23 juin, 2014

A propos de l’inflation aux USA

En ce moment, je reçois beaucoup de questions sur l’Inflation, en particulier aux USA où certains prix, tels le pétrole et la nourriture commencent à monter. Pour beaucoup de gens, il semble que l’inflation soit la solution à l’endettement généralisé et que la politique Américaine ait enfin réussi  à faire redémarrer l’inflation.

J’ai donc pensé qu’il serait utile de rappeler quelques vérités premières sur ce qu’est ou n’est pas l’inflation.

La première réalité à  bien comprendre est la suivante :

L’inflation en aucun cas ne crée de la richesse, elle ne fait que transférer de la richesse d’un agent économique à  un autre, de celui qui prête à celui qui emprunte, de celui qui n’a que sa force de travail à offrir à celui qui a des actifs et/ ou qui produit des biens de façon quasi monoblastique.

Pour une banque centrale qui voudrait organiser ces transferts, le plus simple est de maintenir des taux d’intérêts réels négatifs, le but étant de procéder à  ce que Keynes appelait « l’euthanasie du rentier ». Pour un Keynésien en effet, tous les malheurs du monde viennent toujours d’un excès d’épargne qu’il faut corriger en la pénalisant pour forcer les épargnants à sortir leur argent de dessous leurs matelas.  Malheureusement, et comme le disait Bastiat, en économie, il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas.

Prenons la situation actuelle.

Depuis bientôt 6 ans, la banque centrale Américaine, la Fed suit une politique parfaitement Keynésienne en maintenant des taux réels négatifs sur les taux courts, ce qui veut dire en bon Français que celui qui achète des bons du trésor US  voit le pouvoir d’achat de son capital baisser au travers du temps.

A l’heure actuelle, la hausse des prix aux USA  avoisine les 2 %  et les taux  à 3 mois sont à zéro, ce qui veut dire que le pouvoir d’achat du rentier baisse de 2 % par an. Des taux réels négatifs sont donc en fait un impôt sur le capital, imposé non pas par les autorités fiscales mais par la banque centrale. Ce n’est  pas la première fois  que la Fed suit cette politique, comme en témoigne le graphique suivant, ou les périodes de taux réels négatifs sont hachurées en vert.

 

taux réels négatifs

Sur ce graphique,  j’ai rajouté les prix de deux matières premières extrêmement importantes, le prix du pétrole et le prix de la nourriture.

Comme le lecteur peut le voir toutes les périodes de taux réels négatifs ont coïncidé avec des fortes hausses de ces deux produits essentiels. (Attention, l’échelle de  gauche est en graphique logarithmique. Entre 1970 et 1980, le prix du pétrole a été multiplié par 10 et celui de la nourriture par 4).En revanche, dans les périodes de taux réels positifs (non hachurées sur le graphique), le prix de ces matières premières baissent ou restent stables.

Pourquoi ? Quelques mots d’explications sont nécessaires ici.

Le prix de ces matières est libellé en dollars US. Lorsque nous avons des taux réels négatifs, le taux de change du dollar US baisse. Les prix des matières premières s’ajustent à  la hausse,  pour compenser cette baisse du dollar. Cette hausse acquière assez rapidement un caractère durable dans la mesure où la Fed annonce à  qui veut bien entendre que les taux vont restés négatifs pendant encore très longtemps.

Et donc, les matières premières montent…Mais c’est là que nous retrouvons « ce qui se voit et ce qui ne se voit pas »

Qui en effet souffre le plus de cette hausse des matières premières ? Ce sont ceux que j’appelle  « les petites gens », c’est-à-dire tous ceux qui ont des revenus en dessous de la moyenne.Pour eux, les dépenses énergétiques et  de nourriture, représentent une part très importante de leurs budgets et ce sont des dépenses absolument indispensables. Pour eux, une hausse des prix dans ces deux postes est exactement équivalente à  une hausse des impôts. Leur revenu disponible, après impôts, loyers, nourriture et énergie (toutes dépenses absolument nécessaires)  baisse de façon catastrophique.

