2 février, 2017

Migrations et mafias : un marché très lucratif

Pour ceux qui la pratiquent, la criminalité a deux attraits : elle rapporte beaucoup d’argent et elle procure une vie épique et aventureuse. Pour ceux qui la subissent, elle déstabilise les sociétés et elle accroît sans cesse la violence subit par les groupes. Le phénomène migratoire massif que l’Europe connaît depuis 2012 entre dans cette catégorie. Les migrants qui partent du Moyen-Orient ou d’Afrique pour venir en Europe passent par des réseaux très structurés, tenus par les mafias, et qui leur apportent beaucoup d’argent. Certes, le trafic d’être humain est moins lucratif que le trafic de drogue et la contrefaçon, mais il est moins dangereux. La géopolitique des migrations se mêle à celle des mafias pour dessiner la face sombre de la mondialisation, celle du crime et des délits.

 

L’ONG Global Financial Integrity estime ainsi tous les ans le chiffre d’affaires mondial de la criminalité. Pour 2015, elle dresse le bilan suivant :

 

Trafic de stupéfiants : 320 milliards (Mds) de dollars

Contrefaçons : 250 Mds$

Travail forcé et trafic des êtres humains : 150 Mds$

Trafic de carburants : 11 Mds$

Trafic d’espèces protégées : 10 Mds$

Trafic d’objets d’art : 4 Mds$

Trafic de diamants et d’or : 3 Mds$

Trafic d’organes humains : 1 Mds$

Trafic d’armes légères : 1 Mds$

 

Comme toujours, ces chiffres sont des approximations, surement inférieures à la réalité, les criminels ne déclarant pas, bien évidemment, les rapports de leurs crimes. Ils mettent toutefois en troisième position le trafic d’être humain, qui est extrêmement lucratif. Pour l’Europe, les mafias sont présentes en Afrique et au Moyen-Orient où elles encouragent les départs, sachant que c’est elles qui assurent la logistique du transport et qu’elles se font payer pour cela. La mafia albanaise est le groupe le plus présent dans le trafic de migrants, et aussi le plus cruel. Forgées dans cet État déliquescent et mafieux qu’est l’Albanie, elles ont profité du chaos du Kosovo pour se créer une base arrière où faire transiter leurs fonds, entrainer leurs hommes et forger leurs équipes. Ayant passés des accords avec les mafias italiennes, elles contrôlent fortement les vagues migratoires.

 

Migrations et crimes organisés

 

Selon Europol, le crime organisé contrôle 90% du trafic de migrants clandestins vers l’Union européenne, pour un chiffre d’affaires annuel compris entre 3 et 6 milliards d’euros. L’ensemble des réseaux approche 40 000 individus. Une centaine de bateaux fonctionne en permanence pour assurer le transit en Méditerranée. De plus, les mafias ont corrompu des milliers de fonctionnaires qui ainsi ferment les yeux sur la qualité des faux papiers, voire contribuent à en délivrer. La mafia albanaise est présente sur les côtes libyennes et en Afrique, pour capter la marchandise migratoire ainsi que dans les camps de transit. Depuis la fin de l’année 2015, elle est très présente en France le long des côtes de la mer du Nord, pour assurer la réception des migrants et organiser leur passage vers l’Angleterre. Cela n’est pas sans causer de graves troubles à l’ordre public ni engendrer une croissance de la criminalité à l’égard des personnes qui vivent dans ces régions.

 

Par souci humanitaire, Frontex a décidé de porter secours aux bateaux qui chaviraient en Méditerranée afin d’éviter que les migrants ne se noient. Secours louable, bien vite détourné par le cynisme des mafias. Elles surchargent les bateaux (gagnant ainsi plus d’argent) et elles provoquent leur rupture pour que ceux-ci coulent. Ainsi, ils sont sauvegardés par les agents de Frontex qui recueillent les malheureux et les font passer sans heurts sur l’autre rive. Comme la traversée est désormais sécurisée, les mafias ont pu augmenter leurs tarifs. Le trouble légitime face aux noyades, relayées par les images de télévision, soumet la raison à la tyrannie de l’émotion : on en oublie que ces malheureux ne sont pas arrivés là par hasard, mais qu’ils entrent dans le plan cynique et sans scrupule des mafias qui profitent de la générosité des pays d’Europe pour s’enrichir.

 

Toujours selon Europol, 250 centres de transit clandestins ont été repérés par la police dans l’UE et des dizaines existent en dehors de l’UE. Le passage d’un migrant, de Lesbos en Allemagne coûte, début 2016, environ 2 500€. Un faux visa Schengen de bonne qualité donnant accès à toute l’UE coûte 4 500€. Un faux passeport plus un faux visa Schengen coûte 8 000€. (Source : Sécurité globale, n°7, automne 2016.)

 

Interpol estime à 200 000 le nombre de passeports détenus par l’État islamique, qui ont été récupérés en Irak et en Syrie. Ces passeports sont vendus et servent soit au trafic de migrants, soit à infiltrer des djihadistes en Europe afin d’y envoyer des combattants pour y mener le djihad. Les récents attentats de 2015 et 2016 ont impliqué des migrants infiltrés par l’EI. Une fois en Europe, ils bénéficient des réseaux communautaires, ce qui leur permet de se cacher et de circuler sans trop de problèmes. En février 2016, la police turque a démantelé un réseau de trafic de documents d’identité. Parmi les nombreux documents trouvés, 124 passeports français vierges qui ne demandaient qu’à être remplis.

 

Créer les migrations pour déstabiliser et s’enrichir

 

On ne mesure pas à quel point les mouvements migratoires massifs que l’Europe subit depuis cinq ans répondent à une logique criminelle. Pour les mafias, il s’agit de gagner de l’argent en faisant payer les migrants puis en se servant d’eux une fois passé en Europe. Pour l’État islamique, il s’agit de déstabiliser l’Europe en organisant une vague de submersion grâce à laquelle on peut envoyer des combattants et des terroristes, mais aussi des personnes neutres qui peuvent ensuite être embrigadées dans la lutte que mène l’État islamique contre notre civilisation.

Nous gardons en mémoire le témoignage que nous fit la mère supérieure de l’un des plus anciens monastères de Syrie, datant des premiers siècles de l’ère chrétienne. Celle-ci nous expliqua comment, à l’été 2015, une information se propagea sur les réseaux sociaux syriens appelant la population a quitter la Syrie pour venir en Europe, en lui promettant des emplois, de l’argent et une vie facile. À cette occasion, elle vit partir beaucoup de jeunes hommes, dont certains sont revenus désabusés. Elle ne sait pas qui fut à l’origine de cette fausse rumeur. Daesh, pour vider la Syrie de ses chrétiens et ainsi accomplir son rêve de califat ? Des mafias, pour trouver de nouveaux clients ? Une autre organisation, cherchant à déstabiliser et le Proche-Orient et l’Europe ? Toujours est-il que cela fut efficace et montre que ces mouvements sont manipulés et n’ont rien de spontané.

