23 mars, 2015

De la nécessité des institutions

Replaçons-nous juste après la seconde guerre mondiale. Pour éviter le retour de conflits aussi destructeurs que celui dont le monde venait de sortir, les États-Unis prennent la décision d’essayer de structurer la sphère internationale grâce à une série d’Institutions. Tour à tour voient le jour : les Nations Unies, le FMI, la banque mondiale, les accords de Bretton-Woods, puis plus tard, l’OTAN.

1. Les Nations Unies, c’était l’organisation politique censée fournir à tout moment un lieu où des conversations pouvaient se tenir à l’abri des regards indiscrets pour désamorcer les conflits potentiels.

2. Le FMI , c’était la structure qui permettait de traiter de la façon la plus rationnelle possible les problèmes que posent toujours la faillite d’un Etat, en essayant d’éviter dans la mesure du possible le recours au protectionnisme, grand responsable de la crise des années 30.

3. La Banque Mondiale, c’était l’outil qui allait permettre aux pays qui souffraient d’une épargne insuffisante d’obtenir des prêts leur permettant de se développer.

4. L’Otan, c’était l’alliance militaire offensive et défensive entre les USA et beaucoup de pays Européens qui garantissait que si l’un de ces pays était attaqué, les USA entraient en guerre immédiatement contre l’agresseur. Pour que tout cela fonctionne, il fallait bien sur que les USA acceptent de remplir les responsabilités de l’Hégémon et ces responsabilités reposaient avant tout sur une gestion saine du dollar, la monnaie US. Une première fois dans les années 70 et une deuxième fois depuis 2002, les autorités Américaines ont cependant fait passer l’intérêt à court terme des USA devant leurs responsabilités de puissance dominante. Et du coup, le système mis en place après la guerre se défait et le monde international retourne à l’anarchie.

Et c’est la que la Chine entre en jeu, car s’il y une chose que Chinois détestent plus que tout c’est bien l’anarchie. Les lignes de force de ce redéploiement ont été fort clairement précisées il y a quelques temps déjà. Mais les intentions sont une chose, la réalisation une autre. Le Pouvoir dans l’Empire du Milieu est en train d’arriver à la phase des réalisations concrètes.

• Pour remplacer le FMI, la banque centrale Chinoise, riche de 5000 milliards de dollars de réserves de change signe avec qui le veut des accords de swaps qui permettront à tout Etat en difficulté de trouver une source de financement en cas de problèmes temporaires.

• La Banque Mondiale se verra concurrencée par une « banque Asiatique pour les infrastructures », dont la majorité du capital sera détenue par la Chine. Mais le reste du capital sera détenu par des autres pays Asiatiques, et même, suprême habilité, par des pays non Asiatiques. Déjà, la Grande -Bretagne a annoncé son intention de souscrire, rapidement suivie par l’Australie et la Corée du Sud, et ce malgré les pressions immenses effectuées par les États-Unis pour que ces pays, et bien d’autres s’abstiennent. Quand La Grande-Bretagne et l’Australie « y vont », cela veut vraiment dire que l’Administration Obama n’a plus aucune crédibilité. Si le Japon venait à signer, il s’est agirait la d’une défaite sans précédent pour la Diplomatie Américaine..

Et en ce qui concerne le dollar, une nouveauté pratique se profile. Le rôle du dollar en tant que moyen de paiement international est terriblement conforté par le système de paiement électronique appelé  » Swift » qui relie toutes les banques du monde entre elles, et ce système est centré sur le dollar. Pour passer du yen à l’Euro, on passera du yen au dollar et du dollar à l’Euro. Ce qui veut dire que toutes les transactions se nouent et se dénouent aux USA. Cela donne à la justice Américaine une espèce de privilège d’extra-territorialité que l’on a bien vu à l’œuvre au moment de l’amende infligée à la BNP. En quelques sortes, celui qui contrôle les tuyaux contrôle les paiements et à une information parfaite sur ce que font ses concurrents.

