3 juin, 2022

Caucase et Asie centrale : les contrecoups de l’Ukraine

Les conséquences de la guerre en Ukraine ne se limitent pas à l’Europe : c’est tout l’ancien espace soviétique qui est concerné par ses contrecoups, dont le Caucase.

 

La guerre de l’automne 2020 dans le Karabagh s’est soldée par un cessez-le-feu qui a figé les combats sans trouver de réelles solutions pour la paix. Si l’Azerbaïdjan a récupéré un certain nombre de territoires, c’est l’intervention de la Russie qui a permis de séparer les belligérants et d’imposer un armistice, les négociations s’étant déroulées à Moscou entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. La Russie dispose toujours d’un contingent sur la ligne de front, en charge du maintien de la paix et de l’application des accords. Cette situation ne satisfait aucune des parties, ni Erevan ni Bakou n’ayant intérêt à une prolongation de la présence des troupes russes. Les deux camps sont conscients que la guerre en Ukraine change la donne.

La Russie pourrait avoir besoin de ses troupes basées au Caucase et risque donc de les rapatrier sur le front du Donbass afin de poursuivre l’offensive contre Kiev. Si tel était le cas, c’est l’arc-boutant de la sécurité au Karabagh qui risquerait de tomber. L’Arménie craint que le départ des troupes russes provoque une nouvelle attaque de l’Azerbaïdjan, afin de s’emparer du reste du Karabagh, l’Azerbaïdjan pour sa part ne voulant plus dépendre des Russes, désireux d’avoir une souveraineté pleine et entière sur les terres prises à l’issue de la guerre.

 

Très affaiblie par la défaite, même si elle ne participa pas à la guerre de façon directe, l’Arménie est décidée, contrainte et devant la force des choses, de tourner la page. Le gouvernement d’Erevan a reconnu la prise du Karabagh par l’Azerbaïdjan, désirant ne plus être affaibli par un conflit qui dure depuis 1994. Avec 3 millions d’habitants, l’Arménie pèse peu face à l’Azerbaïdjan (10 M) et surtout face à la Turquie (85 M). Elle est consciente qu’elle ne sera que perdante face à une reprise du conflit.

 

Asie centrale : la fin des temps soviétiques

 

Pour sa part, l’Azerbaïdjan désire témoigner de son indépendance, tant à l’égard de Moscou qu’à l’égard d’Ankara. Il y a donc urgence pour Bakou de ne plus dépendre de la Russie, surtout au moment où Moscou est mis au banc des nations d’Europe. Coincé entre la mer Caspienne, la Turquie et l’Iran, l’Azerbaïdjan est très dépendant de ses voisins pour exporter son pétrole et assurer la bonne tenue de son commerce. La paix au Karabagh est donc aussi une urgence, surtout au moment où les États-Unis recommencent à négocier avec l’Iran et où la Turquie joue une diplomatie fine et intelligente, revenant sur le devant de la scène.

 

De son côté la Géorgie a fait le choix de la Russie, ce qui divise le Caucase en deux et ravive les fractures historiques et politiques de cette région de montagnes et de peuples mêlés. Or le Caucase demeure une région essentielle pour l’Europe tant elle est un carrefour des routes du pétrole et du gaz. À l’heure où les Européens ont fait le choix de se passer du gaz et du pétrole russe (le pourront-ils vraiment ?), ils ne pourront pas se passer du Caucase.

 

La France a une longue histoire tant avec l’Arménie qu’avec l’Azerbaïdjan, même si ces deux pays sont ennemis. La proclamation de la première république indépendante d’Azerbaïdjan se fit en 1918 à Paris et l’acte fut rédigé en français. La francophilie est encore très présente sur les bords de la Caspienne, ce qui est un atout au moment où cette région redevient centrale. Le risque pour la France et les Européens est de laisser passer une nouvelle fois le coche, permettant à la Turquie de jouer ses cartes et de faire du Caucase son arrière-cour. Or les velléités d’Erdogan sont toujours très présentes, tant en Afrique qu’en Méditerranée. Nous sommes certes focalisés sur l’Ukraine, mais cela ne doit pas nous conduire à oublier les autres marges de l’Europe, qui demeure essentielles sous bien des aspects.