 

De l’argent en Turquie

 

En Turquie, les réfugiés représentent un marché de 2 Mds$ par an. Le pays estime que 85% des migrants venant d’Irak et de Syrie ne vivent pas dans des camps, mais en ville et qu’ils vivent de leurs économies, ou en recevant de l’argent de leurs proches établis en Europe. Cette manne financière fait ainsi vivre le pays et remplace la perte due à la chute du tourisme du fait des attentats. Le pays profite ainsi « d’une manne migratoire ». En 2015, ce sont 853 000 migrants qui ont transité par la Turquie, permettant au pays de faire pression sur l’UE pour bénéficier de visas avantageux et de recevoir des aides financières pour créer et entretenir des camps, qui ont parfois ou souvent été détournés à d’autres fins. Décidément, les migrations sont, pour certains, un business juteux. (Source : Sécurité globale, n°7, automne 2016.)

 

Une radicalisation croissante

 

Un rapport du ministère de l’Intérieur paru en février 2016 a montré l’ampleur de la radicalisation : 8 250 individus sont signalés comme radicalisés, contre 4 015 en 2015. Chez les mineurs, ils sont 1 632, soit 20% du total. 605 combattants sont partis en Syrie, 738 ont voulu partir. Cela touche tous les départements et Paris est la ville où il y a le plus de radicalisés (499).

 

Ici, comme toujours pour la criminalité, ce ne sont que les cas recensés. Il y a beaucoup d’autres individus qui ne sont pas connus. Le rapport montre aussi que les djihadistes ne sont pas tous des pauvres, des idiots ou des incultes. Plusieurs sont issus des classes moyennes et ont fait des études. C’était d’ailleurs le cas des terroristes de Londres, qui avaient une licence de physique. Dans le terrorisme, il faut distinguer les petites frappes, qui ne sont pas forcément très cultivées, et les cerveaux des opérations, dont la plupart disposent d’un cursus scolaire. Une vision sociologique étriquée voudrait assimiler pauvreté et djihadisme pour tenter de disculper les terroristes en les lavant dans la culture de l’excuse. Cela ne fonctionne pas. Comme l’ont montré les chiffres ci-dessus, la criminalité rapporte gros, elle s’inscrit dans des réseaux internationaux et elle est un véritable business. Les criminels qui trempent dans le trafic de drogue gagnent bien plus que leurs victimes. Réduire l’embrigadement djihadiste à l’argent, c’est être trompé par une vision marxiste de bas étage. Les djihadistes répondent à un véritable appel et à une soif d’aventure. Faire le djihad a quelque chose de grand et d’alléchant. Partir en Syrie, préparer un attentat, s’intégrer dans une bande criminelle, autant de moyens de quitter une existence morne et de donner un sens à sa vie. Cela ne justifie pas leurs crimes, mais permet de les comprendre.

 

 

 

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

47 Commentaires

Répondre à Steve

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  • Robert Marchenoir

    12 février 2017

    Cher Monsieur Noé,

    Je découvre vos articles. C’est très bien, ce que vous écrivez. Je sens que je vais m’abonner.

    Répondre
  • PatrickLuder

    7 février 2017

    Un beau billet, mais un beau billet qui oublie un peu vite qu’une migration de masse est principalement due à la fuite en urgence d’une situation devenue intenable. Une migration de masse est un appel au secours et non une ruée vers l’or …

    Répondre
    • idlibertes

      7 février 2017

      Cet article ne parle pas des « passés » mais bien de la mafia des « passeurs », de sorte que je ne comprends pas bien la source de votre commentaire?

    • PatrickLuder

      8 février 2017

      Cet article laisse penser que la mafia des passeurs (dont je ne nie ni l’existence ni l’influence) est la source de l’afflux des migrants … alors que le parcours des migrants est souvent de plusieurs années et passe par de multiples pays/régions autour de chez eux avant de prendre, parfois, le chemin de l’Europe. La toute grande majorité des migrants qui fuient une situation restent proche de chez eux avec l’espoir d’y retourner. Ce billet n’est pas faux en soit, mais en ne traitant qu’une partie du problème on arrive à en oublier l’essentiel. Donc OUI, il y a un commerce qui profites et des flux migratoires ET des barrières que l’on essaie de dresser, mais n’oublions pas l’essentiel => les raisons qui pousse les migrants à fuir leur patrie <<< c'est là qu'il faut agir.

    • idlibertes

      8 février 2017

      S’il n’y avait pas de business des passeurs, comment y aurait-il autant de passés? Je demande une réponse sans circonvolutions à la moraline. Juste des faits logiques. Merci

    • dodo

      26 mars 2019

      La migration est aussi une belle opportunité pour les mafieux, tous ceux qui sont dans nos rues profitent des aides sociales tout en faisant divers trafic dont celui de la drogue, qui leu est réservé! (Il y a aussi de la prostitution forcée)! Nous en avons des dizaines de milliers dans tous les pays européens

  • Citoyen

    3 février 2017

    Et encore, cher auteur, dans votre inventaire des mafias liées aux migrations, vous en avez oublié une …. Une de taille …. Celle des associassions et des politiques qui gravitent autour du sujet de l’immigration, en ayant bâti leur fond de commerce là-dessus, pour se gaver avec l’argent des contribuables. Et là, les montants sont très coquets !…. Probablement plus, que celui des autres mafias que vous citez.
    Eux aussi participent grandement à cette mafia dont vous faites état …. Avec en plus l’immunité d’une pseudo-légalité, sous couvert de bons sentiments humanitaires … Et contribuent largement à la déstabilisation des pays qui les entretiennent …. Suivez mon regard …

    Répondre
    • Jean-Baptiste Noé

      4 février 2017

      Cette mafia là est d’un autre genre…

    • Citoyen

      4 février 2017

      « d’un autre genre … »?
      Pas vraiment …
      Elles ne sont que la continuité l’une de l’autre … En fait, elles sont les deux faces d’une même pièce.
      Elles ont des intérêts communs. Elles se complètent, chacune assurant la pérennité du fond de commerce de l’autre …

    • sassy2

      5 février 2017

      Evidemment pas de preuve ici mais il est logique qu’il y ait la mafia italienne.
      Les preuves peuvent rapidement apparaître, après des élections ou l’incarcération par le FBI de soros.

