22 juin, 2015

Sur mes vieux jours, je deviens Philosophe

Un philosophe, c’est quelqu’un qui recherche la Sagesse, un concept extrêmement abscons s’il en est.

Comme me l’a dit il y a quelques temps l’un de mes amis : « Depuis deux cent ans, la Philosophie s’est mis à ressembler aux grandes plaines Polonaises. Couverte de brouillard, parsemée de marais impénétrables et envahie sans arrêt par des Allemands » Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela n’a pas rendu la Philosophie plus compréhensible au commun des mortels !

Néanmoins, la Sagesse commence sans doute par une bonne appréciation, par chacun, de ses capacités. En particulier, la Sagesse consiste à apprécier ses propres limites quand l’on s’efforce de comprendre le monde dans lequel on vit. Or, il me semble que je suis absolument submergé par une information qui n’est faite apparemment que de détails dont l’on m’abreuve sans que quiconque essaie de créer le moindre lien dans ce qui apparait en fin de parcours comme une avalanche de bruits plus assourdissants les uns que les autres. Voila qui fait songer à la phrase de Shakespeare  « l’Histoire n’est qu’un ramassis de sang, de bruit et de fureur, racontée par un fou »

En essayant de me comprendre moi -même, je me rends compte que ce fracas m’est de plus en plus pénible, ce qui est sans doute un effet de mon grand âge et j’ai donc décidé de devenir philosophe dans l’espoir de dissimuler ce qui est certainement le signe d’un déclin mental qui s’accélère et dont le signe évident serait une incapacité à comprendre le monde qui m’entoure.

Et, tant qu’à faire d’être Philosophe, autant poser une question aussi générale que possible pour essayer de répondre de la façon la plus vague possible. Foin des détails et de la pensée en morceaux, telle est ma devise.

La grande question à laquelle je vais donc essayer de répondre est la suivante : Sommes-nous dans une période sans précédent dans l’histoire ? Pour y répondre, je vais bien sur concentrer mon propos sur le domaine dans lequel je me sens vaguement compétent, le monde de l’économie et de l’investissement.

Je sévis dans la finance depuis plus de quarante ans, et ce monde a toujours été scindé en deux tribus.

  • La première de ces deux tribus, que j’appelle les « Créationnistes » pensent que la richesse est créée «ex nihilo» par un dieu bon et tutélaire appelé l’Etat. Ce dieu a eu un prophète éminent, appelé Keynes et les volontés de ce dieu sont annoncées par une cléricature de gens qui savent, parce qu’ils ont été dans les bonnes écoles ou ils ont rencontré des gens qui pensant comme eux ne pouvaient être qu’intelligents et préoccupés du bien commun. De façon générale, les créationnistes chassent en meute et ont comme but ultime de peupler toutes les institutions que l’Eglise Catholique a créé en son temps, dans l’éducation, la protection sociale, les hôpitaux, les universités, voir le système politique qui chapeaute tout ces domaines. Ce faisant, ils ont remplacé  le clergé Catholique par leur propre clergé. Ils se reconnaissent d’ailleurs en général par la haine profonde qu’ils ont de l’ancien clergé.  Cette tribu ne croit que dans le capitalisme de connivence et elle prospère en France depuis 1981 comme rarement dans l’histoire de notre pays.
  • La deuxième de ces tribus, que j’appelle les Darwiniens pensent que la richesse est créée par un processus mis en lumière par l’un d’entre eux, Schumpeter  et ce processus a été appelé la « destruction créatrice ». La richesse générale trouve sa source dans les actions des individus laissés libres de leur choix. Un certain nombre de ces individus ont des idées originales et pensent que leurs concitoyens vont leur acheter des produits ou des services nouveaux. La plupart se cassent la figure, mais certains réussissent-la création- et ces créations entrainent inévitablement des destructions ( ie  internet détruisant le courrier classique). Ces entrepreneurs, car c’est ainsi qu’on les appelle, sont toujours solitaires, ce qui ne les empêche pas de se préoccuper du bien commun, sans jamais en parler cependant.  Les intellectuels qui défendent la thèse Darwinienne sont la plupart du temps grognons, incapables de se regrouper, certains d’avoir raison et donc en général extrêmement peu agréables en société. Les pauvres ne croient qu’en l’individu et dans le respect sourcilleux de la Loi qui s’applique de la même façon à tous. On comprend qu’ils soient grognons, surtout en France.

Ce n’est certes pas la première fois que je mentionne ces deux tribus dans ces missives et le lecteur doit se dire que je me répète un peu.

En fait, il n’en est rien.

Le phénomène nouveau pour moi est que les Créationnistes sont en train d’infliger une défaite quasiment totale aux Darwiniens et ça c’est un fait absolument nouveau depuis le XVIII siècle.

Partout, la pensée issue des Lumières est en déroute.

Lorsque le mur de Berlin est tombé, j’ai cru naïvement que cet événement consacrait la fin des idées créationnistes, le Marxisme n’étant qu’une forme comme une autre du créationnisme.

Quelle erreur !

Devant le danger, le clergé créationniste s’est regroupé depuis 1990 comme jamais  et a entrepris de verrouiller toute pensée libre, au nom de la Liberté d’expression, ce qui ne manque pas de sel !

Jean- Francois Revel, ce grand esprit qui nous manque tant, s’en était inquiété dans  son dernier livre, la « Grande Parade, ou la survie de l’Utopie Socialiste».

Philippe Nemo a fait le même constat dans « la France aveuglée par le socialisme».Mais rien n a pu arrêter la marche du bulldozer et l’emprise du créationnisme obtus et non scientifique ne cesse d’augmenter.

Que le lecteur en juge

  • Dans tout l’occident, la monnaie a été capturée par l’Etat, ce qui est une régression  invraisemblable puisque les dépenses de l’Etat ne sont plus financées par les impôts, ce qui est la base même de la Démocratie mais le sont par les banques centrales, colonisées par cette cléricature. Et pour accéder  à cet argent, il faut que nos élus se soumettent a la volonté de gens que personne n’a jamais élu, du style de monsieur Draghi
  • Comme la monnaie n’a plus de prix de marché (taux de changes et taux d’intérêts sont partout manipulés), il n’y a plus de prix de marché  pour aucun bien ou service, puisque ces deux prix sont à la base de tous les autres prix.  Nous sommes donc  en train de rentrer dans un système où la croissance économique s’arrête et où la pauvreté gagne partout puisque les entrepreneurs n’ont plus de système d’information. Le résultat normal de tout cela est le populisme dont la cléricature se sert pour rester au pouvoir.  Mais la politique du pire est presque toujours la pire des politiques.
  • Un système monétaire dément, l’Euro, dont on voit tous les jours les effets sur les populations Grecques, Italiennes, Françaises, Espagnoles a été imposée aux peuples européens pour détruire les Nations et reste en place malgré ses effets désastreux.
  • Dans notre pays, les dépenses de  l’Etat ne cessent de croitre, tandis que les astreintes sur la sphère entrepreneuriale ne font que s’alourdir.
  • Des lois scélérates mettent en danger nos Libertés Individuelles, et nous ramènent à des siècles en arrière.