 

La fin des ex-républiques soviétiques

 

Depuis 1991, l’Asie centrale est systématiquement présentée comme l’espace des « ex-république soviétique ». 30 ans plus tard, la donne a pourtant changé, mais l’on continue de voir ces pays comme des enfants qu’ils ne sont plus puisqu’ils ont trente ans de plus. Le temps passe, y compris dans les steppes d’Ouzbékistan et du Kazakhstan. Une nouvelle élite a pris le pouvoir, en témoigne le passage de témoin au Kazakhstan entre le président Nazarbaïev et Kassym-Jomart Tokaiev. La jeunesse de ces pays n’a pas connu l’époque soviétique et parler d’avant 1991 relève de l’histoire bien plus que de la mémoire. La Chine est désormais un acteur central et important, ce qu’elle n’était pas il y a encore quinze ans. La Turquie, toujours elle, rêve d’un grand espace turcophone qui pour l’instant demeure au stade du rêve. Là aussi il y a, pour la France et pour l’Europe, une nécessité à agir, à activer les leviers diplomatiques et économiques, à renforcer les liens de ces pays indépendants qui sont en train de bâtir leur propre histoire. À défaut, ce sont les Chinois qui prendront les premières places.

 

La Russie plutôt que le Mali

 

Enfin demeure le vaste espace de Sibérie. La Russie est en train de consommer sa jeunesse dans cette guerre fratricide (près de 20 000 morts) ce qui est d’autant plus dramatique pour un pays qui n’arrive pas à enrayer un déclin démographique de longue date. Le Donbass est certes une région industrielle, mais la plupart des usines sont anciennes et vieillies. La guerre a apporté son lot de désolation et de destruction, ce qui nécessitera non seulement du temps, mais aussi beaucoup d’argent pour remettre ces régions à pied. Or la Sibérie est un espace sous-employé et sous-développé, qui subit la présence des convoitises chinoises. Il y eut mieux valu, pour Moscou, mettre à profit sa jeunesse et les millions de la reconstruction à valoriser l’espace sibérien. Alors que l’on évoque beaucoup, à raison, la rupture européenne de la Russie et son pivot vers la Chine, cela ne se manifeste pas dans la mise en valeur de l’espace russe, Moscou se concentrant sur l’espace européen et non pas sur l’espace asiatique. Il y aurait beaucoup à faire avec Vladivostok ainsi que dans les relations avec le Japon, un voisin russe.

 

Loin de conduire à un développement de l’espace laissé russe, la sécession et l’indépendance des anciens pays soviétiques n’a pas amené la Russie à reconsidérer son territoire et son aménagement. Moscou est resté dans une nostalgie plus ou moins active de l’Empire, au détriment de son propre espace intérieur. Il y aurait pourtant beaucoup à faire pour améliorer la vie quotidienne des Russes et pour mettre en valeur un territoire prometteur et pourtant sous-employé. Mieux à faire en tout cas qu’à se lancer dans un néo-colonialisme au Mali ou dans une guerre dont on ne voit pas la fin en Ukraine.

 

 

 

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

11 Commentaires

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  • Dominique

    11 juin 2022

    L’avis de Aymeric Chauprade, géopolitologue, sur les causes et les suites possibles de l’action militaire russe :
     » La stratégie des EUA est de faire tomber la Russie et de mettre un régime atlantiste à Moscou afin de faire barrage à la Chine …
    L’Ukraine n’est qu’un pion pour les EUA …
    Lrs Européens risquent d’être totalement détruits, pas les Américains ni les Chinois « .
    ( à partir de 47 min )
    https://m.youtube.com/watch?v=pkFATL9k5Ow

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  • Jonathan

    8 juin 2022

    Monsieur Noé, je suis certain que vous êtes un excellent docteur en histoire économique.
    Néanmoins, cela ne fait pas de vous un expert en géopolitique de l’Asie Centrale ou du Caucase. Charles Gave a le bon goût d’écrire des articles sur des sujets qu’il connaît bien, il a ainsi la chance de ne pas dépasser son seuil de compétence. Vous n’avez pas ni son âge, ni son expérience mais je suis certain qu’à force d’effort cela sera un jour le cas.
    Monsieur Noé, en tant que Français vivant en Russie depuis de nombreuses années (y compris en Sibérie orientale Далный Восток), je peux vous affirmer que ce que vous écrivez dans cet article est inexact. Cela est bien compréhensible car ne parlant pas russe et n’ayant jamais voyagé en Eurasie, vos sources d’informations ne peuvent être que limitées. Orbis étant une école de géopolitique, je vous invite à venir en Russie et à découvrir ce pays et son peuple, parce que vos derniers articles ont démontré que vous ne connaissez ni l’un, ni l’autre.
    Si pour la rédaction de vos futures chroniques abordant, ne serait-ce qu’en partie la Russie, je vous invite à contacter Jacques Sapir et Xavier Moreau. Ces deux français russophones pourront vous apporter des informations qui vous sont actuellement indisponibles.
    Jean-Baptiste Noé, je vous remercie et vous suis reconnaissant d’écrire vos articles sur le blog de l’Institut des Libertés.

