8 janvier, 2019

A tale of two presidencies

Vous aurez reconnu la référence implicite à Charles Dickens et son ouvrage sur Londres et Paris au moment de la Révolution française…

Français d’origine, mais résident de longue date à New York – ce qui n’est pas les États Unis comme me le faisait remarquer ma fille qui elle vit depuis sa prime enfance dans ce pays – je suis devenu citoyen américain début 2016.
Ce qui me permettait théoriquement d’exercer ma prérogative électorale dans les deux États, en Novembre 2016 à New York, et en Mai 2017 au Consulat de France voisin de ma résidence.

J’ai finalement décidé de m’abstenir en France, pour une double raison, d’abord éthique – peut-on voter dans deux pays ? Légalement oui, mais est-ce acceptable?
Aussi du fait de l’impossibilité de voter pour aucun des deux candidats présents au second tour?
En effet ni l’un ni l’autre ne me paraissait en mesure d’exercer la fonction présidentielle avec compétence mais aussi empathie…
En cette fin d’année 2018, je me félicite de cette absence de choix.
Certes, Emmanuel Macron a été élu par défaut, un peu comme Jacques Chirac face à Jean Marie Le Pen..
Mais il a tiré de ce scrutin des leçons qui se sont avérées totalement
inadaptées à la situation de la France et aux attentes des Français.
En effet, son a priori« d’en même temps », c’est à dire de concilier une politique de réformes dites “libérales”, et un souci affirmé de protection des plus faibles, l’a conduit à privilégier un capitalisme de connivence et une aggravation de la pression fiscale au détriment des classes dites “moyennes”, habillée du manteau de la “transformation écologique”.
Entouré d’un cercle de technos de l’école Strauss Kahn, orphelins du fait des pratiques sexuelles de leur patron, mais assoiffés de pouvoir, et de politiciens qui ont abandonné leur famille d’origine pour des maroquins, Emmanuel Macron a gouverné sans délibérer ni consulter, avec les résultats que l’on sait.
Et une absence totale d’empathie ce qui a conduit à cette image déplorable dans un pays tel que la France , de Jupitérien ou Président des Riches.
Prompt à donner des leçons à la terre entière, sans aucune capacité réelle d’écoute.
Je sais qu’il est de bon ton de lui reconnaître quelques réformes réussies, abandon de l’ISF, tout moins non foncier , la SNCF mais au prix d’un transfert de partie de la dette au budget de l’Etat..
La pression fiscale demeure forte, la dette sur PIB se détériore..
En politique extérieure, la France demeure à la remorque d’une Allemagne moins florissante et d’un Chancelier en fin de parcours..
L’ambition de Macron de se substituer à Merkel comme leader européen a échoué, et les réformes à entreprendre n’ont aucune chance d’aboutir, l’Europe ayant démontré son incapacité à gérer la crise des migrants, réfugiés politiques ainsi qu’économiques, aussi bien que le Brexit.
Deux sujets majeurs.
Mais Bruxelles continue à réglementer l’essentiel, débit des chasses d’eau, et ampoules électriques..
Nous sommes à 3 mois d’une échéance qui devrait conduire à un Brexit dur sans transition, ou alors à un accord bancal qui repousse l’échéance sans véritable solution permanente, ce qui provoquera un appauvrissement des deux parties, et non pas uniquement du Royaume Uni comme le répètent les oiseaux de mauvaise augure de la mouvance bruxelloise.
L’intransigeance de Michel Barnier, l’absence de sens politique de Teresa May, qui a provoqué des élections anticipées qui l’ont privé de majorité, ont abouti à un accord qui est un pis-aller que les membres de l’Union Européenne ont ratifié par lâcheté.
Pourtant une négociation franche et soucieuse des intérêts de long terme des partenaires, aurait pu conduire à une séparation combinée avec des accords du type de ceux passés avec des pays européens non membres.
La rancœur des eurocrates invétérés a rendu cette solution impossible, Barnier et ses soutiens voulant démontrer l’absence de mécanisme de sortie de l’Union Européenne pour dissuader d’autres candidats éventuels.
Emmanuel Macron a voulu sur le plan international prendre le contrepied de la politique de l’administration Trump tout en privilégiant une relation personnelle de façade avec le Président Américain.
Cette hypocrisie a été manifeste lors de la visite d’État du couple Macron à Washington, à laquelle j’ai eu l’honneur et le plaisir d’être associé du côté américain, lors de l’accueil officiel à la Maison Blanche.