Bref, le phénomène nouveau est que partout en Occident la Liberté est en recul. C’est ce qu’avait prévu Schumpeter dans son grand livre « Capitalisme, Socialisme et Démocratie ». Le fait qu’il l’ait prévu ne me console guère.

Il me semble évident cependant que nous arrivons à la fin de cette période, et que l’Occident est en train de vivre la fin de ses années Brejnev. Certes, les raisons de se désespérer sont nombreuses, mais déjà le retour du balancier se profile à l’horizon. C’est même pour cela que nous avons créé l’Institut des Libertés. Déjà, en Grande Bretagne, en ce huit centième anniversaire de la Magna Carta,  la révolution contre ces idées est en marche. Cameron, lentement mais surement, fait reculer les Oints du Seigneur. Il en a viré 600.000 depuis qu’il est au pouvoir tandis que plus de 2 millions d’emplois ont été crées en Grande Bretagne, par le secteur privé.

Les candidats du parti Républicain à la prochaine élection Présidentielle aux USA sont pour la plupart de grande qualité et tout ce que le parti Démocrate peut offrir comme candidat d’avenir est ce vieux cheval de retour (jument ? pour ne vexer personne) ,  Madame Clinton, qui représente à  merveille la classe de ceux que j’ai appelé les « hommes de Davos »

Aussi curieux que cela paraisse, je reste donc persuadé que l’avenir appartient à nos idées, et que nos adversaires sont au plus haut.

Et au plus haut, en bon financier, il faut vendre.

 

 

 

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

49 Commentaires

Répondre à Bruno bartolotta

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  • Passage

    8 décembre 2015

    L’avenir appartient à nos idées.. Si la formule est élégante, je suis obligée de la traduire pour la comprendre

    Ce sont nos idées qui sèment notre avenir..? J’espère avoir saisi le bon sens

    Merci Monsieur pour votre générosité sur ce site

    J’espère que vous avez trouvé la réponse à la question posée dans le texte.

    Répondre
    • idlibertes

      9 décembre 2015

      Je pense qu’il y a une idée anti malthusienne de « n’ayez pas peur » ayez confiance en votre créativité.

