15 juin, 2020

Blitzkrieg contre l’état de Droit.

« Sachent donc ceux qui l’ignorent, sachent les ennemis de Dieu et du genre humain, quelque nom qu’ils prennent, qu’entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. » Lacordaire.

Les racines mêmes de notre civilisation sont en train d’être arrachées par des gens qui sont objectivement ses ennemis, ce qui risque de nous amener à la fin de ce qu’il est convenu d’appeler l’état de Droit, et ce n’est pas une bonne nouvelle, telle est l’idée que je vais essayer de développer aujourd’hui.

L’état de Droit n’a rien à voir avec l’Etat, mais tout à voir avec son opposé « l’état de Nature », où règne la loi du plus fort et où le pouvoir est dévolu à celui qui a la plus grosse massue.

Dans son grand livre, « le choc des civilisations et la refonte de l’ordre mondial », Huntington scindait le monde en neuf civilisations, chacune d’entre elles trouvant son origine dans une religion. L’une d’entre elles est, bien sûr, la civilisation occidentale fondée sur le Christianisme et dont la caractéristique principale est qu’elle est fondée sur le Droit, qui est l’outil qui nous protège contre celui qui a le monopole de la violence légale, c’est-à-dire l’Etat.  Il est généralement admis de décrire ces sociétés comme bénéficiant d’un état de Droit. Vivre dans un état de Droit, cela veut simplement dire que l’Etat lui-même et son personnel sont soumis au droit et non pas que l’Etat fait le droit.

Et c’est la solution que notre civilisation a choisie il y a bien longtemps sous l’influence du fondateur de sa religion dominante, le Christ. Si on lit les Evangiles, on se rend compte de deux choses très rapidement.

  1. Dieu ne sait compter que jusqu’à UN. Il veut avoir avec chacun d’entre nous une relation personnelle.
  2. Ce qui implique que nous ayons notre libre arbitre et que nous soyons personnellement responsables de chacune de nos actions devant lui et seulement devant lui.

René Girard a compris que cette primauté de l’individu sur le groupe, les textes sacrés, la tradition, le pouvoir politique, la coutume était LA caractéristique essentielle de notre façon de penser commune (Voir : j’ai vu Satan tomber comme l’éclair »). Toutes les autres civilisations sont fondées sur la dominance du groupe sur l’individu et sur l’importance de toujours faire ce qui est nécessaire à la survie du groupe.

La nôtre est la seule qui affirme la prééminence de l’individu : ‘’Tous les hommes naissent libres et égaux en droit », voilà le cœur de notre civilisation. Et c’est ce que disait déjà Saint Paul dans sa célèbre lettre aux Galates : « Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous vous ne faites plus qu’un…’

Redescendons sur terre : Cette réalité a grandement influencé la façon dont nous, les héritiers de Saint Paul, avons organisé les Institutions à qui nous avons donné le monopole de la violence légal, c’est-à-dire l’Etat.

Notre solution a été d’essayer de contrôler les tendances naturelles aux abus de pouvoir, aux meurtres, à la corruption, au népotisme…de ceux qui en ont pris le contrôle de la force, par le Droit et la Loi, qui sont supérieurs et antérieurs àl’Etat, ce qui en soit est déjà une différence extraordinaire avec les autres civilisations.

La légitimité de ceux qui sont au pouvoir trouve sa source dans chaque individu qui, se réunissant en Peuple, la délègue librement par des élections fréquentes, contradictoires et régulières à des élus dont les pouvoirs sont définis dans la Constitution. Et pour qu’une démocratie fonctionne, il faut que les perdants lors des élections acceptent leur défaite et félicitent les vainqueurs.

Et donc, aux yeux de la Loi et du Droit, dans notre civilisation, il ne peut y avoir que des individus car la Loi doit être la même pour tous et ce n’est pas pour rien que les statues de la Justice sont toujours masquées.