Et du coup, leur consommation sur les autres produits, qui représente une part importante de la consommation nationale baisse très fortement.Ce qui entraine bien évidemment un ralentissement économique dans  tous les secteurs qui vendent en priorité à cette catégorie de population.

Ainsi, Wal-Mart, le Carrefour Américain, qui vend en priorité  à cette clientèle voit ses ventes baisser d’une année sur l’autre tandis que ceux qui vendent à  la partie la plus fortunée de la population voient leurs ventes s’envoler, puisque le prix des actifs détenus par ces gens monte fortement.

Dans le fonds, une politique de taux réels négatifs est une immense subvention à  ceux qui contrôlent des actifs financiers ou immobiliers et l note est payée par ceux qui n’ont que leur force de travail à offrir. Ce que fait la Fed c’est de subventionner les riches en taxant les pauvres. Il s’agit en fait d’une politique extraordinairement régressive socialement et humainement, qui ne fait que creuser l’écart entre les plus riches et les plus pauvres, ce qui politiquement  ne peut pas ne pas amener   à de graves problèmes.

Mais cela va s’arrêter le jour où cette baisse du niveau de vie des plus pauvres  aura  été suffisamment forte pour que cela déclenche une récession, par insuffisances de la demande, ce qui peut apparaitre paradoxal dans la mesure où toute la politique a été faite pour « stimuler la demande »  mais qui est la réalité.

Et lorsque cette récession arrivera, le prix de tous les actifs baissera sèchement et ce sera le tour des riches d’être appauvri. Et il est à parier que le prix du pétrole  et le prix de la nourriture, à ce moment là baisseront aussi et que le dollar montera. Si appauvrir les riches pour transférer leur argent aux pauvres n’est jamais une solution, appauvrir les pauvres pour transférer de l’argent  aux riches   devrait être  encore moins envisageable. Et pourtant, c’est le résultat inéluctable de la politique suivie

Pour résumer :

-Certains prix sont orientés à la hausse, ce qui est la conséquence des taux réels négatifs aux USA.

-Ces prix font baisser le niveau de vie d’une grande partie de la population, ce qui amène à  une baisse de la consommation.

-Cette baisse de la consommation va déclencher une baisse des prix d’abord sur tous les produits non indispensables  que les « non riches » avaient l’habitude d’acheter, puis sur tous les autres au travers d’un ralentissement économique, voir d’une récession.

-Et il est à craindre que la Fed à ce moment là ne décide qu’il faille continuer avec la politique des taux réels négatifs plus longtemps encore, en vertu du bon principe technocratique que la politique appliquée est la bonne, mais qu’elle n’a pas été mise en œuvre avec suffisamment de vigueur….

Le cercle vicieux par excellence.

Vivement que le monde politique reprenne le contrôle des banques centrales   ( NDLR: sic dans la mesure ou nous sommes au pire du contrôle envisageable, le remarque de l’auteur est  à prendre avec ironie // vivement que les communistes, reviennent // Vivement qu’on créve tous au fond d’un puit etc etc)

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

38 Commentaires

Répondre à jemapelalbert

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  • Philippe

    7 juillet 2014

    Je poursuit mon observation : L’ état en France est Obése. 1 emploi sur 4 est un emploi public ou quasi-public ( subventionné-associatif – etc..) . En Allemagne 1 emploi sur 10 est public. La  » fonction publique  » en France mérite le surnom de Ponction publique, elle a surtout le grand mérite d’ épargner le chômage a la moitié de ses membres, qui reversés dans l’ économie concurrentielle seraient éjectée vers des emplois beaucoup moins rémunérateurs et précaires.La Ponction publique en France est un vaste amortisseur social. En Italie, l’ Etat joue le meme rôle: La région Sicile est le 1er employeur de l’ ile, elle occupe ( terme plus précis que faire travailler ) 40,000 gardes forestiers ! Donc les forets siciliennes sont bien entretenues, les villes beaucoup moins… La solution est la  » cantonisation  » ( modèle suisse ) , la répartition des compétences et des moyens financiers vers le bas, la cure amincissante de l’ Etat . Vaste rêve n’ est-ce-pas ?