  • Tony Reix

    14 octobre 2015

    Je n’aurai pas eu le loisir d’arriver à mes vieux jours pour devenir philosophe. La mort, celle de mon épouse, m’a jeté à bas et, pour remonter, plutôt que les stupidités religieuses, j’ai choisi : la philosophie, la poésie, la photographie, la montagne, etc. Bref, la vie.
    La philosophie, comme vous dites, n’est plus ce qu’elle était. Mais qu’importe. L’essentiel, c’est qu’elle nous permette de voir ce qu’on ne voyait plus, et de poser des questions auxquelles on ne pensait pas encore, et de chercher ses propres réponses. Tout en sachant bien que, finalement, tout cela ne sert à rien puisque la mort l’emportera. La vie est absurde ; mais, bon, il faut bien s’occuper avant qu’elle ne s’achève.
    La France est un pays bien particulier, et les français l’ignorent. Il faut voyager un peu pour découvrir d’autres façons de vivre, d’autres façons de penser la vie. Personne ne possède LA vérité, LA bonne façon de vivre, puisque cela n’existe pas. Mais on pourrait essayer de prendre le meilleur de tous les pays. Sauf que cela ne marche pas. Il y a des mauvaises façons de penser qui perdurent malgré les nouvelles générations. Et il y a aussi de nouvelles mauvaises façons de penser qui arrivent et nous submergent.
    La France est communiste et l’ignore. Un communisme mou, s’entend. Une idéologie de l’égalité poussée très loin, au point de ne plus voir et comprendre que nous sommes tous différents et donc inégaux, biologiquement, intellectuellement, et par l’énergie différente en chacun. L’égalité, elle n’est que dans les droits et devoirs de chacun devant la loi. Nous sommes censés être égaux devant la loi. Mais la loi n’est pas une machine, et ce sont bien des hommes qui l’appliquent. Et, selon que le jugement se fait avant midi, à l’heure où l’appétit et l’humeur mauvaise du juge grandissent, ou après le repas, après le sucre qui apaise les sens et l’humeur, vous serez différemment jugé. Bref, il n’y a pas de justice, comme il n’y a pas de vérité. Il n’y a qu’un monde imparfait où chacun essaye de faire du mieux qu’il peut, sauf certains qui font du pire qu’ils peuvent pour les autres et du mieux qu’ils peuvent pour eux-mêmes et leurs amis.
    La technocratie nous tue. +14% de fonctionnaires en France entre 2002 et 2012, et -4% de fonctionnaires en Allemagne dans la même période. Tout est dit.
    Des maires qui offrent des congés à leurs employés, des maires qui offrent une prime aux employés qui sont peu souvent absents, des taux d’absentéisme incroyables (20 à 30 jours annuels) par rapport à ce que vivent les gens dans le privé (un ami sans aucun arrêt-maladie pendant 12 ans). Des allocations familiales spécifiques aux fonctionnaires et proportionnelles au salaire, et qui n’ont pas disparu. Trois jours de carence pour les uns et 0 (après 1 seul) pour les autres. Des droits de retraite inégaux, basés sur les 6 derniers mois pour les uns, après une promotion bidon expresse, et sur les 25 dernières années pour les autres. 32 à 35h pour certains, et bien plus pour les autres. Etc. L’injustice est là. Un peuple de travailleurs du privé travaille pour nourrir une administration pléthorique et obèse qui nous vampirise et se goinfre sur notre dos (ceux qui, comme moi, sont dans les « français moyens »). Des impôts qui augmentent sans cesse. Pour en faire quoi ? Juste des dépenses courantes, de moins en moins d’investissements…
    La France se meurt, étouffée par des parasites. La Révolution risque bien d’exploser. Car, en France, on supporte, on supporte, puis on explose.
    Et les Français foutent le camp. Comme ma fille et son ami, tout deux diplômés de l’une des 10 meilleures écoles d’ingénieurs. Paris. Singapour. Sydney. Là-bas, les compétences sont reconnues, et les salaires sont hauts. Les plages et la mer sont doux aussi. La vie aussi.
    Soyons clairs : le monde va au désastre. Aucun des commentaires ne parle de cette destruction en cours de notre monde, de la réduction drastique de la diversité végétale et animale dans le monde. Après avoir fui la folie, la pollution, et la grisaille de Paris (ainsi qu’un burn-out), ma fille fuit Singapour : le haze (feux de forêts) y atteint des sommets. Des fous brûlent des forêts millénaires, riches de plantes et de vie, de médicaments et de beauté, pour planter des arbres à poison : des palmiers à huile. Quelques personnes s’enrichissent, et des centaines de milliers vont en souffrir.
    Notre monde est fini, au sens qu’il n’est pas infini. Ses ressources non plus. Le commerce et l’industrie sont basés sur l’exploitation des hommes et des ressources naturelles. Si le nombre d’homme augmente, les ressources s’amenuisent. Et Marx a oublié de mettre la Nature dans ses équations. Et tous les calculs qui s’ensuivent sont donc faux. La mer monte. Les événements climatiques extra-ordinaires se multiplient. Les maladies se répandent. Les éco-systèmes sont déstabilisés par des plantes et animaux importés, volontairement ou pas. Les terres s’appauvrissent : les pluies en France emportent à la mer des millions de tonnes de bonne terre, la terre est tuée par les produits phyto-sanitaires. Etc. Ce monde explose dans tous les sens, poussé par l’appât du gain de certains, qui se goinfrent, sans voir qu’eux-aussi, ou leurs enfants, en feront les frais.
    Tout ceci n’est guère engageant. Et l’économie, là-dedans, ne devient plus qu’un détail. Les emplois créés le sont toujours aux dépends d’une énergie qui se raréfie et d’une Nature qui n’en peut plus. Or l’homme ne peut pas vivre sans Nature : quelques arbres plantés dans une rue augmentent l’espérance de vie de tous ceux qui y habitent. Alors, pensez à ces millions de chinois, qui fument, et qui respirent un air 5 à 10 fois plus pollué que ce qu’on considère comme insupportable en France.
    Le monde bouge. À toute vitesse. Et, pendant ce temps, des anciens élèves de l’École Nationale des Abrutis dirigent la France. Ces gens, qu’on a dressés à répéter ce qu’on leur enseignait et à ne jamais jamais jamais avoir d’idée originale, dirigent ce pays, ignorant totalement ce qui se passe ailleurs dans le monde. Au Canada, ils ont réduit drastiquement leur Fonction Publique, sans émeutes, sans révolution. Ce n’est qu’en France que des imbéciles peuvent faire croire à d’autres abrutis que, plus on a de fonctionnaires, mieux c’est. Certes, cela fait des chômeurs en moins. Ainsi, si l’on virait tous les fonctionnaires inutiles de France, cela ferait 1 à 2 millions de chômeurs en plus. Mais, au moins, on aurait de l’air pour respirer ! Enfin… les technocrates, il y en a partout. Dans la Banque de mon amie, où des jeunots sortant tout juste de grandes écoles expliquent à des personnes ayant 20 à 30 d’expérience comment il faut faire avec les clients. Ou, dans mon entreprise, où les niveaux hiérarchiques superflus sont nombreux et où les process sont multiples et complexes : une Usine À Gaz. Le Darwinisme, c’est une compétition où celui qui a le plus de progéniture prend la place des autres. Avec, bien sûr, plein de cas particuliers. Mais la souplesse, la capacité à changer, à s’adapter, sont primordiaux. Et, en face de ça, nous avons ces Abrutis qui veulent tout mettre dans des règles, des lois, des règlements, qui sont déjà dépassés lorsque l’encre qui a servi à les écrire est à peine sèche.
    Et vous oubliez que ce monde est divisé en différentes factions : l’Occident, la Russie, les pays émergents, l’Asie, la nébuleuse islamique, et d’autres. Les guerres que nous observons au Moyen-Orient sont très inquiétantes. 40% des marocains sont analphabètes. 80 à 90% des musulmans dans le monde sont analphabètes. C’est l’imprimerie en Europe qui a permis aux peuples d’accéder à la Bible et de se libérer de la parole de ceux qui l’interprétaient pour eux. Tant que tant d’hommes et de femmes restent incapables de lire et de juger par eux-mêmes, il y aura des fous pour croire dur comme fer que ce qui est écrit dans certains livres est vrai. La religion rend fou. Et cela vaut aussi bien pour les musulmans que pour les chrétiens, ou pour les juifs, ou les hindous, voire aussi les bouddhistes. Mais, pour ceux qui ne comprennent pas les métaphores, c’est mal parti. Et ces gens-là, capables de dire sans sourire que la Terre est plate, que les hommes descendent d’Adam et Ève, etc, sont dangereux. Et, si l’Arabie Saoudite nous fait cadeau aujourd’hui de quelques dizaines de milliards d’€uros, ils en ont dépensé bien plus pour disperser dans le monde entier (en Indonésie, en Norvège, en Australie, aux USA, etc) leur vision débile de l’islam, le Wahhabisme, qui se fout totalement de vos analyses sur l’économie et qui sont prêts à tout détruire juste pour imposer leurs idées. J’ai vécu deux ans en Tunisie, et je ne reconnais pas ce pays : les avancées de Bourguiba sont grattées, déchirées, détruites, peu à peu. Les pays « arabes » (où la religion musulmane est majoritaire) sont en train d’exploser, entre une jeunesse qui commence à réfléchir et veut un monde différent (voire athée), et une horde de vieux et jeunes fous qui sont incapables de voir le monde autrement que comme celui dont ils ont hérité (ou, plutôt, comme leurs parents le leur ont imposé).
    Nos politiques sous-estiment le danger d’une religion « sauvage » (l’expression n’est pas de moi, mais d’un expert) comme l’islam. Des gens fort sympathiques sont imprégnés d’une pensée moyenâgeuse qui les empêche de réfléchir, esclaves qu’ils sont d’une idéologie qui perdure grâce à sa cruauté, uniquement par sa cruauté. Et ces gens peuvent mettre à bas ce que 2 siècles de lutte contre le catholicisme a pu construire, comme liberté, en France. Même si, bien sûr, athées ou religiophobes, nous sommes tous influencés par notre culture, par cette pensée religieuse stupide qu’un empereur romain a imposé à l’Europe, pensant sans doute trouver là un point commun à un Empire fait de bric et de broc.
    Bref, philosopher demande un travail énorme, de suivi de l’actualité, de connaissance du passé, de lectures de textes exposants des opinions variées et souvent opposées, afin de se construire SON opinion : que doit-on faire de sa vie dans ce monde qui court de plus en plus vite vers sa destruction ? Quelle spiritualité doit-on construire lorsque les dieux sont tous morts et qu’on sait comment fonctionne la vie et la mort et que celle-ci approche à grands pas ? Philosopher, pour un occidental, c’est découvrir comment pensent les hommes ailleurs sur cette Terre, et donc voir un peu mieux tous les biais de notre culture qui dirigent notre pensée, sans que nous en ayons bien conscience.
    Le monde change. Je suis allé en Tunisie, à Oslo, Munich, Oxford, Liverpool, Boston, Austin, Ottawa, en Toscane, chez Dali, à Marakech, Java, Bali, Angkor, Singapour, Luang Prabang. Sydney bientôt. Je n’ai visité que peu de pays. Et je n’ai pu discuter véritablement qu’avec peu de personnes d’une culture différente de la mienne, de la nôtre. Mais c’est malgré tout un bel enseignement. Entre la vision que j’avais de mes amis d’enfance laotien, et la ville de Luang Prabang, où l’ancien côtoie les changements radicaux, imposés par le voisin chinois, il y a un monde. Les expériences de vie nous aident à voir le monde autrement. Mais, hélas, même si je n’ai pas beaucoup voyagé comparé à d’autres, peu de gens ont vraiment voyagé (et parlé aux gens de ces pays visités). Et, surtout, peu de français !
    La France est coincée dans un système socialo-communiste. Il finira bien par nous exploser à la figure. Pourtant, si les français savaient combien la vie est réellement plus difficile dans certains pays ! ils se battraient. Mais, bon, les français sont des veaux. Le feu est mis sous notre casserole et, grenouilles stupides que nous sommes, nous nous rendront compte trop tard de notre situation, une fois cuits.
    Cette mondialisation accélère les transferts de compétences, de richesse, en plus des biens, sur toute la Terre. Et beaucoup ailleurs voudraient bien être aussi riches que nous le sommes. Et, trop habitués à la facilité que nous offre la France, à nos richesse, nous ne nous rendons pas compte de ce que nous avons, et que le reste du monde nous envie. Un grand rééquilibrage se fait. Et, pour que certains deviennent un peu moins pauvres, il faudra bien que d’autres (nous) deviennent un peu moins riches, voire bien plus pauvres. Il faut s’y préparer.
    Allez, j’ai assez dit de bêtises !

