suis pas vraiment sur que cet homme possède cette faculté, je la lui attribuerai donc au bénéfice du doute), qu’en système fermé, c’est a dire qu’il définît, de façon assez arbitraire et définitive quels sont les paramètres endogènes et exogènes qui influencent un processus macro-économique, puis partant de ce principe et au travers d’équations, la encore plus ou moins farfelues, détermine les avenirs possibles en fonctions des variations de certains paramètres ou relations.
      Ainsi il lui est facile de concevoir des systèmes qui répondent aux exigences idéologiques.
      c’est alors l’idéologie qui façonne la réalité !
      Vous seriez surement capable d’en faire autant avec un peu de temps et de pratique.
      C’est ce que l’on appelle pompeusement l’économétrie.

      Cette conception de l’économie, si elle reste un exercice intellectuel intéressant, est a ranger au même titre que la résolution d’un sudoku ou autres casse-tête ludiques, elle prouve que vous êtes éventuellement capable jouer au mécano, voir au plombier si vous avez introduit des flux, mais ne fera jamais du concepteur un économiste capable de comprendre une réalité !

      Quand aux analyses de Schumpeter, il me semble qu’elles sont d’autant plus d’actualité que l’environnement devient instable et turbulent, car alors seule est important la capacité d’innovation (pro-actif) et d’adaptation (réactif).

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