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  • Philippe

    7 juillet 2014

    Mr Gave vous posez les conditions de la lente agonie des Etats dits  » democraties avancées » , de leur fonctionnement par et pour une caste de  » professionnels  » de l’ administration ( quelle que soit la couleur politique ) de cabotage électoral ( l’ échéance étant l’ élection suivante ). Keynes leur convient très bien car Keynes permet d’ étrangler le  » rentier  » ( y compris le laborieux épargnant ) pour diriger son epargne vers l’ Etat et ses troupes. Le moyen no1 est l’ impôt, le no.2 est l’ inflation, le no.3 est la répression-mise au pas intellectuelle-formatage  » soft « . Que la classe dite laborieuse ( les non-rentiers ) en souffrent vous le démontrez clairement. Mais l’ Etat est assez prudent pour leur offrir des satisfactions symboliques ( 35 heures payées 40 avec les chômeurs qui payent seuls la note ) et donc l’ état retarde l’ explosion sociale, le grand soir, la révolte. Le peuple (90% de la population ) finit par comprendre qu’ il y a tromperie organisée, et vote contre les  » élites  » pour la famille Le Pen: vaste rigolade, on a eu chaud au soir des européennes pendant deux heures.Ce  » bon « JMLP s’ est d’ ailleurs empressé d’ éructer contre les juifs dont il fera une fournée et hop on détourne l’ attention.L’ état recommence a emprunter a taux négatifs, ( excellent , quelle confiance internationale des créanciers dans la capacité fiscale a étrangler le rentier )la dette explose mais les  » élites étatiques » s’ en moquent car elles saupoudrent grâce a cette manne, les  » défavorisés  » qui vont le remercier en votant pour ces gentils politiciens. L’ état ira ensuite pressurer un peu plus les laborieux . réaction : Bonnets rouges; FN a 30 %; et encore un tour de piste. Il y a une grande variable , un grain de sable qui ne cesse de grandir : Les entreprises delocalisent, les cerveaux, les diplômés, les entrepreneurs foutent le camp.L’ état va bientôt devoir arbitrer entre deux groupes de mécontents antagonistes : les très pauvres et chômeurs/ les a peine riches et les laborieux.Et si par un accès de lucidité ces deux groupes sortaient de leur affrontement stérile pour se debarasser de l’ Obése ( l’ Etat ) ?

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    • Jacques Beaudry

      19 octobre 2014

      @ Monsieur Philippe Vous nous dites que les entreprises délocalisent comme si c’était un effet des politiques actuelles. Mais dans les faits les délocalisations ont déjà eu lieux pour l’essentiel et il résulte que les délocalisations sont la cause de la situation actuelle. Quand c’était le temps de protéger les entreprises manufacturières et industrielles françaises rien n’a été fait au nom de la sacro-sainte mondialisation. Une politique protectionniste ciblée avec les pays au niveau de vie très inférieur était justifiée et essentielle pour assurer la concurrence. Les ouvriers , la force du travail, y ont laissé leurs chemises en perdant leur emploi. Nos politiciens accros de néo-libéralisme ont ignoré les faits qui contredisaient leurs convictions trop longtemps. Ce qui se bâtit arrive toujours. La situation actuelle me convainc de leurs incompétences.

  • Fucius

    27 juin 2014

    La récession est un phénomène économique naturel et sain.
    La dépression est un phénomène économique artificiel causé par l’obscurantisme économique.

    Le constat de CG est exact mais le fond est que l’État-providence n’est pas possible; que les dégâts qu’il cause croissent exponentiellement; et que le socialisme a tellement détruit l’objectivité que ce constat ne peut pas être dit, encore moins pris en compte.

    Les taux réels sont négatifs parce que les États sont insolvables.
    Ils le sont bien plus qu’on ne pourrait le croire au vu de leur dette publique, à cause des dettes implicites correspondant à leurs réglementations et engagements à travers toute l’économie.