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    • FaLLaWa

      23 novembre 2015

      Merci pour votre commentaire, je me reconnais dans beaucoup de vos reflexions.
      Prenez soin de vous.

  • bayard

    26 juin 2015

    bonjour monsieur Gave,
    je vous suis depusi longtemps et j’ai deja eu la joie d’assiter à l’une de vos conferences.
    j’apprécie beaucoup votre point de vu, cependant, sur la « destruction-creatrice » de Shumpeter, est-ce que cela fonctionne egalement avec l’avenement d’internet ?
    car pour ma part, je vois bien dans mon metier (je tiens une boutique) internet tue plus d’emploi qu’il ne s’en creer a cote…

    a l’epoque de l’avenement du train, a part les cochers et les relais de poste, ça ne touchais pas beaucoup de monde, alors qu’aujourd’hui ce sont les agences banquaires, les boutiques etc qui sont touché, et ça fait un paquet de monde !
    et tous ne seront pas des createurs (surtout en France) et ne pourront pas embaucher autant de personnes misent sur le carreaux…

    alors je serais curieux de savoir comment la revolution numerique va creer plus d’emplois qu’elle n’en detruit.

    merci et continuer !!!

    Répondre
    • idlibertes

      26 juin 2015

      Bonjour

      Internet a crée des emplois par Amazon par exemple, a develloper les services de livraison et beaucoup d’emploi sur internet qui n’existait pas il y a encore 4 ans. il est bien évident que par définition, ce sont des emplois nouveaux que personne ne connaissait avant puisqu’ils naissent de l’avènement d’une technologie . Alors certes, vous n’allez plus avoir de vendeuses traditionnelles comme vous allez avoir moins de caissières . Et vous allez avoir besoin de plus de personne capable de programmer des machines ou de développer des applications pour vendre des produits en ligne.
      Ce qui amene à la conclusion des deux bouts de la chaine: soit une main d’oeuvre bon marché pour la production (pas chez nous) soit des ingénieurs dessinateurs etc formés et c’est déjà le cas;les français sont sur représentés par exemple chez pixar ou dans la silicone valley en général.

    • idlibertes

      14 octobre 2015

      Cher lecteur et auditeur ,

      Pour schumpeter , cette équation est an échelle mondiale de création de richesse . Cela dit , pour répondre à votre question , internet a fermé des librairies maus créé Amazon . Jamais je lisais encore hier les sociétés de livraison de repas en ligne n ont pu lever de fonds aussi facilement . Nos besoinS changent et l offre s adapte ( ôu dans l autre sens suivant l inventivité )

  • zorgbibes

    24 juin 2015

    Perso j’ai vendu. Et conseillé à un collègue de se débarasser de son PEA tant qu’il était en plus value, ce qu’il a fait au grand désarroi de son banquier. Tous ceux qui suivent les marchés savent que ça pu et que c’est truqué et qu’on assistera bientôt à une grosse correction. A propos de l’article, la métaphore Créationniste/Darwin me semble inappropriée et nuit au message. Voir à ce propos le très bon article de Jean Robin (qui se dit un farouche libéral) sur ce débat Créationnisme/Darwin/Science/les libéraux.

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  • riz

    24 juin 2015

    Entre 1998 et 2007 le taux moyen de l’oat français était à 4.45%
    L’endettement public en 2007 de l’ordre de 66% du pib
    Les impôts 100 milliards d’euros inférieurs à actuellement.

    On a donc pu gérer la crise parce que l’on avait une marge de manoeuvre d’endettement (on va vers les 100% dans 2 ans) , que les taux sont passés d’un taux moyen de 4.45% à 2.2 % (dette française) mais ces derniers se traînent à 1.2% , et que les français masochistes ont une acceptation de l’impôt remarquable .
    Lors de la prochaine crise ce ne sera pas pareil car on ne pourra plus baisser les taux car ils sont à un taux plancher et je pense qu’il serait logique qu’ils augmentent (mais dans un système de faux prix manipulés par les banques centrales on ne peut rien en penser) .
    On ne pourra plus s’endetter de 30 points de pib car on partira d’environ 100%.
    On ne pourra plus augmenter les impôts, les dépenses publiques parce qu’avec 58% de dépenses publiques (30% sous Pompidou) nous sommes déjà passés de l’autre côté de la courbe de Laffer , et on le voit la France ne croît plus si ce n’est par de micros sursauts conjoncturels comme c’est le cas actuellement .

