7 septembre, 2022

Charles Gave rockstar de la conférence Surfin Bitcoin de Biarritz

La troisième édition de la conférence Surfin Bitcoin, le plus gros salon européen dédié à cet objet virtuel qu’est le Bitcoin vient d’avoir lieu à Biarritz. Cela a permis à la ville de prendre pendant quelques heures des airs de Silicon Valley. Même Sud-Ouest qui est un journal très peu versé dans l’économie a annoncé la conférence et notamment l’intervention de Maria Luisa Hayem la ministre de l’Économie du Salvador un des deux pays au monde à avoir adopté le Bitcoin. Le journal n’a pas pu s’empêcher de qualifier Charles Gave, qui a été reçu comme une Rockstar par les participants, de le qualifier « de financier eurosceptique et ultra libéral … ! (sic).

Le Bitcoin évolue autour de 20 000 dollars. Depuis son record de novembre 2021, à 69.000 dollars, son prix a baissé de plus de 70%. Toutes les crypto-monnaies se sont effondré en particulier le Terra USD réputé stable qui a dévissé en mai dernier. De l’Argentine au Nigeria tous ceux qui y voyaient un refuge contre les fluctuations de leur monnaie nationale ont tout perdu. Malgré ce krach sur les soi-disant « stablecoin » l’enthousiasme ne semblait pas faiblir parmi les participants.

Voila les grandes idées de l’intervention de Charles Gave

Il existe plusieurs types de monnaies.  Une monnaie doit remplir trois fonctions : celle de moyen de paiement, celle d’unité de compte et enfin être une réserve de valeur pour les épargnants.

1/Les monnaies fiduciaires émises par les Banques Centrales représentent environ 100 000 Milliards de dollars dans le monde, soit le PNB mondial. Elles sont gérées par des « ineptocrates » non élus. Nous sommes passés d’un système de marché qui aboutissait à la fixation de vrais prix sur les taux et les changes à un système technocratique complètement manipulé. Cela a pour conséquence de laisser survivre des entreprises zombies qui devraient normalement faire faillite. Créer de la dette « quoi qu’il en coûte », distribuer de la monnaie dans des « open bar » rend d’abord populaire, mais conduit ensuite inévitablement à la catastrophe. La perte de confiance dans la monnaie engendre la dévaluation de l’épargne, « l’euthanasie du rentier ».  La ruine de l’épargnant est la conséquence de l’inflation. C’est lui qui paie toujours en bout de course avec la dévalorisation de la monnaie ou la disparition de son épargne dans un krach, c’est l’épargnant.

2/ L’or pèse environ 15 000 Milliards de dollars

L’étalon or, a été longtemps le paramètre de référence à partir duquel les banques centrales géraient leur monnaie. Richard Nixon met fin le 15 août 1971 au système de Bretton Woods. Pour la première fois depuis 5000 ans la monnaie de référence du monde est déconnectée de toute référence (or, argent, sel, métaux précieux…). L’étalon dollar, lui a succédé pour gérer l’économie, conférant à la devise américaine un privilège extraordinaire. Aujourd’hui nous avons l’étalon S&P 500, avec lequel la banque centrale, désespérée, essaie de gérer les marchés financiers pour les empêcher de trop baisser. Dans un univers où tout est manipulé, l’or restera toujours un bon actif de diversification contre la dépréciation généralisée des devises.  Sa nature physique le rend toutefois peu propice à être utilisé comme monnaie. Ce n’est pas encore non plus de « l’or digital »

3/ L’ensemble des  « crypto monnaies » compte pour 1000 Milliard de Dollars.

Le Bitcoin n’est pas encore une monnaie, pourtant il ressemble à l’or. Le bitcoin, comme l’or doit être miné, comme l’or il n’est la dette de personne, comme l’or, il présente une propriété rare : il est anti fragile. Il va probablement rentrer à un moment donné dans l’univers monétaire en tant que moyen de paiement décentralisé. Il sera aussi un moyen de transgresser les contrôles de capitaux et de change. Mais ce n’est pas encore fait. Le jour où la banque ne donne plus d’argent à son guichet ce qui est arrivé au Liban ou des clients ont braqué leur banque pour récupérer leur argent, les épargnants devront trouver une alternative.

Le Bitcoin est un actif très volatil

Ce n’est pas une institution centrale qui « garantit » le Bitcoin mais le réseau, la communauté qui regroupe développeurs, mineurs, utilisateurs…Comme les actions, il est très sensible à l’excès de liquidité monétaire (volume de monnaie).  Le bitcoin présente une volatilité de 100%, soit 5 fois plus que les actions. Contrairement à l’or, qui flambe quand les devises fiduciaires sont débasées, à savoir quand elles ne rémunèrent pas assez le rentier, le risque financier du Bitcoin évolue linéairement avec la variance, c’est-à-dire la volatilité au carré.