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  • Dominique

    6 juin 2022

    Pour la Sibérie, vous la jugez comme « un espace prometteur et pourtant sous-employé”, sans présenter de faits. C’est un peu court.
    Il faudrait commencer par appréhender la géographie de la Sibérie, car c’est la GÉOGRAPHIE est la base de la géopolitique.
    Ce territoire est immense, avec 13 millions de km2 soit 25 fois la France, 30% de plus que le Canada, en grande partie hostile avec ses marais, forêts, taïgas, toundras, etc. et glacé pendant 11 mois.
    Dans ces conditions, une population de 40 millions d’habitants – ce qui n’est pas rien pour la Russie – correspond peut-être à une densité normale pour les régions habitables. Comparativement, la Sibérie est dix fois plus peuplée que l’Alaska : condamnerez-vous Washington ?
    Ayant écouté, lors d’un voyage en Russie, un couple russe qui a passé sa vie professionnelle à entretenir le Transibérien ( pour de meilleurs salaires ) je compris que leur conditions de vie avaient été très difficiles.
    Je suppose que c’était pire lorsque les Tzars entreprirent de coloniser cet immense territoire habité de peuples différents, avec leurs races, langues, cultures, religions.
    Aujourd’hui tous ces peuples vivent en paix de Omsk à Vladivostok et sont fiers de leur “Russie”. Ils exploitent les forêts, les terres cultivables et évidemment le riche sous-sol, et développé de nombreuses grandes villes, des centres scientifiques, des universités, des liaisons maritimes dans l’Antarctique etc.
    Et à Vladivostok, Russes, Japonais, Asiatiques, et même Français, travaillent en bonne intelligence d’après ce que je peux en savoir, ce qui est bien différent de Marseille ou du 9-3.
    Voilà l’essentiel me semble-t-il, et il y a de quoi être admiratif.
    Finalement, les Russes ont eu avec la Sibérie une stratégie adaptée à la géographie, alors que les Français ont été incapables d’agrandir définitivement la France en Afrique du nord. Nous n’avons donc pas de leçons à donner aux Russes.
    Voici le récit d’un Français qui a fait la route en 2020 jusqu’à Vladivostok avec un side-car ( fabriqué en Sibérie * ) :
    http://www.est-motorcycles.fr/forum/viewtopic.php?f=2&t=394
    Mon ami Hubert fut également enthousiaste durant son voyage en 2009, jusqu’en Mongolie, et sans concession :
    http://thetimelessride.com/FR/Eurasia/Siberia/Siberia.111.htm ( cliquer sur chaque photo)
    de 2009 à 2020 tout a bien changé le long de cette route.
    Et concernant la jeunesse, dont vous écrivez “il eût mieux valu, pour Moscou, mettre à profit sa jeunesse à valoriser l’espace sibérien”, regardez ce reportage à Irkoutsk, où ces jeunes femmes sont heureuses d’étudier et de travailler :
    https://m.youtube.com/watch?v=3c-7D0NxySA
    .
    ( * ) Ural fabrique à Irbit des side-cars à 2 roues motrices de renommée mondiale et exportait énormement aux EUA jusqu’au sanctions scélérates.

