12 février, 2018

Petit tour du monde des marchés financiers

Mauvaise semaine.

Les marchés financiers ont dévissé un peu partout, le mouvement partant comme presque toujours de New-York. La question se pose maintenant, comment se positionner et/ou se repositionner ?

Je ne vais pas parler du cash et de l’or, puisque j’en ai déjà parlé il y a peu de temps.

Je vais couvrir principalement les actions et accessoirement les marchés obligataires.

Commençons par les actions.

Posons-nous la question : qu’essaie de mesurer les marchés des actions ? La réponse est simple : ils s’attachent à apprécier la rentabilité du capital investi pour chaque société.  Les entreprises qui ont une forte rentabilité n’ont pas de mal à trouver des capitaux pour se développer, l’inverse étant vrai aussi. Et c’est comme ça que le capitalisme fonctionne, en ne fournissant pas de capital à ceux qui le gaspillent.

Allons un pas plus loin : Si l’on bâtit un indice comprenant nombre d’entreprises cotées, on peut mesurer l’évolution de cette rentabilité en moyenne, soit pour un secteur, soit pour un pays. Et si l’on regarde le ratio entre ces indices pour deux pays différents, on a une approximation du rapport des rentabilités entre deux pays, qui est toujours douteux sur le court terme, mais très instructif sur le long terme. De façon générale, il vaut mieux être investi dans le pays qui a une bonne rentabilité sur capital investi que dans celui qui en a une mauvaise…

Je vais me placer dans la peau d’un épargnant de la zone euro, qui ne doit sortir de sa monnaie que s’il est convaincu qu’il y a mieux à faire ailleurs

Voyons les différents indices Européens.

 

Il est tout à fait évident que depuis la création de l’Euro, il valait mieux être investi dans les pays européens qui n’étaient pas dans l’Euro plutôt que dans ceux qui avaient choisi de faire partie de la zone monétaire. L’Allemagne, qui a bénéficié d’un taux de change sous-évalué depuis au moins l’an 2003 faisant cependant exception à cette règle. Il valait donc mieux éviter les pays de la zone Euro hors Allemagne et cela reste vrai aujourd’hui. Quant à l’Allemagne, massivement créditrice de pays qui ne pourront pas la rembourser, je l’éviterais aussi.

Voyons maintenant la performance des actions de la zone Euro contre les actions américaines.

 

L’Europe a fait beaucoup mieux que les USA de 2001 à 2008, date de la grande crise financière, suivie de la crise de l’euro, et ensuite beaucoup plus mal.                                                               Aujourd’hui, elle n’est pas chère, mais j’attendrais que la moyenne mobile sur quatre ans soit cassée pour intervenir (ligne jaune au-dessus de la ligne rouge. Pourquoi quatre ans ? Parce que ça marche un peu partout).

Passons à l’Asie ex Japon

 

Depuis le début de l’euro, l’Asie excluant le Japon, a fait 2.5 fois mieux que les marchés de la zone Euro (en incluant l’Allemagne), variations des taux de changes et dividendes réinvestis pris en compte.

Le seul moment où l’Europe a fait mieux fût quand les marchés de la zone euro étaient très sous évalués (ligne jaune au-dessus de la tendance à long terme des bandes bleues) et après que monsieur Draghi ait annoncé en 2012 que la BCE allait faire chuter les taux longs dans sa zone. La conclusion est simple : La rentabilité du capital investi en Asie est certainement très supérieure à la rentabilité du capital en Europe et ne pas en profiter si l’on est un épargnant français est un peu sot…

Question subsidiaire : Vaut-il mieux être investi aux USA ou en Asie ? Réponse, en Asie, de 2002 à 2011, aux USA de 2011 à 2017, et depuis en Asie à nouveau. Mais depuis 2001 l’Asie a fait deux fois mieux que les Etats-Unis.

Venons en à la monnaie dominante en Asie, la monnaie Chinoise, car si elle venait à avoir des problèmes, cela rejaillirait sans aucun doute sur toutes les bourses  non seulement asiatiques mais aussi ailleurs.

Regardons son parcours contre l’Euro depuis 2005.

