7 juin, 2018

Les deux laïcités

 

La laïcité « à la française » est un produit qui s’exporte mal et qu’il est difficile d’expliquer en dehors de nos frontières. J’en ai encore eu la preuve la semaine dernière où j’étais convié à un colloque à Rome, au centre Saint-Louis, à l’initiative de l’institut Acton. Il ne fut pas facile d’expliquer ce concept aux Italiens et aux Américains qui peuplaient essentiellement ce colloque. L’apéritif alla francese qui a suivi fut beaucoup plus explicite.

 

Tentons une rétrospective. La laïcité telle que nous l’entendons aujourd’hui est définie par la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État. Une loi qui pourrait être bonne en soi, tant il est utile de distinguer les deux sphères particulières de ces deux réalités que sont l’Église et l’État. Frédéric Bastiat y était favorable et c’est aussi le combat de nombreux papes au tournant du XIe-XIIe siècle que d’arriver à détacher l’Église de la tutelle étatique. Mais cette loi n’est pas uniquement une séparation, mais surtout une absorption. Elle s’est en effet accompagnée de la nationalisation des biens des congrégations, des associations religieuses et des diocèses. Dans bien des cas, il s’agit d’un vol. Ce sont ainsi des milliers de bâtiments : églises, couvents, chapelles, écoles, séminaires, ainsi que des terrains qui ont été spoliées par l’État et qui sont passées sous sa juridiction. C’est ainsi qu’un nombre important de mairies, de collèges et de lycées sont des anciens bâtiments ecclésiaux, volés en 1905-1906 et affectés à une destination publique. Il est fortement dommageable que notre laïcité soit fondée sur ce péché originel du vol foncier et du viol de la propriété privée.

 

Cette loi de 1905 trouve son origine dans un autre vol, celui de 1789, avec la nationalisation des biens clergés. La France était alors surendettée et en situation de faillite. Comme la noblesse refusait de réformer l’impôt, elle a trouvé un moyen beaucoup plus simple de régler la dette de l’État : prendre les biens de l’Église, les revendre, et ainsi s’enrichir par l’achat à bas prix de ces biens et également rembourser la dette. Cela donna lieu à la création d’une nouvelle monnaie, les assignats, qui furent un fiasco total avant de disparaître en 1796.

 

Or, avec ces biens, les associations religieuses assuraient le service de santé et d’éducation. L’État privant l’Église de ses bâtiments et de ses terres, ces services publics, mais gérés par le privé ne pouvaient plus fonctionner. L’État, grand prince, a assuré la relève. Voilà comment nait un embryon d’État providence. Puisque les prêtres n’avaient plus de revenus financiers, Napoléon décida de les rémunérer sur le trésor public (Concordat, 1801). C’était en faire des fonctionnaires et leur retirer toute liberté. Ce n’était pas réellement un cadeau : d’une part l’État se dédouanait des ressources financières qu’il avait prises à l’Église, d’autre part ces prêtres perdaient toute autonomie et indépendance. Lacordaire (1802-1861) dénonça plusieurs fois cette situation et demanda aux prêtres de recouvrer leur liberté en renonçant à leur traitement.

 

En 1905, la République eut beau jeu de dénoncer ce système et de ne plus vouloir rémunérer les prêtres : c’est elle qui avait créé les conditions de cette situation. Ici, la rupture fut une bonne chose : le clergé retrouvait son autonomie et sa liberté. Ce que comprit très bien le jeune Pacelli (futur Pie XII) dans un rapport rédigé pour la Secrétairerie d’État. Mais en prenant les biens de l’Église, qui allait pouvoir assurer l’entretien des bâtiments, des églises, des cathédrales, des chapelles qui ornent les paysages urbains et campagnards ? L’État décida de se substituer aux particuliers privés. Aux communes la charge des églises, à l’État celle des cathédrales. Évidemment, la réalité n’accomplit par les promesses faites. Au bout de dix ans, les églises étaient dans des états piteux, ce qui obligea Maurice Barrès à un vibrant plaidoyer pour ces édifices laissés à l’abandon : La grande pitié des églises de France (1914). Aujourd’hui, beaucoup de communes se plaignent de ne pas avoir les moyens financiers d’entretenir ces bâtiments. C’est vrai, mais il faut remettre les choses à l’endroit. Proposons à ces communes un accord : rendez à une association privée la mairie et l’école communale issues des biens de l’Église, et cette association se chargera d’exploiter ces bâtiments et d’en tirer de quoi entretenir l’église. Bref, une privatisation, qui serait beaucoup plus efficace que la gestion étatique actuelle.