    Bastiat enseignait aussi qu’il ne faut pas confondre richesse et argent.
    L’argent qu’on met de côté n’est pas l’épargne, il en est la mesure.
    La réalité de l’épargne, c’est l’écart entre de valeur ce qu’on produit et ce qu’on consomme.
    Et ce que les manipulations monétaires essaient de masquer, c’est qu’il n’y en a pas. L’euthanasie des rentiers sera donc la fin d’un mirage.

    En définitive, l’économie s’écroule parce qu’on attendait la prospérité permise par une économie de marché alors que nous avons une économie administrée.
    L’argent est manipulé pour entretenir ce mirage, alors qu’il est la technologie de l’information qui permet l’économie. Le manipuler cause le malinvestissement, donc les relances sont l’illustration caricaturale.

    L’effondrement ne sera que le retour au réel: Plus tôt il interviendra et mieux cela vaudra. Mais si les peuples endoctriné dans le socialisme ne s’en détourne pas, il faut s’attendre à une aggravation et à une guerre civile.

    Répondre
    • Fucius

      27 juin 2014

      Précisions:
      – Il n’y a pas d’épargne parce que l’État spolie les épargnants, pas parce que les gens n’épargnent pas
      – Les pauvres sont victimes d’eux-mêmes: Le taux réels négatifs, qui les appauvrissent conformément à l’exposé de CG, sont la conséquence de la dépense publique qu’ils ont voulue et élisant des socialistes.

  • BA

    27 juin 2014

    Record historique battu.

    Chômage en mai 2014 : catégories A, B, C, D, E :

    France métropolitaine :

    5 695 700 inscrits à Pôle Emploi.

    France entière (y compris l’outre-mer) :

    6 024 100 inscrits à Pôle Emploi.

    C’est un record historique.

    C’est la première fois qu’il y a 6 millions d’inscrits à Pôle Emploi.

    Variation sur un mois : + 0,5 %.

    Variation sur un an : + 5,1 %.

    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-CNMTPE.pdf

    Vous vous rappelez toutes les belles promesses au moment du référendum sur le traité de Maastricht ?

    – « Si le traité de Maastricht était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, 30 juillet 1992, RTL)

    – « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)

    – « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

    – « Les droits sociaux resteront les mêmes – on conservera la Sécurité sociale –, l’Europe va tirer le progrès vers le haut. » (Pierre Bérégovoy, 30 août 1992, Antenne 2)

    – « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)

    – « C’est principalement peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les plus inquiets sur ces contrevérités. Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry, 12 septembre 1992, discours à Béthune)

    – « Si aujourd’hui la banque centrale européenne existait, il est clair que les taux d’intérêt seraient moins élevés en Europe et donc que le chômage y serait moins grave. » (Jean Boissonnat, 15 septembre 1992, La Croix)

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  • jemapelalbert

    25 juin 2014

    Si j’ai bien compris, il se pourrait que lorsque les taux directeurs seront relevés, le dollar pourrait être à la hausse.
    Cependant, cette hausse ne serait-elle pas limitée par les récentes injections de dollars par la FED ?
    On parle aussi classiquement d’inflation du à l’augmentation de la masse monétaire lorsque les biens vendus sont recherchés par tous . Cas du pétrole par exemple.
    Pouvez vous me clarifier le lien entre la monnaie et l’inflation dans les circonstances actuelles ?

    Merci.

    Répondre
  • BA

    25 juin 2014

    Mercredi 25 juin 2014 :

    L’EIIL et al-Qaida fusionnent dans la principale localité à la frontière syro-irakienne (ONG).

    Les deux frères ennemis, l’État islamique d’Irak et du Levant (EIIL) et le Front al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaida, ont décidé de fusionner à Bou Kamal, la principale localité frontalière entre la Syrie et l’Irak, a indiqué aujourd’hui une ONG.