      L’arrivée de migrants est une décision politique.

      draghi (pour la vélocité de sa monnaie)
      mare nostrum
      opus dei

      http://medias-catholique.info/des-journalistes-catholiques-demandent-une-enquete-a-trump-concernant-lelection-de-francois/6135

      Le mandat de la BCE et de merkel s’arrête à Gibraltar ou à la Grèce.
      La Présidente de la république française devra, pour le compte de l’Europe, exiger le retour des migrants au frais de l’Allemagne et soumettre l’Allemagne à des pénalités (10bn ?)
      Je pense que la Présidente va récupérer à son profit la commission de Bruxelles, la nettoyer, la dégraisser. Il sera dorénavant explicitement interdit d’accueillir des migrants autrement qu’à l’unanimité.
      (la règle pourra s’appeler règle « Orban »)

      Ensuite, je pense que la Présidente va réformer l’isf pour le faire seulement supporter par les sociétés opérant en europe (donc FB AMZN starbucks).
      L’emploi d’un migrant sera taxé à l’isf (assiette à 1me par migrant?). La mairie de paris pourrait se voir taxée aussi car elle en tire un profit au détriment de la société et des migrants eux mêmes.

      L’esclavage a été aboli, pour le bien des esclaves mais aussi pour celui des travailleurs locaux (distorsion de concurrence)

    • Mon pays, la France

      5 février 2017

      Je remarque votre utilisation de «la Présidente».
      Personnellement, je ne vois toujours pas comment elle va passer outre le Front Républicain.

      «l’incarcération par le FBI de soros.»

      Véridique? Est-ce possible? Il y aurait encore une justice?

      «L’arrivée de migrants est une décision politique.»

      +1

      «la Présidente va récupérer à son profit la commission de Bruxelles»

      Je ne connais pas les arcanes de ce lieu, mais cela me paraît hautement improbable. Elle n’aura aucun pouvoir à ce sujet. Il me semble que le mieux qu’elle pourrait mettre en œuvre serait de sortir. De chacune des institutions, une à une.

      > «Ensuite, je pense que la Présidente va réformer l’isf pour le faire seulement supporter par les sociétés opérant en europe (donc FB AMZN starbucks).»

      ?
      L’ISF est un impôt sur les personnes physiques et non sur les sociétés.

      > «Il sera dorénavant explicitement interdit d’accueillir des migrants autrement qu’à l’unanimité. (la règle pourra s’appeler règle « Orban »)»

      Je ne peux pas dire que cela me plaise. Mais nos institutions politiques, sociales et judiciaires ne nous permettent pas, hélas, de faire autrement. Que toute personne qui se reconnaisse dans les valeurs de la France puisse venir, voilà qui serait formidable. Et que ceux qui n’adhèrent pas aux valeurs de la France n’aient pas d’incitation à venir et soient libres de partir. Et que, quoiqu’il en soit, les valeurs de la France ne sont pas négociables. Les valeurs de la France ne doivent pas changer avec l’accueil; les valeurs doivent rester les mêmes entre avant et après.

      Je trouve que le peuple de France est beau. À chaque fois que on rentre dans les interstices de l’histoire, on trouve toujours des héros anonymes, qui ont accompli ce qu’ils pensaient être juste. Voilà l’honneur et la grandeur de la France. Les héros anonymes. Nous ne sommes pas de grands capitalistes (d’où la supériorité des anglais), nous sommes des gens qui se donnent pour ce en quoi ils croient, peu importe la postérité. Nous sommes individualistes non dans le sens anglais, mais dans le sens où nous donnons la part belle à ce que nous pensons être la justice, et ce indépendamment de l’avis d’autrui, des conseils des gens intelligents et bien-pensants. C’est ça la France: ce sens profond de la justice qui nous habite, de faire ce que chaque individu croit juste.

      La postérité et l’argent ne comptent pas. D’abord pour notre parole. Mais surtout, nous nous levons pour notre sens de la justice.

      Le mot «français» n’est ni synonyme de malhonnête ni de mensonge ni de fourberie (il fut synonyme de «cannibale» sous Louis XIV…). Le mot «perfide» fut utilisé pour qualifier un autre pays. Personne ne rechigne à faire du business avec un français, car les problèmes de confiance ne sont pas la règle, planter un couteau dans le dos n’est pas la règle, et que les français produisent du beau et de l’intelligence.

      Les traîtres n’existent pas en France. Certes, les communistes furent des traîtres du fait de leur collaboration (pléonasme). Mais combien de français ont rejoint la Wehrmacht ou les SS? Il y a eu des «malgré-eux», en Alsace surtout (rappelons que, après 1870, il y avait des plaintes au Bundestag comme quoi les Alsaciens préféraient leurs cousins français que germains). Et hormis ces «malgré-eux»? À Toulon, la Royale (la marine nationale) se saborda quand les allemands ont passé la ligne de démarcation. L’Alsace fut le seul réel contentieux avec nos cousins outre-rhénans. L’Allemagne ne fut jamais une réelle ennemie de la France. En revanche, cette dernière se battit pendant un millénaire contre le pays outre-Manche. Et, aujourd’hui, l’avantage qui fut pris il y a un siècle est en train d’être achevé et terminé. Encore combien de temps avant que le peuple français n’existera plus que dans les livres d’histoire?

      Notre disparition se profile parce que, d’une part, les anglais ont appliqué les théories économiques développées par les Français. Contrairement à Milton Friedman, je pense que nous avons eu de grands penseurs libéraux non parce que nous étions plus proches de l’enfer, mais simplement parce que c’est dans la nature française de rechercher la vérité. Et, d’autre part, notre disparition se profile surtout du fait de la trahison de notre classe dirigeante.

      La première source du pouvoir, et donc du fait de rester en vie, est l’économie. La première source de l’économie est la propriété privée. La propriété privée provient de l’organisation de la justice. Si nous voulons retrouver la vigueur, il faut appliquer la leçon des Romains et des Anglais. Et pour l’appliquer, nous devons nous occuper de notre réel mal: notre classe dirigeante. Sa prise de pouvoir date de 1793, et ne fit que se consolider depuis. Les Anglais et les Allemands ne sont des dangers pour les Français uniquement à cause de cette dernière. En tant que tel, nous n’avons rien à craindre de l’une comme de l’autre (ni d’aucun autre pays dans le monde). Nous mourrons de notre cancer et non des Anglais ou des Allemands.

      L’âme de la France est toujours présente, vivante, à défaut de vivace. Il n’appartient qu’à nous de la raviver, de faire revivre cette France mourante de ce cancer qu’est notre classe dirigeante, et ainsi de donner la possibilité aux générations futures de vivre en tant que français, c’est-à-dire habité par un sens aigu de la justice (pour un français, le juste et le beau s’identifient).

    • sassy2

      10 février 2017

      Bonjour,

      merci pour votre réponse, avec laquelle il est difficile de ne pas être d’accord ou facilement à l’être.

      juste pour l’isf: il n’y a pas de différence entre les personnes morales et physiques. (cf article du cartel)
      Un jardinier est aujourd’hui une personne morale comme warren buffet
      Le problème est que le tx marginal d’imposition de buffet, comme il le dit lui même est inférieur à celui de ses secrétaires.
      L’argent ne se trouve plus que dans les holdings ou les cies à fort gain de productivité. voir un graphique du benf du SP500/PIB depuis 100ans.
      Il faut aller le chercher comme on le fait systématiquement (sous FDR, barons voleurs, « accapareurs »…)
      Je sais comment faire payer un impot sur la fortune (le stock) en F à FBook en 5minutes, sur une assiette française.
      Je suis évidement pour l’isf sur personnes physiques (=+-impot succession) mais le seuil de 1me est loufoque.

      c’est le cartel qui parle:
      http://www.latribune.fr/economie/france/le-revenu-universel-finance-par-un-nouvel-impot-sur-le-patrimoine-637043.html

      il va y avoir un hold up (inversé)dont le but est de refiler le maximum du mistigri(du passif accumulé) à 95% des gens, en un minimum de temps

    • sassy2

      10 février 2017

      …ou facilement enclin à l’être…

    • Mon pays, la France

      10 février 2017

      Merci de votre réponse.