 

Une gestion privée du patrimoine

 

Deux nationalisations majeures (1789 et 1906) accompagnées d’une gestion calamiteuse des biens nationalisés devraient prouver aux yeux de tous que le secteur public n’est pas le plus apte à gérer le patrimoine français. Proposons un autre pacte au Président de la République et à Stéphane Bern : au lieu d’organiser un grand loto du patrimoine, dont on doute fort de la bonne gestion financière, privatiser les biens volés en 1906, avec charge pour les propriétaires d’entretenir les biens religieux. Une partie du problème sera ainsi résolue.

 

La laïcité à la française est donc, sur ce point-là, une nationalisation forcée de biens appartenant au privé, une atteinte au droit et à la propriété privée. À chaque fois, cela a été fait certes contre l’Église, mais aussi pour remplir les caisses de l’État. Le vol, voilà une manière habile de payer la dette. D’autres pays l’ont fait récemment sur leurs particuliers alors, pourquoi pas la France ? L’instrument monétaire qu’est l’euro, comme les assignats, pourrait servir à voler les particuliers afin d’éponger la dette.

 

La religion laïque

 

Autre aspect de cette version de la laïcité : être une religion laïque. À l’antique distinction entre l’Église et l’État, la nouvelle laïcité, version 1789 comme 1905, a cherché à créer une religion d’État. Ferdinand Buisson parle de foi laïque, avec ses rites, ses symboles, ses codes. Le Président de la République devient ainsi le grand pontife de ce nouveau culte, comme autrefois Robespierre dirigeait le culte à l’Être suprême dans Notre-Dame de Paris transformée en Temple de la Déesse Raison. Pour Ferdinand Buisson comme pour Jules Ferry, la laïcité est une religion, un culte, qui copie et reprend les sacrements chrétiens. C’est ainsi qu’est inventé le mariage civil et le baptême républicain, tous les deux copiés sur le modèle des sacrements chrétiens. En Italie, le mariage religieux a une valeur civile. En France, on ne peut pas se marier religieusement sans s’être au préalable marié à la mairie. Lors des Manifs pour Tous, les opposants à la loi Taubira ont voulu sanctifier le mariage civil, sans voir qu’il était la cause de leurs problèmes. À partir du moment où l’État marie, droit qu’il ne s’est arrogé que très récemment, il est normal qu’il puisse définir qui il marie et dans quelles circonstances. Ils eussent été plus avisés de demander l’abrogation du mariage civil et la reconnaissance du mariage religieux.

 

 

 

La domination de l’État

 

La laïcité républicaine est une religion politique. La république n’est plus une simple forme de régime politique, mais elle devient dieu. La République se fait État providence, qui est la source de la vie et de la mort, d’où son insistance à l’euthanasie. Si l’État contrôle nos naissances, il est normal qu’il veuille aussi contrôler nos fins de vie. Cette religion politique laïque est une version actualisée du gallicanisme, de l’anglicanisme ou du joséphisme, avec à chaque fois l’idée que le chef de l’État est en même temps le chef religieux. Lorsqu’Alexis de Tocqueville explique, dans L’Ancien Régime et la Révolution, qu’il y a une continuité entre la République et la monarchie, cela passe aussi par l’aspect religieux. Certes, la Révolution a combattu l’Église, ce que n’a jamais fait la monarchie. Mais le gallicanisme royal, le concordat de Bologne, la volonté de nommer les évêques et les abbés des monastères importants sont autant de mainmise de l’État royal sur la religion chrétienne, comme le fit ensuite la République française, de façon plus importante et systématique.

