23 septembre, 2015

Ce ne sont pas les autobus qui vont relancer la croissance en France…

La dernière décision de la réserve Fédérale Américaine, qui a laissé la semaine dernière ses taux inchangés, montre bien qu’elle n’a pas une grande confiance dans la croissance économique mondiale de ces prochains mois. Le ralentissement en Chine se traduira malheureusement par une baisse de la croissance et des échanges.

Pour le moment, le monde est confronté à une reprise atypique, pour lesquels les politiques et encore moins les banquiers centraux n’ont de solution pour cesser de retirer leur soutien à l’économie. La Fed pratique des taux zéro depuis sept ans. Le dernier relèvement s’est produit il y a neuf ans en 2006.

 

Tous les investisseurs ont bien compris qu’une remontée des taux américains profiterait d’abord au dollar US, ce qui pèsera encore plus sur la compétitivité des produits américains. Toutes les sociétés qui ont beaucoup emprunté en dollar et les pays trop endettés vont avoir beaucoup de mal à se réadapter à un niveau de taux « normal » autour de 3%. On ne peut pas faire fonctionner l’économie mondiale en manipulant en permanence les taux et les changes. Quand tous les prix sont faux, beaucoup d’entreprises gaspillent du capital et de nombreux états ne font pas les réformes qu’ils devraient faire.

 

La vague politique radicale bouscule la gauche de gouvernement partout. Jeremy Corbyn en Grande Bretagne est désormais à la tête du parti travailliste en reprenant les programmes de son parti pendant les années 70 (nationalisations, désarmement nucléaire, prise de distances avec l’UE…), Pablo Iglesias, en Espagne est le patron de Podemos et bien évidemment Alexis Tsipras en Grèce. Manuel Valls de son côté ne sera pas en mesure de présenter aux prochaines élections régionales des listes unies de la gauche. Même aux Etats Unis on voit apparaître maintenant Bernie Saunders qui s’est autoproclamé « socialiste du Vermont » !

 

Troisième dégradation de la note de la France depuis 2012

 

Un pays qui présente l’ouverture de lignes d’autobus pour désenclaver son territoire, comme une réforme majeure, est un pays qui va mal. Le gouvernement recule sur toutes les réformes qui étaient prévues notamment le travail du dimanche, les 35 heures, le Code du Travail…. Les autobus sont donc tout ce qu’il restera de la loi Macron car, comme l’écrit l’agence de notation Moody’s dans sa dernière note sur la France, « les contraintes institutionnelles et politiques » empêchent toute réforme importante.

La dette souveraine de la France a donc été dégradée d’un cran par Moody’s. C’est la troisième fois que l’événement se produit depuis 2012. Il s’agit bien d’une sanction contre les choix économiques pris par le gouvernement français depuis trois ans.

 

Tout cela n’est pas grave, nous dit on, car le consentement des français à l’impôt est réel. Dans la réalité, le redressement de l’industrie se fait attendre. Le bâtiment continue à perdre massivement des emplois. On construira en France autour de 344 000 logements contre les 500 000 qui étaient prévus par François Hollande ! Grâce essentiellement à Madame Cécile Duflot ex Ministre de l’Égalité des territoires et du Logement, l’activité du secteur s’est contactée de 20%, les faillites d’entreprises continuent à augmenter. Toutes celles qui ne peuvent pas aller chercher des contrats à l’étranger subissent la crise de plein fouet. Un grand bravo…

 

L’investissement des entreprises va connaître un vrai rebond nous explique t on. Le décalage d’un trimestre des baisses de charge pour les PME et les TPE ne changera rien, selon le gouvernement, aux décisions des entrepreneurs et la politique de compétitivité (CICE et pacte de responsabilité) va porter ses fruits ! Tout ce discours permet à Bercy de maintenir sa prévision de croissance à 1,5% pour l’année prochaine. En attendant, Michel Sapin racle les fonds de tiroir. Il faut encore trouver au moins 600M€ d’économies pour boucler le budget 2016.

 

Un des signes les plus tristes du manque de confiance généré par cette politique d’improvisation permanente, c’est que même « les réfugiés/ immigrés/ migrants/ opportunistes » qui traversent en ce moment la Méditerranée rêvent d’Allemagne, de Suède ou de Royaume-Uni, mais pas vraiment de France, rebutés par le chômage, la bureaucratie et les squats insalubres….