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  • Philippe

    5 juin 2022

    Stupéfiqnte frivolité de cet article :  » pourquoi la Russie ne s’est elle pas consacrée a la Sibérie au lieu de laisser l’OTAN venir a sa porte en Ukraine  » ? Nous sommes au bord de l’emploi d’armes nucleaires tactiques , et vous brodez des regrets quant a l’ agressivité russe envers l’Ukraine ? Soit vous vivez dans un conte de fées soit vous prenez vos désirs pour des réalités.
    Le Caucase est encore sous influence russe , nonobstant la tentative des USA de grignoter la Georgie en 2008. Depuis la Georgie a compris la leçon et s’est rapproché de Moscou .
    La Turquie joue cavalier seul ; empeche la Suede et Finlande de rentrer dans l’OTAN , menace a nouveau la Syrie et continue d’intimider la Grece et Chypre . Que fait l’Europe pour contrer la Turquie ? Rien ou presque .
    La seule conclusion qu’on peut proposer à ce stade, est que l’europe est un nain politique et un moustique stratégique . C’est sur ce point précis qu’il faudrait porter la critique de manière virulente . Le conflit actuel se développe depuis 2010 et nous sommes accoudés à la fenetre et allons payer le cout de notre inertie mentale . Nous européens sommes dirigés par des incompétents notoires , des traineurs de sabres en bois , des larbins de Washington . Pour la énième fois , je rappelles la proposition de Kissinger qu’il a expliqué au récent sommet de Davos ( neutralité stratégique en Ukraine-Biélorussie ) est la seule solution pour sortir de cet engrenage .

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    • Dominique

      6 juin 2022

      La situation est effectivement grave et JBN ne voit pas que la géographie guide toujours la stratégie.
      Kissinger dit depuis 1991 que l’ours russe ne peut se laisser couper les pattes.
      La création de l’Ukraine en 1991 lui a coupé sa patte sud.
      Maintenant, Washington veut menacer la patte nord en faisant entrer son armée otanesque en Finlande.
      Avec ces pyromanes le feu n’est pas prêt d’être éteint !

  • Dominique

    5 juin 2022

    A propos de  » l’offensive contre Kiev  » je dirais plutôt que les Russes auraient dû intervenir beaucoup plus tôt afin de secourir les populations du Donbass aui sont massacrées depuis 2014 par l’armée de Kiev. ( 14.000 morts selon l’OONU.
    Aujourd’hui ce massacre de civils continue :
    https://www.donbass-insider.com/fr/accueil/

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  • Dominique

    3 juin 2022

    Le principal défi des Russes est à mon humble avis de faire face à la menace états-unienne, par un encerclement stratégique.
    Poutine a pourtant expliqué qu’elle constitue un danger mortel pour les Russes et qu’ils ont décidé, en l’absence de négociation avec les EUA, d’y mettre un terme.
    L’opération de Moscou contre Kiev est rappelons le :
    – d’une part de sauver les populations russophiles des Bandéristes nazis ( la qualification de nazi est celle de la Commission d’Enquête du Sénat états-uniens sur le Maïdan de 2014 ),
    – et d’autre part, de faire renoncer Washington et les capitales des pays alliés ( j’ai failli écrire « soumis  » ) à y installer l’OTAN.
    C’est ce deuxième volet de l’intervention militaire russe qui devrait NOUS inquiéter, car si Moscou n’a pas jusqu’à présent lancé ses armées sur l’Ukraine de l’ouest ( la destruction d’ équipements ne constitue pas une véritable guerre ) Moscou n’a pas renoncé à faire reculer les EUA, et ses alliés considérés comme complices, au risque d’une guerre.
    D’autre part, les sanctions et les expéditions d’armes de l’OTAN créent maintenant une pré-guerre mondiale.
    À Moscou, la préoccupation doit donc être en ce moment stratégique et militaire, que tournée vers d’improbables colonies, ne pensez vous pas ?
    .
    Pour le reste, les Russes ne nous ont pas attendu depuis 1991 pour se relever des monstres soviétiques et nazis qui lui ont arraché de l’ordre de 80 millions de vies !
    En 30 ans, soit une génération, les Russes se sont reconstruits sur tous les plans.
    Ne l’oublions jamais, nous Français auxquels la perte de 2 millions d’hommes en 14/18 porta un coup fatal : 20 ans après 1918 nous capitulions devant les armées nazies !
    Et aujourd’hui, 75 ans après la « victoire » en 1945 ( à laquelle la France participa grâce aux militaires cantonnés en Afrique du Nord ) nous sommes défaits, ruinés, et envahis, et notre survie est en jeu !