Et bien, les Chinois vont lancer fin Décembre un système de paiement alternatif, centré sur le Renminbi. Ceux qui veulent laisser dans l’ignorance les autorités Américaines passeront par ce nouveau système, ceux qui veulent laisser dans l’ignorance les autorités Chinoises passeront par l’ancien. Ce sera à tout un chacun de décider par quel  » big brother » il préfère être martyrisé. Avoir le choix du tortionnaire est déjà un progrès. Nous sommes donc en train de voir émerger un nouvel appareil institutionnel, centré sur la Chine et non plus comme l’ancien, sur les USA.

La condition sine qua non pour que ce système fonctionne suppose que le Yuan (Renminbi) reste une monnaie forte et que la consommation interne Chinoise devienne le moteur de la croissance de ce pays, remplaçant les exportations, ce qui suppose l’abandon de son modèle mercantiliste par la Chine, ce qui est déjà largement le cas. Le seul inconvénient est bien sur que ceux qui ont toujours vécu dans une position de monopole s’accommode mal en général de l’apparition d’une concurrence et peuvent avoir recours à la force pour essayer de maintenir le Statut- Quo Ante. Et du coup, toute l’Asie qui voit arriver des tensions entre États Unis et Chine s’arme à qui mieux mieux. Regardez les budgets d’armement en Corée, au Japon, en Inde, à Taïwan, à Singapour, aux Philippines, en Indonésie….

Tout cela amène à deux conclusions :

-La première, qui est positive, est qu’un nouveau système de coopération internationale est en train de voir le jour, ce qui est toujours une bonne chose.

– La deuxième, plus inquiétante, est que cette émergence frappe de plein fouet les intérêts des Américains qui d’un côté ne veulent plus assurer les charges de l’ Hégémon, et de l’autre ne veulent pas que l’on chasse sur des terres qu’ils laissent en déshérence. Le remplacement d’un empire par un autre n’est jamais une simple affaire. Bref, le résultat final est que nous allons avoir une activité en Asie à la fois plus forte et moins volatile, ce qui devrait permettre une hausse des marchés financiers, tout cela contrebalancé par un risque géopolitique plus important.

C’est mieux qu’en Europe ou les institutions inventées à la fin du XX eme siècle nous garantissent une absence totale de croissance tout en entretenant un risque géopolitique qui ne cesse de monter…

 

A mon avis, tout bien pesé, il vaut mieux avoir son argent en Asie.

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

27 Commentaires

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  • simple citoyen

    29 mars 2015

    Cher Charles Gave,
    Pour la première fois depuis longtemps, je ne partage pas totalement votre analyse.
    En creux quand il s’agit des prémices que vous citez, et notamment en ce qui concerne le traitement de l’URSS aux périodes fondatrices des institutions auxquelles vous vous intéressez.
    Mais plus proches de nous et peut-être plus importants ces sujets, je vous cite:
    « – La deuxième, plus inquiétante, est que cette émergence frappe de plein fouet les intérêts des Américains qui d’un côté ne veulent plus assurer les charges de l’ Hégémon, et de l’autre ne veulent pas que l’on chasse sur des terres qu’ils laissent en déshérence ».
    Je ne suis pas certain que ce soit le cas. Les US cherchent semble-t-il à passer d’un mode de gestion à un autre, mais en aucun cas renoncer.
    Quelles sont les moyens à la disposition des US?
    1. leurs armées classiques et de l’ombre
    2. le dollar
    3. le contrôle de l’information
    Peut-on vraiment dire que les US payent pour ces moyens? Non seulement le coût direct des « opérations » est de plus en plus souvent partagé, voire prélevé, et ce de manière « impériale », mais le partage du butin, si une telle expression convient, laisse une part de plus en plus congrue à ses alliés.
    Sans oublier que l’exceptionnalisme américain a fondamentalement changé de nature. Ce qui s’apparentait au manque de culture et à l’isolationnisme historique a laissé place au mépris le plus simple et à la philosophie du « because we can ». La puissance est nue et ne se préoccupe plus guère des apparences.
    Très cordialement.