 

La foi laïque

 

Cette foi laïque se manifeste dans les bâtiments, les symboles, ces chartes de la laïcité placardée dans les écoles et lues par les enfants. Aujourd’hui, on espère que la laïcité sera le rempart à l’islamisme. Rien n’est moins sûr. La République a évidemment ses charmes, mais pour une jeunesse désœuvrée, partir combattre en Syrie, mener le coup de feu dans les banlieues, avoir un statut social en vendant de la drogue est beaucoup plus excitant que de suivre des cours d’éducation civique et d’écouter debout la charte de la laïcité.

 

Les stages de déradicalisation ont été un échec. La nouvelle et énième charte de la laïcité à l’école le sera tout autant. La théophilanthropie et le culte de la déesse Raison n’ont duré que quelques années. Le calendrier révolutionnaire a été abandonné. La laïcité républicaine, la foi laïque de Ferry et de Buisson est menacée de la même sécheresse. Elle avait été abandonnée après la Première Guerre mondiale. Après 1945, il y avait le marxisme qui servait d’opium au peuple, donc nul besoin de la laïcité. Celle-ci a ressurgi avec la fin de la religion communiste, dans le contexte de l’apparition de l’islam, que personne ne sait comment gérer.

 

Quand je vois comment les Américains et les Italiens à Rome restent dubitatifs face à cette laïcité, on peut craindre le pire quant à son inefficacité face à l’islamisme.

 

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

24 Commentaires

Répondre à Edward

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  • MathiasG

    16 octobre 2018

    Du coup, que devons-nous faire ? On arrête la Laïcité ? Par quoi la remplace-t-on ? Si on suit le raisonement jusqu’au bout, il ne peut y avoir d’état sans religion d’État. Donc on devrait supprimer l’état. C’est soit très libertaire soit très liberal comme vision. Entre les deux, mon coeur balance !

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  • Sarcastik

    9 juin 2018

    Je suis ainsi conforté dans mon introduction au chapitre de 1ère, « la République, trois républiques », m’adressant aux élèves : si vous pensez que la république n’est qu’un régime politique, une forme d’organisation du pouvoir ou, pour faire court, la démocratie, vous n’avez rien compris ».

    Merci ! 🙂

    Répondre
  • Ockham

    9 juin 2018

    Vos doutes sont toujours intéressants et amènent trois réflexions:

    i)Dans la mesure où la laïcité fut pensée contre le catholicisme romain et, il me semble, est restée bloquée à ce stade, les suites logiques qui concernent d’autres religions sont oblitérées par la vengeance jusqu’à les favoriser pour obtenir du renfort à la manière des Turcs appelés par Constantinople à la rescousse contre les Serbes. Du coup ils y sont restés 500 ans!

    ii) Quand des pays admettent une religion totalement intolérante car à dessein politique, doivent-ils rester tolérants ? En effet c’est très clairement trompété par écrit -comment faut-il vous le dire aurait dit Churchill à propos de Hitler qui faisait sourire les bobos surtout socialos et même les nationalistes de l’époque, prêts à négocier ? Pourtant c’est très clair pour les infidèles notamment les athées francs-maçons et aussi clair que « Mein Kampf » vis à vis des juifs. Cette tolérance confondante et fautive va jusqu’à offrir en bonne et due forme une carte de séjour à un éminent membre de la charia intégrale qui comme d’autres taupes se sont infiltrées dans ce flot constant d’immigrés avant tout musulmans, alors la suite est démocratiquement évidente.

    iv) Pire même quand un pays non seulement accueille à bras ouvert mais refuse juridiquement sur jugement de la haute cour européenne de renvoyer tel prosélyte « quiétiste » de la charia donc innocent avec une présomption au carré qui éructe des prêches haineux pendant plus de dix ans -tous frais payés par les impôts- , au motif « des droits de l’homme » parce qu’il serait pendu haut et court dans les plus bref délais dans son pays d’origine, ces pays auraient du fermer leurs terrasses de café!

    Conclusion: le Japon a toujours considéré l’islam comme un système létal pour Sapiens car il a compris qu’il s’agit d’une prise du pouvoir. Les Chinois semblent le comprendre. Combien de pays vont se gratter la tête pendant combien de temps avec cette bienveillance mielleuse à la Chamberlin-Daladier-Hollande? Pourtant sauf Rousseau tous nos encyclopédistes dont certains ont voyagé sur place, ont jugé que ce système était mortel pour l’avenir de Sapiens! Il ne s’agit pas du tout d’une religion! Les francs-maçons n’y ont vu que du feu et l’Europe Haute Cour en Tête est bien partie comme dans le roman de Houellebecq !