Sourires et accolades, suivis de discours très critiques sur la politique de l’administration Trump devant des auditoires américains, et sur le sol des États Unis..
Autre erreur funeste comme on l’a bien vu sur les questions telles que l’ accord de Paris sur le climat, la relation entre les partenaires de l’OTAN ou la sortie récente annoncée des 2000 militaires américains en Syrie.
Emmanuel Macron a réaffirmé l’engagement de la France avec 10% des effectifs américains au côté des Syriens de la mouvance PKK.
Pathétique …
Donald Trump a refusé de suivre les injonctions du Pentagone et de ses lobbys, tirant les conclusions de 17 ans de guerre en Afghanistan, et de la situation en Syrie, ou le choix est limité aux Alaouites soutenus par l’Iran et les Russes, ou ISIS et les affiliés d’Al Qaida..
The bad and the ugly, no good, par reference au Western de Sergio Leone..
Donald Trump est certes un personnage qu’il est difficile de respecter, du fait de nombreux aspects de son caractère.
Particulièrement les relations houleuses qu’il entretient avec son entourage.
Pourtant après deux ans de mandat, force est bien de reconnaître les décisions à mettre à son crédit, ainsi que leurs conséquences pour le pays et ses intérêts.
Trump restera dans l’histoire américaine comme un “consequential Président”, qu’il exerce un ou deux mandats, c’est à dire un Président qui a transformé le pays, à la différence des 8 années de mandat de son prédécesseur.
Réforme fiscale améliorant le cash-flow et la compétitivité des entreprises, le dernière de même envergure date de plus de 30 ans.
Nomination de magistrats y compris fédéraux, et juges à la Cour Suprême, qui font prévaloir le respect du droit sur l’air du temps..
Et ce pour les décennies à venir.
Annulation de mesures réglementaires censées protéger l’environnement mais surtout affectant la compétitivité et la profitabilité des entreprises dans de nombreux secteurs.
De manière plus générale, retrait de mesures réglementaires anti économiques et créatrices de contraintes bureaucratiques injustifiées.
Renégociation d’accords obsolètes, tels NAFTA, remplacé par le USMCA, et abolition de l’accord nucléaire avec l’Iran, qui laissait intacte la capacité de ce pays à alimenter le terrorisme et extrémisme musulman, dans la région et au-delà..
Tout n’est pas parfait tant s’en faut dans l’Amérique contemporaine.
La radicalisation des deux grandes familles politiques et idéologiques oppose géographiquement les deux façades côtières, adeptes d’une idéologie mondialiste et interventionniste, à un “hinterland largement désindustrialisé, avec un chômage élevé, ou la crise des opiacés se combine à l’alcoolisme et à la mal bouffe pour faire de la minorité blanche peu éduquée une catégorie dont l’espérance de vie est en déclin.
Alors que les autres minorités, latino africaine américaine, et asiatique voient leur situation en amélioration constante.
Cette Amérique abandonnée par les politiciens traditionnels des deux grands partis, a paradoxalement trouvé dans Trump quelqu’un qui comprend leur désarroi et l’exploite habilement.
Ce que Macron est incapable de faire …
Les media et l’opinion publique européenne méprisent et haïssent Trump, considère comme un inculte misogyne et raciste.
Qui abandonne les alliés traditionnels au bénéfice des autocrates et dictateurs..
Et qui doit son élection aux magouilles de Wikileaks et du GRU de Poutine.
Pourtant sa méthode de gouvernement s’avère certes déstabilisante pour le consensus mou international, mais également efficace pour restaurer une Amérique plus forte, et respectée.
Les démocrates prennent le contrôle de la Chambre des Représentants dans une semaine, avec l’ineffable et éternelle Nancy Pelosi.
Ils vont tenter de bloquer Trump, éventuellement de le destituer mais l’impeachment supposerait qu’au moins 20 sénateurs républicains se joignent aux démocrates, ce qui est hautement improbable.
La campagne électorale est engagée, avec plus de 20 démocrates supposés proches de déclarer leur candidature à la primaire, avec Biden, Saunders, et Warren dans le peloton de tête.
Mais de nouveaux espoirs derrière …
Trump est candidat à sa réélection, trop tôt pour un pronostic, sera-t-il comme en 2016 avantage par la personnalité qui lui sera opposée?
Nous en reparlerons, mais dans le récit des deux présidents, Trump me paraît mieux parti..