    Répondre
  • BA

    27 mars 2015

    1- La Grèce est en faillite.

    2- Les banques privées grecques sont en faillite.

    3- La Banque centrale de Grèce est en faillite.

    4- Mais à part ça, ça va.

    Vu la situation financière fragile du pays, la Banque centrale européenne (BCE) a enjoint cette semaine les banques grecques à arrêter d’acheter de la dette émise par Athènes, car cela fait peser un risque sur leur solidité financière

    Les banques grecques se refinancent à l’heure actuelle auprès de la banque centrale de Grèce, avec des prêts d’urgence, plus onéreux pour elles, dans le cadre d’un mécanisme d’urgence (ELA) de la BCE.

    Mercredi, la BCE a relevé à 71 milliards d’euros, contre 69,8 milliards précédemment, le plafond de ce financement d’urgence.

    Les coffres des banques grecques ont été fortement ponctionnés par les épargnants depuis décembre, début de la séquence électorale qui a porté Syriza au pouvoir. En février ainsi, où il a fallu attendre le 20 pour qu’un premier accord soit trouvé entre le nouveau gouvernement grec et ses créanciers, 7,6 milliards d’euros ont été retirés par les ménages et les entreprises, selon les chiffres publiés jeudi par la Banque de Grèce.

    Ces retraits font suite à d’autres de 4,2 milliards d’euros en décembre et de 12,8 milliards en janvier. A 140,47 milliards d’euros en février, cette épargne est au plus bas depuis mars 2005.

    Après la rencontre lundi du Premier ministre grec Alexis Tsipras avec la chancelière allemande Angela Merkel à Berlin, le gouvernement espère qu’une solution à ses problèmes sera trouvée très prochainement.

    Après cette rencontre, le climat politique a changé, a souligné le ministre grec de l’Economie M. Georges Stathakis.

    Toutefois, la bourse d’Athènes reflétait jeudi l’inquiétude des marchés, l’indice général a terminé dans le rouge, à -3,74% à 764,88 points.

    http://www.romandie.com/news/Athenes-optimiste-sur-un-accord-avec-lUE-au-debut-de-la-semaine/578927.rom

    Répondre
  • BA

    26 mars 2015

    Nous pouvons comparer les obligations de l’Etat grec à des tumeurs cancéreuses.

    Pour se financer, l’Etat grec émet des obligations à trois mois et aussi des obligations à six mois.

    Mais l’Etat grec est INCAPABLE de rembourser ces obligations.

    L’Etat grec est obligé de demander à la troïka de lui prêter des milliards d’euros, qu’il utilise pour rembourser les obligations arrivées à échéance.

    Autrement dit : les obligations de l’Etat grec n’ont aucune valeur, car l’Etat qui les émet est INCAPABLE de les rembourser.

    Personne au monde ne veut acheter ces obligations pourries : il ne reste plus que les banques privées grecques qui acceptent encore de les acheter.

    Ensuite, la Banque centrale de Grèce accepte ces obligations en collatéral, et elle prête des milliards d’euros aux banques privées grecques : à ce moment précis, la Banque centrale de Grèce fait entrer des tumeurs cancéreuses dans la zone euro.

    La Banque centrale de Grèce fait entrer des tumeurs cancéreuses qui contaminent toute la zone euro : c’est l’euro lui-même qui est discrédité.

    C’est l’euro lui-même qui n’a plus de valeur.

    Les euros qui circulent en Grèce n’ont plus de valeur : ils ne représentent plus rien de réel.

    Comme des tumeurs cancéreuses, ils discréditent les autres euros, qui circulent dans les autres nations européennes.

    Merkel et Schauble ont vu le risque mortel que constitue la contamination de ces tumeurs cancéreuses : l’euro qui circule en Allemagne se retrouve à son tour discrédité.

    Pour protéger l’Allemagne et la bonne santé de l’Allemagne, ils ont demandé à Mario Draghi de faire cesser cette contamination.

    Ils ont demandé à Draghi de couper la jambe cancéreuse, pour sauver le reste du corps.

    Et Draghi leur a obéi.