Le « mining » joue un rôle fondamental dans le réseau Bitcoin. Il permet au réseau de vérifier les transactions et d’atteindre un consensus commun sans avoir recours à une autorité centrale. Pour cela, des ordinateurs doivent effectuer des calculs mathématiques complexe afin de faire fonctionner le système de blockchain. Pour récompenser le travail effectué par les ordinateurs, la blockchain génère de nouveaux « tokens » qui sont distribués sous forme de rémunération aux mineurs. Ils sont en concurrence pour résoudre des casse-têtes cryptographiques. C’est seulement au moment de la création des blocs (donc du minage) que les opérations sont confirmées. L’ensemble des blockchains sont alimentés par une technologie reposant sur un registre décentralisé, et  ce registre est mis à jour, non pas par un seul ordinateur, mais simultanément par des milliers d’appareils dans le monde entier. Le système de récompense incite tous les utilisateurs du réseau à participer au mining et à contribuer à son bon fonctionnement.

Les autres intervenants

Le Bitcoin possède les caractéristiques pour devenir un étalon de valeur. Yves Choueifaty, président-fondateur de la société de gestion Tobam, qui a créé le premier fonds investi dans la cryptomonnaie. « Le risque doit décider de la taille de l’investissement, mais c’est la thèse d’investissement qu’il faut regarder pour savoir s’il faut y aller. » Et il résume celle de Tobam :. en cas d’échec, le bitcoin « pourrait tomber à zéro », mais « s’il réussit à être un étalon, il va être valorisé très au-delà du million de dollars »

Le cours du bitcoin répond à des cycles de quatre ans », note Claire Balva, directrice blockchain chez KPMG, sans faire de prédiction pour autant. « Cela en raison des halvings qui interviennent à peu près à cette fréquence. » La production de bitcoins diminue en effet à chaque halving, comme prévu dans le protocole, ce qui restreint l’offre au fil du temps pour soutenir la valeur : de 50 jetons toutes les dix minutes à l’origine, à 6,25 depuis le dernier halving, en 2020. Le prochain est prévu pour 2024.

Le marché des obligations n’est plus sécurisant à présent. L’asset manager Filip Karadordevic est très optimiste – sa conférence s’intitulait simplement « Pourquoi je suis taureau sur le bitcoin ». Il fustige la « violence » des banques centrales et déclare que lorsque les gens s’éduquent un peu en macroéconomie, ils en viennent nécessairement à la cryptomonnaie.

Les actifs des contrats d’assurance vie, instrument privilégié des Français pour préparer leur retraite, sont investis en grande majorité dans des obligations émises par un État qui ne pourra pas les rembourser. N’oublions jamais que la France a inventé « La Banqueroute des deux tiers » au moment de la Révolution (Loi du 9 Vendémiaire an VI soit 30 septembre 1797). Les rentes viagères et les pensions ont été payées seulement à raison du tiers en rente. Les deux autres tiers ont été « remboursés » avec du papier colorié c’est-à-dire des  bons au porteur permettant d’acquérir des biens nationaux. Le cours de la « rente » n’a cessé de baisser passant rapidement de 14,25 à 9,50.

Au total le Bitcoin est un objet non identifié très volatil qui permet de se libérer de la surveillance de l’État et des banques. Au-delà de l’optimisme de certains participants il faut constater que le paiement de proximité en Bitcoin peine à se démocratiser. Les applications concrètes sont encore très rares. Pour le moment la carte émise par la société Revolut basée en Lituanie semble un bon moyen pour s’intéresser au Bitcoin ou aux crypto monnaies.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bitcoin propose une nouvelle infrastructure technique

Les crypto monnaies sont aujourd’hui ballottées dans des enjeux qui les dépassent

 

Réquisitoire contre la fable de l’argent magique… L’Etat stratège est mangé par l’Etat providence…

La Covid 19 a donné le coup de grâce au libéralisme.

Que se passera-t-il une fois les 21 000 000 de bitcoins minés ?

Ce n’est pas tout à fait près d’arriver. Au 28 août 2019, 17 901 575 bitcoins ont été minés. D’après des études, le dernier bitcoin sera probablement miné en 2140.

documentaire La Révolution Bitcoin, diffusé au salon Surfin’Bitcoin qui se tient jusqu’à samedi à Biarritz.

 

Le Bitcoin est un objet innovant, sécurisé, facilement accessibletrès difficile à supprimer pour l’état, difficile à réguler.