    L’acte d’allégeance du Front al-Nosra à l’EIIL permet à ce dernier d’être désormais des deux côtés de la frontière puisqu’il contrôle déjà la localité frontalière d’Al-Qaïm en Irak, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/06/25/97001-20140625FILWWW00094-l-eiil-et-al-qaida-fusionnent-dans-la-principale-localite-a-la-frontiere-syro-irakienne-ong.php

    L’EIIL et al-Qaida commencent à fusionner ? 

    Ouh la la …

    Faire le plein.

    Je vais aller faire le plein de ma bagnole, vite, très vite.

    Je sens que le prix du pétrole va bientôt exploser.

    Répondre
  • Robert Marchenoir

    24 juin 2014

    Concernant les Trente glorieuses et les fantasmes communistes et frontistes qui y sont rattachés, je possède chez moi un livre précieux qui remet les pendules à l’heure : intitulé « 15 jours en France », c’est une collection de reportages écrits et photographiques réalisés en 1965 à travers le pays, à l’instigation de la Documentation française.

    C’est donc un ouvrage de propagande réalisé par le gouvernement, une ode au progrès, censée montrer la formidable modernisation du pays. On y trouve toutes les photos attendues sur les usines atomiques, l’aéroport d’Orly, les grands ensembles de Le Corbusier, une famille allant en pique-nique en quatre-chevaux, un cadre partant au travail dans une Renault de luxe imitation de voiture américaine, etc.

    Et à côté de ces photos, on voit un paysan labourant son champ en marchant derrière son cheval, une vilaine charrue de bois mal dégrossi dans les mains. A côté de l’usine de plutonium de Marcoule, dans le bourg de Bagnols-sur-Cèze, des femmes font leur lessive en pleine rue, en battant le linge à genoux, dans le lavoir municipal.

    En 1965.

    Donc il faudrait arrêter un peu avec le paradis communiste des Trente glorieuses.

    Répondre
  • Strangers

    24 juin 2014

    « Comme le lecteur peut le voir toutes les périodes de taux réels négatifs ont coïncidé avec des fortes hausses de ces deux produits essentiels. »
    Je ne suis pas d’accord avec cette phrase qui est le point de départ de tout votre raisonnement.
    Pétrole:
    – Forte augmentation des prix en 73, période de taux d’intérêt positif. Aucun rapport entre les taux d’intérêt et le prix du pétrole, c’est un choc pétrolier.
    – 74 à 79 augmentation à peu près continue, taux d’intérêt négatifs.
    – 79, second choc pétrolier, principalement à une période où les taux d’intérêt sont positifs.
    – 80-91, stable globalement avec, légère baisse puis forte baisse en 86 puis forte augmentation en 91, puis re-forte baisse. Taux d’intérêt positifs. Fortes variations sont géopolitiques à chaque fois.
    -91-94, légère décrue, taux d’intérêt négatifs.
    -94-2001, stable puis augmentation, taux d’intérêt positifs.
    -2001-2008: forte augmentation des prix, une période en taux d’intérêt positifs, l’autre en taux d’intérêt négatifs.
    – 2008-2014: forte décrue des prix, puis remontée et stabilisation en taux d’intérêt négatifs.

    Globalement, le prix du pétrole ne dépend pas des taux d’intérêt américains mais de la géopolitique, des ressources disponibles et de la spéculation pure et dure (évolution beaucoup plus erratique depuis 1986 et donc la financiarisation de l’économie).

    Même topo, encore plus évident même, pour le prix des matières premières alimentaires.

    Nous ne faisons absolument pas la même analyse de ce graphique, mais c’est peut être parce que je ne suis pas un économiste…

    Répondre
    • idlibertes

      25 juin 2014

      Cher Monsieur,

      Bien sur, les taux d’intérets n’ont pas d’incidence sur le choc pétrolier pas plus que le fait que 100% des passagers du titanic qui avaient bu du café n’a d’impact sur l’iceberg. EN revanche, le fait qu’il y ait un choc pétrolier (comme probablement nous allons aussi devoir le voir bientôt) a une incidence alors sur les taux d’intérêts .