    Répondre
    • Stefano

      4 juin 2022

      Comme le dit Jacques Baud ( Suisse qui a été en poste à l’OTAN) la Russie n’a fait que répondre à une machination ourdie dès 1991 par les USA. Cette guerre de février 2022 a été imposée à la Russie par l’OTAN dont on se demande quelle est la mission véritable. La Russie défend sa survie comme les USA ont défendu la leur à Cuba en 1962. L’Europe de Bruxelles, par sa vassalité, a montré la totale inutilité et nocivité du fameux projet européen qui nous conduit à la pauvreté et à la guerre.

    • Dominique

      4 juin 2022

      @ Stefano
      C’est certain, pour la Russie c’est une question de survie.
      Je ne comprends pas non plus J B Noé sur sa perception d’un  » colonialisme  » russe.
      Il n’y jamais eu de colonialisme russe dans son expansion territoriale, mais la nécessité de se trouver des frontières naturelles indispensables à sa sécurité, comme pour tout pays.
      Si Napoléon 1er et Hitler ont pu pénétrer aussi facilement en Russie c’est bien grâce à l’absence de frontières naturelles à l’ouest de la Russie.
      Outre le fait que Poutine a toujours déclaré qu’il fallait que la Russie désingue l’URSS, la géographie dit que la Russie n’a pas de frontières naturelles qui la protègent.
      C’est pourquoi les Tsars avancèrent vers l’est jusqu’à la mer du Japon. Ils franchirent même le détroit pour s’établir dans l’actuel Alaska. Ils y renoncèrent ensuite. car posséder cette nouvelle terre ne leur apportait pas une protection accrue.
      Donc, pas de colonisation mais recherche d’une frontière naturelle.
      Idem avec la mer baltique et la mer Noire : elles sont des frontières naturelles par excellence, et de nécessaires voies de communication maritimes sinon l’ours est enfermé dans sa cage continentale.
      Ce que recherche donc Moscou en Ukraine c’est de retrouver son pied historique dans cette région qui lui ouvre la mer Noire, à la fois frontière naturelle, barrière physique de protection, et communication avec la Méditerranée.
      Pour la Baltique c’est la même chose, la Russie n’a jamais voulu faire de la Finlande et des pays Baltes des colonies, qu’elle fut tsariste ou soviétique.
      Aujourd’hui ces trois  » pieds  » de l’ours sont vitaux pour la Russie car si on lui les lui coupe la Russie se retrouve totalement isolée.
      Un enfant de 5 ans comprendrait cela.
      Kissinger en a 98 et il reste lucide : il a toujours soutenu que ce serait une folie que d’enfoncer des poignards dans la Russie et vient de le redire aux fous à Davos.
      A contrario de Wolfolistz et l’autre fou polonais dont j’oublie le nom ( ah si :
      Brezinsky ) qui ont inspiré la stratégie wahingtonesque du  » containment  » de la Russie.
      Je ne suis même pas certain que l’empire ait réellement envisagé d’installer des missiles porteurs d’Iroshima à la frontière de la Russie, tellement la provocation serait insupportable aux Russes.
      Mais la guerre faite par l’armée de Kiev ( infiltrée comme le gouvernement kiévien par les Bandéristes nazis * depuis la création de l’Ukraine en 1991 ) contre les populations des « républiques populaires de Donetsk et de Lougansk » dans le Donbass a apporté sur un plateau le prétexte à la Russie pour pénétrer dans l’est et le sud de l’Ukraine.
      Huit ans après la signature des accords de Minsk, l’autonomie prévue n’avait pas connue le début d’un commencement et au contraire les bataillons Azov et Priver Sektor nazis * avaient tué 14.000 Ukrainiens russophiles ( voire russes ) !
      14.000 morts étant le chiffre établi par l’ONU, depuis 2014.
      La Russie est donc en train de réussir un coup de maître sauf qu’évidemment l’empire peut virer en docteur folamour et entrer dans la guerre aux côtés de Kiev.
      Ce serait alors un cataclysme puisque le 23 ou le 24 février Poutine nous a menacé d’une  » riposte telle que vous n’êtes pas capable d’imaginer. ».
      Ce conflit est donc d’une importance majeure pour nous Français, alors que franchement on se tape des visées de Moscou sur le Mali et des pays du Caucase ou des entrepreneurs français n’iront pas investir dans les conditions actuelles de sanctions occidentales tout azimuts.
      .
      ( * ) j’utilise le terme nazi car c’est ainsi que la Commission d’ enquête du Sénat de Washington a qualifié, dans ses conclusions sur le Maïdan de 2014 – les éléments ultra nationalistes

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