21 février, 2013

Vue de New York, discours sur l’Etat de l’Union

 A deux reprises en fin de semaine dernière, je suis intervenu sur BFM business pour  commenter ce discours et plus particulièrement le projet d’accord de Libre Echange Europe /USA.

Aujourd’hui je vais essayer vous présenter mes réactions à cette importante déclaration du Président Obama devant une session commune des deux chambres du Congrès,représentants et Sénat.

Ce discours, beaucoup plus un agenda qu’un constat, est une tradition bien ancrée dans le paysage constitutionnel américain, il est de bon ton de souligner son caractère peu partisan, recherche de consensus confirme par une gestuelle d’applaudissements et   » standing ovations » sans distinction d’affiliation politique. Pourtant en dépit de la qualité de la prestation oratoire, largement reconnue par les observateurs de tous bords, l’exercice demeure assez largement sans lendemain, compte tenu de la multiplicité des thèmes abordes, et aussi par le simple fait de la séparationdes pouvoirs, le Président dépendant du Congrès pour financer son programme.

Je me risquerai a une classification des principales mesures énumérées dans le discours en fonction de leur probabilité d’adoption non point durant l’année en cours mais d’ici à Décembre 2016, fin du second et dernier mandat présidentiel de Barak Obama.

Et tout d’abord une législation prohibant la détention d’armes de guerre par des particuliers.

Personnellement et tout en reconnaissant les fondements juridiques et culturels du port d’armes aux Etats Unis, je demeure extraordinairement inconfortable devant cette fascination pour desinstruments de destruction qu’aucun esprit sensé ne souhaiterait posséder pour des activités  récréatives et de loisir, voir même pour protéger sa famille et/ou son patrimoine.

John Howard, Premier Ministre Australien, conservateur, fit il y a une bonne quinzaine d’années passer un texte draconien suite à un massacre et contribua ainsi à réduire très sensiblement le nombre de tués par armes à feu.

Il devrait y avoir consensus sur une élimination des armes de guerre en circulation, mais il peut y avoir des résistances..

Deuxième sujet qui nécessite une réforme majeure, la présence sur le sol américain de 11 millions d’immigrants illégaux, toutefois payant la taxe sur les salaires et ne bénéficiant que très partiellement des avantages sociaux et de sante lorsqu’ils existent du fait de l’emploi.

Leur utilité économique et sociale  n’est pas contestée, et de nombreuses études confirment qu’ils sécurisent l’emploi des nationaux et résidents légaux plus qualifies. Toutefois ce que propose le Président est une légalisation conditionnée au paiement d’une amende et d’arriérés d’impôts dus, de la connaissance de l’anglais, et d’une acceptation des dossiers différée par rapport aux candidats à l’immigration selon les procédures en vigueur.

Sur ces bases restrictives, peu de chanc d’un consensus large dans un avenir proche, ce qui est regrettable.

Troisième sujet, le projet d’accord de libre-échange. Thème ambitieux, introduit tardivement dans le discours du fait de l’échec du cycle multilatéral de Doha, largement imputable à la négligence de l’administration qui en dépit des demandes des milieux d’affaires, n’avait donné aucune priorité à cette  négociation durant le premier mandat Obama.

Du fait de demandes dans le domaine des droits sociaux et de l’environnement, sous la pression des syndicats et lobbies écologistes.

Ce qui a permis à l’Union Européenne de préempter les Etats Unis dans la ratification d’un accord   avec la Corée.

Le bilatéral a été poursuivi comme « second best », il pose de multiples problèmes.

Les Européens doivent adopter des positions communes a 27, bientôt 28, sachant que  les négociations seront beaucoup plus sur les standards que sur les niveaux de tarifs ou sur les quotas.

Et le passe récent souligne la difficulté de la tâche, dans le domaine des subventions et des règlementations agricoles – OGM – , mais aussi dans les services financiers – filiales ou  succursales – et l’accès de part et d’autre aux marches publics.

Les Etats Unis ont affiche clairement leurs priorités, l’ouverture de marches tiers à leurs produits et services.

Un objectif affirme, doubler les exportations américaines en 5 ans, ouvrir l’accès de marches protégés pour créer des emplois aux Etats Unis.

Initiative lancée dès le premier trimestre 2012 par une réunion à Washington des principales administrations concernées et des chambres de commerce américaines dans le monde, sous l’égide du State Department.

J’avais participe à cette réunion au titre d’Amcham France.

La négociation devrait débuter à l’été 2013, pour s’achever en 2014 ?

Je mentionnerai ensuite les propositions sur le prescolaire, le financement des infrastructures, le salaire minimum, qui toutes n’ont aucune chance d’aboutir du fait de l’absence de ressources publiques identifiées et susceptibles d’être votées au Congrès, en dépitde leur mérites, réels ou supposés.