      Si produire par exemple une tonne de tomate coute à l’exploitant espagnol 200 euros de plus par mois car il doit payer plus cher l’essence de ses tracteurs, sa marge voire son bénéfice vont diminuer. Sa capacité d’épargne aussi, et il va probablement avoir besoin d’un emprunt pour faire face à ce coup dur. Devant le nombres d’emprunteurs potentiels dans le besoin, aucune banque ne conserverait assez vite des taux aussi bas et devrait assez vite les monter tout simplement parce que une banque ne peut déja pas normalement préter plus de 12 fois son capital de départ et que si tout le monde arrive avec le même besoin, et bien, les places sont chères (cas classique du cycle du « cochon ») Donc, les taux remontent bottom up cette fois si quelque part.

      Je pense que votre vision est renversée car vous analysez les taux comme DECOULANT de l’économie or les taux FONT l’économie. (enfin sauf choc pétrolier d’ou la mention de l’auteur spécifique). Ce n’est pas l’economie qui fait les taux mais bien les taux qui font l’économie.

      cdlt

      Idl

    • Amellal Ibrahim

      25 juin 2014

      Le fait que pendant les années 2000, le décollage de la Chine et d’autres pays émergents ont eu un impact sur la demande de pétrole a-t-il quelque chose avoir avec les taux d’intérêts réels négatifs ?

      Pareil pour les années 80, Reagan a poussé les Saoudiens a surproduire du pétrole afin d’effondrer les cours du pétrole et de faire imploser l’URSS ?

  • bruno

    24 juin 2014

    La vraie raison de cette politique, on la connaît évidemment : c’est de permettre aux Etats de conserver une solvabilité et de pouvoir continuer à dépenser à tout va, au travers d’un endettement bon marché.

    Ainsi, on retarde les réformes douloureuses, les politiciens du moment et leurs amis continuent de se goinfrer de petits fours et de champagne, et tout le monde est content – enfin, jusqu’au jour où ça pète pour de bon.

    Le monde occidental est en train de se préparer une belle stagnation à la japonaise pour les prochaines décennies.

    Ce qui est horrible, c’est de se dire que ce genre de situation peut perdurer assez longtemps avant que ça craque.

    C’est une sorte de totalitarisme très mou, dans lequel on attache progressivement des boulets de plus en plus lourds aux pieds des gens, sans répression frontale, juste ce qu’il faut pour leur sucer la moelle sans les tuer.

    C’est bien plus subtil que les bolchéviques ou les fascistes du XXe siècle. La classe dirigeante a compris que biaiser le jeu en maintenant les apparences de la liberté est bien plus payant pour eux – au sens propre – que de réprimer grossièrement.

    Répondre
  • fred

    24 juin 2014

    Bonjour,
    Le constat est juste, mais quelle serait la solution ??
    Jusqu’à présent on a rien trouvé de mieux qu’une bonne guerre pour remettre les compteurs à 0 !
    Fred

    Répondre
    • idlibertes

      24 juin 2014

      Une guerre ne remet rien à zero . Des hommes comme VOlcker, si.

    • emmanuel

      24 juin 2014

      La seconde guerre mondiale n’a elle pas ete le principal moteur des 30 glorieuses?
      Que propose Volcker?

    • David

      24 juin 2014

      La seconde guerre mondiale a été la catastrophe qui a renvoyé le PIB par habitant au niveau de celui de 1910. les 30 glorieuses n’ont été qu’un rattrapage accéléré de ce gouffre.
      J’ai personnellement du mal a appeler ça un moteur.