      Quel est le lien entre Soros et la nomination de Jeff Sessions au poste de Attorney General? (Cette habitude anglaise que les noms de famille soient des mots communs de la langue anglaise m’induit toujours en confusion.)

      Disons que il ne sera plus protégé, mais il reste une marge avant qu’il ne soit attaqué. Et comme j’en discutais avec un gars de Minneapolis, il est juste un pion.
      Et, pour une fois, ce n’est pas moi qui le dit:
      http://www.zerohedge.com/news/2016-11-12/beware-shadow-government-ron-paul-warns-president-elect-trump

      Il n’est qu’un porte-parole.
      De même que Zbigniew Brezinsky avec Obama.
      Et maintenant Kissinger retourne au charbon avec Trump, après Nixon&Carter (il suffit de voir les déclarations de Trump sur l’Iran…! Il faut se rappeler que l’Iran était la cible suivante après l’Irak; par ailleurs, la position de Trump sur Poutine shifts doucement mais sûrement).

      N’oublions pas que la façon dont W. Buffet a fait fortune est transparente, ce n’est pas le cas de Soros.

      Ce que je veux dire est que:
      a. Soros reste protégé anyway.
      b. Soros n’est qu’un pion. Au pire, ses protecteurs ne font que se couper un membre gangréné en s’en débarrassant.

      In fine, la condamnation de Soros serait une bonne chose (qu’il faut faire), cependant, quoiqu’il en soit, ses protecteurs, eux, restent.

      Et si vous avez des informations sur les intentions de Jeff Sessions à l’encontre de Soros, je suis preneur.

      Quant l’article sur à l’ISF pour les entreprises, OK, ils veulent le remplacer par un impôt sur l’actif net («l’IAN»). Compris.

      Pfff… Que faire? Fuir ne me plaît pas, car ailleurs n’est pas ma terre. Et j’ai le souhait que cela soit aussi la terre de mon éventuelle descendance. Des racines comme dit M. Gave (et aussi comme le dit ma Grand-Mère). Car ce que nous leur transmettrons est incommensurable. Cependant, et malheureusement, cela nous astreint aux restrictions, aux vexations, à la police de la vérité, à l’insécurité, à être esclave du Léviathan (il détient tout, il sait tout, il dit à chacun que faire et quoi il doit recevoir), et donc à terme à la pauvreté.
      Et comme il est interdit de cumuler du capital, il est très difficile de nous organiser de nous-même (d’où le gros avantage d’une intermédiaire comme le bitcoin qui sort du giron étatique, et donc qui permet une organisation horizontale).
      La France est devenue un pays du tiers-monde (ou le deviendra selon les avis):
      http://www.lepoint.fr/economie/pib-la-france-devancee-par-le-mexique-et-la-turquie-08-02-2017-2103422_28.php

      Qu’est-ce qui est le plus important à transmettre? Un avenir ou des racines? Que faire?

      Ne peut-on pas choisir les deux?

      Typiquement, à Londres, je ne me sens pas chez moi.

      J’avoue que c’est ma grande question du moment.

      Et je ne peux pas lutter seul contre le Léviathan.

      Que faire?

      Et j’ai un autre sujet qui me turlupine: la guerre.

      Nous avons déjà la problématique de la mer de Chine.

      Mais les déclaration de Trump sur l’Iran ne me rassurent guère.
      Surtout après sa déclaration sur le pétrole de l’Irak («we should have taken it»), et les prétendues «safe zones» en Syrie qui vont encore servir de paravents à Dieu sait quoi. À ce rythme-là, il va nous faire l’opposé de la politique «non-isolationist, non-interventionist» prônée par Ron Paul: isolationist & interventionist. Pas très rassurant.
      Et le fait que Trump ne désescalade pas l’armement de l’OTAN sur la frontière avec la Russie n’est pas bon signe. Il y a aussi la campagne anti-russe qui a démarré avec la défaite de élection de HRC; la durée et l’importance de la campagne montre qu’elle était prévue et anticipée.
      Enfin, il se passe quoi en Roumanie? Ils essaient encore de nous faire un coup comme les maïdans en Ukraine? Mais je pensais que la base de l’OTAN pour recevoir les silos nucléaires en Roumanie était actée (après avoir quittée la Turquie)? À quoi ça rime ce qui se passe en Roumanie?

      Bref, malheureusement Kissinger a l’oreille de Trump et cela se voit. Et je n’aime pas les signes qui apparaissent de ci de là.

    • Mon pays, la France

      11 février 2017

      Et il en va de même pour l’école: on ne peut pas travailler et faire cours nous-même à nos enfants.

      …………

      ?

      Voilà donc la quadrature du cercle:
      * des racines
      * une école
      * un avenir

    • durru

      12 février 2017

      Bonjour,
      Je suis avec beaucoup d’intérêt les articles et les interventions sur ce site depuis un moment, mais je n’étais pas intervenu auparavant.
      En tant que Roumain ayant gardé des contacts étroits avec mon pays d’origine, je me permets d’intervenir pour répondre aux questionnements sur les évènements récents en Roumanie.
      Pour expliquer tous les tenants et les aboutissants, il faudrait écrire tout un article, et encore… Ce qui est fondamental à savoir, c’est que la situation actuelle là-bas n’a strictement rien à voir avec celles qu’on connaît dans des pays occidentaux. Il est vrai que la population qui est descendue dans la rue pour protester peut être assimilée pour un observateur Français aux bobos des grandes villes, classes aisées intellectuelles, gagnants de la mondialisation et aussi grands critiques des Trump, Brexit et autres horreurs populistes. Mais la comparaison s’arrête là, car en même temps ces gens-là sont confrontés à une classe politique en dessous de tout, aussi bien de point de vue moral qu’intellectuel.
      Le gouvernement issu des élections de décembre dernier a cru bon de commencer son action par une ordonnance d’urgence, sortie en pleine nuit et publiée dans le MO dans l’heure, censée amnistier quelques 3000 délinquants et criminels sur le seul critère de la durée restant à purger de leurs peines, ainsi qu’à décriminaliser les abus en service en dessous de 42000€. Dans le contexte où le chef du parti majoritaire, qui a été déjà condamné à 2 ans de prison avec sursis pour corruption dans le cadre du référendum de 2012, a un autre procès en cours pour abus en service… Aucun des dirigeants du parti ne fait parti du gouvernement, il n’y a que des seconds couteaux et ledit chef dirige tout dans l’ombre (son ancienne secrétaire est ministre de l’Intérieur, son ancien chauffeur est secrétaire d’état, c’est dire).
      Le nouveau gouvernement cherche à trouver des nouvelles alliances, inclusivement à Moscou, pour limiter l’influence des partenaires habituels de la Roumanie qui se trouvent tous en UE et OTAN et qui sont inquiets de l’évolution imprévisible du pouvoir roumain.
      Le président élu il y a deux ans sur un programme libéral et européen est un contre-pouvoir bien moindre que le président français, mais pour l’instant il fait face avec beaucoup de courage, surtout par rapport à l’image effacée qu’il avait donné auparavant.
      Pour finir, la présence aux dernières élections a été en dessous de 40%, car les opposants de droite aux populistes de gauche arrivés au pouvoir étaient eux aussi ternis par une image de corrompus et profiteurs. L’électorat qui a porté la gauche au pouvoir est constitué en grande partie d’assistés et pauvres, surtout retraités, originaires du milieu rural et avec un faible niveau d’éducation, dépendants des petits barons locaux.
      Je me tiens à votre disposition (IDL inclus :)) à ce sujet, la question est complexe et je conçois aisément qu’elle soit difficile à appréhender.
      Cordialement,
      Durru