    Lisez cet article :

    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/la-bce-demande-aux-banques-grecques-de-ne-plus-acheter-de-dette-d-athenes-463735.html

    Répondre
  • BA

    25 mars 2015

    La Grèce se finance en émettant des obligations à trois mois et aussi des obligations à six mois.

    Problème : personne au monde ne veut acheter ces obligations pourries.

    Du coup, il n’y a plus que les banques privées grecques qui acceptent d’acheter les obligations de l’Etat grec.

    Ensuite, les banques privées grecques refourguent ces obligations pourries à la Banque centrale de Grèce.

    La Banque centrale de Grèce accepte ces obligations pourries en collatéral, et elle prête des milliards d’euros aux banques privées grecques : c’est le mécanisme ELA (en français : « Prêt de liquidités en urgence »).

    Encore un tout petit problème : la Grèce est INCAPABLE de rembourser ces obligations d’Etat, et la Banque centrale de Grèce est en faillite.

    Conclusion : mercredi 25 mars, la BCE ne veut plus que la Banque centrale de Grèce continue d’accepter toutes ces obligations pourries. Pour couper complètement le financement de l’Etat grec, la BCE vient d’interdire aux banques grecques d’acheter les obligations pourries.

    MAIS ALORS …

    … MAINTENANT, QUI VA ACCEPTER D’ACHETER LES OBLIGATIONS DE L’ETAT GREC ?

    Mercredi 25 mars 2015 :

    La BCE demande aux banques grecques de ne plus acheter de dette d’Athènes.

    http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/la-bce-demande-aux-banques-grecques-de-ne-plus-acheter-de-dette-d-athenes-463735.html

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  • C.H.S

    25 mars 2015

    la Présidence Obama en matière de politique étrangère , de respect comme d’évolution des institutions internationales est un clair échec sinon un désastre,
    l’affaiblissement de ces institutions et de l’Hegemon US Washingtonien mal exercé n’est pas définitif d’une part,
    il est contrebalancé par le poids de l’Hegemon US entrepreneur avec la nouvelle économie – tech et bio comme l’ intelligence artificielle- mais également la qualité des formations et des compétences proposées d’autre part.

    La dérive de certains bons esprits, avec M. Obama, est importante puisque le Wall Street Journal après s’être pâmé devant M. Piketty en vient à soutenir que l’espoir de la France est la gauche et M. Macron….

    on comprend dès lors que l’évolution de l’ Asie et du Moyen Orient ne soient pas l’objet non plus d’un positionnement US Washingtonien et media très inspiré.
    Il ne s’agit que de Washington momentanément et normalement d’une éclipse, souhaitons le.

    Répondre
  • Jcgruffat

    24 mars 2015

    Le RMB yuan n’est toujours pas totalement convertible meme si la Chine joue effectivement le jeu de son internationalisation progressive dans les transactions commerciales au moins.
    Les autorites reglementaires americaines me paraissent jusqu’a plus plus informe plus transparentes et previsibles, moins soumises aux pressions politiques.

    Répondre
  • Homo-Orcus

    24 mars 2015

    La France n’est pas une démocratie mais une tyrannie de la petite majorité. La France n’a plus de tribunaux judiciaires mais un unique tribunal politique et cela s’appelle un tribunal révolutionnaire au service des tyrans Valls, Taubira, Cazeneuve, descendants de Robespierre, Saint-Just, Couthon. L’évolution rapide vers la tyrannie me semble inquiétante.

    Répondre
  • PATRIOTS

    23 mars 2015

    En vrac;
    Il me semble qu’il faut rappeler qu’il n’y a pas la liberté mais en fait plusieurs;
    Politique
    Économique
    Sociologique

    Que la liberté politique peut être reduite mais les autres totales( le cas de Singapor)
    La politique c’est affaire de famille, mais sécurité et business total.

    La France est une soit disante démocratie, mais où la liberté n’existe dans presque aucun domaine si ce n’est la liberte de bla bla et encore.