 

Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

17 Commentaires

Répondre à Charles Heyd

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  • JCGruffat

    11 janvier 2019

    Dix fois pire?
    Pourriez vous expliciter?
    Mike Pence que je connais un peu a été un excellent gouverneur de l’Indiana.
    Je n’aurais aucun problème à voter pour lui..
    Et je ne serai pas le seul

    Répondre
  • Abrantes

    11 janvier 2019

    Cher monsieur,

    Pourriez vous argumenter votre qualification de Mr Pence qui est très peu évoqué dans la presse ?

    Merci !

    Répondre
  • Ockham

    9 janvier 2019

    S’il y a une petite chance pour que le Brexit ne se fasse pas, il fallait l’intransigeance de la commission. Sur ce plan le négociateur Barnier défend la ligne. En fait tout tient au fameux vote le 15 janvier. Qui voit une majorité? Pas de majorité alors Brexit sauvage ou Réferendum bis ? Le Réferendum sublimera le Brexit. Voyons.

    Répondre
    • Jcgruffat

      10 janvier 2019

      Pas de référendum bis..
      Ni les conservateurs ni Corbyn ne le réclament.

  • jean SEGUR

    9 janvier 2019

    Bonsoir,

    De Gaulle avait viré un préfet par ce qu’il avait stationné sur un trottoir, et n’avait pas respecté les règles de stationnement.
    Maintenant il ne faut pas trop en demander.

    Répondre
  • Jacques Peter

    9 janvier 2019

    J’apprécie surtout Trump pour sa défense de notre civilisation:

    Extrait du discours de Donald Trump à Varsovie le 07/07/2017:

    Ici se pose la question essentielle de notre temps : l’Occident a-t-il LA VOLONTE de survivre ? Croyons-nous suffisamment en notre système de valeurs pour le défendre à tout prix ? Accordons-nous suffisamment de respect à nos citoyens pour défendre les frontières dans lesquelles ils vivent ? Aurons-nous suffisamment de volonté et de courage pour défendre notre civilisation face à ceux qui essayent insidieusement de l’anéantir ?

    Répondre
  • Aura

    9 janvier 2019

    Très bon article

    J’habite depuis plus de 30 ans à Londres et n’ai que mon passport francais. Il ne m’ jamais traversé l’esprit de demander la nationalité britannique meme après le Brexit. Cela dit j’ai de plus en plus le sentiment que mon attachement « émotionel » à la France est à une France qui n’existe plus. Je suis parti quand Mitterand est arrivé ce qui était début de la fin

    Vous critiquer l’intransigeance de Michel Barnier.

    Quelle intransigeance? L’Europe est un club avec des règles dont 4 en sont la base. Les Anglais qui ont inventé les clubs savent très bien que les règles ne peuvent etre différentes pour chaque membre mais sont les memes pour tous.

    You can’t pick and choose

    Aussi, je pense que sur l’Iran vous etes trop influencé par la position américaine qui est en fait celle de Netanyahu.

