16 avril, 2015

C’est parti pour 2016

Vous l’avez entendu et vu sur vos étranges lucarnes, sur vos tablettes ou I Phones, quel que soit votre véhicule favori d’addiction au “just in time”,Hillary Clinton est candidate à l’investiture du parti démocrate pour l’élection présidentielle de Novembre 2016.Avant ou juste après elle se sont déclarés officiellement du cote républicain, Ted Cruz, Marco Rubio et Rand Paul. Trois sénateurs, tous en cours de leur premier mandat, un représentant de la droite religieuse, un Hispanique, et un libertarien..

Mais viendront également d’ici à l’été, Scott Walker, Gouverneur en second mandat du Wisconsin et bien sur Jeb Bush, ancien gouverneur de la Floride. S’ils ne se sont pas encore déclarés, c’est paradoxalement pour être en mesure de bénéficier des failles du système, validées par la Cour Suprême, la capacité de lever des fonds dans le cadre d’une procédure dite exploratoire dont l’issue ne fait aucun doute, avec aucune des contraintes de montants et de relative transparence qui pèsent sur les candidats avoués à la primaire.

Dans la foulée d’un Président qui ne peut constitutionnellement se représenter, Hillary Clinton, deux fois sénateur de New York, et ancien Secrétaire d’Etat, se présente pour la seconde fois à l’investiture de son parti.

Elle avait été défaite en 2008 par Barak Obama, sénateur en cours de premier mandat de l’Illinois qui remportait ensuite la Présidentielle en Novembre face à John McCain. Cette fois, elle se déclare la première pour son parti, sans beaucoup de surprise, avec aucun adversaire convaincant susceptible de la menacer au niveau démocrate. Même si l’aile gauche dite progressive la juge trop inféodée aux milieux d’affaires qui financent abondamment la Fondation de son mari et de sa fille Chelsea. Egalement trop « faucon » en terme de politique étrangère..

Il faut se souvenir qu’elle avait voté en qualité de sénateur en 2003 pour l’intervention en Irak, à la différence de Barak Obama qui sut utiliser habilement ce « faux pas » pour l’emporter à la primaire de 2008.

Sur un certain nombre d’autres marqueurs du clan libéral – progressiste, elle a récemment changé d’opinion, et soutient par exemple le mariage dit pour tous et se définit comme « pro choice », ie favorable à l’avortement..Elle se présente également comme un soutien sans faille et ancien de la condition féminine, ce que certaines contestent.

Mais comme le soulignait un éditorial récent de « The Economist « , beaucoup s’interrogent à juste titre sur ce que serait la ligne politique d’une Présidence Hillary Clinton, et notamment par rapport à son prédécesseur dont les critiques l’emportent désormais sur les laudateurs. Elle doit donc tout à la fois préserver la coalition de minorités qui ont assuré les victoires de 2008 et 2012, mais aussi élargir encore le vote féminin, et mordre sur un électorat masculin « col bleu » qu’elle avait eu au niveau de la primaire de 2008 contre Barak Obama. Elle doit donc se gauchir un peu au moment de la primaire pour mobiliser les activistes sans effrayer Wall Street qui financera largement sa campagne, les milieux financiers de New York votent majoritairement démocrate. Et le maire de New York Bill de Blasio qui fut directeur de sa première campagne sénatoriale et se présente comme le porte parole auto investi de l’aile progressiste, n’a pas accepté encore de se rallier  à sa candidature, demandant plus d’éclaircissements sur son programme notamment en matière de réduction des inégalités, sujet très a la mode ici ou le livre de Thomas Piketty est considéré par certains intellectuels et leaders dits d’opinion, comme la loi et les prophètes. A ce stade sa déclaration de candidature, très générale, parle simplement de recréer les conditions d’un ascenseur social moins effectif qu’a des périodes plus lointaines de l’histoire américaine.

Et son seul mais massif argument est en deux temps: « Après un Africain Américain, il est temps d’élire une femme à la Présidence des Etats Unis et je suis de ce sexe. »

Et cela peut marcher.