    Jusqu’à preuve du contraire, je ne peux que remplacer un branquignole haut fonctionnaire de gauche que par son homologue branquignole de gauche et bientôt par les branquignoles des hauts fonctionnaires du fn
    Quelles perspectives joyeuses!

    La Chine a certaines libertes que nous n’avons pas et des signes de démocratie apparaissent dans certaines prises de décisions.
    ( je vais faire hurler dans les chaumières de la république
    Valls va encore s’énerver et trembler)

    Laissons le temps passer à la chinoise et nous verrons bien.

    Répondre
    • polo

      24 mars 2015

      Je confirme ce que vous dites, expatrie en Chine depuis 4 ans, et 16 ans a Hong kong, la Chine est totalement différente de ce que présentent les médias français.

      Si vous avez lu tous les papiers du Maître, vous seriez que c’est Bruxelles qui détermine la taille des concombres et autres (des gens non élus). Les élus français ne sont que des fantoches pour vous faire croire que vous êtes libres et que vous vivez dans une démocratie (voir le référendum de 2005).

  • Libre

    23 mars 2015

    Le gros problème est le basculement vers un régime autoritaire dans lequel les bases de l’état de droit sont disont déficientes…Je passe sur les graves problèmes internes aux USA comme les problèmes avec leur minorités et la très forte population carcérale (même si un certains nombre de politiques US proposent des mesures pour résoudre ce problème comme Rick Perry ou Rand Paul)…En plus du fait que le dollar n’est plus une monnaie saine…

    Répondre
  • Homo-Orcus

    23 mars 2015

    Hé voilà, Charles veut se faire du mal, il nous répertorie tous les machintrucs bidules mondiaux où il n’y a aucun élu !

    Répondre
  • SVL

    23 mars 2015

    Bonjour, Mr Gave

    Merci pour ce petit éclaircissement économique dont vous en avez déjà annoncé le processus il y a quelques temps.

    j’aurais donc une question:

    « Quel est votre point de vu sur les « BRICS » suite à ce changement ? » et auriez vous des informations sur l’Afrique du Sud précisément ?

    merci d’avance

    Cordialement

    Répondre
    • idlibertes

      23 mars 2015

      Cher Monsieur

      Pas du tout le domaine de compétence de CG. Il ne touche pas au brics. Désolé

    • Homo-Orcus

      23 mars 2015

      Il me semble qu’il faudrait retirer le « C », deuxième économie mondiale !

  • Arsene Holmes

    23 mars 2015

    Après avoir été pendant longtemps très pro-Américain, j’ai changé d’avis ( comme je l’imagine beaucoup de gens) avec Bush Jr. Je ne suis pas devenu anti-Américain, juste
    plus objectif.

    Cela dit, quitte à être « dépendant / sous la coupe » d’un Hégémon, je prendrai les USA sur la Chine n’importe quel jour.

    N’oublions pas que la Chine est une dictature

    Répondre
  • BA

    23 mars 2015

    Lundi 23 mars 2015 :

    1- La Grèce est en faillite. Dette publique : 315,509 milliards d’euros, soit 176 % du PIB.

    2- Les banques privées grecques sont en faillite.

    3- La Banque centrale de Grèce est gavée d’obligations de l’Etat grec, mais ces obligations d’Etat ne seront JAMAIS remboursées. En clair : la Banque centrale de Grèce est en faillite.

    Seule solution pour tenir encore quelques semaines de plus, au moins jusqu’en juin :

    il faut que l’Union Européenne prête en urgence quelques milliards d’euros supplémentaires à la Grèce !

    Ce prêt supplémentaire rajoutera une montagne de dettes par-dessus les montagnes de dettes qui écrasent déjà la Grèce, mais c’est pas grave !

    Dans une lettre datée du 15 mars et révélée ce lundi par le « Financial Times », Alexis Tsipras « a averti Angela Merkel qu’il serait impossible pour Athènes d’assurer le service de la dette d’ici les prochaines semaines si l’UE ne distribuait pas à court terme une assistance financière au pays ».