La responsabilité ne peut donc être qu’individuelle. La Justice, de même, ne peut juger que des individus et jamais des groupes car il ne peut pas y avoir dans nos sociétés de responsabilité collective

Il peut y avoir des circonstances atténuantes à un crime ou à un délit, mais ces circonstances atténuantes doivent être examinées au cas par cas et nul ne peut ni ne doit passer une Loi disant que comme les Auvergnats vivent dans un pays difficile, des exemptions spéciales leur seront accordées chaque fois qu’ils se révolteront et casseront tout autour d’eux.

Nos principes de fonctionnement sont donc :

  1. Chacun (sauf le dément) est responsable de ses actes.
  2. Chacun est innocent jusqu’à ce qu’il soit prouvé coupable par un jugement prononcé par une Cour indépendante – et non pas par la presse ou par la rue.
  3. La Justice est la même pour tous, y compris et surtout pour ceux qui exercent des fonctions régaliennes.
  4. Nul n’est censé ignorer la Loi.

Que ces principes ne soient pas toujours respectés, j’en suis bien conscient, mais ce n’est pas parce qu’une voiture a des ratés de temps en temps que vous la mettez à la casse. La perfection n’est pas de ce monde. Si quelque chose ne marche pas dans la Justice ou la Police, votre devoir de citoyen est de faire pression sur les élus, ou sur ces institutions elles-mêmes, de façon à ce que les choses s’améliorent.

Or à quoi assistons-nous depuis des lustres et qui semble s’accélérer brusquement ? A une tentative délibérée de rétablir la notion de responsabilité collective, ce qui permettra tous les génocides. Si je suis blanc, juif, noir ou musulman, je ne peux agir que comme tous les autres blancs, juifs, noirs ou musulmans…

En voici un exemple : Quand l’ancien Vice-Président Américain Jo Biden déclare récemment à un journaliste noir qui l’interviewait « Si vous ne votez pas pour moi à la prochaine élection présidentielle, c’est que vous n’êtes pas noir », et cela en prenant l’accent des Noirs du Sud des USA, il commet une série de crimes contre l’esprit même des institutions, et chacun sait que les crimes contre l’esprit sont les pires.

  • Il caractérise les préférences politiques supposées d’un homme par sa couleur de sa peau et donc il lui enlève sa liberté de vote, faute quoi il ne sera plus admis dans son entourage et sera banni.
  • Il s’approprie les voix d’un groupe d’individus en fonction de leur couleur en déniant de ce fait leur libre arbitre à chacun d’entre eux.
  • Il implique que l’autre parti est raciste et n’aime pas les noirs, ce qui est honteux. Quand l’on sait que Lincoln était Républicain, que le Parti Démocrate a été créé par Jefferson, grand propriétaire en Virginie et donc possesseur d’esclaves, pour défendre les esclavagistes et quand l’on connait l’histoire du Parti Démocrate dans le Sud, créateur du KKK, soutien massif de la ségrégation et des Lois Jim Crow abolissant les droits civiques des noirs après la défaite du Sud après la guerre de sécession, on a honte pour lui.

En termes simples : Jo Biden veut ramener chaque homme noir à ce que lui, Jo Biden voudrait que chaque homme noir pense. Ce qui est une monstruosité à la fois morale et politique. Mais oublions Jo Biden qui a dépassé son seuil d’incompétence depuis des lustres et qui est sans doute l’un des hommes politiques les plus corrompus aux USA, ce qui n’est pas peu dire, et venons-en à ce qui se passe un peu partout dans le monde à l’occasion du meurtre d’un homme Noir par un policier blanc à Minneapolis.

Tout un chacun a été épouvanté par cet assassinat et déjà les coupables sont en prison et vont être jugés, ce qui est bien.

Mais, les manifestations couvrent quelque chose de plus profond qu’il me faut expliquer ici. Depuis les années soixante, un corpus philosophique est sorti de France (Sartre, Derrida, Foucault etc…) selon laquelle l’Histoire s’explique par le combat perpétuel entre les oppresseurs et les opprimés.  Pour ces gens, le système de gouvernement et de justice que j’ai décrit plus haut a été monté de toutes pièces par les oppresseurs pour maintenir les opprimés sous leur contrôle. Et comme le mâle blanc est toujours un oppresseur et les opprimés toujours des femmes ou des gens de couleur, voilà qui nous amène au militantisme féministe et au racialisme actuels.  Et la conclusion de nos philosophes est que les opprimés ont raison de ne pas reconnaitre les institutions de la République puisqu’elles sont criminelles dans leur essence.