 

 

 

 

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

5 Commentaires

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  • Raoult42

    18 septembre 2022

    Bon résumé, il y a encore plein de choses à dire et pas seulement sur le BTC mais aussi les autres cryptos. J’ai cru entendre que vous comptiez sortir un logiciel de trading à ce sujet ce qui est très intéressant. Mais à part BTC les pistes que je vois perso à creuser mais que j’ai pas eu trop le temps malheureusement :
    – Ethereum et voir comment se profile The Merge même si le PoS, à part pour les gains en termes d’énergie voire le staking, ça me plait pas plus que ça mais ça offre des solutions que BTC n’a pas (smart contract notamment) ;
    – Éventuellement d’autres blockchains car les frais de transaction ERC20 ça commence à faire cher ;
    – Ledger Live qui vient de proposer le swap crypto via FTX : https://www.ledger.com/blog/you-can-now-swap-your-crypto-with-ftx-through-ledger-live ;
    – Le DeFi avec non seulement staking mais yield farming ;
    – Les stablecoins qui pour l’instant en France en tout cas : pas de taxation sur ces stablecoins car ça reste crypto to crypto pour le moment (pas le cas au Luxembourg ou en Suisse de mémoire) donc switch BTC / stablecoins peut être intéressant, surtout quand celles-ci sont généralement adossés au dollar quand on sait le futur de l’euro (Tether USDT, l’USDC, DAI super intéressant aussi je dois me renseigner) voire à l’or (e.g. PaxGold) et même parfois autres devises (à voir Jarvis peut-être). Mais les États les détestent (que ce soit en Europe ou aux US car il veulent sortir leur propre CDBC monnaie banque centrale basée sur la blockchain, complètement inutile mais bon ;
    – Les NFTs qui, ont peut dire ce qu’on veut dessus, participent à la démocratisation des cryptos.

    Mais clairement je suis très focus sur BTC pour plein de raisons, news récentes :
    – Biden vient de se prononcer et n’a rien a priori contre le BTC, de nouveau stablecoins dans le viseur par contre : https://www.cnbc.com/2022/09/16/heres-whats-in-biden-framework-to-regulate-crypto.html ;
    – BlackRock qui tout d’un coup après Larry Fink qui détruit le BTC, se lance pour les grands clients institutionnels US dans le BTC car « beaucoup de demande », en tout cas Aladdin a pas l’air contre : https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-08-11/blackrock-offers-bitcoin-investing-to-big-institutional-clients
    – Dans la même veine, Jamie Dimon qui dit que le BTC vaut rien mais qu’à nouveau ses clients sont intéressés, bel article qui résume toute la soi-disant ambiguïté de JP Morgan sur le BTC : https://bitcoinmagazine.com/markets/jpmorgan-changes-tune-on-bitcoin

    Voilà j’ai connu les cryptos il y a 6 ans, je pensais pas du tout qu’on en serait à ce stade-là maintenant, j’avais rien suivi depuis quelques années.
    Donc le BTC comme Gold 2.0. ça me parait très probable. Je regardais CNBC à la télé récemment par hasard qui faisait un reportage sur l’importance des cryptos et surtout BTC en UAE.

    Et en plus que ce soit dans les communiqués de la Maison Blanche que ce soit côté Blackrock ou White House du PoW du BTC et de l’impact écologique (on fait semblant que ça compte), tout d’un coup ce n’est plus tant un problème et des solutions sont trouvées en ce moment-même (surtout quand la Chine se désengage du mining)
    https://www.coindesk.com/policy/2022/09/12/white-house-crypto-mining-report-draws-praise-from-advocates-and-critics-alike/

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  • ange et demon

    7 septembre 2022

    je ne connais rien en Bitcoin, mais tout ce qui dépend de l’informatique (satellites, cloud etc) me semble incertain; un puissant champs électromagnétique volontaire ou cosmique (bombe; solaire ou autre) et plus rien ne marche! on fait quoi là?
    et en tant que simple utilisatrice de « monnaie  » reste une autre question: tant que la valeur est très instable, pire que les taux de change, comment savoir le prix d’un objet?
    j’ai aussi toujours un doute sur l’indépendance vis-à-vis des banques centrales; si elles interdisent son utilisation, comme en Chine semble-t-il, on fait quoi?
    et comme l’informatique évolue très vite, super ordinateur, qui nous dit que le nombre « fini » ne sera pas dépassante à l’avenir?
    bref, Bitcoin n’est pas pour Madame Michu tout de suite 😉

    Répondre
    • John

      9 septembre 2022

      Bonjour, si vous voulez en apprendre plus sur Bitcoin je vous conseil d’aller voir les vidéos d’Alexandre Stachtchenko sur Youtube, il vulgarise très bien le sujet.

      Si une « bombe electromanetique » venait à détruire internet partout dans le monde, votre première préoccupation ne sera pas Bitcoin croyez moi.

      La BCE peut interdire Bitcoin, mais on ne peut pas détruire Bitcoin c’est comme vouloir arrêter internet en france, il continuera de fonctionner ailleurs.

      Concernant la limite des 21 millions de Bitcoin, il est IMPOSSIBLE d’en créer plus, c’est dans le coeur du protocole informatique, Bitcoin est limité rien ni personne ne pourra en créer davantage.

    • Robert

      9 septembre 2022

      Outil à manier avec précaution par des financiers avisés… ce qui n’est pas le cas me semble-t-il !

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Les livres de Charles Gave enfin réédités!