    Alors que la France depuis 2007 ne s’est pas réformée mais » elle s’est empirée » la prochaine crise pointe (2017 ? 2018?) car nous sommes pas loin des hauts de cycles , on peut penser que cette fois-là on la sentira passer . 2% de hausse de l’emprunt moyen ce sera 45 milliards d’euros d’intérêts en plus à payer environ .C’est un fait la France demeure extrêmement vulnérable à une prochaine bourrasque qui ne manquera pas de survenir car l’économie est faite de cycle , surtout dans un système hyper endetté, financiarisé et ouvert donc interdépendant .
    Comme un condamné qui attend son exécution dans le couloir de la mort sans en connaître la date , il subsiste donc une seule question : quand ?

    Répondre
  • Romain

    23 juin 2015

    Et merci pour cette chronique avec laquelle je suis essentiellement d’accord.

    Tout d’abord, je trouve un peu méchant la description les philosophes allemands. Et, de fait, il me semble que Nietzsche est dans la parfaite continuité du libéralisme et de l’individualisme et qu’il s’inscrit bien dans la description des darwiniens. En outre, je rentrerais dans une autre analyse, celle que la philo est devenue une discipline scholastique et non une discipline du vivant, d’apprendre à vivre, d’apprendre à être sage, de l’accomplissement de soi, d’apprendre à être libre. Bref une aberration à l’anti-thèse de ce que pratiquais les grecs.

    Effectivement, je partage le point de vue qu’un des problèmes des darwiniens est leur incapacité à se regrouper, et même à considérer leur adversaire. Je ne peux pas aller à l’encontre de l’affirmation «incapables de se regrouper, certains d’avoir raison et donc en général extrêmement peu agréables en société». D’où l’utilité indiscutable de l’Institut des Libertés et de l’Institut de Formation Politique de Alexandre Pesey (d’ailleurs, les deux institutions partagent le même pas de porte, non?).

    Enfin, et surtout, je ne partage point l’optimisme de l’article.
    Où est «le retour du balancier [qui] se profile à l’horizon»? Pas vu.
    En quoi «l’Occident est en train de vivre la fin de ses années Brejnev»? Franchement, je cherche.
    Ne croyez-vous pas que nos Attali et consorts sont, malheureusement, en train de réussir leur projet napoléonien de construire le St Empire Français d’Europe? De recréer l’empire de Charlemagne (et plus – d’ailleurs, lui aussi a buté face aux saxons)? Ne trouvez-vous pas que l’histoire de France montre que cette dernière a toujours cherché à accomplir ce projet? Et que, à l’opposé de la Moscovie, elle a rencontré de puissants adversaires? D’ailleurs, Moscou a toujours dédaigné les pertes au profit des gains – à titre personnel, j’y vois une certaine analogie. Difficile de prédire l’avenir et n’est pas Nostradamus qui veut. Mais ce que je sais, c’est que nos apparatchiks ne vont pas laisser les rênes sans rien faire et, comme vous décrivez si bien leur réussite, ils ont verrouillé tous les domaines. Alors peut-être que l’avenir est Bastiat-ien et Tocqueville-ien, mais je ne perçois pas les mêmes augures. Personnellement, pourquoi attendre alors qu’il suffit de traverser la Manche pour se trouver au pays de la Magna Carta et de la Common Low?

    Merci pour votre chronique – j’espère que mon déclin mental sera aussi bon que le vôtre.

    Romain

    Répondre
  • Lio

    23 juin 2015

    « Les candidats du parti Républicain à la prochaine élection Présidentielle aux USA sont pour la plupart de grande qualité »

    Jeb BUSH, de grande qualité?

    Répondre
  • Bernard

    23 juin 2015

    L´état a remplacé l´église catholique, mais la dialectique reste le même, basée sur la culpabilisation. Les entrepreneurs, les capitalistes, les classes aisées ont remplacé les riches roturiers , tous ceux qui sous l’ ancien régime ne naissaient pas nobles et s’ enrichissaient par le commerce et l’ artisanat. Le préchi précha du curé socialiste comme du curé traditionel reste le même ; le riche est coupable qu’ il y ait des pauvres, le riche doit se sentir honteux, l’ argent ainsi gagné est un vice, un péché alors il doit payer, il doit être taxé. Le clergé socialiste champion de la vertue se chargeant de collecter l’ argent pour le redistribuer aux pauvres. La culpabilisation va plus loin, les pays occidentaux sont coupables de la pauvreté dans le monde alors ils se doivent d’ acceuillir tous les damnés de la terre. La bien-pensance de la sainte gauche, n´est rien d´autre que de la morale chrétienne laïcisée, si on est du côté de la morale bien-pensante de gauche, on est quelqu’un de bien, de pur, on a du cœur, on est béni, sanctifié ; à l’inverse, dans l’autre camp, on est diabolisé, le mal et la haine nous habitent.

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    • idlibertes

      23 juin 2015

      Parce que plus personne n’ose dire qu’il existe le vrai ET le faux.

    • Robert Marchenoir

      23 juin 2015

      C’est très juste, et d’après ce que je constate c’est une tendance massive, un courant de fond. Chez tout le monde. A droite, à gauche… Ce n’est pas une question de bord politique.

      Les gens sont de plus en plus sectaires, excluent de plus en plus ceux qui ne pensent pas comme eux, et se désintéressent de plus en plus de la recherche de la vérité. Cela n’est plus un critère, tout simplement.

      Si vous essayez de penser rationnellement sur la base de faits avérés, vous dérangez tout le monde. C’est considéré comme impoli. A un moment, vous allez fatalement contrarier les opinions ou les croyances du milieu où vous vous trouvez. Le confort moral est jugé supérieur à la défense de la vérité. L’appartenance à une communauté prime la raison.

      Les Etats-Unis et l’Angleterre échappent encore dans une certaine mesure à cette dégradation. L’excuse de vérité (si je puis dire…) y est encore recevable. J’ignore combien de temps cela va durer, la turbine à générer du politiquement correct tournant à plein régime outre-Atlantique.

  • CharlesM

    22 juin 2015

    Bonjour Monsieur Gave, c’est vrai il y a des raisons de désespérer, me disais-je ce matin, et puis je suis tombé sur l’édition du jour du Telegraph. c’est une vraie bouffée d oxygène , les anglais ont vraiment la patate. Un think tank d’hommes d’affaires, Business for Britain, est en train de publier un rapport :
     » change or go » sur la position de l’Uk versus l’Europe. Leur conclusion : le UK est dans une position de win win. L Europe accepte leurs revendications ou bien ils se passeront très bien de l Europe dans un monde global ou de toute façon, les barrières douanières n’existent plus vraiment pour personne. . A suivre sur le telegraph cette semaine

    Répondre
    • Duff

      22 juin 2015

      Idem pour l’Ecosse : Par chantage afin de rester dans le RU elle obtient tout de Westminster et si elle sort enfin elle récupère le pétrole de la mer du nord. Voilà comment gagner sur tous les tableaux.

