26 août, 2014

Après la paralysie économique c’est la paralysie politique qui menace

L’éviction/démission d’Arnaud Montebourg, Ministre de l’Economie et du Redressement Productif a été saluée par une hausse de l’indice CAC 40 de 2% et une nouvelle baisse des rendements de la dette française sur les marchés à 1,30% !

Les investisseurs américains qui ont depuis longtemps rebaptisé Montebourg, « Mon Tambour » en ont conclu que la gauche française était en train, avec beaucoup de retard, de tourner la page du socialisme idéologique pour aller vers une social démocratie ouverte sur la réalité économique. Cette conclusion est probablement un peu rapide car malheureusement, l’exécutif n’a plus de majorité pour appliquer une politique qui réclamerait beaucoup de courage politique.

 

Pour le moment le paquebot France continue de couler. La croissance est quasi nulle, Moody’s, l’Agence de Notation a encore révisé ses prévisions à 0,5% pour 2014 et 0,9% pour 2015. Le nombre de chômeurs dépasse désormais les 5 millions. Il a progressé de 690 000 depuis l’arrivée de François Hollande à L’Elysée. Les marges bénéficiaires des entreprises affichent des taux historiquement bas, le matraquage fiscal des classes moyennes se répercute sur la consommation. La chute historique des taux d’intérêts fait fuir les épargnants de la Caisse d’Epargne et surtout le rendement de l’impôt est très en deçà de ce qui était attendu. L’impôt sur le revenu devrait rapporter en 2013 environ 10Md€ de moins que ce prévoyait le gouvernement. Ce n’est pas une surprise pour tous ceux qui ont compris depuis longtemps que « trop d’impôts tuait l’impôt »

 

Tout cela amène Serge Federbusch, Président du Parti des Libertés à prédire que François Hollande n’achèvera pas son quinquennat. Après la paralysie économique, on pourrait s’acheminer vers une paralysie institutionnelle où François Hollande pourrait être obligé de dissoudre l’assemblée Nationale faute de majorité pour voter le budget et les textes concernant les grandes réformes à mener. Si nous avions une cohabitation du type Chirac Jospin rien ne pourra être réformé et nous risquons de nous retrouver avec un deuxième tour des présidentielles avec Arnaud Montebourg en face de Marine Le Pen.

 

Pour Patrick Artus, chef économiste de Natixis, la faible profitabilité des entreprises explique en grande partie la croissance zéro de l’économie française. Tout investissement industriel est découragé, en particulier l’investissement qui moderniserait le capital. Le résultat c’est que la France achète six fois moins de robots industriels que l’Allemagne !

 

Le retrait de l’activité se confirme en Europe

 

En Allemagne, les prix ont baissé de 0,8% en juillet. L’indice IFO sur le climat des affaires est en retrait à 101,7 pour le mois de juillet contre 103,4 en juillet. François Hollande ne doit rien attendre de l’Allemagne dans la mesure où Angela Merkel la Chancelière, veut des sanctions plus dures contre les pays qui ne respectent pas les règles communes. En Europe, l’indice PMI composite de la zone Euro est également en retrait en août contre 53,8 en juillet…

 

Le dollar devrait encore progresser

 

Aux Etats Unis, la production industrielle a augmenté en juillet de 0,4% par rapport au mois précédent. L’activité demeure donc forte. L’indice PMI pour le mois d’août est à 58 contre 55,8 le mois dernier. Cela devrait profiter aux valeurs industrielles américaines.

On devrait assister à une augmentation des investissements si cette tendance continue.

Le dollar est en train de monter contre dollar et contre Yen. Janet Yellen, présidente de la Fed a fait monter la devise américaine en confirmant qu’elle mettrait fin à sa politique d’assouplissement quantitatif fin octobre, car la conjoncture économique s’améliorait.

Les valeurs les plus exposées en terme de chiffre d’affaire réalisé en dollar sont : Ahold 60% du CA en USD Luxottica 55%, Publicis (43%), Fresenius (40%), ARM Holdings 37%, AstraZeneca 37%, Reed Elsevier (48%), Sodexho (35%), Sanofi (31%), Delhaize (63%), Roche (33%), SAP (31%), Novartis (31%), Sodexho (30%), Michelin (31%)SCOR (29%),Safran(25%), L’Oréal (23%), Dassault Systèmes (20%),

 

En Chine, les prix de l’immobilier ont chuté de 11% en juin en rythme annualisé. Il faudra de nouvelles mesures pour stabiliser le marché. Parallèlement, les investissements étrangers en Chine se sont effondrés en juillet. Enfin, l’indice flash PMI calculé par HSBC a baissé à 50,3 en août contre 51,7 en juillet et le prix du minerai de fer est maintenant en dessous des 100$/T soit une baisse de 30% depuis le début de l’année….