    • Jean-Baptiste Noé

      13 février 2017

      Merci pour votre éclairage.

      La Roumanie échappe un peu aux écrans radars des médias d’information, comme tout ce qui touche à l’Europe centrale et orientale, et c’est bien dommage.

    • Mon pays, la France

      13 février 2017

      @Durru

      Merci pour votre intéressante intervention.

      Juste une petite question: comment le gouvernement est-il formé? Est-il issu du parlement? Ou est-il nommé par le président?
      Combien de chambres possède le parlement?
      La fonction du président est-elle plutôt représentative ou a-t-il une fonction?
      Le président est élu pour combien de temps?

      Par ailleurs, la Roumanie est-elle un pays plutôt fédéral ou plutôt national?
      Par exemple, la Transylvanie est-elle totalement soumise aux caprices de Bucarest ou possède-t-elle une certaine autonomie?

      Merci à vous.

    • durru

      13 février 2017

      Tout d’abord, merci à vous pour l’accueil.

      M. Noé, ce qui se passe actuellement en Roumanie est, à mon avis, assez symptomatique des soubresauts qui secouent notre continent. Envie d’une vie meilleure, envie de plus de liberté, de plus d’équité, démagogie pour pas cher, misère matérielle et intellectuelle, difficultés à se défaire d’une société trop protectrice et trop contraignante en même temps, une position géostratégique à croisée de chemins, des incertitudes qui montent de tous les côtés, un conflit latent entre une société rurale très conservatrice dont l’énorme majorité de la population vient de sortir et une mondialisation qui avance à très grands pas, tout y est (et plus encore…) Bref, pour moi c’est un cas d’école (byzantine).

      Pour ce qui est des « petites » questions, je vais essayer de faire court.
      Le gouvernement est formé, comme un peu partout, par rapport à la composition du parlement. Le président a la liberté de nommer le premier ministre et il n’a pas de contrainte formelle là-dessus, mais il le fait suite à des consultations avec les partis et le gouvernement doit obtenir la confiance du parlement. La première proposition a d’ailleurs été refusée, car la soumission au président du parti majoritaire était trop flagrante (femme, musulmane – après une campagne axée sur la défense des « valeurs » orthodoxes, avec le mari lié à Assad, sans expérience de gouvernement ou politique). Le PM actuel n’est pas beaucoup mieux, chef de file départemental du parti majoritaire, jeune et avec une expérience très réduite.
      Les deux chambres (Chambre des Députés et Sénat) sont élues en même temps, selon les mêmes règles (à la proportionnelle) et ont à peu près les mêmes attributions. Cela fait longtemps qu’une réforme est envisagée, mais jamais concrétisée.
      Le président élu au suffrage universel (pour 4 ans maintenant, comme le parlement, mais ça a été 5 ans pour une courte période, ce qui a produit un décalage de deux ans entre élections présidentielles et parlementaires) a bien moins de prérogatives que le président français, mais il a quand même certains pouvoirs, qui lui ont permis d’intervenir de manière efficace lors de la récente crise. Et il risque d’être obligé à intervenir de nouveau…
      La Roumanie est un Etat national unitaire. Une certaine autonomie est en place, mais pas grand chose. Vu que les infrastructures sont décidées et financées au niveau national, toutes les régions sont soumises à la situation globale du pays. Bucarest et la Transylvanie sont plus dynamiques de point de vue économique, mais la différence grandes villes – campagnes est bien plus flagrante.

    • Mon pays, la France

      14 février 2017

      Merci beaucoup, Durru.

      Donc, si je comprends bien:
      – Il y eut des élections du parlement en décembre.
      – Un nouveau premier ministre fut nommé (par le président) suite à ces élections.
      – Le premier ministre fit une première proposition de gouvernement, qui fut refusée par le parlement.
      – La seconde proposition fut acceptée.
      – Et la première action de ce nouveau gouvernement fut d’amnistier les corrompus.
      – Suite à ça, les gens sortirent dans la rue pour manifester.
      – Et l’amnistie vient d’être abrogée.

      Est-ce bien cela?

      J’aurais les questions suivantes (longues ☺) si vous me le permettez:
      – L’amnistie était-elle un décret ou une loi? (Fut-elle votée ou pas par le parlement?)
      – Avons-nous une idée de la suite des évènements? Maintenant que l’amnistie est abrogée, chacun va-t-il rentrer chez soi?
      – Pour que une loi soit promulguée, faut-elle qu’elle soit contre-signée par le président? Peut-il empêcher la promulgation d’une loi en refusant de signer un certain document?
      – De même, j’imagine qu’il doit y avoir l’équivalent du journal officiel en Roumanie? Savez-vous si il est à la main du gouvernement ou est-ce une administration indépendante? En particulier, le gouvernement peut-il empêcher la promulgation d’une loi en «oubliant par inadvertance» de promulguer la loi dans le journal officiel?
      – Comment les Roumains ont-il vécu la période de domination par l’URSS? Sont-ils soulagés ou certains éprouvent-ils une certaine nostalgie?
      – Et pour la période de Ceaușescu? Vous devez le savoir, mais, en France, Ceaușescu a toujours été décrit comme un gros méchant pas beau, une personne entre Hitler et un libéral. Quel est le ressenti des Roumains à ce sujet?
      – Est-il possible que je visite la Roumanie uniquement avec ma b*** et mon couteau? Sans connaître la langue roumaine (mais en maîtrisant la langue de Shakespeare)? En tant que libéral, je me dois d’aller en pèlerinage au château de Dracula, père de tous les libéraux. 😉
      – D’ailleurs, avez-vous l’équivalent des expressions «langue de Dante», «langue de Goethe», «langue de Shakespeare» et de «langue de Molière» pour désigner la langue roumaine?