      Cameron a beau être très décrié pour ces « bourdes » (procès injuste, je ne pense pas que les britanniques se soucient désormais guère du sort de Gordon Brown) il est sacrément courageux : Si le RU rejette la sortie de l’UE par référendum alors que l’Angleterre vote majoritairement oui à la sortie, il va au devant de sacrés problèmes. Mais comme le disait Charles ce matin, Cameron a ce côté sympathique d’avoir des opinions tranchées et d’oser prendre des risques. S’il gagne son pari, l’UK sera clairement gagnante, la France crève de n’avoir aucun type équivalent.

      cdlt

    • CharlesM

      23 juin 2015

      Un autre garçon très sympathique qui va bientôt quitter la mairie de Londres pour se lancer dans un combat politique national, Boris Johnson, décrit l’Europe comme étant à l’origine un pacte faustien: vous perdez en souveraineté, vous gagnez en bien-être et en stabilité économiques. Certains commencent à faire le bilan et ce n’est pas très convaincant.

      http://www.telegraph.co.uk/finance/economics/11690200/Greek-catastrophe-shows-EUs-promised-trade-offs-are-hot-air.html

    • Robert Marchenoir

      23 juin 2015

      Boris Johnson m’était très sympathique avant de devenir maire de Londres. C’était un vrai conservateur, qui n’avait pas honte de manifester ses convictions, même si elles étaient dérangeantes.

      Depuis, il a fait son Jacques Chirac. Elu d’une ville massivement peuplée d’immigrés et de musulmans, il s’est mis à chanter les louanges de l’immigration de masse comme n’importe quel esclave du politiquement correct.

      Il est toujours « sympathique ». Je suppose qu’il serait agréable de boire une bière avec lui. Concernant la politique, c’est autre chose. Jacques Chirac aussi était « sympathique »… Un copain de bistrot et un responsable politique se jugent sur des critères différents.

  • ph11

    22 juin 2015

    Hillary Clinton, la candidate qui a toujours eu le système social français pour modèle… Et donc est la chouchoute des médias français…
    Heureusement, les Américains ne sont pas au point des Français.

    Répondre
  • CHS

    22 juin 2015

    les déroulements et transgressions « créationnistes » multiples du dossier grec relèvent de qualificatifs qui ne demandent même plus «  »philosophiquement » » d’être qualifiés, ils vous donnent raison.
    dopés aujourd’hui par le créationnisme , le réveil des marchés par les réalités sous jacentes, risque en effet de s’avérer douloureux.

    Répondre
  • Duff

    22 juin 2015

    Très bon billet et prestation remarquable ce matin chez Nicolas Doze. Je ne sais pas si à l’heure où j’écris ces mots, la pauvre Natacha s’en est remise 😉

    Répondre
    • idlibertes

      22 juin 2015

      C’est difficile devant une femme. il faut éviter de passer pour un mufle

    • Duff

      22 juin 2015

      Mon ironie ne visait pas Charles, quand une idiotie – en l’espèce une croyance – doit être démontée, il faut le faire quelque soit le contexte, je trouve que ce matin ce fut bien fait.

    • idlibertes

      22 juin 2015

      Je sais :-)) je disais juste , il se contenait

    • Romain

      23 juin 2015

      Je n’ai pas trouvé le billet pertinent où je pouvais exprimer ces quelques mots:

      Merci M. Gave pour votre intervention aux experts sur BFM Business chez Nicolas Doze.

      Et effectivement, j’ai été impressionné par la maîtrise de M. Gave face à la bêtise de Mme Vala.

    • idlibertes

      23 juin 2015

      C’est parfait içi

      Merci beaucoup 🙂

  • Bruno bartolotta

    22 juin 2015

    Je ne pzrtage pzs votre optimisme. Nous ne sommes pas encore au plus bas loin de la. Les gens qui qrtivent a poser votre diagnostique sont extremement minoritaires. Oui les gens ressentent un enorme ressentiment a l’egard de la classe politique mais ils ne sont pas capables d’identifier clairement les problemes et s’ils comprennent la necessite d’une rupture ils n’ont pas d’idee vers quoi se tourner. Je pense que le desastre des politiques menees n’est pas encore suffisemment clair pour permettre de faire porter la voix liberale. Le message s’essouffle encore au dela des portes de nos clubs.

    Répondre
  • Fucius

    22 juin 2015

    Pour ma part je nomme les deux camps: Libéraux et socialistes.
    Pourquoi les organes de pouvoir sont-ils infestés de socialistes ?
    Parce que le pouvoir séduit les socialistes (il les obsède même) et répugne aux libéraux.
    Tous deux veulent améliorer le monde.
    Ils diffèrent quant à la méthode.
    Pour les libéraux, c’est par l’échange consenti. Chacun se spécialise et on échange des services. Ce faisant chacun de son côté apporte sa pierre, petite ou grosse, au progrès général. Dans cette approche, la Contrainte, donc l’État, n’a pas de rôle, ou si peu.
    Pour les socialistes le progrès se conquiert par la lutte des bons contre les méchants, la violence est donc nécessaire en permanence. L’État est au centre de tout, il est tout. Les individus ne décident rien, ils doivent se comporter en toute chose conformément aux prescriptions de ceux qui ont le pouvoir et qui leur sont moralement et intellectuellement supérieurs.

    La mainmise socialiste sur l’État est donc une évidence, et pour y échapper il faut que des libéraux se fassent violence pour expliquer aux socialistes leurs erreurs: Ron Paul aujourd’hui, Frédéric Bastiat hier, ont rendu des services inestimables.
    Il faut aussi des institutions qui retardent la sclérose socialiste: Fractionner les juridictions (fédéralisme, subsidiarité…), exclure les syndicats de la fonction publique (idéalement retirer le droit de votes aux fonctionnaires), monnaie étalonnée sur l’or, démocratie directe…

    J’insiste sur cette dernière solution: La démocratie directe permet de rétablir l’équilibre entre les individus de tempérament libéral et ceux de tempérament socialiste, qui ne sont pas plus nombreux mais qui l’emportent dans nos démocraties représentatives par la mainmise sur les institutions publiques résultant de leur goût de soumettre et de spolier les autres, qui les attirera toujours dans les rouages des institutions d’État.

    Répondre
    • Alpine GG

      22 juin 2015

      Fucius : le mot juste, as usual.

      Je me permets à cette occasion de re-poster ma lecture “psychanalytique” du socialisme et du libéralisme.