J’en veux pour preuve les raisons que les tenants de cette thèse donnent pour expliquer les troubles actuels :

  • La victime, étant noire, était automatiquement innocente.
  • Le meurtrier, étant à la fois blanc et policier, était automatiquement et doublement coupable. Comme le disait Sartre, un noir qui tue un blanc en Afrique libère deux personnes : lui-même et la victime qui cesse d’être un bourreau. Que voilà une fantastique justification des génocides à venir.

Ce qui veut dire que notre possibilité de choisir individuellement entre le bien et le mal, et donc notre libre arbitre, ne sont que des illusions et que le policier- ou le juge- ne sont que des robots agissant pour maintenir les privilèges de la classe des oppresseurs. Si je suis un homme blanc, je suis donc automatiquement coupable et je ne peux même pas m’en rendre compte et si je suis noir, musulman ou femme, je suis automatiquement innocent puisque mes actions ne sont que le résultat de mon oppression par mon maitre blanc.Qui plus est, cette réalité a valeur de dogme et ne peut pas être discutée, et quiconque s’y essaie tombe sous les coups de ceux qui défendent le politiquement correct, puisque, d’après eux, dans le système actuel, seule la classe dominante peut exercer sa liberté de parole. Défendre le principe de la Liberté d’expression, c’est en fait admettre que l’on fait partie des dominants. Il est donc nécessaire d’empêcher les hommes blancs de s’exprimer par la censure, l’exclusion, et si nécessaire l’exécution. Et bien entendu, enseigner aux enfants et aux étudiants ce qu’ont dit Moise, Jésus, Platon, Camus, est très dangereux puisque ce sont tous des hommes blancs. Inutile d’expliquer que cette théorie est d’origine marxiste et que l’Histoire a tragiquement montré qu’elle était fausse et meurtrière, et c’est sans doute pour ne pas parler des résultats du marxisme que l’on a cessé d’enseigner l’Histoire dans nos écoles. Ce que nous voyons exploser aux USA, en France, en Grande-Bretagne et partout dans le monde est donc une manifestation d’une pensée profondément totalitaire. Et cette thèse aberrante a été mise dans la tête de nos enfants par ceux que nous avions chargé de les éduquer. Et, bien entendu, ces idées sont parties de France. Comme le disait un Pape, « une idée fausse ne devient dangereuse qu’une fois qu’elle est passée en France » Et, bien entendu encore, ces calembredaines ne sont que le résultat de la déchristianisation de nos sociétés. Comme le disait Chesterton, « Quand les gens cesseront de croire en Dieu, ce n’est pas qu’ils ne croiront plus à rien, c’est qu’ils croiront n’importe quoi ». Le XX -ème siècle a cruellement montré la réalité de cette prophétie et je crains que le XXIème siècle ne s’annonce guère mieux. Il s’agit-là d’un phénomène tres grave et qu’il serait fou de minimiser. Ce qui veut dire, cher lecteur, que nous avons du pain sur la planche surtout quand j’entends le ministre de l’intérieur dire « entre l’émotion et des considérations juridiques, je choisirai toujours l’émotion ». Il est grave pour un pays d’avoir à ce poste un partisan du lynchage. Le choix qui se profile pour chacun d’entre nous pour nous va être donc ou de se battre pour rester dans un état de Droit, ou de retourner à l’état de Nature où les plus faibles et les esprits libres seront massacrés.

Mon choix est fait, mais la lutte va être longue et difficile.

 

 

 

 

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

34 Commentaires

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  • Nanker

    22 juin 2020

    « Et 1984

    Je viens juste de le relire et c’est fascinant.