Sur le long terme, le rendement sur les obligations d’Etat à 10 ans suit toujours la croissance structurelle du PIB (Théorème de Maurice Allais). Les taux longs en Allemagne sont à 0.75 % et la croissance du PIB allemand sur les quatre dernières années avoisine 3.5 %. Jamais, et je dis bien jamais, une telle différence n’a existé Outre Rhin. Ce qui veut dire qu’il s’agit là d’un faux prix et comme toutes les obligations de la zone euro s’indexent sur ce faux prix, cela veut dire aussi qu’il n’y a pas un seul marché obligataire de cette zone qui ne doive être vendu toutes affaires cessantes.

Une alternative existe avec le marché obligataire Chinois

Depuis 2004, la monnaie Chinoise est montée de 30 % vis-à-vis de l’Euro dans une bande haussière très régulière et le Yuan est aujourd’hui dans le bas de cette bande, c’est-à-dire probablement dans une zone d’achat.

La conclusion d’investissement est simple : non seulement la monnaie Chinoise est sans doute un achat mais les obligations à 10 ans du gouvernement Chinois offrent du 4 %, ce qui n’est pas mal. Avoir du 4 % dans une monnaie qui a des chances de monter contre du 1 % sur une obligation de l’état français dans une monnaie qui est tout sauf sûre, voilà qui ne parait pas trop stupide…

Conclusion.

Les périodes de trouble dans les marchés sont toujours des moments propices à la restructuration des portefeuilles.

Je prends comme hypothèse que le lecteur a 60 % de son portefeuille investi en actions, le reste étant en or et en cash en yen.                                                                                                          Je mettrais bien une partie de mes troupes de réserve (40 % de mon portefeuille) en obligations Chinoises, pour arriver à 1/3 en or, 1/3 en yen, 1/3 en obligations Chinoises…

En ce qui concerne les actions, je mettrais la partie qui doit rester en Europe en Suède, en Suisse et en Grande-Bretagne et dans les bourses de l’empire Austro Hongrois en train de renaitre de ses cendres, et ce qui peut être investi ailleurs, en Asie, en incluant le Japon.

Et j’attendrais paisiblement que la poussière retombe.

 

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

21 Commentaires

Répondre à Camaligue

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  • Dyr'

    12 février 2018

    Merci M. Gave pour ce billet, commencer la semaine en vous lisant rend les lundis moins amers.

    Mais comment mettre tous ceci en pratique quand on est un épargnant sans grandes connaissances des différents moyens et mécanismes ?

    Les PEA bancaires, non merci, je sais qu’ils peuvent me le ponctionner, entres autres coups de jarnac.

    L’assurance vie ? Message reçu (depuis longtemps).

    Les trackers ? Solliciter les fonds ? Comment les identifier ?

    J’aimerais bien me constituer un petit portefeuille V4 comme vous le conseillez depuis un temps.
    Parce que le Livret A, LDD, LEP, etc… Et l’immobilier j’ai déjà (en France) et ça me fait pas envie de faire comme certains, ni entretenir un parc immobilier pour le plus grand bénéfice… de l’Etat.

    Idem pour les devises ? Bureaux de change en ligne ?
    Et aller faire mumuse sur le FOREX, c’est pas trop conseillé au Grand Public…

    Répondre
    • sassy2

      12 février 2018

      « mumuse sur le FOREX » ni conseillé au petit ou au gros public.

      Ce qui est décrit aujourd’hui & de manière claire, sont des stratégies de fonds de couverture ou hedge fund.
      Mais sans le marketing ou baratin et les malversations potentielles ;-))

    • marc

      13 février 2018

      le forex n’est pas un problème, c’est juste un instrument qui vous donne un effet de levier. le problème est le contrôle de soi, a ne pas utiliser cet effet de levier.

  • JP

    12 février 2018

    Bonjour
    Dans une assurance vie multi support, quel support acheter pour avoir de l’obligatoire chinois ? je n’en trouve aucun
    pour l’or quel support acheter ? le tracker GLD ?
    comment mettre son cash en yen ?
    cordialement

    Répondre
    • CharlesM

      12 février 2018

      On peut acheter sur son compte titre le china bond fund de blackrock qui a une part en yuan.

