24 avril, 2014

De retour à New York, avec le printemps

Dans de telles conditions, je ne vais pas gloser sur les stress tests des banques, désolé, camarade « Poutine », ni sur le libéralisme .Je pourrais vous faire de mes impressions de voyage dans 4 pays d’Asie du Nord Est, Corée, Japon, Taiwan et Hong Kong. Mais rien de bien nouveau à dire.
A ce propos, j’écoutais aujourd’hui dans un déjeuner débat, Guy Sorman de retour de Corée, , évoquer le lien entre développement et démocratie, pour conclure que contrairement à ce déclaraient de bons esprits, il n’y a pas de relation de cause à effet entre l’un et l’autre. Il y a en revanche selon lui peut être une corrélation entre innovation et état de droit/libertés publiques.
Et de citer à titre d’exemple le nombre de brevets déposés annuellement dans les 3 zones des économies développées, USA, Japon, et Union européenne, suivis de la Corée, des pays tels que la Chine et la Russie venant très loin derrière. J’étais tente de parler du nouveau gouvernement, mais a quoi bon, Charles Gave a déjà parfaitement résumé ce que nous sommes beaucoup à penser, « much to do about nothing », et notre Président n’arrive pas à se défaire de sa manie de vouloir tout et son contraire.
Difficile après 10 ans de secrétariat du PS de se débarrasser de ces motions de synthèse des courants.
Alors je vais vous faire part à chaud de quelques réflexions sur la situation internationale.
Tension de nouveau Russie Ukraine suite aux occupations de bâtiments publics dans la partie orientale du pays par des éléments qui réclament une autonomie administrative par rapport à Kiev.
Spontanés, fomentés, ces mouvements alimentent la rhétorique de Moscou pour un Etat Fédéral neutralisé type Finlande durant l’ère soviétique. Des sanctions ont été adoptées, mais elles sont sans effet et les Européens sont clairement préoccupés par d’éventuelles mesures de rétorsion, qui frapperaient leur entreprises, voir la visite à Canossa du Président de Siemens, assurant Poutine de son désir de ne pas transformer un désaccord politique en affrontement économique. Comme le relevait le Wall Street Journal aujourd’hui, le Président russe aurait tort de se restreindre, jamais il n’aura un contexte aussi favorable pour ses ambitions eurasiatiques avec une administration américaine tétanisée par le risque de nouvel engagement militaire, et l’esprit munichois qui domine en Europe occidentale, au grand dam de la Pologne, des Républiques baltes et de la Géorgie qui a déjà été étrillée.
Echec au moins temporaire de la tentative d’un nouvel accord israélo-palestinien, dont le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait fait la priorité de son action lors de sa prise de fonction.
Visite pour rien du Président Obama qui n’a en aucune façon rassure les dirigeants saoudiens sur les résultats attendus de la négociation sur le nucléaire iranien. Je suis pour ma part persuadé que les Américains se sont résignés à avoir à terme un équilibre entre les Israéliens et les Iraniens dotes d’une capacité nucléaire militaire.
Situation qui rend les Saoudiens encore plus disposés à une alliance objective avec Jérusalem.
Le Marechal Al Sissi vient dans l’indifférence générale d’officialiser sa candidature à la Présidence Egyptienne, son élection qui ne sera pas contestée, à la différence de celle de Morsi, sera suivie de celle d’un parlement quasi monocolore, les islamistes, Brotherhood et Salafistes, ainsi que libéraux étant lamines ou exclus de la compétition.
Feu le printemps arabe dans un pays de près de 100 millions d’habitants….
Quant à la Syrie, l’échec de Genève, l’aide du Hezbollah, de l’Iran et de la Russie a sécurisé le maintien du régime en place, les opposants étant incapables sans aide internationale de renverser Bashir Al Assad. Et les refugiés par millions fuient la Syrie et s’entassent dans des camps en Jordanie et autres pays limitrophes, le dictateur préparant sa réélection dans quelques mois et les Occidentaux étant persuadés qu’il est un moindre mal, l’alternative oscillant entre l’anarchie et un ou plusieurs « émirats islamiques » d’où partiraient des djihadistes à destination des pays européens.
Apres les municipales, bientôt les européennes.
N’ayant jamais été un fédéraliste européen à la différence de beaucoup de ma génération, je suis néanmoins à titre personnel plutôt favorable à une certaine unification des pays de notre continent, et un sous ensemble non ferme sur l’extérieur avec libre circulations de biens, personnes et services est sans doute un plus.
Mais cette construction a été mise à mal a la fois par l’élargissement a des pays qui n’avaient pas atteint le niveau de développement des pères fondateurs, et aussi par l’adoption d’une monnaie de zone, donc d’une politique monétaire non accompagnée d’une harmonisation des politiques budgétaires et fiscales.
La perspective d’un Parlement ou seraient en nombre des anti ou euro sceptiques type UKIP Britannique inquiète les milieux politiques.Le paradoxe, mêmes les pros –européens définissent la construction européenne comme une menace pour les intérêts nationaux et un cheval de Troie de cette mondialisation source de tous nos maux.
Alors quelle est la constante de toutes ces situations, sans doute la médiocrité et la pusillanimité de nos dirigeants.