    Je recommende sa lecture »

    Certes mais pas dans la nouvelle traduction de Josée Kamoun : elle est lamentable.
    L’originale de 1950 d’Amélie Audiberti reste insurpassable…

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  • Nanker

    22 juin 2020

    Perso je resterai optimiste…
    Primo ce courant est ultra-minoritaire. Le fait que ces gens (Assa Traoré, Rokhaya Diallo et la petite dernière Maboula Soumahoro), vocifèrent en permanence prouve à contrario qu’ils sont peu nombreu et qu’ils doivent compenser leur faible nombre par un « bruit » médiatique permanent.

    Deuio ces gens ne vivent QU’en tétant goulument la mamelle publique : Assa Traoré? En arrêt maladie depuis des années (tiens tiens… un petit contrôle de l’URSSAF ne serait-il pas le bienvenu?).
    Soumahoro est elle « enseignante » au sein de l’Université française.

    Quant à leur mère à tous/toutes, la grande prêtresse du racisme anti-français – j’ai nommé Houria Bouteldja – elle occupe un emploi depuis des années à l’Institut du Monde Arabe.

    i on foutait à la porte tous ces boutes-feu de l’anti-France en les forçant à bosser dans le privé peut-être que ces gens auraient moins de temps pour taper sur notre beau pays.
    La France est comme un chien qui se laisse couvrir de vermine sans oser se gratter pour enlever les tiques qui lui pompent le sang. Allez un bon coup de patte!
    (et on pourrait aussi foutre à la porte de l’Université française les collabos que sont Laurence de Cock et Eric Fassin. Ce milieu est un égout qu’il va falloir curer à fond).

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  • Luc Delestre

    22 juin 2020

    Petite précision : l’article 1er de la déclaration des droits de l’homme dispose « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». Le pluriel n’est pas neutre !

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  • Votre ami Soros le révolutionnaire

    21 juin 2020

    Je pense que ces quelques citations pourraient contribuer à vous éclairer quant à cet individu.

    «I fancied myself as a kind of God»

    The Alchemy of Finance

    «If truth be known, I carried some rather potent messianic fantasies with me from childhood, which I felt I had to control, otherwise they might get me in trouble.»

    Quoted in Rachel Ehrenfeld and Shawn Macomber, “George Soros: The ‘God’ Who Carries Around Some Dangerous Demons,” LA Times, October 4, 2004.
    https://www.latimes.com/archives/la-xpm-2004-oct-04-oe-ehrenfeld4-story.html

    «It will come as no surprise to the reader when I admit that I have always harbored an exaggerated view of my self-importance—to put it bluntly, I fancied myself as some kind of god or an economic reformer like Keynes or, even better, a scientist like Einstein.»

    «My sense of reality was strong enough to make me realize that these expectations were excessive and I kept them hidden as a guilty secret. (…) As I made my way in the world, reality came close enough to my fantasy to allow me to admit my secret, at least to myself. (…) I have been fortunate enough to be able to act out some of my fantasies.»

    George Soros, The Alchemy of Finance (New York: John Wiley & Sons, 1987 & 1994), 362-363

    «It is a sort of disease when you consider yourself some kind of god, the creator of everything, but I feel comfortable about it now since I began to live it out.»

    Rachel Ehrenfeld and Shawn Macomber, “George Soros: The ‘God’ Who Carries Around Some Dangerous Demons,” LA Times, October 4, 2004.

    «fascinated by chaos. That’s how I make my money: understanding the revolutionary process in financial markets.»

    Slater, Soros, 49.

    «I am sort of a deus ex machina. I am something unnatural. I’m very comfortable with my public persona because it is one I have created for myself. It represents what I like to be as distinct from what I really am. You know, in my personal capacity I’m not actually a selfless philanthropic person. I’ve very much self-centered.»

    Rachel Ehrenfeld and Shawn Macomber, “George Soros: The ‘God’ Who Carries Around Some Dangerous Demons,” LA Times, October 4, 2004.

    Je vous invite à lire l’intégralité de l’article du LA Times de 2004:

    https://www.latimes.com/archives/la-xpm-2004-oct-04-oe-ehrenfeld4-story.html

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  • Florent

    20 juin 2020

    Bonjour, allez-vous répondre à Julien Rochedy qui dans une vidéo vous désigne comme le meilleur candidat pour la présidentielle de 2022 ? Bonne continuation !