Cela suffira sans doute au niveau de la primaire démocrate pour décourager toute concurrence progressiste. Elizabeth Warren, la bête noire de Wall Street, sénateur du Massachussetts, idole de la gauche libérale, refuse de se présenter, et Joe Biden, le Vice Président, est sans doute trop âgé et un peu controversé bien que très populaire avec les bataillons syndicaux qui constituent encore une partie significative de l’électorat démocrate dans le Rust Bell.

Avec un camp adverse très divisé sans candidat identifié et incontestable à ce stade, il est difficile de faire un pronostic sérieux ,les Républicains ont gagné clairement les élections de mid term en Novembre 2014.Mais ceci ne garantit en rien que l’essai sera transformé, compte tenu de la participation électorale très différente et plus importante notamment par les minorités à la Présidentielle..

Mon cauchemar comme je l’avais écrit sur ce site IDL est un remake de la compétition entre un Bush et un Clinton et il ne faudrait pas sous estimer le risque d’une faible participation des électeurs plus jeunes si ce choix du passe leur était finalement présenté.

Je dois dans les prochains jours rencontrer à New York trois prétendants républicains, le gouverneur Scott Walker, Carly Fiorina, ancien Directeur General de HP, candidate malheureuse au Senat au titre de la Californie, et le sénateur du Kentucky, Rand Paul, je ne manquerai pas de partager mes impressions avec vous.

Mais à ce stade, ne croyez pas encore qu’Hillary Clinton soit une affaire faite contrairement à ce que disent les journalistes et politiques français. Le contraire vous aurait surpris.

 

 

 

 

 

 

Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

12 Commentaires

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  • Emmanuel M

    21 avril 2015

    Je n’ai aucune sympathie pour le mère Clinton (euphémisme)

    Mais il faut lui reconnaître un vrai talent : sa capacité à lever des fodns, qui se couple à sa capacité à les économiser. Elle a réussi à intimider toute concurrence sérieuse à la primaire, s’assurant ainsi de conserver toute sa force de frappe pour la campagne.

    D’une certaine façon, elle part avec l’un des avantages d’un président qui chercherait un deuxième mandat.

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  • simple citoyen

    19 avril 2015

    « Même si l’aile gauche dite progressive la juge trop inféodée aux milieux d’affaires qui financent abondamment la Fondation de son mari et de sa fille Chelsea ».
    Ce n’est pas à vrai dire le véritable problème soulevé par cette fondation. Cette position a été mise en avant par ceux qui à la gauche du parti Démocrate privilégiaient une candidature d’Elizabeth Warren qui y a renoncé.
    Non, les questions qui se posent sont autrement plus graves et concernent l’importance des donations en provenance de gouvernements étrangers (les fonds sont majoritairement étrangers) alors qu’elle était au Département d’État. Certains lient ces questions au scandale provoqué par la révélation qu’elle s’était soustraite aux exigences du département concernant ses courriers électroniques et la destruction unilatérale et sans contrôle a priori par le Département d’État des archives et du serveur concerné.
    D’ailleurs Hillary Clinton fait-elle tout depuis quelques temps pour se distinguer de la fondation dite Clinton, bien que son véritable nom soit la « Bill, Hillary and Chelsea Foundation ». Son nom ayant été changé lors de sa nomination au Conseil d’Administration, peu de temps après son départ du Département d’Etat. Elle portait auparavant le nom de « William J. Clinton Presidential Foundation ».

    Enfin, Hillary Clinton était encore 4 jours avant la parution de ce billet, membre du Conseil d’Administration de la « Bill, Hillary and Chelsea Foundation », ayant annoncé son départ de ce poste quelques heures après l’annonce de son entrée en lice pour l’élection présidentielle de 2016. C’était dimanche dernier, le 12 avril 2015.

    Hillary Clinton est une spécialiste de l’obfuscation et de la communication maîtrisée (voir comment les personnes « de tous les jours » qu’elle a rencontrées sur la route de l’Ohio ont en fait été choisies et pré-interviewées par ses équipes, ce qui est très différent de leur présentation), mais elle ne peut le faire qu’aidée par ces multiples petits arrangements qui occultent la réalité, y compris au corps défendant de ceux comme vous qui n’y voient je suis sûr aucune malice.