Ce qui m’amène à constater que le véritable enjeu, dans un microcosme washingtonien divisé, pour le Président et son parti, est de faire porter la responsabilité du statu quo aux Republicains,  de gagner ainsi la majorité à la Chambre des Représentants en Novembre  201 et concentrer ensuite les pouvoirs exécutif et législatif pour que les deux années finales du mandat soit dédiés à un agenda progressiste de charges fiscales nouvelles sans véritable remise en cause des dépenses non discrétionnaires notamment Medicare, Medicaid et Sécurité Sociale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

5 Commentaires

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  • Alexandre M.

    9 mars 2013

    Cher Monsieur Gruffat,

    Il ne s’agit pas tant de déterminer les armes que peut ou non porter le citoyen, que de déterminer qui doit porter celles de l’Etat !

    L’armée citoyenne dite « de milice(s) » (citoyens qui emportent les arsenaux militaires dans leurs foyers, après le service militaire…), pratiquée en Suisse, inspirée par le droit naturel, aux ordres d’une démocratie semi-directe (référendums d’initiative populaire, proportionnelle intégrale, souveraineté des communes), est une réponse éprouvée depuis le Moyen-Age pour établir la paix.

    Une armée exclusivement professionnelle, suppléée par des citoyens désarmés, déresponsabilisés (et désunis par les dyschronies du « melting-pot »), inspirée par le messianisme matérialiste, aux ordre d’une démocratie représentative ou formelle, est, elle, au contraire, mère de tous les totalitarismes.

    Charles Gave selon Marx (ce qui ne manque pas de sel) développe l’idée que « les structures économiques déterminent les structures politiques ».

    Cela s’appliquera aussi à l’armée.

    Le second amendement interprété selon les paradigmes helvétiques… n’est donc par et pour le citoyen, pas négociable.

    Répondre
  • jcgruffat

    5 mars 2013

    Pour eviter de polemiquer sur les armes, je vous invite a lire l’editorial du wall sreet journal p A18 aujourd’hui..
    « obama ‘s pelosi II strategy »
    selon le washington post que l’on ne peut accuser de sympathies pro republicaines.
    Ce qui valide mon commentaire en fin de papier..

    Pour le debat sur les armes, il reste ouvert, mais je persiste a penser que la mission premiere de l’Etat est d’assurer l’ordre public et la protection des citoyens.
    Ce pays a une fascination pour les armes, c’est une question de culture et de comportement.
    Le droit a la legitime defense ne saurait justifier la constitution d’arsenals prives.
    .

    Répondre
  • jcgruffat

    5 mars 2013

    Pour eviter de polemiquer sur les armes, je vous invite a lire l’editorial du wall sreet journal p A18 aujourd’hui..
    « obama ‘s pelosi II strategy »
    selon le washington post que l’on ne peut accuser de sympathies pro republicaines.
    Ce qui valide mon commentaire en fin de papier..

    Pour le debat sur les armes, il reste ouvert, mais je persiste a penser que la mission premiere de l’Etat est d’assurer l’ordre public et la protection des citoyens.
    Ce pays a une fascination pour les armes, c’est une question de culture et de comportement.
    Le droit a la legitime defense ne saurait justifier la constitutiond’arsenals prives.
    .

    Répondre
  • Alexandre M.

    24 février 2013

    La question sur les armes est à dessein mal posée par Washington.

    Qui doit porter les armes ?

    Le citoyen dans le cadre d’une armée de milice, comme en Suisse par exemple, ou une armée de métier sous commandement d’un pouvoir exécutif ou d’un roi ?

    Chaque citoyen n’est certes pas apte à porter les armes et il faudrait certainement appliquer le second amendement avec plus de tétravalence, mais plus vous éloignez les armes, l’armée et la police du citoyen, plus vous le rapprochez de sa propre irresponsabilité, du fascisme, de la servitude, des invasions étrangères ou à contrario, de la perspective d’un gouvernement mondial nécessairement fasciste (New World Order).

    Il y a enfin un intérêt purement stratégique et économique à développer une armée de milice citoyenne (Suisse).
    Effectivement, chaque territoire en cas de catastrophe naturelle, technologique ou d’une attaque militaire, peut alors être défendu ou secouru H24 par ses propres habitants, sans qu’ils aient besoin du support logistique ou militaire d’un Etat qui alors conditionne son aide au vote des habitants (Ouragan Sandy…).

    Chaque citoyen qui en Suisse participe à une « Landsgemeinde », porte ainsi symboliquement l’arme à la ceinture :

    http://www.google.fr/search?q=landsgemeinde&hl=en&lr=lang_fr&tbs=lr:lang_1fr&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ei=JmYqUfW7FJTB0gXfqYCwBg&sqi=2&ved=0CDEQsAQ&biw=1440&bih=763

    Là est tout le sens du libéralisme, tel que théorisé il me semble par les libéraux, avant l’avènement de la dite révolution française (coup d’état parisien).