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  • Dalla Vecchia Luigi

    17 juin 2020

    Des propos intéressants dont on peut extrapoler des notions sous-entendues telles que l’unicité citoyenne qui efface les distinguos: « Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous vous ne faites plus qu’un… » La définition n’y définit cependant pas le mode participation: est-ce que cela va du vote au militantisme et jusqu’où le militantisme (jusqu’à la désobéissance civile ou pas, jusqu’au respect total de ses convictions ou non) ; Aussi une réflexion sur le droit d’inspiration libérale c’est à dire égalitaire et démocratique, mais qui ne fait pas le distinguo entre le droit et la règle; c’est un peu dommage, car bons nombres de mauvaises actions partent de la confusion entre les deux , avec des acteurs qui se mettent à genoux devant la règle, oubliant au passage de respecter le droit…La troisième chose c’est le corpus de pensée (Sartre , Foucault , Derrida…etc): chez les élites managériales françaises, ils n’en font qu’une très mauvaise lecture proche de la bouffonnerie (sans doute un biais cognitif); chez les Américains, ils sont beaucoup plus attentifs à ce qui y est dit vraiment, mais toujours avec leur biais cognitif habituel, soit celui de chercher à tirer avantage de ce que l’on sait plutôt qu’enseignement (business as usual). Ainsi les Américains se sont posé la question de comment tirer parti des émergences sociales telles que les pense l’existentialisme. Et ils ont mis un truc en place: « l’empowerment » (trad, le pouvoir d’agir) qui consiste à regrouper les « misères » entre elles par catégories, pour paradoxalement leur faire reconquérir une « fierté revendicative » susceptible de se médiatiser suffisamment pour constituer une clientèle électorale. (personnellement je peux être fier de ce que je sois, quelquefois de ce que je fais, ou de mes amis, mais sûrement jamais de mes malheurs ou de ce qui m’arrive de mal pour lequel en plus je n’y suis souvent pour rien) . Le plus facile pour cristalliser ainsi un regroupement d’intérêt (sur du malheur) s’est de lui trouver une justification et donc un bouc émissaire et la technique pour cela c’est le « name and shame ». Il faut comprendre que tout cela se construit en dehors des institutions (de justice notamment et donc on ne déclare le viol par exemple que trente ans après…) puisque le but est de constituer un socle électoraliste censé prendre en compte les revendications et y remédier de façon groupale… Mais le but du politique étant de maintenir son électorat en haleine, il ne va certainement pas résoudre le problème, ce qui lui ferait perdre son fonds de commerce; au contraire, il va l’entretenir. Ce qui amène le paradoxe que ceux qui dénoncent le malheur, dans les faits, l’entretiennent consciencieusement ou le règlent à la marge. Paradoxalement le corpus idéologique que vous dénoncez parlait d’autre chose: il démontait le processus très français de régler les choses par des coups d’épée dans l’eau. En effet il constatait que les mouvements sociaux démarraient à l’endroit où des facteurs d’intensité se faisaient jour et provoquaient l’explosion d’un mouvement qui se cristallisait toujours sur une mauvaise raison. Une raison qui n’avait rien à voir avec la source du problème, amenant les acteurs sociaux et l’état à négocier, chacun avec sa mauvaise foi naturelle sur des paramètres erronés. Le corpus idéologique dont vous parlez voulait que l’on tire enseignement de cela, mais comme toutes les approches critiques, ne proposait pas de solutions, juste des méthodes pour acquérir plus de clairvoyance. En effet c’est un peu comme si les carreaux sales d’une entreprise empêchent la lumière de passer et que des salariés exaspérés réclament qu’on change les rideaux; cela fait mouche et dans la confusion générale, les conflits, les « pour », les « contre », le patron, le RH et tout le tremblement se mettent à négocier et finissent par s’entendre pour mettre une vasque de fleurs dans la cour pour améliorer la vue. Mais les carreaux restent sales… c’est ce que dénonçait ce corpus idéologique de la société française… Notons qu’Emmanuel Macron s’est prononcé pour le « name and shame » vis-à-vis des entreprises « à problème » plutôt que pour le recours à la loi. Notons enfin que « l’empowerment » aux US est prôné par les autorités comme politique sociale faisant appel à la tierce économie et donc tous les travailleurs sociaux le pratiquent contraints et forcés…