      Avec le pfu, 30% au lieu de 24.7% , je n ai plus envie de supporter les frais des assurances et leurs parts retail bourrées de frais.

  • Vincent

    12 février 2018

    Bonjour,
    Pourriez-vous expliquer comment avoir un compte en yens en France ?

    Répondre
    • Alf

      12 février 2018

      Vous pouvez acheter le tracker FXY sur votre compte titre. Mais vérifiez les frais d’achat de titres sur les marchés US, le coût peut être élevé selon les banques.

    • LKS

      13 février 2018

      MERCI pour la précision de l’intitulé en monnaie chinoise….
      Mais, il est vrai que si le gvt veut nous ponctionner, on reste des proies fragiles tant que l’on a pas un compte à l’étranger.
      Pour avoir un compte Hsbc à Londres par ex, je me suis renseignée et ce n’est pas évident : il faut que l’on justifie 1) que l’on s’y rend régulièrement et 2) que l’on sorte de l’argent tous les mois…
      Vivre la liberté !!

    • svl

      13 février 2018

      Oui effectivement cela serait très interessant et constructif.

      J’ai cherchais depuis un certain temps et j’ai franchement beaucoup de mal a trouver …

      merci d’avance Charles !

  • Schlage

    12 février 2018

    Sesebastien face à son destin.

    https://www.challenges.fr/monde/europe/kurz-le-chancelier-autrichien-milite-pour-un-front-reformateur-en-europe-avec-macron_565336

    Le nouveau chancelier autrichien, Sebastian Kurz, qui s’est allié à la droite dure pour gouverner, énonce ses intentions sur l’Europe, cinq mois avant que Vienne prenne la présidence tournante du conseil de l’Union. Le conservateur veut créer un front des réformateurs avec Emmanuel Macron et frapper au porte-monnaie les régimes autoritaires de l’Est.

    Répondre
    • durru

      12 février 2018

      Il veut à la fois protéger son pays de la voracité redistributrice de ses « amis » (et là, il n’y a pas que l’Est) – d’où ce « front réformateur », mais « en même temps » il discute avec le groupe de Visegrad au sujet de la limitation de l’immigration, pour mettre en place une protection contre d’autres voraces. Il va avoir du mal, on est d’accord…

  • Schlage

    12 février 2018

    L’empire Austro-Hongrois est en train de remourir plutôt.
    https://www.indexmundi.com/graphs/population-pyramids/austria-population-pyramid-2016.gif
    https://www.indexmundi.com/graphs/population-pyramids/hungary-population-pyramid-2016.gif

    Pour les pays de l’Est, ils dépendent des fonds structurels et comme Albion nous quitte, c’est bien entendu eux qui en feront les frais.

    https://libraryeuroparl.files.wordpress.com/2014/05/allocations2014-2020.png

    Mais au moins l’Autriche peut combler par une immigration, tandis que les autres pays …

    Répondre
    • Xavier

      12 février 2018

      Oui, des pays vont regarder la France et se dire « L’immigration est une chance, un enrichissement et une solution. Marchons dans leurs pas. »

    • Schlage

      12 février 2018

      Immigration ne veut pas nécessairement dire « canaille du Tiers-Monde ».

      Vous avez des milliers et des milliers de diplômés qui migrent vers l’Allemagne, l’UK et l’Autriche.

      http://www.lefigaro.fr/international/2012/01/23/01003-20120123ARTFIG00495-l-allemagne-nouvel-eldorado-des-jeunes-europeens.php

      https://www.courrierinternational.com/article/2012/02/16/l-allemagne-nouvel-eldorado

      Vous avez des tas d’infirmières, de médecins, d’ingénieurs, d’informaticiens … jeunes pour la plupart qui viennent en Allemagne combler le manque de main d’oeuvre, sans compter les frontaliers dont le nombre explose.

      Les USA, le Canada … se sont construits avec des migrants, reste à choisir les bons bien entendu.