Nous avons besoin de chefs d’Etat, nous avons des politiciens soucieux de leur réélection. Je n’en récuse pas pour autant les régimes démocratiques, ils seront toujours préférables à leurs alternatives.
Mais ils doivent pour cela aller de pair avec un Etat cantonné dans ses missions essentielles, et non pas intervenant de manière systématique et abusive à la fois comme régulateur et comme operateur.
C’est pour y mettre des bornes qu’agissent aux Etats Unis des organisations telles que Cato, ou American Enterprise Institute, ou Competitive Enterprise Institute, tout à la fois think tanks mais aussi organisations menant des actions y compris juridiques pour contrer les abus de règlementation.

Exemple dont on pourrait parfois utilement s’inspirer en France ?

Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

6 Commentaires

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  • jcgruffat

    28 avril 2014

    Le vrai sujet, quelle est la nationalite d’une entreprise multi-nationale?
    Reponse , sa culture dominante…

    Répondre
  • jean-claude

    26 avril 2014

    Cher Gerldam,
    Point taken, but a lot going on still..
    Cher Friedrichlist,

    Oui bien sur.
    Au moment de la quasi faillite d’Alstom suite au rachat des turbines ABB, le gouvernement contraint Alstom a vendre T&D a Areva pour 1 milliard d’Euros.
    Lorsqu’Areva voulut augmenter son capital, un autre gouvernement oppose a toute privatisation poussa la direction d’Areva a vendre T&D pour plus de 4 fois sa valeur d’acquisition.
    Aucun francais ne pouvait faire les fonds, GE et Toshiba etaient candidats et le gouvernement choisit la pire solution en vendant 2/3 a Alstom et 1/3 a Schneider.
    Alstom etant pour un peu moins d’un tiers -seuil de l’OPA reglementairement obligatoire- detenu par Bouygues – GE qui a du cash hors des US est dispose a le redeployer et la partie energie d’Alstom est sous valorise dans le conglomerat qui est aussi dans le transport.
    Tous les pays protegent leurs joyaux industriels, y vcompris les US avec la procedure CFIUS.
    En France, on parle beaucoup et on fait peu.
    Lafarge, Publicis, Alstom..

    Répondre
    • FaLLaWa

      28 avril 2014

      Cher Monsieurs Gruffat,

      Il y a un point qui me tracasse. Vous parlez de joyaux industriels nationaux que chaque pays s’efforce de protéger.

      D’un cote si l’on prend les choses sous cet angle, on ouvre la porte au dirigisme industriel de l’Etat stratege.

      De l’autre « on » perd le controle de grands groupes autrefois prospères et franco-francais, qui se font racheter et qui « passent à l’ennemi », « la France » perdant ainsi un fleuron de son savoir-faire industriel national.

      Est-ce un mal d’avoir certaines de nos grandes entreprises nationales rachetées par des etrangers? Est-ce un mal que certains savoir-faires ne soient plus detenus par des ressortissants francais?

      Est-on dans une guerre economique des pays les uns contre les autres?

      Cette vision semble s’ecarter de la vision liberale qui semble parfois bien theorique et loin de la realité.

      Qu’en pensez-vous?

    • jcgruffat

      28 avril 2014

      Cher Fallawa,

      J’aurais du mettre « joyaux industriels » , car pour ma part, je ne souscris pas au protectionnisme econimique invoque par Dominique de Villepin, lors d’une rumeur d’OPA par PepsiCo sur Danone.
      Tous les pays tentent ave plus ou moins de bonheur de « proteger  » leurs firmes nationales de prise de controle par des interets etrangers, pour des motifs qui sont la protection de l’emploi, la localisation des centres de recherche ou de decision, ou des raisons qualifiees de « strategiques ».
      Les Etats Unis ont une procedure dites CFIUS, qui s’avere tres efficace.La Grande Bretagne est ouverte, la Chine est fermee..
      De telles mesures sont illegales a l’interieur de l’Europe, d’ou la tentative de substitution de Siemens a GE dans le cas Alstom.
      Je suis oppose par principe a ces obstacles qui n’ont ni logique industrielle ni justification capitalistique.
      Je vais tenter d’ecrire un papier sur le site IDL, a moins que Charles ou Jean-Jacques n’envisage de le faire?

  • FriedrichList

    25 avril 2014

    Bonjour M. Gruffat,

    A propos de l’Europe, auriez-vous un commentaire sur l’OPA du General Electric sur Alstom alors qu’un rapprochement avec Siemens parait impossible de la même façon qu’une fusion Arcelor-Thyssen l’avait été en son temps ?

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  • Gerldam

    25 avril 2014

    La bonne citation de Shakespeare est: « Much ado about nothing ».

    Répondre

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