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  • Thierry Balet

    17 juin 2020

    Oui…..combat long et difficile. Combien de génération devront être sacrifiées afin de rétablir une « normalité » qui a/avait fait de l’Occident une terre de prospérité et d’avancées démocratiques (?). J’espère me tromper, mais après plus de quarante ans de pensée unique, d’une éducation nationale corrompue aux dogmes d’un mondialisme heureux, d’une nouvelle technocratie supranationale vouée à la destruction des Nations, je m’interroge sur le temps nécessaire de ce combat……
    En tout cas merci pour votre papier du jour.

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  • Dionysos

    17 juin 2020

    J’ai découvert il y’a peu ce type d’arguments en faveur d’une responsabilité collective en échangeant avec un interlocuteur dans la vraie vie. C’est consternant d’entendre de telles billevesées sous prétexte que la responsabilité individuelle n’amène qu’à l’oppression des classes capitalistiques (le blabla marxiste habituel) etc…. J’ai entendu ces arguments comme s’il s’agissait d’un véritable plaidoyer pour le suicide. Ces gens ignorent ils la beauté de la vie? Que celle-ci ne se réduit pas à l’économisme ou même à l’accumulation de biens matériels? Ces gens empli de ressentiments n’ont ils jamais lu un Roman pour ignorer à ce point la nature de l’homme?

    Ces « crimes contre l’esprit » révèlent bien un mal profond et diffus dans nos sociétés occidentales d’autant plus que ceux-ci sont commis par des gens, qui malgré leur jeune age, semblent déjà avoir perdu l’essentiel: la joie. Les psychanalystes ne risquent pas de se retrouver au chômage…

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  • candide

    17 juin 2020

    « ces calembredaines ne sont que le résultat de la déchristianisation de nos sociétés ». Oui, et ce phénomène est voulu, c’est une conséquence inéluctable de l’état providence.
    En effet, un état qui se veut et se présente comme omniscient et omnipotent, capable de résoudre tous les problèmes, pour tout le monde, tout le temps, se voit en fait… comme une divinité. De ce fait, la « concurrence » d’un Dieu lui est insupportable et notre état-providence ne peut que le combattre, il en va de sa survie.
    C’est, à mon sens, le mal racine de notre époque, puisque cette vision de l’état aliène les citoyens de leur rapport au sacré, mais également de leur rapport au réel par la déresponsabilisation généralisée

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  • marc durand

    17 juin 2020

    La lutte va être longue, très longue.
    Je ne vois que comme solution soit la guerre civile, soit par les urnes, mais pour plus de bolchevisme, afin de tout détruire, mais ca peut durer longtemps, on le voit avec le Venezuela.
    Il faut en finir avec les droits de l’homme bisounours, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
    La jalousie existera toujours envers l’homme blanc qui fait fonctionner son cerveau. Pas emmerder en Chine et au Japon, ou l’immigration est faible.

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  • Arnaud

    17 juin 2020

    Quelques petites erreurs. Le parti Democrate n’a pas été fondé par Jefferson mais Jackson. Jefferson était un anti federaliste.

    Et c’est Joe Biden pas Jo Biden

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  • Ockham

    17 juin 2020

    Depuis le brillant règne du Néerlandais, ce Bonaparte de l’irénisme béat et de la dissolution de l’état, nous progressons à Dijon. A quand les Tatars. ? Il faut espérer quand ils décideront d’entrer, que nos policiers et nos militaires seront désarmés pour ne pas aggraver le désordre !

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  • ilmryn

    17 juin 2020

    Ne pas oublier que Castaner a commencé à l’UNEF rouge, puis PS, c’est un socialiste jusqu’au bout des ongles qui par essence ne comprends absolument rien aux notions de droits, de libertés et de justice.
    Un gauchiste qui les comprends n’est plus de gauche.