      Bonne journée et merci à vous.

    • idlibertes

      14 février 2017

      De ma petite expérience , les roumains parlent souvent mieux le français ( obligatoire au lycée ) que l’ anglais . Du moins , l’ ancienne génération intellectuelle et du fait des racines de la langue ont souvent fait du latin .

      A l oreille , on est plus proche d une langue latine je trouve que d’ une langue de l est .

    • durru

      14 février 2017

      Je vais commencer par la fin. La Roumanie fait partie de la Francophonie, un des derniers congrès a même été organisé à Bucarest. Comme le roumain est une langue latine, l’apprentissage est assez aisé. Mais les jeunes générations sont plutôt anglophones, pour des raisons économiques, mais pas que. Le seul vrai signe d’amitié de la France ces derniers temps a été une visite de Mitterrand début 1990 pour légitimer Iliescu, grand démocrate devant l’Eternel, idéologue du « communisme éclairé ». Dernier petit caillou en date, ce sont la France et les Pays-Bas qui bloquent l’entrée de la Roumanie en l’espace Schengen (tout le dossier technique est rempli et validé).
      Dans tous les cas, dans les grandes villes roumaines vous allez toujours trouvez des gens qui parlent un peu de français ou, au pire, anglais. Et encore plus à Bucarest et en Transylvanie.
      La langue roumaine est « la langue d’Eminescu », le poète national roumain, un des derniers romantiques.

      Pour les questions « longues », maintenant.
      La première proposition de premier ministre a été refusée par le président, la composition du gouvernement est ensuite approuvée par le parlement.
      L’amnistie vient d’être abrogée, ou presque. Ils doivent valider son abrogation au parlement aujourd’hui même (une autre ordonnance d’urgence). Mais ils comptent faire passer une loi avec le même but, d’après ce qu’il paraît.
      Difficile à entrevoir la suite. Les dirigeants du parti majoritaire sont acculés, limités, bornés, mais ils ont encore les manettes. Le plus probable c’est un coup à l’intérieur du parti. Ou la continuité dans le chaos.
      Je ne sais pas si le président peut opposer son veto pour n’importe quelle loi, mais il le peut, pour les lois importantes certainement. Par contre, si le parlement lui retourne la même chose, il ne peut plus rien.
      Le « MO » plus haut c’est le Moniteur Officiel, qui et géré par le gouvernement. Il y a eu des scénarios catastrophe envisagés, où le gouvernement bloquait la publication de la décision de la Cour Constitutionnelle, par exemple, c’est dire…
      Comme je l’ai écrit plus haut, l’absence de vraie responsabilité pendant l’époque communiste a fait que la transition démocratique été très mal vécue par beaucoup, les plus pauvres (et moins instruits) en sont toujours victimes, mais de moins en moins.
      Ceausescu a été, comme nombreux autres, un communiste nationaliste sans scrupules (rouge-brun, comme on dit maintenant) et ce qui l’a perdu vers la fin a été sa mégalomanie. Il a pris son culte de la personnalité (très développé, par ailleurs, on compare souvent avec la Corée du Nord) très au sérieux, il n’a jamais compris ce qui s’est passé.
      Il s’est fait un nom (à l’intérieur et à l’extérieur) en 1968, quand il a refusé de se rallier aux autres pays du Pacte de Varsovie pour entrer en Tchécoslovaquie. Et ça a berné pas mal de monde, et pour longtemps. Comme les Roumains n’ont pas les Russes près du coeur, ça a encore facilité la tâche. J’aime pas les Russes, mais quand je vois les poncifs qui sortent à leur égard (vous avez un obsédé sur ce forum, c’est flippant), ça fait peur… Comme pour le FN, les meilleurs alliés de Poutine sont ses « opposants ».

    • Mon pays, la France

      14 février 2017

      Très intéressant. Merci!! ☺

      «rouge-brun»

      Je ne connaissais pas l’expression. Merci.

      «Comme les Roumains n’ont pas les Russes près du coeur»

      J’avoue ma totale ignorance de l’histoire roumaine.
      La Roumanie a-t-elle eu beaucoup de contentieux avec la Russie?
      Pourtant vous n’êtes pas voisins? J’aurais plus cru que la Roumanie aurait eu eu des contentieux avec la Hongrie?
      Ou avec la Serbie ou la Bulgarie du fait que l’embouchure du Danube est en Roumanie?
      Idem, le fait que le Danube serve de frontière avec la Serbie et la Bulgarie a dû susciter des problèmes de souveraineté et de partage pour la circulation fluviale?
      À moins que ça ne soit un problème de domination de la mer noire?
      D’ailleurs vous devez avoir des problèmes avec la Turquie à cause des détroits de Bosphore et des Dardanelles?

      «ce sont la France et les Pays-Bas qui bloquent l’entrée de la Roumanie en l’espace Schengen»

      Je ne savais pas.
      Connait-on la raison officielle invoquée?
      Sauf erreur de ma part, la Roumanie est un pays catholique? Ou orthodoxe?

      Toujours est-il que, je ne peux pas parler aux noms des français, mais vous avez toute mon amitié. Le gouvernement français ne parle pas en mon nom.

      Et si je comprends bien, étant donné que la classe politique roumaine ne va pas se calmer, les turbulences en Roumanie risquent de se poursuivre.

      Dernière question (pour le moment):
      L’initiative d’un projet de loi est-elle une prérogative partagée entre le gouvernement et le parlement, ou est-elle une prérogative du seul gouvernement?

      Merci à vous et bonne soirée.

    • durru

      14 février 2017

      On va transformer les commentaires à cet article en un mini-article sur la Roumanie 🙂
      La Russie a été remplacée par l’URSS, donc avant 1917 il y avait frontière commune. Ce qui est aujourd’hui la République de Moldavie (en gros) a fait partie jusqu’en 1812 (et pour des courtes périodes par la suite, l’entre-deux-guerres inclus) de la principauté roumaine de Moldavie et ensuite de la Roumanie. Elle est peuplée en majorité de Roumains et la 14ème armée russe se trouve toujours en Transnistrie. Mais tout le monde parle d’armées russes en Ukraine…
      Avant 1940, la Roumanie était un pouvoir régional. C’est la Roumanie qui a sifflé la fin de la récré lors de la deuxième guerre balkanique, la paix s’est signée à Bucarest. La Serbie a toujours été un allié objectif, entre autres parce que orthodoxe (eh oui, les Roumains sont orthodoxes; il existe des minorités catholiques et protestantes, notamment en Transylvanie).
      La Hongrie, oui – mais qui parmi ses voisins n’a pas de contentieux avec la Hongrie, qui revendique toujours le royaume de Saint Etienne? Une minorité hongroise en Transylvanie qui a fait les choux gras des nationalistes Roumains une bonne quinzaine d’années et qui n’est pas vraiment un modèle de tolérance dans les régions où elle est majoritaire 😉
      Les Détroits sont ouverts depuis un bon moment, il me semble. Merci aux Russes 🙂
      Pour ce qui est du Danube, ça va plutôt pas mal avec les voisins, sauf pour l’embouchure, dans le Delta, avec l’Ukraine. Et ça continue sur la plateforme continentale de la Mer Noire, un arbitrage international a été nécessaire (gagné par la Roumanie).