 

Pour patienter les liquidités sont une classe d’actif attractive

 

En Europe, l’économie s’améliore de façon graduelle, mais l’Euro a déjà repris 8% face au billet vert par rapport à son plus bas de l’année. On n’a jamais créé de valeur en injectant de la monnaie. Cela comme on le voit ne fonctionne pas, mais La BCE qUI rachète déjà 60Md€ par mois d’obligations souveraines et de titres privés devrait passer à 80Md€

Smart…

L’Allemagne qui avait déjà pris le leadership économique et financier de l’Europe, devait faire des progrès politiques pour échapper à son image de « dictature de l’austérité ». Elle a cru qu’elle pouvait devenir enfin « une bonne Allemagne » en manifestant beaucoup de générosité en matière d’immigration. Là encore la réalité l’a rattrapée en l’obligeant à contrôler ses frontières et revenir sur Shengen.

 

Augmenter le niveau de liquidités dans son portefeuille n’est pas une mauvaise idée. Continuez à regarder les quatre économies dans lesquelles la croissance continuera d’être supérieure à l’économie générale. Ce sont l’économie de la démographie, l’économie de la connaissance, l’économie verte et l’économie de la sécurité.

 

 

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

11 Commentaires

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  • Josick Croyal

    26 septembre 2015

    Tandis que… Ailleurs, ainsi l’éditorial du journal « la Tribune » de la CGT en date d’octobre-décembre 2015 vaut son pesant de cacahoéte (faut pas pousser, je n’ai pas dit « son pesant d’or ») :
    « Vive La sociale », Il y a 70 ans, naisait la Sécurité Sociale dans notre pays. Son initiateur Ambroise Croizat, ministre communiste du Travail révolutionnait (…..) On est bien loin de la politique économique et sociale du patronat et du gouvernement qui est aujourd’hui en sens unique.Tout pour les patrons. Valls et Macrons sont à la manoeuvre. L’attaque est permanente contre les salariés et l’emploi. Les prélévements sont accélérés partout, par tous les moyens et le plus vite possible. De l’argent, toujours plus d’argent, ponctionné impitoyablement sur les ressources des salariés, afin de satisfaire les intérêts capitalistes. Alors que déjà les prélévements obligatoires sur les familles les plus pauvres imputent 75% de leur budget. Les forces réactionnaires s’engouffrent dans ces réalités pour imposer encore plus d’austérité et de mesures liberticides. »

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    • Robert Marchenoir

      26 septembre 2015

      Donc, si je comprends bien, la CGT veut moins de prélèvements ? En somme, la CGT serait ultra-libérale ?

      « Alors que déjà les prélévements obligatoires sur les familles les plus pauvres imputent 75% de leur budget. »

      La CGT semble confondre prélèvements et dépenses. Ce qu’elle appelle ici « prélèvements obligatoires » semble être les dépenses contraintes, par opposition au superflu et à l’épargne.

      Si les chiffres de la CGT sont exacts, j’en conclus que les « pauvres » ont une capacité d’épargne de 25 %, dans spéhi. Je trouve ça pas mal, pour des pauvres. Surtout après ce que leur sucre la CGT, en cotisations « sociales », CSG et autres !

    • Josick Croyal

      26 septembre 2015

      Précision : je me rend compte que c’est « la Tribune des professionnels de l’agriculture moderne ». Voilà donc à qui est destiné ce discours anachronique.
      A droite du logo « la Tribune », nous avons cette citation d’Amboize Croizat (ainsi que sa photo) : « L’ambition est d’assurer le bien être de tous, de la naissance à la moir. De faire enfin de la vie autre chose qu’une charge ou un calvaire….etc… »

    • Josick Croyal

      27 septembre 2015

      En d’autres termes, nous marchons sur 3 pattes, visiblement terrassé par une CGT Cancer Généralisé du Travail. Quand pourrons-nous repartir quatre à quatre ?

      Devoir savoir libérer un nouveau jeu par écartement de ce qui fait plénitude, par écartement de cette richesse qui fait plénitude ?