    Répondre
    • candide

      17 juin 2020

      Castaner est surtout une petite frappe, un sous-fifre de la pègre marseillaise à qui il est demander de ne pas réfléchir, ce dont il s’accommode fort bien. Il est dramatique qu’un personnage pareil ait pu hériter d’un poste aussi stratégique, mais il ne faut pas lui prêter plus de perversité qu’il n’en a. C’est d’abord un crétin.

    • breizh

      18 juin 2020

      Castaner (comme Sibeth et autre) permet de détourner l’attention des vrais problèmes.

  • pythagore

    16 juin 2020

    pour le N°4 « nul n’est sensé ignorer la Loi » : attention a l’interprétation de cette formule car ce verbe a 2 sens et dans ce cas c’est  » nul ne doit refuser dans tenir compte »…
    plusieurs formules sont souvent mal interprétées telle que  » mariage pluvieux mariage heureux » qu’il faut lire « mariage plus vieux mariage heureux »…
    depuis que j’ai lu votre livre « des lions menés par des ânes » il y a prés de 20 ans je n’attend plus qu’une chose c’est l’effondrement du système que nos gouvernements successifs et europeistes essayent desesperement de sauver au pris d’un appauvrissement de notre pays…
    j’admire votre résistance et votre énergie …mais n’est ce pas trop tard ?

    Répondre
    • Arsene Holmes

      17 juin 2020

      Très intéréssant
      Avez vous d’autres exemples
      La dernière fois que j’ai utilisé  » Mariage pluvieux … » était il y 25 ans et mes amis ont divorcé acrimonieusement 4-5 ans après.
      Depuis je ne me suis plus jamais hasardé à mentionner cette expression.
      Maintenant je comprends pourquoi 🙂

    • idlibertes

      21 juin 2020

      A l’origine, c’est mariage plus vieux (cf plus âgé)

  • Bilibin

    16 juin 2020

    Ce qui m’horrifie le plus dans cette histoire, c’est surtout qu’au lieu de rappeler à tout le monde ce fameux droit et de l’appliquer, notre gouvernement fait preuve d’une lâcheté inouïe et laisse faire en toute connaissance de cause, ce qui s’apparente à de la corruption (« briser totalement ») et à de la trahison (envers le peuple).
    Qu’un ministre de l’intérieur tienne de tels propos est extrêmement préoccupant mais le fait qu’il ne soit pas immédiatement démis de ses fonctions est encore pire car cela revient à confirmer ce qui a été dit.
    Cela me rappelle cette idée comme quoi on va en enfer un pas après l’autre, on peut dire qu’en ce moment le pas est pressé.

    Répondre
    • Tess

      17 juin 2020

      Mais c’est un gouvernement corrompu jusqu’au trognon et Macron est le chef de ces corrompus. La corruption a commencé avec la campagne de Macron. Cela ne présageait rien de bon pour la suite.

  • Vauban

    16 juin 2020

    Bon sang oui! Ça va être difficile et terrible! Nous assistons à l’apogée de la déportation de la raison. Une déportation sur place, en canapé, qui vise à devinez quoi !?

    Répondre
  • Samuel

    16 juin 2020

    Merci pour ce texte monsieur Gave, cela fait du bien !

    Répondre
  • Joris

    16 juin 2020

    Vous n’avez que peu de chances, convenons en, mais il vous faut y aller.

    Répondre
  • Aloïs

    16 juin 2020

    Une nieme raison de mobiliser vos lecteurs en faveur d’un soutien massif aux ecoles vraiment libres, dites hors contrat, qui sont de petites et courageuses entreprises, et qui sont surtout l’avenir de la resistance dont vous incarnez une partie

    Répondre
  • Blondin

    16 juin 2020

    Les partisans du communautarisme progressent malheureusement. Je voudrais ici souligner le rôle des médias qui utilisent dorénavant le terme « communauté » systématiquement. On entend quasiment tous les jours ce terme ce qui est une façon d’habituer les esprits à une évolution majeure.
    Naturellement, la quasi totalité de notre classe politique, trop souvent inculte, reprend ce terme régulièrement, même ceux -c ‘est un comble ! – qui prétendent lutter contre le communautarisme.

