31 mars, 2015

Les sociétés françaises n’ont plus d’actionnaires de référence

En France, on assiste en direct à la disparition progressive du socialisme. La gauche qui a rompu avec le peuple et la nation ne fait plus recette dans les consultations électorales. Nous avons un premier ministre qui passe beaucoup de temps à expliquer à ses frondeurs, que ce n’est pas l’économie qui doit se plier à leur idéologie, mais le contraire. Comme sa démarche rencontre peu de succès jusqu’à maintenant, le PS est menacé du spectre de la « pasokisation » qui a vu le Parti Socialiste disparaître complètement du paysage politique grec.

Trois ans après l’élection de François Hollande, la France penche massivement à droite. Toutes les initiatives qui ont été prises depuis longtemps ont été toxiques pour l’économie française  dans les domaines de la fiscalité, des retraites, du logement, de la fonction publique, des collectivités territoriales… On peut être un peu moins catégorique pour le CICE, le « Pacte de responsabilité » et la Loi Macron, mais ce ne sont que des contreparties aux mesures d’alourdissement de la fiscalité qui avaient été prises à l’encontre de tous les acteurs de l’économie.

 

Certes, le déficit public sera moins important que prévu en 2014. Grâce à la baisse du pétrole en baisse de 30%, des taux d’intérêts nuls et un euro dévalué de 20%, il sera de 3,8% au lieu de 4,4% pour la dernière prévision. Le moral des ménages est peut être au plus haut depuis 2010, grâce à la baisse de l’essence qui a redonné un peu de pouvoir d’achat. Mais, le nombre de chômeurs inscrits en catégorie A, B et C a progressé de 21,6% depuis l’élection de François Hollande. Cela représente 599 600 demandeurs d’emploi en plus inscrits en catégorie A ! La dette de la France a encore progressé de 85 Md€ en 2014 pour atteindre 95% du PIB et un montant de 2040Md€, ce qui représente 31 000€ par français. Michel Sapin a annoncé que « la France allait mieux » puisque le déficit français ne devrait pas atteindre les 100% du PIB. Il reprend ainsi l’argument qui a fait ses preuves « la situation est moins grave que si ça avait été pire »

 

L’affaire Holcim-Lafarge est très intéressante. Comme Hubert Lafont président de Lafarge ne peut plus plus s’appuyer sur de vrais propriétaires français, le résultat c’est que dans un rapprochement comme celui de Lafarge avec Holcim, ce sont les étrangers qui arbitrent. Ses deux premiers actionnaires sont le groupe égyptien Sawiri et le belge Albert Frère. Il y a une quinzaine d’années les actionnaires de référence des sociétés françaises étaient des investisseurs institutionnels français. Aujourd’hui les régulateurs ont introduit des normes comptables stupides, une régulation excessive des activités de gestion, une fiscalité totalement démotivante… Le résultat est que les mêmes investisseurs ne détiennent pas plus de 4% d’actions dans leur portefeuille. Bravo…

 

En Allemagne, l’indice PMI est au plus haut depuis huit mois. L’excédent du commerce extérieur allemand atteint 218md€ contre 161Md€ pour la Chine. Rappelons que le premier bénéficiaire de la « dévaluation » de l’Euro est l’Allemagne qui n’en avait absolument pas besoin !

 

 

 

La France bien placée sur le marché mondial du lait a des choix à faire

 

L’Europe a produit 151 Md de litres de lait en 2014 avec 660 000 exploitation. Cette production diminuait de 6% par an pour éviter la surproduction, alors que la demande était très forte dans le reste du monde. La fin du système des quotas laitiers au mois d’avril va rebattre toutes les cartes. Cela permet de jeter un coup de projecteur sur les forces et les faiblesses de la France dans ce domaine.

 

L’élévation du niveau de vie de la Chine se traduit par une forte croissance de la demande de produits laitiers. Sur la période 2013/2018 le marché devrait progresser dans l’ensemble de 9% par an, avec + 21% par an pour le fromage, + 16% pour le lait enfants, + 13% pour le yaourt et + 8,5% pour le lait . Les vaches chinoises produisent en moyenne 8,5 Tonnes de lait par an.

Huishan est la première société chinoise totalement intégrée. Elle possède un troupeau de 144 000 vaches.