      En ce qui concerne la politique intérieure roumaine, les parlementaires ont la possibilité de proposer des projets de loi, même l’opposition. Et le président peut proposer un référendum contraignant pour imposer au parlement une loi (mais c’est lourd techniquement – je ne connais pas les détails, pour l’instant seuls des référendums consultatifs ont été lancés).
      Pourquoi la France et les Pays-Bas bloquent l’entrée en Schengen? Les Pays-Bas invoquent la mauvaise qualité de la justice roumaine et la corruption, la France c’est moins clair – il me semble que les histoires des Roms ont été évoquées à un moment (Sarko? je ne sais plus). En plus, il y a aussi la Bulgarie dans le lot, et là les choses vont encore moins bien.
      Tout le monde parle de Lebensraum allemand concernant l’Europe de l’Est, mais ils n’ont pas eu de concurrence, et j’ai l’impression que c’était volontaire. Nombre de pays de la région étaient culturellement plutôt francophiles, mais je trouve que les gouvernements français depuis quelques dizaines d’années ont été en dessous de tout, du moins concernant cette région. En tout cas, les résultats sont visibles. Des grands groupes français y sont présents, mais de point de vue politique c’est encéphalogramme plat.
      Le français était la première langue étrangère enseignée en Roumanie avant la seconde guerre, puis le russe est venu faire son nid (communisme aidant), et maintenant c’est presque comme en France: tout le monde apprend l’anglais, les autres langues sont à l’avenant (français, allemand, russe, etc.).

    • Mon pays, la France

      15 février 2017

      Merci beaucoup pour votre article sur la Roumanie. ☺
      Ce fut très intéressant.

      «les gouvernements français depuis quelques dizaines d’années ont été en dessous de tout»

      Hélas, c’est tout à fait vrai, et pas uniquement avec les pays francophiles.
      Mais d’abord en France, comme vous pouvez l’observer de vos propres yeux.

      Nous avons un très gros problème avec notre élite, notre classe dirigeante, celle qui a pris le pouvoir en 1793. Elle est très mauvaise et parfaitement imbue d’elle-même. On a la classe dirigeante la plus c*nne du monde (OK, y a de la compèt’ dans ce domaine). D’ailleurs, c’était le titre du premier livre de Charles Gave. Et franchement, je ne sais pas trop comment on va s’en sortir. Car cette classe dirigeante est indélogeable. Les ânes, après avoir asservis les lions, sont en train de les tuer (par leur bêtise, qui plus est!).

      C’était l’objet de mon post initial: absence de futur + absence d’école + besoin de racines.
      Que faire?

      Je me sens malheureusement désemparé, spectateur de cette tragédie dont j’ai envie d’inverser le cours.

      Mille mercis pour vos interventions qui m’ont beaucoup intéressées.

    • Mon pays, la France

      15 février 2017

      Mes neurones mettent un peu de temps à se connecter, mais, en fait, vous êtes en train dire que la Moldavie est une région roumaine, mais que la Moldavie est occupée par la 14e armée russe?

    • durru

      15 février 2017

      Malgré les déportations, les purges, les déplacements de populations (monnaies courantes surtout au temps de Staline), la population de la République de Moldavie est encore roumaine à 65%.
      La 14ème armée russe est confinée en Transnistrie, région séparatiste peuplée par des Roumains à seulement 35%. Mais cela met une pression évidente sur le gouvernement central et sur la population.

    • Mon pays, la France

      15 février 2017

      Dans ce cas, faut-il considérer la Moldavie comme un oblast de facto de la Fédération de Russie ou est-ce aller trop loin? Ou uniquement la Transnitrie?

      Merci beaucoup!

    • durru

      15 février 2017

      La Transnistrie a actuellement un statut assez similaire à l’Ossétie du Sud, par exemple. La grande différence entre la Moldavie et la Géorgie consiste en l’existence de la Roumanie 🙂
      Il y a un autre « détail » que tout le monde oublie: la Transnistrie n’a de frontières qu’avec la Moldavie et… l’Ukraine. Pas avec la Russie, comme dans le cas de l’Ossétie du Sud.
      L’Orient compliqué commence bien plus à l’Ouest qu’on ne le pensait.

    • Mon pays, la France

      15 février 2017

      Merci. ☺

      Du fait qu’elle est une enclave, est-ce que la comparaison serait plus pertinente avec l’enclave de Kœnigsberg/Kaliningrad?

      En conclusion, je considère donc que le pouvoir du Kremlin est direct et effectif en Transnistrie (un quasi-oblast donc);
      et indirect cependant significatif sur la Moldavie (un vassal; une question intéressante serait de déterminer dans quelle mesure la Moldavie peut dire «non» à la Moscovie… Capacité qui doit être très limitée quand on a la 14e armée russe sur ses terres…).

      Et quand le regarde la carte de la Transnistrie:
      https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/90/TransnistrianRegionMap.png

      Ils sont effectivement une enclave. Ils n’ont pas d’accès à la mer. Comment fait l’armée russe pour se déplacer? Ils ont un train qui traverse l’Ukraine? D’ailleurs, même la Moldavie n’a pas accès à la mer? Elle est donc dépendante de la Roumanie et de l’Ukraine pour ses approvisionnements?

      Merci à nouveau pour tous les éclaircissements que vous avez apportés.

  • Woodart

    3 février 2017

    Merci pour cet article intéressant.

    Répondre
  • hoche38

    3 février 2017

    Ne croyez vous pas que le choc migratoire a déjà déstabilisé l’Europe et pas seulement celle de Bruxelles? L’explosion en France des partis traditionnels à laquelle, éberlués, nous assistons ces jours çi, n’en est-elle-pas aussi une conséquence?

    Répondre
    • Jean-Baptiste Noé

      4 février 2017

      En France, cela joue, même si ce n’est pas la seule cause de l’explosion des partis. François Hollande a une grande part de responsabilité dans la destruction de la gauche.

      C’est surtout vrai en Allemagne, où la politique d’Angela Merkel est mal comprise et où les Allemands n’ont pas apprécié qu’on leur cache la vérité au sujet des viols et des violences. Ce manque de transparence et ce refus de dire la vérité est dramatique sur le long terme. La Pravda finit toujours par s’effondrer.