    Répondre
    • Huger

      16 juin 2020

      On pourrait même parler de tribalisme

  • Michel Asso

    16 juin 2020

    Bonjour Monsieur Gave,
    Comme toujours, voilà un bulletin essentiel.
    Vous citez, comme fréquement et à juste titre, René Girard. J’ajouterais une autre citation du même, extraite de « La Violence et le Sacré » :
    Une société primitive, une société qui ne possède pas de système judiciaire est exposée à l’escalade de la vengeance, à l’anéantissement pur et simple que nous nommons désormais « violence essentielle »…
    C’est, hélas, vers quoi nous tendons avec l’affaiblissement, voir la quasi disparition de l’Etat de Droit à qui, nous le peuple, suivant Max Weber, avons délégué le « monopole de la violence légitime ».
    Au train où vont les évènements, je vais finir, bien que chrétien, par regretter d’avoir remisé ma Remington 870 !
    Bien à vous
    Un fidèle lecteur

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  • Philippe Dubois

    15 juin 2020

    Bonjour

    Quand vous écrivez : « si je suis noir, musulman ou femme, je suis automatiquement innocent puisque mes actions ne sont que le résultat de mon oppression par mon maitre blanc. »
    Vous me rappelez l’histoire des viols de Cologne, où les coupables étaient des réfugiés ou immigrés

    Dans ce cas de dissonance cognitive, nous avons pu observer le silence assourdissant des féministes de combat et une pirouette a été trouvée par les tenants de la culpabilité occidentale en expliquant que ces agressions sexuelles étaient dues au conditionnement subi par ces immigrés à cause du patriarcat donc que le coupable réel était l’homme blanc.

    Dans la lignée de cette idéologie de la haine de soi portée par tous les gauchistes blancs, on peut ajouter l’écologie politique avec ses khmers verts.

    Ce qui me laisse pantois, c’est l’empressement de nombreuses entreprises à s’afficher en faveur de ce mouvement
    Venant de la clique de nuisibles qui nous sert de gouvernement, rien hélas ne pourra me surprendre en matière de stupidité ou d’ignominie.

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    • Florence Aubry

      16 juin 2020

      Entièrement d’accord avec vous. Le silence assourdissant des féministes et autres défenseurs de tout poil m’avait estomaquée. Comme les victimes étaient des femmes blanches et bien , elles ne pouvaient tout simplement pas être victimes, voilà tout!
      Cela me rappelle le scandale proprement hallucinant et sordide dans le nord de l’Angleterre où des immigrés (pakistanais pour la plupart) prostituaient allègrement des jeunes filles majoritairement blanches… La police s’est tue par peur de paraître raciste. Heureusement, la justice est passée mais après un âpre combat mené, entre autre et si mes souvenirs sont bons, par un immigré Pakistanais!

  • JeanBart

    15 juin 2020

    Bonjour Monsieur,
    excellent papier, comme d’habitude.
    Malheureusement, après quelques recherches, impossible d’identifier le Pape à qui l’on dit cette si belle citation sur la France et ses intellectuels qui savent si bien corrompre des idées nobles. Nous ferez-vous le plaisir de nous révéler son identité ?
    merci !

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    • Frederic

      16 juin 2020

      *JeanBart
      Charles Gave faisait référence peut être au pape Leon XIII . ( Mr PECCI ).
      Tchao le corsaire

  • Samuel

    15 juin 2020

    Merci de bien mettre en évidence ce point essentiel de l’individu VS le collectivisme. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu, lisez La Grève (Atlas Shrugged) de Ayn Rand qui explicite très bien cette lutte perpétuelle de l’individu contre le collectivisme.

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    • Arsene Holmes

      17 juin 2020

      Et 1984

      Je viens juste de le relire et c’est fascinant.

      Je recommende sa lecture

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Les livres de Charles Gave enfin réédités!