      Divisons l’humanité en 2 tendances, que nous représenterons caricaturalement et pour la clarté du propos en 2 groupes de personnes, tant il semble que ces tendances coexistent en fait chez chacun à des degrés variables:
      – Groupe 1, ceux qui veulent vivre perpétuellement en objet de la mère, rester un foetus nourri complètement par autrui et sans conscience, et en réalité ne pas naître réellement.
      – Groupe 2: ceux qui accepte la naissance malgré le choc qu’elle induit, et qui ont souvent une instance paternelle qui vient couper le cordon ombilical, les obligeant à trouver leur voix – et leur voie- propre, à naître en tant qu’individu indépendant.
      Ceux du groupe 1 recherche la jouissance permanente, la sensation de satiété. Ceux du groupe 2 sont mû par le désir, et ils cherchent sans cesse de nouveaux objets à désirer.

      En terme d’action, le groupe 1 n’a qu’une solution: asservir les membres du groupe 2 pour éviter la souffrance du manque, qui est inhérent au fait de devoir aller chasser soi même sa nourriture, car avant de s’en repaître il faut d’énormes efforts afin de la capturer ou de l’élever. Ils doivent donc obliger leurs congénères du groupe 2 à les nourrir sans relâche, et ils ont tendance à considérer que ceux-ci leur doivent toujours plus, car ils ignorent le prix réel de la recherche de nourriture.Ce sont des sociopathes du pouvoir, pour qui l’individu indépendant est au mieux un serf, au pire un modèle menaçant, souvent els deux à la fois.

      Les individus du groupe 2 sont concentrés sur la construction d’investissements à même de leur amener des réponses et des bénéfices à terme. Ils sont les moteurs de cette action. La logique qu’ils développent ainsi fait qu’ils refusent une appropriation forcée par autrui des fruits de leurs efforts, ou l’inverse, la captation d’un effort dont ils n’ont pas été moteurs.

      Le groupe 1 est fait de bébé déguisés en adultes, qui voient les autres comme une prolongation de la matrice maternelle originelle qui doit assurer leur bien être.

      Le groupe 2 est constitué d ‘adultes assumant la sortie de la vie intra-utérine malgré la douleur que cela engendre, et qui en explorant le monde trouvent ainsi moults choses passionantes à faire et à découvrir dans une réalité extérieur riche et bigarée dont ils ont su se différencier pour la voir.

      Les socialistes sont le groupe 1, les libéraux le groupe 2.

    • Homo-Orcus

      22 juin 2015

      Notre civilisation a été bâtie sur le concept : Dieu à Dieu, César à César. Avec la belle évolution de notre société, grâce à ce concept, il me semble qu’il faudrait le faire évoluer et dans cet ordre : Dieu à Dieu, Ford à Ford, César à César – afin de faire apparaître enfin l’importance de l’économie et de l’entrepreneur dans nos vies. Le concept initial ne prenant en compte qu’une économie de subsistance genre producteur de fromage de chèvre au Larzac.

    • idlibertes

      22 juin 2015

      Nulle part l’opposition droite/gauche n’est elle aussi prestigieuse qu’en France, nulle part n’est elle aussi équivoque. On aime s’imaginer qu’on aurait vécu le thème unique de toutes les batailles du siècle. La gauche se donne par la pensée le devoir de terrasser le dragon de Saint George. La pensée politique en france est malheureusement retrospective ou utopique.

      Mais aujourd’hui, les français ne sont pas assez malheureux pour se révolter contre leur sort. L’abaissement national leur parait imputable aux événements plus qu’aux hommes. Incapables de vouloir un avenir en commun, ils manquent de l’espoir qui soulève les foules. Et ils n’ont jamais eu la sagesse de se passer d’idéal.

      Ils vivent ensemble à condition de tempérer leurs ardeurs contradictoires par le scepticisme .

    • Duff

      23 juin 2015

      Modestement j’aimerais rappeler un fait historique : Consécutivement à la révolution, la droite française n’était pas libérale. Elle s’est opposée à ces idées et à la nuit du 4 août. Il n’y a guère qu’une fraction de la droite qui a fini par soutenir ce bon vieux Louis Philippe aux convictions d’ailleurs chancelantes. Les Bonapartistes qui dominent la droite ayant fini par avoir la peau des orléanistes. Ajoutez les légitimistes réactionnaires selon la thèse de René Raymond pour comprendre qu’après l’avènement des thèses marxistes et de l’exploitation clientéliste par la gauche les libéraux ont été poussés en territoire hostile à droite.

      C’est d’ailleurs un point qui me fascine : Le libéralisme peut être accaparé par des sociaux démocrates dans certains pays et sans vergogne par la droite anglo-saxonne mais il est apatride en France malgré les écrits géniaux des penseurs français du XiXème. On en crève alors que les étatiste dirigistes bonapartistes s’allient (mais tuent silencieusement) avec les orléanistes pour tuer dans l’œuf la contestation légitimiste.

      Le résultat est connu et invariable : Juppé qui s’est couché en décembre 95 devient le meilleur candidat du centre et de la droite alors qu’il a fondamentalement échoué et que son succès à Bordeaux ne tient en rien à la poursuite d’une politique courageuse pétrie de conviction…

      Je ne parlerai pas de la nécessaire bipolarisation exacerbée par le scrutin présidentiel : La droite parle aux identitaires tandis que le socialiste ne se bouche pas le nez pour sortir sans vergogne les meilleures citations de Marx. On connaît la suite, M. Hollande est en train de magnifiquement décrédibiliser le peu de crédit qu’il restait aux institutions gaulliennes.

      cdlt

    • nolife

      23 juin 2015

      Juppé est le dernier homme politique a avoir la stature …

      Quand on voit Hollande, Sarkozy, Valls, Aubry, NKM, Montebourg …

    • idlibertes

      23 juin 2015

      La stature????

      Excusez moi mais la dernière fois que j’ai regardé, un avocat, un magistrat doivent donner des casiers judiciaires vierges pour exercer

      un militaire aussi.Et l’on voudrait que les chefs des armées et le plus haut magistrat de france soit, lui, un repris de justice ?????
      Entendez moi bien, l’homme a « payé sa dette » et tout le tralala que l’on veut bien y mettre mais c’est un REPRIS DE JUSTICE.
      Et vous voudriez cela pour nous représenter ??? Est ce VRAIMENT ce que le pays a de plus noble et de plus valeureux en son sein????

      J’ai des cohortes d’aïeuls militaires qui se retournent dans leurs tombes à l’heure ou je vous parle!

      Comme on dit « J’ai mal à ma France ».

      Nous serions vraiment la risée mondiale de toute les démocraties! un ancien prévenu!

      Et pas pour un délit de jeunesse ou une histoire de braguette. Non, corruption dans l’exercice d’un mandat public.

      Formidable.