    Les armes, du .22LR aux bâtiments de combats, en démocratie doivent ainsi demeurer sous l’autorité d’une armée de milice et non sous celle de l’OTAN, de la maçonnerie, de l’exécutif, du président ou du roi.

    Une armée de milice abolirait enfin l’arme atomique et en fonction de la pacification effective des territoires, tendrait vers un « downgrade » progressif de l’armée vers de simples fonctions de police, au contraire d’un régime républicain, qui aura lui systématiquement un intérêt inverse.

    Prohiber la possession d’armes full automatiques, nous éloigne ainsi de la perspective de pouvoir pacifier le monde, de pouvoir fonder aux USA, une armée de milice, une démocratie et nous rapproche in fine du fascisme ou du moins dans un premier temps d’un régime de type républicain-français.

    L’arme ne fait pas le meurtrier, il convient de déterminer qui du roi ou du citoyen doit la porter.

    Répondre
  • Robert Marchenoir

    23 février 2013

    Obama n’a pas proposé d’interdire les armes de guerre aux particuliers.

    Cette expression est confuse et partisane : « arme de guerre », ça ne veut pas dire grand’chose.

    Cependant, si l’on tient à l’utiliser, on admettra que le fusil de dotation d’un soldat est une arme de guerre. Or, à cette aune, les « armes de guerre » sont depuis longtemps interdites aux Américains.

    En effet, la principale caractéristique des fusils standard de toutes les armées du monde est d’être automatiques, c’est à dire d’avoir la capacité de tirer en rafale. Le tir en rafale est interdit pour les armes vendues aux particuliers aux Etats-Unis.

    Même les fusils qui ont une apparence agressive et militaire, les fameux « fusils d’assaut » destinés aux civils, appellation elle aussi fallacieuse, n’ont pas cette capacité. Ce ne sont que des armes semi-automatiques. Elles tirent au coup par coup.

    Cela étant dit, les fusils automatiques étaient autorisés lors des émeutes de Los Angeles, et ils ont été d’une grande utilité aux propriétaires de supermarchés coréens cherchant à éloigner les meutes de pillards et d’incendiaires noirs qui s’en prenaient à leurs magasins.

    Seule la capacité de tir en rafale leur a permis de repousser certaines attaques.

    Donc, l’accès à des « armes de guerre » serait bel et bien nécessaire, dans certains cas, pour défendre son patrimoine et même sa vie. Ces cas comprennent en particulier les émeutes ethniques, qui sont ni plus ni moins des situations de guerre civile, pour lesquelles il faut naturellement des armes de guerre.

    Les émeutes ethniques sont des événements maintenant normaux, par leur régularité, aux Etats-Unis et même en Europe (France, Angleterre, etc). Dans ces situations, la police est très vite débordée et les citoyens ne peuvent compter que sur eux-mêmes.

    Cela dit, personne, aux Etats-Unis, pas même la National Rifle Association, ne propose d’autoriser à nouveau la vente de ce type d’armes.

    A plus forte raison, les « fusils d’assaut » semi-automatiques, au coup par coup, seuls autorisés à ce jour, sont très utiles pour l’auto-défense à domicile. Leur grande capacité, leur précision et leur faible recul sont d’un grand secours en cas d’invasion de domicile, hélas fréquente.

    Rappelons aussi certains faits, soigneusement dissimulés par les médias américains (ne parlons pas des médias français) :

    – 99 % des armes à feu légalement détenues aux Etats-Unis n’ont jamais servi pour des crimes.

    – Seulement 4 % des armes à feu utilisées pour des crimes ont été acquises légalement.

    Par conséquent, toute restriction à la vente d’armes réduit la capacité des gens honnêtes à se défendre des criminels, tandis qu’elle n’a aucun effet sur ces derniers.

    Concernant l’Australie, je connais moins le dossier, mais les informations dont je dispose indiquent au contraire que l’interdiction des armes a fait grimper la criminalité. Quand l’Etat américain de Washington D.C. a interdit les armes à feu, la criminalité a explosé.

    Enfin, il est insultant pour des millions d’Américains qui possèdent légalement des armes, et sont formés à leur usage en toute sécurité et dans le respect de la loi, de prétendre qu’ils sont tous « insensés ». Il suffit de les écouter pour être persuadé du contraire.

    Les massacres commis par des psychopathes dans des écoles ou des lieux publics sont exploités de façon démagogique pour tenter de restreindre le droit aux armes. Cependant, ils représentent une infime minorité des meurtres.

    Et personne ne parle des victimes de ces massacres, parents d’enfants tués ou survivants, qui ont témoigné devant des commissions officielles pour réclamer le maintien du droit aux armes, précisément parce qu’elles se sont trouvées du mauvais côté d’un fusil, et qu’elles ont compris que leur seul moyen de défense était le port d’arme.

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