    • emmanuel

      24 juin 2014

      Oui et sans la seconde guerre mondiale on parlait comme perspective de Stagnation Seculaire…

    • Duff

      25 juin 2014

      @PH11 : Cette image de Krugman l’incendiaire me fait rire à chaque fois! Ce n’est ni plus ni moins le sophisme de la vitre cassée de Bastiat. On nous avait dit après l’ouragan Sandy qui a frappé le New Jersey et New York que ces destructions allaient doper le PIB. Quelques mois plus tard, les mêmes brillants économistes ou journalistes basés à New York incriminaient les destructions qui avaient frappé les infrastructures pour expliquer les chiffres de la croissance nettement en deçà des espérances…

      Voilà un exemple qui me fait dire contrairement à bons nombre de crétins idéologues – des gens qui manipulent les chiffres et la vérité pour étayer un raisonnement foireux qui ne résiste pas à l’épreuve des faits et de la vérité – les sophismes économiques de Bastiat est toujours furieusement d’actualité!

      Le vrai chantier c’est l’analyse critique de la politique du « New Deal ». Contrairement à l’apologie qui en est faite dans les livres d’histoire français, les tentatives de relances de Roosevelt ont minablement échoué d’où l’argument final c’est la guerre qui a franchement remis l’Amérique d’aplomb. C’est faux, et c’est le New Deal qu’il faut d’abord blâmer sans penser à la suite.

      Cdlt

    • Duff

      25 juin 2014

      Je pense même que le clearing opéré par les guerre c’est la solution absolument extrême et sanguinaire pour purger le socialisme.

    • emmanuel

      24 juin 2014

      Pouvez vous m’eclaire sur ce que propose Volcker…

    • Josick Croyal

      24 juin 2014

      passe ceci comme clé de recherche sous Google : Volcker site:institutdeslibertes.org/

    • idlibertes

      25 juin 2014

      Merci Josik

      Il faut dire que Volcker c’est un peu un « mot compte triple » 🙂

    • NOX

      24 juin 2014

      Paul Volcker est le président de la FED qui confronté à un taux d’inflation de 13,5 % en 1981, réussit à l’abaisser à 3,2 % en 1983. Le taux directeur de la Réserve fédérale fut porté par Volcker à 20 % en juin 1981.

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Volcker

    • idlibertes

      25 juin 2014

      Oui, tout à fait, il y a un billet de charles d’il y a six semaines sur « reagan vs keynes ». En gros, on remonte les taux directeurs, on appure ainsi l’economie d’une partie des sociétés qui vivotent, on relance les emprunts de croissance (au dépend de ceux d’expansion du type numericable/Sfr comme en ce moment de taux bas), ainsi l’economie réelle reprend du pil de la bête mais l’affaire prend, du courage et 6 à 7 ans….

  • emmanuel

    24 juin 2014

    Nous y sommes…
    Le jugement dernier de ces nons politiques monetaires et donc economiques.
    Merci…
    Clair et preci…

    Répondre
  • David

    23 juin 2014

    Bonjour Mr Gave,
    Pour commence je vous remercie pour ce billet.
    J’aurais une question:
    Ne pourrait on pas rajouter dans les effets pervers des taux négatifs la baisse de rendement des placements obligataires des particuliers (retraite complémentaire et autres placements en bon père de famille) et donc la aussi priver les classes laborieuses et surtout moyennes de cette part de redistribution ?
    Cela accentuerai l’effet récessif que vous décrivez.
    Cordialement.

    Répondre
  • Francisc

    23 juin 2014

    Mais c’est le monde politique qui veut des taux toujours plus bas! Comment financer lesdeficits publics sinon?
    Je ne comprends pas votre derniere phrase.

    Répondre
  • Yop

    23 juin 2014

    Je ne comprends pas la dernière phrase, le monde politique est complètement en phase avec la fuite en avant par l’inflation.
    Aux US le monde politique est complètement en accord avec la politique de la FED. En France c’est pire, nos politiciens demandent encore plus d’inflation …
    Le seul frein possible à l’inflation est une alternative aux monnaies « inflatées ». Comme Bitcoin.

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    • idlibertes

      23 juin 2014

      La dernière phrase doit être comprise à l’ombre de l’ironie d’un concombre masqué (ou d’un gotlib)

  • Amellal Ibrahim

    23 juin 2014

    Bonjour,

    Un lien avec la récession du Q1 et la consommation atone du Q2 ?

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