      D’ailleurs qui rêve encore de la France ? Les « pauvres » d’Afrique, mais pour la jeunesse diplômée, elle rêve du Canada, de la Suède …

      http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/la-jeunesse-tunisienne-ne-reve-plus-d-un-avenir-en-france-1030101.html

      Ca me fait rire les Orban, Kaczynski …

      Aucun syrien ne veut aller en Pologne, Hongrie … C’est Suède, Danemark, UK, Allemagne bien sûr ou Autriche. La France n’est plus désirable pour les Arabes, il reste l’Afrique Noire, mais pour combien de temps encore …

      D’ailleurs même les jeunes Polonais, Hongrois … quand ils ont une opportunité d’aller en UK ou Allemagne, ils y vont, penser que le Syrien ou l’Afghan voudrait y venir …

    • durru

      12 février 2018

      Il y a une erreur profonde d’appréciation. Si l’immigration est financée et encouragée par l’Etat-providence, alors l’appel d’air sera perpétuel, que ce soit en France, en Autriche, en Pologne, en Hongrie ou ailleurs. Et les appelés seront toujours les mêmes: des assistés en devenir.
      Vous dites que la France n’est plus désirable pour les Arabes? Vous avez tout faux: il suffit de regarder les rues et les allées des hypermarchés, l’évolution sur les vingt dernières années est saisissante. Quant aux procédures de naturalisation, je vous conseille de faire un tour aux services de votre préfecture, vous comprendrez aussi.
      Vous dites que le Syrien ou l’Afghan ne veulent pas aller en Europe de l’Est? Mais bien sûr, vu qu’ils savent ne pas être bien accueillis et ne pas avoir gîte et couverts assurés. Mais si cela change, avec l’obligation que la Kommission veut leur imposer d’accueillir (dans des conditions décentes, cela s’entend) des quotas incompressibles, vous allez voir les mêmes assistés qui volent vers la France s’arrêter dans des contrées moins encombrées.
      Il n’y a pas de limite à l’inventivité humaine.

    • Charles Heyd

      12 février 2018

      Nous aussi, la France, avions besoin de « bras » dans les années 60 et 70 et aurions peut-être même besoin aujourd’hui d’ingénieurs et de médecins supplémentaires; mais pourquoi ne pourrait-on pas les former nous-mêmes?
      l’intégration, dans tous les sens du terme, de populations étrangères ne révèle pas forcément immédiatement tous les problèmes que posera la deuxième, voire la troisième génération de ces immigrés; on l’a bien vu en France; et l’intégration d’Espagnols, de Portugais, de Grecs et d’autres Européens du sud se révèle beaucoup plus facile que celle de populations d’Afrique, que ce soit celles du Nord de ce continent ou sub-sahariennes. Cela aussi on l’a bien vu en France.

    • jemapelalbert

      13 février 2018

      Cher Monsieur,
      il faut déjà comparer ce qui est comparable : Il y a plusieurs façon de penser immigration, la traiter avec des phrases toutes faites « c’est l’avenir » « c’est une plaie » ne veut tout simplement rien dire.
      Combler par une immigration comme vous dites, est déjà un problème dépassé tout comme celui du vieillissement de la population qui est connu depuis des dizaines d’années. C’était il y a 40 ans qu’il fallait s’en occuper !
      Donc peut être que la solution Hongroise ou Polonaise n’est pas bonne mais elle certainement bien meilleure que tout ce qui à été fait en France depuis les années 70
      Vous me paraissez bien équipé pour comprendre que que si l’eau du robinet n’est pas bonne il n’est nul besoin d’en reboire !

  • Azulao

    12 février 2018

    Merci pour ce billet !

    Répondre
  • Camaligue

    12 février 2018

    Bonjour Mr Gave,

    Comment mettre en pratique vos conseils ?

    Pouvez-vous aidez les béotiens que nous sommes ?

    Cordialement

    Répondre
  • Flamant

    12 février 2018

    Bonjour,
    Est ce que vous pouvez définir la croissance structurelle du PIB? Est elle exprimée en nominal ou en réel?
    Merci.
    Alf

    Répondre
    • idlibertes

      12 février 2018

      Elle est exprimée en nominal

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