 

L’évolution des différents marchés actions depuis le début de l’année montre que c’est l’Asie ex Japon qui a progressé de plus de 14%, suivi par les marchés émergents à 13, 2%, le marché américain à 13%. En Europe, le marché anglais est en hausse de 6% alors que la France et L’Allemagne sont dans les derniers rangs du classement. La meilleure performance a été réalisée par les obligations espagnoles (+19%) et italiennes (14%).

En France, le vote du prochain budget en octobre sera le véritable test de l’équipe gouvernementale. Il permettra de constater, au delà des mots si la page du socialisme idéologique est vraiment tournée.

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

9 Commentaires

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  • Homo-Orcus

    30 août 2014

    Je me permets de compléter votre recension par un indice particulièrement inquiétant qui reflète l’état du commerce mondial, au moins en partie.

    http://www.bloomberg.com/quote/BDIY:IND

    -50% en un an !!!!

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  • JML

    29 août 2014

    Une autre analyse qui s’en approche !

    Arnaud Montebourg n’a jamais cautionné la politique hollandaise, c’est un fait !
    Nous voici donc revenus au temps de la IV ème République mais pas de discours du style de Bayeux où le précurseur de la 6ème n’en a touché mot ; devrions nous attendre à son retour en force ? Une chose est acquise; il n’y aura pas de référendum ! En attendant son retour éventuel auquel je ne crois plus vraiment ; nous testerons encore les changements de gouvernement toutes les 5,45 mois, en moyenne. C’est bien là, le lot de consolation des coalitions qui ont perdu la majorité absolue ! Et j’ai la certitude que le PS ne dérogera pas à ce fait, compte tenu de la politique économique déflationniste hollandaise. Ce ne sont pas ses mesurettes, quand bien même vont-elle dans le bon sens(CICE et pacte de responsabilité, 34 mesures) qui feront revenir la croissance, c’est une utopie socialiste de petite envergure ! Nous allons droit dans le mur.

    Et c’est bien l’hétérogénéité des partis aux pouvoir depuis 40 ans qui ne représentent même plus le Peuple en perdant toute légitimité mais qui gouvernent contre lui et contre ses intérêts fondamentaux qui sont la référence actuelle bruxelloise du mini traité et des règles qu’ils se sont votés pour un déficit ramené à 3% . Montebourg n’est pas d’accord là dessus qu’il s’en aille où qu’ils fasse abroger le TSCG ! Apparamment, il a choisi la facilité de baisser les bras, comme tous ses prédécesseurs depuis 40 ans abandonnant au profit de sa lâcheté politique la ruine de la France sans réformes structurelles drastiques. Si le RPF fondé par De Gaulle obtenait 38% des suffrages aux municipales d’octobre 1948, il pouvait s’octroyer une certaine légitimité à demander la dissolution du Conseil. Ce n’est le cas d’aucun parti actuellement même si le FN est sur la pente ascendante  !
    Et le PS aux affaires l’a bien compris en regroupant 200 députés pour y faire face en essayant de sauver ses meubles mais cela suffira t -il pour une majorité ? La question de confiance se posera tôt ou tard. Nous avons à, ce stade, tous le droit d’en douter.

    Montebourg quoi-que l’on en dise de sa «bruxellose» (politique budgétaire stupide, impitoyable de l’UE et monétaire de la BCE) n’a pas une politique figéee en la dénonçant tout en se rapprochant du succès incontestable de la FED. Rendons au moins ce qui est à césar, car il n’est pas dans sont tord !
    Son seul tord est bien de l’annoncer haut et fort ! Car c’est bien la 1ère fois sous la 5ème que l’on trouve un ministre en contradiction avec l’UE et avec le chef qui tient le manche de l’économie depuis l’Elysée.

    Quant aux USA où la croissance est bien revenue grâce à une politique indépendante de la FED dont l’emploi est aussi une prérogative. Bravo à Ben Bernanke et Janet Yelllen en rachetant les titres toxiques et en innondant les marchées dans un océan de liquidités, tout cela dans une fuite en avant dont Obama ne contrôle plus rien mais s’en félicite tout de même dans une récupération politique tout en laissant filer les déficits ; donc la dette ! Cette reprise spectaculaire de l’emploi est toutefois à mon sens à pondérer par l’Obamacare qui ne fait signer principalement que des contrats CDD donc sans véritablement de plein emploi.

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  • emmanuel

    28 août 2014

    Monsieur Gave
    Comment cela va t il se terminer me semble clair…
    Pas de croissance = plus de deficit et de dettes = la faillite.
    L’Europe est structurelement en faillite et le Japon de meme.
    Quant aux etats unis c’est la fin.
    Nos digerants n’ont plus que la planche a billets pour faire durer un modele de croissance au stade de coma depasse.
    Et pour les etats desunis ils arretent par peur panique de perdre la position monarchique du roi dollar.
    C’est la fin d’un monde.
    Et devant nous la perspective que nous avons c’est une crise terminale.