    Cela étant, l’espoir d’une évolution de la part de l’Arabie Saoudite et de l’Egypte n’est pas mort mais la flamme est petite et fragile. Le vent mauvais peut se lever d’El Hazard ou de la Mecque.

    Répondre
    • Charles Heyd

      10 juin 2018

      « Cela étant, l’espoir d’une évolution de la part de l’Arabie Saoudite et de l’Egypte n’est pas mort mais la flamme est petite et fragile. Le vent mauvais peut se lever d’El Hazard ou de la Mecque. »
      rien n’est plus juste mais et s’imaginer que la petite flamme qui en Arabie Saoudite ferait une petite brise (bonne pour nous) est pour le moins idéaliste pour ne pas dire utopiste;
      j’ai accueilli les premiers détachements de l’armée française en KSA en 1991 (1ère mais pas certainement pas dernière guerre du Golfe!); à l’époque, un certain François Mitterrand voulait rétablir la « démocratie » au Koweït et la faire émerger en Arabie!
      Près de 30 ans après on mesure le chemin qui reste à parcourir; certes, Macron embrasse sur la bouche MBS et même les femmes vont conduire en Arabie mais elles ont autant de chances de faire baisser le nombre de morts sur les routes de KSA que les 80 km/h de Philippe en France!
      et la démocratie dans tout cela? oubliez!

  • serge

    8 juin 2018

    Ben oui, mais les biens nationalisés de l’Eglise en 1789 et 1906, comment avaient-ils été obtenus? Comment les religieux antérieurs avaient amassé les moyens de s’acheter ces propriétés (fort nombreuses)et de les entretenir? J’ai du mal à penser que les dons faits de bon coeur (voire pour permettre l’accession au paradis de quelques seigneurs) soient suffisants mais qu’une forme de servage et de taxation forcée ont plutôt contribué.

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    • durru

      8 juin 2018

      Voyez ma réponse plus bas à William Moulin. On tourne en rond.

  • Guillaume_rc

    8 juin 2018

    Votre article est passionnant mais j’en viens à des choses plus basiques.

    Notamment des principes fondamentaux et extrêmement simples à comprendre et à défendre mais sur lesquels – pour notre grand malheur – la classe politique française ne cesse de transiger.

    La laïcité, en pratique, signifie que les lois de la République passent AVANT les lois religieuses. Et c’est valable pour TOUTES les religions.

    L’Eglise catholique ne reconnaît pas le divorce ; la République le permet
    L’islam n’admet pas l’apostasie ; la République reconnaît la liberté de choisir sa religion ou de ne pas en avoir du tout.
    L’islam et le judaïsme ont des préceptes alimentaires très stricts ; la République n’en a aucun.
    Etc.

    Après, bien sûr, nul n’empêche un catholique de ne pas divorcer, un musulman de ne pas manger de porc. Etc.

    C’est simple, facile à expliquer, à comprendre, à défendre Encore faut-il en avoir la volonté politique !

    Répondre
    • Charles Heyd

      8 juin 2018

      Je suis tout a fait en accord avec vous, après l’énoncé des grands principes les choses toutes simples du quotidien et que tout le monde peut et doit comprendre!
      – que l’on se bagarre encore sur la définition de la laïcité ne concerne que des laïcards rétifs à toute compréhension, c’est en effet la religion d’état d’une certaine gauche pour qui, lorsqu’un politique va à l’église, au temple ou à la mosquée pour une cérémonie de commémoration, y voit un accroc grave à cette laïcité;
      – il n’y a plus guère d’enterprises, voire d’écoles où les cantines ne soient obligées d’offrir des repas hallal ou kasher au nom de la tolérance ou de je ne sais quel principe, laic bien sûr!
      – et je ne parle pas des tenues vestimentaires (tobes, burka et burkini par les temps qui courrent, et j’en passe) qui seraient les habits traditionnels de nos ancêtres les Gaulois!