China Shengmu Organic Milk Limited est le premier producteur de lait organique

Le gouvernement a beaucoup favorisé les partenariats et les acquisitions à l’étranger. China Mengniu Dairy le n°2 a un partenariat avec Danone, Yashili aussi , Beingmate est associé avec Fonterra en Nouvelle Zélande et Kerry en Irlande. Biostime le n°7 contrôle 20% d’ Isigny en France après un investissement de 50M€ , Synutra a investi 90M€ en Bretagne à Carhaix dans une usine de la coopérative française Soodial pour produire de la poudre de lait. Bright Food, après avoir essayé de racheter Yoplait en France, a racheté Tnuva en Israël et Mundella en Australie, Yili le n°3 chinois a racheté Oceania Dairy Group en Nouvelle Zélande et s’est associé avec Dairy Farmers of America.

 

La France  a produit 24 Md/L de lait en 2014, utilisés à hauteur de 42% pour les fromages, 24% le beurre et la crème, 13% pour la poudre de lait, 10% lait de consommation, 7% lait ultra frais, 3% lactosérum, 1% caséine.

La filière comprend 200 coopératives, ce qui est beaucoup trop par rapport à nos concurrents. La taille moyenne des exploitations est trop petite, au moment où le prix mondial du lait est en baisse, autour de 313€ pour 1000 litres. La France dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres n’a pas voulu se réformer.

Les gros acteurs du monde coopératif sont : Lactalis (n°1 du lait avec les marques Lactel, beurre Président, Roquefort Société, mozarella Galbani, crème Bridel etc..), Sodiaal n°2, avec les marques Candia et Yoplait. Elle a absorbé Sud Ouest 3A après Entremont et Fromageries de Blamont. Après on trouve Laïta, Agrial (=yaourts Senoble) qui a fusionné avec Eurial (=fromages Soignon), 3A, et Terra Lacta qui produit des préparations laitières La société qui était en difficulté a été rachetée par Bongrain),

Les grandes sociétés françaises cotées sont : Danone, Bongrain, Bel.

 

L’Allemagne a un modèle totalement différent du modèle français. Elle produit maintenant 30 Md/L de lait soit plus que la France. La moitié de la production est traitée par six sociétés seulement. C’est au niveau de la transformation que la filière allemande construit sa force. Les plus gros acheteurs sont les coopératives qui sont du côté des producteurs. En bout de chaine il y a du bas prix et une grande facilité d’exportation. Müller est la seule grande marque laitière.

 

La Nouvelle Zélande avec la coopérative Fonterra qui regroupe 10 500 agriculteurs est le premier producteur mondial de lait. Elle a pu augmenter ses volumes de 8,4% en 2014, mais le prix payé aux fermiers baisse comme celui du marché mondial.

 

La Hollande avec la coopérative Friesland développe beaucoup ses exportations en Chine. L’Italie avec Parmalat (n°3 mondial) et l’Irlande avec Irish Dairy Board sont aussi des concurrents redoutables pour la France.

 

Les Etats Unis, ont la capacité de produire tout le lait dont la Chine a besoin. Dean Foods est le numéro un parmi les sociétés cotées. Dairy Farmers of America est la première coopérative. Mead Johnson Nutrition producteur de lait infantile est régulièrement cité comme une acquisition possible de Danone.

Le marché du yaourt aux Etats Unis fait l’objet d’une bataille très dure. Chobani, une société turque fondée par Hamdi Ulukaya est désormais le numéro un avec une part de marché de 40%. Il est souvent qualifié de « Steve Jobs du yaourt ». Il est devant Danone 26% Fage 14%, et Yoplait 9%.

 

Au Japon, la bataille sur le marché du yaourt est aussi très dure. Meiji a une part de marché de 38,4%), Morinaga de 12,9%, Megmilk de 12,2%,Danone est à 7,5% et possède 20% de Yakult société qui fabrique des yaourts probiotiques.

 

Dans le reste du monde il faut suivre Yörsan Group en Turquie, Maeil Dairy Industry en Corée du Sud, Vinamilk au Vietnam, Hatsun Agro Products en Inde Juhayna Food Industries en Egypte.

 

Le marché du lait et de ses dérivés est une vraie opportunités pour la France si elle a le courage de se réformer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

2 Commentaires

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

  • Robert Marchenoir

    6 avril 2015

    « En France, on assiste en direct à la disparition progressive du socialisme. »

    Bien placé pour le World Award 2015 de l’optimisme.

    Répondre
    • Etienne

      7 avril 2015

      Il veut sûrement parler du socialisme officiel. Après il y aura tous les autres partis.

Me prévenir lorsqu'un nouvel article est publié

Les livres de Charles Gave enfin réédités!