    Et étant marié à une iranienne de l’ancien régime ayant tout perdu, je ne défend pas le régime actuel bien au contraire

    Répondre
    • Jcgruffat

      10 janvier 2019

      Merci.
      Mon propos sur l’Iran s’explique par la restitution des fonds bloqués qui ont permis au régime d’armer les groupes terroristes au Liban, en Syrie, et au Yémen.

    • Francois ROBIN

      10 janvier 2019

      Merci pour cet excellent article. concernant l’Iran juste de petites réflexions sans justification du pouvoir en place
      Ce qui se passe au moyen Orient n’est rien d’autre qu’une guerre de religion Chiites contres Sunnites et Wahhabite. L’Iran n’acceptera jamais un régime sunnite en Iraq ou en Syrie,d’autre part Al Quaida DAESH et autres terroristes Charlie Hebdo etc sont tous Sunnites.

  • calal

    9 janvier 2019

    « oppose adeptes d’une idéologie mondialiste et interventionniste, à un “hinterland largement désindustrialisé, avec un chômage élevé, ou la crise des opiacés se combine à l’alcoolisme et à la mal bouffe pour faire de la minorité blanche peu éduquée une catégorie dont l’espérance de vie est en déclin.
    Alors que les autres minorités, latino africaine américaine, et asiatique voient leur situation en amélioration constante.
    Cette Amérique abandonnée par les politiciens traditionnels des deux grands partis »
    Comme ce qui arrive aux us arrive chez nous avec 10 ou 5 ans de retard, vous avez bien decrit notre futur proche.

    Répondre
  • Bruno Bartolotta

    9 janvier 2019

    Très intéressant, merci.

    Répondre
  • El oso

    9 janvier 2019

    Globalement d’accord avec vous. Mon seul bémol concerne l’Iran. Vous me semblez trop influencé par la vision américaine sur ce pays.

    Répondre
  • marc

    9 janvier 2019

    Moi je trouve Trump extraordinaire, expulser les clandestins, baisse des impôts, il s’occupe des Américains d’abord …

    C’est quand qu’il y a un Trump en France ?

    Je ne vote plus depuis 2005 (le referendum), tous les hommes politiques sont 100% gauchiste en France.

    Répondre
  • Jcgruffat

    9 janvier 2019

    Vous avez raison, sur la SNCF, j’essayais d’etre charitable.
    D’accord sur la double nationalité.

    Répondre
  • Charles Heyd

    8 janvier 2019

    Je ne contesterai ni approuverai vos commentaires sur la politique américaine que vous connaissez beaucoup mieux que moi et je ne suis pas américain;
    c’est le début de votre article, sur la double nationalité, qui me ravit;
    je connais plusieurs double-nationaux et le point que vous soulevez, le droit de vote, saute aux yeux de par son incohérence; beaucoup des double-nationaux que je connais ont recherché cette deuxième nationalité pour les avantages qu’elle procure, par exemple le fait de pouvoir résider et travailler librement dans le pays de résidence du moment; mais dès qu’on creuse un peu, voter, endosser l’uniforme pour défendre son pays (lequel), l’incohérence pointe;
    c’est pour cela que je suis farouchement opposé à la double nationalité; tout double national devrait solennellement déclarer le pays auquel il veut se rattacher, quitte à en changer ultérieurement; ainsi, plus de problème d’appel sous les drapeaux que j’ai mentionné, le droit de vote uniquement dans le pays déclaré et plus de mélodrame concernant l’imposition ou la secession (remember la (sordide) histoire de l’héritage de Johnny, emblème national (?!) français!);
    concernant les réformes « réussies » de M. macron, vous citez la SNCF; pensez-vous sincèrement que Macron a sauvé la SNCF? Certes il a cassé le statut suranné des cheminots, mais les fermetures des lignes peu rentables ne s’arrêteront pas et le TGV sera toujours aussi cher; le creusement futur de la dette, apurée à ce jour, et tout naturellement portée au passif de la France, est certain.

    Répondre
    • Francis

      9 janvier 2019

      Quand on pense qu’en France on peut être ministre avec une double nationalité, y compris une deuxième nationalité non européenne!

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Les livres de Charles Gave enfin réédités!