  • jean-paul DELEMONTEX deltaix

    8 juin 2018

    On retient, je crois, que le sociologue Jules Monnerot – injustement oublié ou voué aux gémonies par la bienpensance -avait annoncé dans les années cinquante que le communisme était l’islam du XXè siècle..

    L’islam ne serait-il pas en passe de devenir le communisme du XXIème?

    Répondre
  • sassy2

    7 juin 2018

    Dans la même veine, Macron va peut être continuer à se servir dans les hlm.
    (les hlm, la secu, APL (=réhaussement de crédit=FNMAE) & cie ayant remplacé le clergé -ce n’est pas de moi mais d’un dénommé Crésus sur bourso-)
    Je soutiens Macron à 100% 😉

    Cependant les hlm furent collateralizés et figurent comptablement comme une gigantesque richesse de la France.
    Alors qu’ils ont une valeur surement négative:
    Je soutiens Macron à 200% ;-))

    Répondre
  • Steve

    7 juin 2018

    Bonjour M. Noé
    Vous avez raison de mettre en évidence la question du pouvoir sur les esprits et les moeurs qui a opposé le pouvoir royal,ou féodal, en premier lieu, au pouvoir de l’église catholique romaine, dernier avatar de l’empire romain ainsi que l’avait justement noté Alain Peyrefitte.
    On peut par ailleurs rappeler que tous les édifices religieux de France furent bâtis par les fidèles sur souscription. Les nobles comme les paysans s’enrôlaient dans des corvées afin de se gagner une place au paradis. Nombre de vitraux figurent leurs donateurs « civils ». On pourrait ainsi soutenir qu’il s’agissait de rendre au peuple ce qu’il avait financé au cours de siècles et de nationaliser les bénéfices perçus sur ces biens, qui allaient à une « puissance étrangère », quand bien même le royaume de France s’était bâti et avait fonctionné en symbiose avec cet « Etat » du Saint Siège.
    Hors la lutte de pouvoir, le fond était commun, puisque toutes nos libertés et nos valeurs découlent du rapport d’égalité entre frères humains devant une instance supérieure, instaurée par le Christ.
    La question de la loi sur la laïcité ne peut s’étudier sans prendre en compte les guerres de religion qui ont ensanglanté et durablement affaibli la France pendant des siècles. Régis Debray l’avait souligne dans son émission radiophonique consacré à ce sujet.
    La question de la laïcité devient autre lorsqu’il s’agit d’acclimater des systèmes de croyances issus de logiques et de cultures différentes….dont les fondamentaux, que ce soit en matière d’égalité homme femme ou de rapport à la transcendance sont assez différents sinon antagonistes de ceux qui se sont longuement élaborés chez nous au cours des siècles.
    Je ne crois pas qu’aborder le sujet à partir d’hypothèses incluant des termes comme vol ou spoliation , soit porteur de le sagesse et de la sérénité qui s’imposent eu égard au futur.
    Dans ma commune rurale qui compte 132 habitants, la gestion des bâtiments communaux est évidemment déficitaire, mais en confier la gestion à une association indépendante mènerait quasi certainement à:
    a) la désacralisation de l’église à court terme,
    b) sa revente à un groupe d’intérêt quelconque, religieux ou non….probablement financé de l’étranger vu l’endettement public et privé de la France et ses faibles perspectives de croissance.
    Du strict point de vue du droit canon catholique je suis un hérétique, mais cela m’embêterait bien de voir ce symbole de ce qui fut notre éducatrice partir à l’encan puis être démantelé.
    Cordialement

    Répondre
  • Nom

    7 juin 2018

    C’est bien cela, la France est une theocratie.