    « Étant donné que la Grèce n’a pas accès aux marchés financiers et en vue des pics attendus dans nos échéances de dette au printemps et à l’été… il est clair que les restrictions particulières de la BCE combinées à des retards de versement rendraient impossible pour tout gouvernement d’assurer le service de sa dette », explique Alexis Tsipras dans ce courrier qui serait parvenu à la chancelière juste avant que celle-ci n’invite le Premier ministre grec à venir lui rendre visite à Berlin.

    http://www.boursorama.com/actualites/grece–certains-remboursements-impossibles-sans-aide-1c57eb8cdef241e3d9c59be38b4474fa

    Répondre
  • Jean Vandenbrande

    23 mars 2015

    Cher Monsieur Gave,

    Merci pour ces précieux éclaircissements sur ce qui se passe en Chine et ailleurs en Asie.

    L’Amérique semble donc tomber lentement en quenouilles. Elle n’aura pas été capable de garder l’Hégémon qu’elle avait conquis en 1945. Comme vous le dites si bien, un Empire va progressivement en remplacer un autre, mais c’est un empire asiatique qui phagocyte un empire occidental. Je ne crois pas que ce soit bon pour l’Europe bien que, sur le plan purement géographique, nous sommes en Eurasie, le continent immense qui donne des sueurs froides aux stratèges américains depuis le milieu du 19e siècle.

    Il est donc possible que les réactions américaines soient violentes, malgré le fait que l’Amérique ait démontré, ces dernières années, que sa stratégie et son armée sont défaillantes.
    Ce que le Président G.W. Bush a initié en Iraq en 2003, est tout simplement une catastrophe qui ne fait que commencer. La résistance européenne à cette immense bêtise a été faible, malgré le fait que sur le plan de la compréhension de la situation géopolitique, nous battions l’Amérique à plat de couture ! C’est le privilège des civilisations brillantes que de tomber dans l’abîme les yeux grands ouverts.

    En fonction de tout cela, le mode de fonctionnement de l’Europe (mode actuel, vaguement américain, ou un autre, à inventer) n’a plus beaucoup d’importance.
    Non seulement la monnaie unique est un handicap technique, mais aussi l’évolution de la population européenne est un obstacle de taille. Depuis les années 70, c’est à dire depuis une génération et demie, nous remplaçons progressivement notre population « de souche » (celle qui, au sein de chaque famille, capte naturellement « nos valeurs »), par une population qui non seulement ne les comprend pas, mais s’y oppose par principe. Nous avions misé sur l’école pour redresser ce « petit défaut », mais notre école est en faillite.

    Voyez ce qui se passe en Autriche. Il y a là une expérience à suivre du balcon : ce petit pays tente, à grand coups de milliards d’euros, de construire un Islam européen, loin des influences délétères des pays musulmans. S’ils réussissent ce sera une piste (mais peuvent-ils réussir à l’heure de l’internet ?), s’ils échouent ce sera une preuve de plus et quasi ultime, que nous n’avions absolument rien compris à la démographie et à l’anthropologie, malgré une foison d’Universités brillantes sur notre sol européen. Donc , même la science ne nous aide plus.

    A ce stade, la seule force qui puisse nous sauver, c’est une révolution qui prend sa source dans le plus profond de nous-mêmes pour réécrire et redresser le tout. Ce serait l’œuvre d’une petite élite soutenue par la masse. Ce genre de situation engendre souvent la guerre civile, suivie d’une dictature qui ne fait pas de cadeaux.

    Mes meilleurs sentiments,
    JVdb

    Répondre
  • dede

    23 mars 2015

    « ” Swift” qui relie toutes les banques du monde entre elles, et ce système est centré sur le dollar. Pour passer du yen à l’Euro, on passera du yen au dollar et du dollar à l’Euro. Ce qui veut dire que toutes les transactions se nouent et se dénouent aux USA »

    Il me semble que vous faites un raccourci un peu rapide entre le marche des changes et les tuyaux qui lui permettent de fonctionner. Si la paire EUR/JPY passe par l’USD, c’est pour des raisons de profondeur du marche et non pas parce que swift necessiterait un denouement en dollars. Il est parfaitement possible d’effectuer un denouement EUR/JPY mais il est plus complique de trouver le bon prix si le marche n’est pas liquide.
    Aussi, je ne pense pas que la mise en place d’une infrastructure concurrente a swift va changer quelque chose sur ce point, au moins a moyen terme et tant que le RMB sera soumis a controle des changes.