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    • jean claudegruffat

      20 avril 2015

      Cher Simple Citoyen,
      Vous avez tout a fait raison, le melange des genres est des plus contestables, et existait lorsqu’HC etait Secretaire d’Etat.
      La Fondation est une des pieces essentielles du dispositif Clinton pour contribuer a l’election d »Hillary en 2016.

  • simple citoyen

    16 avril 2015

    Pour rebondir sur un commentaire précédant, le véritable handicap de Hillary Clinton est d’avoir menti si souvent que personne n’a confiance en elle. Ce qui explique qu’elle soit loin des électeurs car elle se garde de tout contact ou interview qui ne soit pas millimétrée.
    On dirait aux US que « she is all about control ».
    Ses forces sont un soutien sans faille de tout l’appareil démocrate dans les médias et à Hollywood, d’une majorité du glacis de connivence et le soutien de facto d’une bonne partie de la droite au niveau des caciques du GOP qui ne savent comment réduire la présence des libertariens ou du Tea Party.
    D’ailleurs, le scandale incroyable de l’utilisation de l’IRS à des fins politiques et plus particulièrement pour empêcher la mobilisation des Tea Party locaux dans l’élection de 2012, n’a pas trouvé de relai fort auprès du GOP, les démocrates ayant de fait attaqué un groupe qui gênait la collusion Démocrates/Républicains.
    Ainsi, la candidature d’Hillary présentée comme une formalité, avec cette formule qui a longtemps prévalu: « c’est son tour » pourrait se trouver remise en cause par un simple fait divers, une erreur de trop, une arrogance mal perçue, ce qui est bien évidemment le cauchemar de ses responsables de campagne, mais qui pourrait justement arriver tant elle est tendue et ses prestations protégées.
    En ce sens, un ticket Jeb Bush les arrangerait car non seulement ils partagent les même opinions et défendent les mêmes intérêts à quelques nuances près, mais il est aussi connu pour ses gaffes et sa versatilité. C’est d’ailleurs à cela qu’on reconnait aisément qu’ils sont les candidats du système, tant les MSM (Main Stream Medias) sont indulgents, et c’est un euphémisme, avec eux.
    Enfin, sur un tout autre registre, Hillary Présidente serait à mon sens une catastrophe pour le pays. En particulier, il est clair qu’elle poursuivra la politique de division et l’agenda sécuritaire de Barak Obama, renforcera encore davantage le coup de force entrepris par le pouvoir fédéral contre la Constitution et en particulier l’imposition de politiques par la biais d’agences fédérales et hors contrôle du Congrès. Le tout sous un sceau d’obfuscation encore plus grand que celui dont nous a gratifié le locataire en titre qui avait pourtant placé sa présidence sous le signe de la transparence.

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  • yvesdemars

    16 avril 2015

    voir un duel avec Clinton et Bush serait une catastrophe, ce seriat le signe d’une main mise familiale dur la poltique US. <je préférerais un duel Warren / paul au moins les choses seraient claires entre une gauchiste et un vrai libéral

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    • Jean Claude Gruffat

      16 avril 2015

      Money talks unfortunately

    • simple citoyen

      16 avril 2015

      Warren est gauchiste, mais appatient aux oints du seigneur. Son parcours est très représentatif de la dérive du système d’entitlement et de la nouvelle classe de bénéficiaires des largesses du système de connivence, pour qui tout est permis.

  • Arsene Holmes

    16 avril 2015

    Le plus gros handicap d’Hillary Clinton est son manque de naturel avec les electeurs. Une campagne présidentielle ce sont d’interminables meetings avec ceux qui la financent ou elle excelle et le contact physique avec les électeurs (embrasser les bébés etc.. etc..) et là on voit très bien qu’elle n’a pas le contact. Elle est mauvaise sur le terrain et ça ce voit et les électeurs le sentent.

    Tout dépendra de qui elle aura en face d’elle.

    A suivre

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  • nolife

    16 avril 2015

    Hilary Clinton n’est-il qu’une Ségolène Royal américaine ?

    Un nom de famille en même temps qu’un sexe féminin peut suffire, voir Benazir Butto, Cristina Kirchner, Eva Peron, Marine et Marion Le Pen, Alessandra Mussolini, Elena Causcecu …

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