    Répondre
  • Bebas

    7 juin 2018

    Cher Monsieur,
    Je suis assidu a la lecture de vos articles. Outre la richesse des faits historiques qui y sont rapportes, ils permettent d’enclancher de profondes reflexions. Et d’ouvrir le debat sur la toile pour ceux qui le souhaitent.
    “Ils eussent été plus avisés de demander l’abrogation du mariage civil et la reconnaissance du mariage religieux.” Dans ce cas de l’abrogation du mariage civil, comment proceder pour unir par le mariage deux personnes de confession differente ?
    Votre reponse a sysATI. “La propriété privée est un droit fondamental.” Savez vous qu’en France, l’usurpation de proprietes immobilieres par les SAFER avec revision de prix est frequente ?
    “En islam, l’Etat et la religion étant liés, la mainmise de l’islam est aussi celle de l’Etat, qui impose ses écoles uniques et qui empêche tout pluralisme.” Je me permets de rappeler que ce n’est pas la coutume dans le 1er pays a plus forte population musulmane au monde qu’est l’Indonesie (sauf peut etre l’existence d’un statut special en province de Aceh – au nord de Sumatera), ni en Malaisie.
    Merci de vos precieuses communications et de vos points de vue.

    Répondre
  • SysATI

    7 juin 2018

    Je dois vraiment être « un enfant de la république » par ce que le vol des biens de l’église et leur transformation en école communale ne me pose aucun problème moral ou ethique…

    Vous préféreriez le contraire ?

    Le « vol » par l’état des écoles publiques pour les transformer en cathéchismes ?

    Si c’est le cas, venez en Turquie… C’est ce qui se passe depuis des années ici… A tel point que quantité de quartiers d’Istanbul et de villes d’Anatolie n’ont plus une seule école publique, laïque et républicaine. Vous voulez donner une éducation à vos enfants ? Eh bien, réjouisez-vous ils seront imams.

    Vous êtes athé ? Non, pire, grec orthodoxe, juif ou chrétien ?
    Tant pis pour vous, votre gamin sera quand même imam, dorénavant vous n’avez plus le choix…

    Répondre
    • Jean-Baptiste Noé

      7 juin 2018

      La propriété privée est un droit fondamental. Il n’y a aucun raison pour que l’Etat prenne un bien privé à une association ou à des personnes pour se l’approprier.

      Le phénomène turc que vous décrivez est en réalité le même que celui de l’Etat qui a pris les biens de l’Eglise. En islam, l’Etat et la religion étant liés, la mainmise de l’islam est aussi celle de l’Etat, qui impose ses écoles uniques et qui empêche tout pluralisme.

      La saine laïcité permet le pluralisme intellectuel et spirituel. La laïcité comme religion politique interdit le pluralisme.

    • William Moulin

      7 juin 2018

      Les impôts prélevés par l’Eglise, le deuxième Etat, n’étaient-ils pas une forme de vol ?

    • durru

      7 juin 2018

      @William Moulin
      Même si vous aviez raison, fonder une injustice sur une autre injustice ne la rend pas plus juste…
      Toutefois, même si c’est un peu tiré par les cheveux, les impôts prélevés par l’Eglise qui ont permis l’accumulation des richesses ont été légitimés par le pouvoir temporel.
      Bref, si on respecte pas une propriété parce qu’elle a été acquise de manière pas très orthodoxe, alors on peut oublier le principe du respect de la propriété privée, c’est un peu la logique des régimes communistes, ne vous en déplaise.

    • sassy2

      7 juin 2018

      D’ailleurs, nous avons vu qu’à propos de la crise grecque beaucoup s’offusquer que le clergé ne payait pas d’impôt. Je ne voudrais pas commettre une bêtise mais il me souvient que peut être BHL l’a fait. Je n’en suis pas certain.

      Il n’est pas surprenant de voir ça sur france2 ou le Monde mais venant de BHL…
      C’est comme si les hopitaux ou la police devait payer l’is…

      En France, les archevêchés sont ruinés, beaucoup de malversations sur l’immobilier parisien etc…
      (Peut être sont-ils aussi ruinés intellectuellement?)

      En Allemagne un archevêché comme celui de Cologne peut être, doit peser de mémoire dans les 4milliards.

    • sassy2

      7 juin 2018

      SysATI
      dans ce cas c’est plutôt un cartel.

  • Alexandre

    7 juin 2018

    Comment la laicité pourrait-elle un rempart face à l’islam, lorsqu’elle est la principale cause de son financement ?

    Macron vient même d’affréter un avion d’Afrique et plein d’une centaine d’imams pour organiser le ramadan cette année en France..