      Ainsi nos fameux acquis sociaux, ainsi cet évangélique « Il est plus difficile à un riche… »
      Mais ce Grand Partage qui relance, on est loin de le comprendre ainsi.

      L’UBérisation de la société française est refusé mais la porte à un autre partage grande ouverte. Pour ce dernier point, il suffit de lire dans le dernier édito (Ouest France, 26-27 sept 15) du Fidel Castro Breton, à savoir François Régis Hutin : « Migrations : vers le grand partage ».

  • Robert Marchenoir

    25 septembre 2015

    « Ce ne sont pas les autobus qui vont relancer la croissance en France. »

    Certes. Mais cette mesure est très intéressante pour plusieurs raisons :

    1. C’est une mesure ouine-ouine-ouine, avec que des avantages et pratiquement pas d’inconvénients, facile à prendre, susceptible d’apporter des bénéfices immédiats aux usagers, aux entreprises de transport comme à leurs salariés.

    2. Elle ne lèse les intérêts d’aucune corporation, et en particulier pas celle des fonctionnaires, même si les mammouths du syndicalisme SNCF émettent les grognements qui étaient prévisibles.

    3. Elle traîne depuis des années dans tous les rapports, études et livres blancs consacrés aux maux de l’économie française.

    Il est révélateur que ce soit cette mesure qui ait été prise, et elle seule, pour ainsi dire. C’est la seule mesure franchement et nettement libérale que nous ayons connue (et encore, il y a des restrictions…).

    Il est révélateur qu’une décision aussi banale, aussi évidente mais aussi marginale pour l’économie française fasse figure de grande révolution ultra-libérale ; et il est révélateur qu’on ne prenne que celle-là — parce que toutes les autres impliqueraient de marcher sur les pieds d’au moins un fonctionnaire, et là, c’est verboten, haram, contraire aux valeurs républicaines et que sais-je encore.

    Va pour les autobus, donc.

    Macron restera peut-être dans l’histoire de France comme l’homme qui a autorisé les autocars à transporter des gens d’un point à un autre. Un siècle après leur invention, l’exploit est à saluer. L’aspect dérisoire de cette image colle fabuleusement bien à la lâcheté et à la compromission de l’époque.

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  • ClauZ

    24 septembre 2015

    « les contraintes institutionnelles et politiques » empêchent toute réforme importante. Moody’s
    Tout est dit dans le rapport de Moody’s sur la France!

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  • Le Corbeau

    24 septembre 2015

    SVP c’est SCHENGEN et non Shengen, qui sonne plutôt comme un nom de ville chinoise !
    Sinon c’est un plaisir de vous lire.

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  • Smith

    23 septembre 2015

    « Ce sont l’économie de la démographie, l’économie de la connaissance, l’économie verte et l’économie de la sécurité. »

    Pourriez-vous alors nous citer les valeurs qui auraient votre préférence dans chacun de ces domaines?

    1000 Mercis.

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  • GWDLF

    23 septembre 2015

    Titre du Figaro: « Michel Sapin reste confiant malgré la panne de croissance en France »

    Michel, moi aussi je reste confiant, appelle sos dépannage

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  • friedman

    23 septembre 2015

    Il ne faut pas désespérer et se battre en s’organisant car plus nombreux plus forts et voter aux prochaines élections le moindre mal : la droite en rencontrant la base électorale des « républicains » quant ils serviront leurs tracts électorals en leur parlant d’Economie…..

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  • Nono

    23 septembre 2015

    Bonjour M. NETTER et merci pour la qualité de vos articles !

    J’aurais aimé avoir un professeur comme vous au cours de mon cursus universitaire. Je n’ai eu que des enseignants du types ATTAC / keynésiens qui ont manipulé ma pensé pendant de nombreuses années.

    Je suis convaincu par les bienfaits du libéralisme. Cependant force est de constater qu’en France le combat est perdu d’avance face à la puissance des syndicats et des fonctionnaires.

    Que feriez-vous si vous aviez 20 ans en France ?

    Je ne pense qu’à une chose : prendre le large vers la Suède, la Suisse ou l’Irlande.
    Parfois je me dis néanmoins qu’abandonner mon pays de naissance serait lâche alors que mon grand-père n’a pas hésité une seule seconde à s’engager dans la résistance.

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