    • rocardo

      23 juin 2015

      Juppé,qui s’est couché devant les trostkystes et qui se couche devant les musulmans.

    • Duff

      23 juin 2015

      @idl : Oui et s’il parvient par miracle à remporter les primaires ce fait gentiment « oublié » pour le moment lui sera présenté et mis sous le nez tous les jours, je prends les paris!

    • idlibertes

      23 juin 2015

      Sinon, j’y serais pour le faire. un minimum , oh

  • Samuel

    22 juin 2015

    Très bon article.
    Je partage votre constat. Partout on assiste au triomphe de l’irrationalisme, du relativisme et de la pensée magique, c’est assez préoccupant. Sur la débâcle du monde intellectuel français je vous conseille la lecture de l’excellent philosophe français Jacque Bouveresse, et en particulier la lecture de son livre sur l’affaire Sokal et Bricmont et la critique du post-modernisme « prodige et vertige de l’analogie. De l’abus des belles-lettres dans la pensée, Paris, Raisons d’agir,1999

    Répondre
  • Josick Croyal

    22 juin 2015

    « Je sévis dans la finance depuis plus de quarante ans, et ce monde a toujours été scindé en deux tribus. »

    Depuis 40 ans (promo1975 ESA Angers), je tente de comprendre l’approche de Roland Pigeon et sa limite. Celui-ci, agronome biophysicien, fait état de deux systèmes de vie en lutte à finir : unicellulaires et pluricellulaire.
    Les cellules du pluricellulaire collaborent entre elles pour résister aux assauts de l’unicellulaire… C’est une vision biophysique car Roland Pigeon considère que les deux systèmes de vie, qui sont d’une grande fragilité, ne reposant que sur le minéral. Ainsi il met en avant un groupe de sels biomodérateurs bactériens et remet en cause l’emploi massif des phosphates, à son sens bioactiveurs bactériens dangereux des fertilisants modernes.

    Si l’on transcrit aux sociétés humaines, c’est du même coup l’individu-microbe qui est mis sur la touche. Roland Pigeon était un fonctionnaire québécois (note : il s’agit toutefois d’une approche qui lui était personnelle, qui n’avait rien à voir avec sa fonction officielle).

    J’avais jusqu’alors pris pour argent comptant cette synthèse de Roland Pigeon, ce qui pour la bactérie innovante que je suis était donc une inhibition à l’action, me contentant d’initier sans pouvoir développer plus.

    Je reconnais là une erreur de ma part mais il me fallait comprendre qu’on avait en face, organisé, un système d’escrocs, de personnes incapables de reconnaitre leurs torts, étape indispensable pour ne pas perdre son temps à les combattre, à s’inscrire dans leur cadre forcément limité à leur propre survie.

    Répondre
    • Josick Croyal

      22 juin 2015

      Je viens d’ouvrir un blog « Ce n’est pas parce qu’ils veulent couler le navire que l’on doit couler avec ! »
      Ainsi ce post http://cenestpasparceque.blogspot.fr/2015/06/sauve-qui-peut.html dans lequel je note : L’inconscient est que l’individu ne peut se développer que dans un cadre propice et que ce dernier est considéré comme l’apanage de l’Etat. Il y a donc là un blocage certain. Même si l’on s’extrait du cadre métropolitain, l’on reste sous la coupe de ce blocage. On reste un français dépendant du biberonnage étatique.

  • Sanders

    22 juin 2015

    Auriez-vous le bonheur d’avoir Roger Nimier pour ami ?

    Il faut relire son vivifiant Hussard bleu, ou déjà il avait écrit :

    « La philo n’est pas mal non plus. Malheureusement, elle est comme la Russie : pleine de marécages et souvent envahie par les Allemands. »

    Répondre
  • Candide

    22 juin 2015

    Excellent billet, comme d’habitude.

    Vos créationnistes ressemblent beaucoup aux personnages mis en scène par Michaël O’Brien dans « un apocalypse ». Comme dans ce roman, il faut avoir la foi chevillée au corps pour être optimiste.
    Cela dit, vous avez peut-être raison, quelque chose est peut-être en train de changer, les masques tombent. Dans le discours officiel, on n’entend plus parler de démocratie (sauf pour dénoncer le « populisme »), de droits de l’homme, de libertés. Plus aucune précaution n’est prise pour maquillée la réalité la plus crue : les ODS veulent le pouvoir et entendent bien le conserver, coûte que coûte. Cette absence de forme sent sa fin de règne.

    Répondre
  • Josick Croyal

    22 juin 2015

     » Ce dieu a eu un prophète éminent, appelé Keynes et les volontés de ce dieu sont annoncées par une cléricature de gens qui savent  » que lorsqu’ils provoquent une relance de la consommation, inéluctablement, par les taxes, c’est également une relance de leur budjet. C’est une politique dans laquelle ils sont juges et parties.

    Répondre
  • hugeus

    22 juin 2015

    Je réagis à la vidéo de Rand Paul que vous avez mise en lien sur la colonne de droite de votre page : ça me donne presque envie de devenir américain pour voter pour lui ! Pour un patriote comme moi ce n’est pas rien, je vous l’assure !
    Sinon, M. Gave, sauf votre respect, je crois que vous avez tort : vous avez certainement toujours été philosophe, au sens antique : vous faites partie des gens qui cherchent la vérité et cultivent la sagesse.

    Répondre
  • prime

    22 juin 2015

    l’union soviétique nous a hélas montré que les choses peuvent aller loin, très loin, très très loin. et durer longtemps, très longtemps, très très longtemps…???

    Répondre
    • rocardo

      23 juin 2015

      1989-1917=72 ans.
      1946+72=2018.
      La lente débâcle est peut-être plus près de la fin qu’on ne croit.

  • David Jeames

    22 juin 2015

    J’ai bien peur que tout cela date de plus longtemps que 1981. Pour ma part, je pense que la pensée créationniste – pour reprendre votre propre vocabulaire – a envahit tous les pays du monde entre les deux guerres mondiales et avait largement l’ascendant sur les darwiniens.
    La seconde guerre mondiale et la division du monde qui en suivit ont poussé ces deux tribus à évoluer dans des sphères séparées : le bloc URSS pour les créationnistes et le bloc occidental pour les darwiniens. Depuis la chute du mur, nous sommes revenus à la situation entre deux guerres, avec une prédominance des créationnistes.
    Seuls quelques pays ayant subi une forme plus ou moins poussée du créationnistes essayent d’éviter d’y retourner : Chili, Nouvelle-Zélande par exemple.

    Répondre
    • rocardo

      23 juin 2015

      c’est le sujet du livre de Hayek, »La route de la servitude ».

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Les livres de Charles Gave enfin réédités!