    La quasi totalité des mosquées en France n’existent que par les financements publics (preuves multiples sur islamisation.fr) et si les mosquées algériennes, marocaines, tunisiennes, sénégalaises etc. fleurissent en France avec des financements étrangers, c’est précisément parce que le deal fut le suivant : « des mosquées ou des attentats ».

    On peut soupçonné des groupes algériens d’avoir posé des bombes sur les chemins de fer français (souvenez-vous de cette affaire il y a quelques années), sans les avoir fait exploser, dans le but de négocier plus de mosquée algériennes en France..

    Nos élus croyaient en acceptant les mosquées étrangères acheter ainsi la paix dans les années 2000 et 2010, au prix en réalité aujourd’hui d’une occupation par des peuples colonisateurs étrangers et d’une évidente servitude à ces groupes algériens.

    Et Poutine en bon prince vient de vendre des navires de guerre de dernier cri à l’Algérie.. dans le but évident de participer indirectement à une guerre contre la France..

    Il est temps de rapatrier les armées française dans l’OTAN, car disséminées aux quatre coins du globe nous ne pourrons pas faire face à une guerre en France.

    Répondre
  • Edward

    7 juin 2018

    Bien vu. Jean Pierre Chevènement définit ainsi la laïcité dans le cadre de l’institut DIDEROT.
    Quote: La laïcité vise à délimiter un espace de citoyenneté dans lequel les citoyens ne doivent s’exprimer qu’à la lumière de la raison naturelle, avec des arguments qu’ils se seront eux-mêmes forgés en usant librement de leur jugement et de leur esprit critique. Autrement dit, la laïcité définit un espace qui est celui du débat public. C’est cet espace de la citoyenneté qu’il faut préserver de l’affirmation de vérités révélées qui ne sauraient engager les autres, ou de dogmes qu’on voudrait imposer à autrui. C’est cela, me semble-t-il, la bonne définition de la laïcité.unquote
    Je lis: le culte de la raison est la religion de l’Etat. Il a droit seul au débat public. Les autres se taisent car ce sont des obscurantistes. C’est oublier que notre vie sociale et même politique découle de la religion. Qu’à défaut de religion, la structure sociale a besoin d’édicter 1500 lois chaque année, jusqu’à l’étouffement de notre société. Aimer son prochain comme soi même (Lévitique 19-18) englobe tout ce fatras.

    Répondre
  • Charles Heyd

    7 juin 2018

    Je suis assez d’accord sur le côté vain de notre laïcité mais plusieurs points me chiffonnent beaucoup et vous n’y répondez pas:
    – si j’ai bien compris, vos auditeurs anglo-américains sont restés bouche-bée devant votre exposé; je les comprends car, et cela vous l’expliquez bien, en France la laïcité a surtout été le fait par l’Etat de s’approprier (par le vol) de certains biens ecclésiastiques mais les solutions que vous préconisez dans ce cas, le retour de ces biens vers des structures privées en charge de les exploiter, me laisse perplexe; on rejoint ici le débat sur la SNCF; si on veut que l’exploitation d’édifices publics (ici les cathédrales) soit bénéficiaire, ne serait-ce qu’un peu, que fait-on lorsque cette gestion ne peut être équilibrée (besoin de gros travaux de réfection par exemple)?
    – d’autre part, la loi de 1905 ne dit pas assez, ou pas avec assez d’arguments ce qu’on le droit (ou pas) de faire les différentes religions, comme imposer des repas hallal dans les cantines, et j’en passe; remarquez, si vos interlocuteurs trouvent que chez eux c’est le paradis, pourquoi ne les copie-t-on pas tout simplement?! Il y aurait(!?) au Canada par exemple des districts ou sévit légalement la charia; si c’est cela que l’on veut partout il n’y qu’à!

    Répondre
  • Philippe

    7 juin 2018

    « l’islam, que personne ne sait comment gérer »

    la solution est la remigration !

    Répondre
  • jimmie19

    7 juin 2018

    Zut alors! Je n’ai rien à ajouter ni rien à enlever à ce brillant exposé (contrairement à celui qui parlait de l’Ukraine car en voyant les débats furieux au parlement on ne peut que constater que c’est vraiment une démocratie).
    Tant pis, ce sera pour une autre fois…

    Répondre

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