  • Monroy

    2 février 2017

    Si « 90% du trafic de migrants clandestins vers l’Union européenne, pour un chiffre d’affaires annuel compris entre 3 et 6 milliards d’euros », d’où provient les reste des 150 Mds annoncés par Global Financial Integrity pour le trafic d’etres humains ?
    Comment les migrants arrivent-ils à trouver des sommes pareilles (2500 à 8500€ pour « passer » ou pour des faux visas) alors que nombre d’entre eux paraissent quand même très pauvres ?
    Dans les chiffres de cette ONG, rien sur le trafic d’armes lourdes ou de guerre ? Merci pour cet article.

    Répondre
    • Jean-Baptiste Noé

      3 février 2017

      Les chiffres de l’ONG concernent toutes les traites humaines, ceux d’Europol uniquement l’Europe. J’ai tendance à penser que les données d’Europol sont minorées, mais comme rien n’est déclaré c’est difficile d’avoir une estimation exacte.

      Les migrants payent cher soit parce qu’ils ne sont pas aussi pauvres que ce qui est présenté soit parce qu’ils payent une fois arrivé, en travaillant pour les mafias. Cela assure une main d’oeuvre peu chère et servile aux réseaux.

  • Steve

    2 février 2017

    Bonjour
    Il y a aussi, en France, les mafia moins spectaculaires mais désormais bien implantées dans le tissu économique, car jouant sur le fait que comme le dit le professeur d’histoire Robert Zaretsky de l’université de Houston: en France la corruption se caractérise par des sommes élevées et se pratique au plus haut niveau de l’état.( voir le Monde d’aujourd’hui)
    On se souvient aussi de la Suisse écartant vite fait Carla del Ponte de la Cour Internationale de Justice, sans doute pour la protéger, quand elle a commencé à parler du trafic d’organes pratiqué au Kosovo et mettant en cause le pouvoir imposé par les américains.
    Il faudrait se demander si ce « dialogue » très particulier n’a pas commencé quand les américains ont utilisé leurs mafieux ( Luciano je crois mais à vérifier )pour prendre contact avec la mafia sicilienne pendant la seconde guerre mondiale en vue de faciliter le débarquement en Sicile.
    Pour la Chine, c’est une autre histoire, les triades actuelles sont les descendantes des très anciennes sociétés secrètes qui se constituaient pour résister aux Empereurs devenus trop tyranniques.

    Cordialement.

    Répondre
    • Jean-Baptiste Noé

      2 février 2017

      L’Albanie est l’une des places tournantes des différents trafics en Europe.Tout comme le Kosovo, construit lors des guerres des Balkans.

    • Steve

      3 février 2017

      Bonjour M.Noé
      Il me souvient bien que pendant la guerre d’indépendance du Kosovo, le futur chef-cuisinier de ce porte avions terrestre américain avait été présenté comme un chef de bande par le Figaro. C’est pourtant lui que les US ont imposé face à Ibrahim Rugova que les Européens soutenaient. Le modèle Noriega encore ….
      On comprend mieux la déclaration du FLN algérien après la réélection de Bouteflika:  » Si vous croyez que vous allez réussir à nous foutre votre printemps arabe, vous vous trompez! »
      Serait-ce cette fameuse doctrine du chaos constructif portée par les illuminés genre Wolfowitz, le clan des Kagan-Nuland etc.?

      Les US sont séparés de ce chaos par un océan et quelques groupes aéronavals tandis que nous , le chaos n’est qu’à quelques heures de train, d’autobus ou de bateau!
      Les fonctionnaires bien abrités des pays européens qui ont soutenu ces politiques irresponsables portent une lourde responsabilité dans nos emm.
      Et dans les souffrances abominables que subissent toutes ces populations brisées et déplacées. Tout cela au profit de mafias diverses….
      Cordialement.

    • Jean-Baptiste Noé

      3 février 2017

      La politique menée au Kosovo a été une catastrophe et une suite d’erreurs stratégiques. Cela a déstabilisé les Balkans et fragilise grandement l’Europe. Ce qui m’inquiète, c’est surtout de constater que les Européens sont restés impuissants face à cette intervention et qu’ils n’ont pas réagit.

    • Steve

      3 février 2017

      Bonsoir M. Noé
      D’un autre côté, l’Europe est la seule partie du monde à avoir réussi à étendre ses conflits intérieurs à l’échelle de la planète. On pourrait donc comprendre que les autres parties du monde préfèrent voir l’Europe impuissante!
      Les tirailleurs marocains, algériens, sénégalais, les maoris, les gurkhas, les navajos, les vietnamiens etc… gardent d’assez mauvais souvenirs des querelles tribales européennes!
      Et sans aller aussi loin, mes ancêtres gallois ont eu le sentiment d’être nettement floués par la querelle familiale entre descendants allemands et anglais de la queen Victoria! (Il y a un beau film sur ce sujet,Hedd Wynn, c’est en gallois, alors cela sonne un peu comme de l’alsacien ( ce qui fait que les anglais se méfiaient des gallois car ils les prenaient pour des sortes d’allemands – Welsh c’est du saxon et cela veut dire étranger! Le pays de Galles c’est Cymru, et un gallois c’est un cymric ) Ceci dit, je suis un européen de France.
      Cordialement

  • nolife

    2 février 2017

    « Elle ne sait pas qui fut à l’origine de cette fausse rumeur. »

    On appelle cela .. « le téléphone arabe »

    – Quand Lincoln a aboli l’esclavage, les esclaves sont retournés chez leur maîtres.
    – C’est étrange de voir que la traite des blanches (mannequins ou prostituées), traitre des blancs (ouvriers et plombiers polonais) ainsi que la traite négrière (travailleurs agricoles sub-saharien et maghrébins) continuent alors qu’on croyait avoir aboli tout cela.

    C’est aussi étrange de voir les Européens continuer à émigrer vers le Nouveau Monde (USA, Canada, Singapour, Australie … ) alors que le Continent est en paix et sans dictature !

    Par contre la vraie nouveauté, c’est de voir les Français émigrer, les Protestants ont du le faire à cause de Louis XIV et les aristocrates avec la Révolution mais la France était un pays de cocagne où on vivant bien « heureux comme Dieu en France », la Louisiane n’a jamais trouvé preneur au temps de Louis XV, Napoléon l’a même bazarder.

    Si vous y tellement à accueillir les « migrants » et à assécher les mafias, vendez les « Green card » très cher et vous récupèrerez la « valeur ajoutée ».

    Répondre
  • Agree_to_disagree

    2 février 2017

    Ces pathétiques brandisseurs de pancartes « refugees welcome » n’ont vraiment pas la moindre idée de qui ils font réellement jeu, mais l’enfer est pavé de bonnes intentions comme on dit…

    Répondre
    • idlibertes

      2 février 2017

      merci beaucoup.
      Voila qui permet d’étoffer agréablement.

  • Aljosha

    2 février 2017

    En cette année du coq, les triades chinoises, aussi discrètes qu’actives devraient cibler particulièrement la France.

    Répondre

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