    Je vous rejoins toutefois sur le fait que la Chine prepare des alternatives a l’hegemonie US, depuis qu’elle a compris en 2008 que toutes ses reserves de change en USD ne correspondait pas vraiment a une approche raisonable de gestion des risques.

    Répondre
  • riz

    23 mars 2015

    Vu ce qui est arrivé à bnp paribas (amende de 5 milliards) qui depuis d’ailleurs se recentre sur Hong Kong et Singapour pour la BFI parce qu’il n’ont plus le choix et qu’on leur a réduit la voilure aux us ; de même punition en vue pour des banques allemandes …. c’est la politique du punishment à l’américaine donc ils l’ont voulu que les Russes et les Européens adhèrent à ce nouveau « swift » chino-asiatique , c’est cohérent .
    Le pib de la Chine augmente de celui de la France en l’espace de 4 ans , ça va vite très vite chaque jour la Chine prend du muscle , pas que les immeubles , les centres de recherche , les usines , la montée en gamme de la main d’oeuvre et des produits :
    http://www.express.be/joker/fr/ce-gratte-ciel-de-57-etages-a-et-construit-en-seulement-19-jours-vido/212046.htm

    Répondre
  • FrancisC

    23 mars 2015

    Si cette vision du remplacement des États-Unis par la Chine dans le rôle de coordinateur global est crédible, alors il n’y a pas de quoi se réjouir.
    Comment, en effet, des pays qui se disent démocratiques, des populations pour lesquelles l’état de droit doit prévaloir sur le droit de l’État (comme vous le dites souvent) pourraient entrer dans un système contrôlé, piloté et sous l’égide d’un pays communiste?

    D’accord tant qu’il s’agit de mettre quelques pions pour voir (et participer à quelques contrats), comme l’ont fait les pays européens et l’Australie pour la banque mondiale « chinoise », mais au-delà…?

    Répondre
  • nolife

    23 mars 2015

    Sur Contrepoints, les libéraux disent que le XXIème siècle sera américain comme l’a été le XXème car c’est un pays « démocratique » et « libre ».

    Le fondateur de Singapour est mort en montrant qu’on peut avoir une dictature et performer économiquement.

    La thèse M. Friedman comme quoi la liberté économique amène la liberté politique sera infirmée si la Chine et Singapour continuent à être des dictatures …

    D’ailleurs, je lance le pavé dans la mare, la démocratie n’est pas nécessaire à l’épanouissement économique d’un pays (Singapour, Chine, Chili sous Pinochet), elle peut même en être un boulet (cf France, Chili sous Allende, Grèce, Vénézuela, Argentine sous Kirchner … ).

    Répondre
    • Arsene Holmes

      23 mars 2015

      La solution: la dictature éclairée comme Singapour mais ça ne peut marcher que pour une petite population

      Problèmes : Il y en a trop pour les lister.

    • nolife

      23 mars 2015

      Au Chili, on a eu Pinochet qui nous a sauvés d’Allende et de sa politique délirante …

    • Robert Marchenoir

      28 mars 2015

      Contre-exemple : la Russie. L’ambition de Poutine suivait votre schéma : « la dictature de la loi », disait-il. L’autoritarisme en échange de la prospérité. On a vu où ça l’a mené…

    • Robert Marchenoir

      28 mars 2015

      Le Vénézuéla, démocratique, vous êtes sûr ? L’armée qui occupe une chaîne de télévision quand elle dit du mal du pouvoir, l’Etat qui nationalise une usine de papier toilette quand on n’en trouve plus sur le marché, le gouvernement qui s’empare du Darty local pour distribuer des télés à la population en cassant les prix ?

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