    Comme celle qu’ont connu mes grands parents…

    Tres cordialement

    Emmanuel

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  • emmanuel

    27 août 2014

    Cela fait 40ans que la France patoge dans le clientelisme fiscal au profit d’une certaine generation.
    La France se votre dans les deficits et la dette depuis 40ans.
    Ce n’est pas un probleme de droite et de gauche…
    Tous ont pris part a cette fuite en avant.
    Et qui plus est tous les pays riches sont dans le meme etat de dettes hors bilan que seule a present la monnaie de singe peut tenir.
    Il ne va pas y avoir paralysie.
    La France est paralyse depuis 40ans.
    Et le model de croissance d’un ancient monde est bien malade.
    Vous savez la pouiemede croissance que l’on genere avec de trillions de dettes privees est publiques.
    La dette est tellement colossal que l’on peut je pense considerer que la monnaie a change de nature.

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  • Roger Duberger

    27 août 2014

    Bonjour Mr Netter,
    Merci pour votre analyse politique et économique, que je partage entièrement.
    Il y a un truc que je me demandais, c’est un peu bête et je vais me faire tirer les oreilles, mais : finalement la déflation, souvent elle profite au consommateur, surtout si les salaires ne baissent pas…C’est par contre ennuyeux, car il y a un sentiment d’appauvrissement, et l’acheteur d’immobilier ou de gros biens, va différer au maximum ses investissements – dans la mesure du possible – en escomptant une baisse future. Pour l’immobilier, il y a quand même eu une vraie bulle…et pour l’inflation, je pense intimement qu’elle est supérieure aux chiffres de l’insee.
    Le Japon ne parvient pas à créer un peu d’inflation et parfois je pense à un article de Charles Gave qui expliquait que l’argent (crédit) était prisonnier de certains barrages et qu’un jour tout cela se libèrerait et permettrait un bon fonctionnement de l’économie. Pourtant presque toutes les économies développées sont sous perfusion de dettes (quantitative easing etc) et la « croissance » parait empruntée. Est ce que cela peut durer longtemps ?

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    • Charles Gave

      27 août 2014

      Cher lecteur,

      Jean- jacques ne m’en voudra pas de répondre pour lui.
      J’ai beaucoup ecrit quant à moi sur la déflation
      Dans une déflation, servir sa dette, c’est à dire payer les intérêts est tres facile. Par contre, rembourser le capital est très ardu dans la mesure ou la valeur de ce capital ne cesse de monter à due concurrence de la baisse des prix.
      Tout ceux qui peuvent rembourser leur dette le font le plus vite possible, et donc ne restent comme clients des banques que ceux qui ne le peuvent pas, c’est à dire les mauvais debiteurs, qui font faillite.
      Les banques doivent donc prendre ces pertes , ce qui veut dire que leur capital (fonds propre) baisse
      Et comme elles pretent mettons 12 fois leur fonds propres, une baisse de 1 de leurs fonds propres les amene à reduire la taille de leur bilan de 12, c’est à dire a rappeler 12 de prets consentis par le passé.
      Et donc la masse monetaire baisse, et avec elle la baisse des prix s’accelere.
      Pour arreter ce systeme cumulatif, il faut que l’Etat nationalise les banques en difficultés et les recapitalise pour permettre au credit de croitre à nouveau.
      C’est ce qu’ à fait la Suede en 1992 et d’une certaine facon la Grande Bretagne et les USA en 2009-2010
      C’est ce que j’esperais que l’ Europe ferait et qu’elle ne fait pas , suivant au contraire le scenario Japonais dont vous soulignez a juste titre qu’il n’a pas marche
      Le probleme aujourd’hui est que le vrai debiteur, c’est l’Etat qui s’est servi de la dette pour financer des transferts sociaux sans aucune rentabilité et qu’il a amenage la reglementation bancaire pour les banques soient obligeesde lui preter de l’argent: pas de reserves obligatoires pour les prets à l’Etat
      Nous sommes donc dans un systeme de « Ponzi », amenage par l’Etat, à son profit
      Comment allons nous nous en sortir?
      Je ne sais pas trop, mais il faut rester investi dans des actifs qui n’ont rien a voir avec l’Etat
      Amicalement
      cg

    • Roger Duberger

      28 août 2014

      Cher Mr Gave,
      Merci pour votre réponse . Tout est bien plus clair à présent.
      Vous nous avez manqué pendant ces vacances, j’aime bien vos articles géopolitiques et économiques et il n’y a que vous qui ayez ce talent et cette vision de nos sociétés. Continuez. Merci
      Cordialement

    • Charles Gave

      28 août 2014

      Merci beaucoup,

      Nous reprenons du collier et effectivement, je pense que les évenements à venir vont nous donner de quoi écrire.

      Amicalement,

      Cg

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