16 octobre, 2012

Le keynésianisme pur, cela ne fonctionne pas

Le keynésianisme a fait l’objet d’un papier de Charles Gave de GaveKal cette semaine. Après avoir défini de façon objective les critères selon lesquels on pouvait qualifier une politique de keynésienne, il montre pour les Etats Unis que les périodes de politique keynésienne précèdent toujours une baisse de la croissance et que les actions menées profitent très peu à ceux qui en auraient le plus besoin.  Si l’on n’entre pas dans un débat idéologique, le graphique de synthèse est éloquent, le keynésianisme pur cela ne fonctionne pas .

L’économie européenne est enlisée

 L’économie européenne s’est enfoncée dans une récession, dont nous peinons à voir l’issue nous explique le dernier bulletin de Rexecode présidé par Michel Didier.  Le niveau d’activité devrait reculer de 0,4% en 2012 et stagnerait à +0,2% en 2013. Les interventions de la BCE ont apporté un répit dans les tensions du marché, mais elles ne constituent absolument pas une issue à la crise.

Le Mécanisme Européen de Stabilité Financière (MES), sorte de FMI européen,  est un instrument de solidarité financière  permanent qui peut intervenir sur les marchés et voler au secours  d’un état membre de la zone Euro à condition que ce dernier ait ratifié le Pacte Budgétaire. Le MES sera opérationnel à partir du 12 octobre. La capacité de prêt  du MES sera portée à 500Md€ en 2014. En y ajoutant les prêts non utilisés du FESF  (200Md€), la force de frappe du MES sera de 700Md€, soit l’équivalent de celle du FMI.

La zone Euro sera d’après Laurence Boone Economiste de Bank of America Merrill Lynch en récession légère au second semestre 2012.

 La France est en panne

 En France, l’indice CAC 40 a été dans le rouge tous les jours de la semaine précédente sauf jeudi dernier,  après la publication de chiffre du chômage aux Etats Unis meilleurs que ceux qui étaient attendus.

Le débat entre la croissance et l’austérité continue de ne pas être bien expliqué aux français. Bruno Cavalier l’économiste d’Oddo le résume de cette façon : idéalement il s’agirait de trouver le juste dosage de  restriction budgétaire, qui permette d’enrayer l’explosion de la dette, sans sacrifier la croissance et pour les responsables politiques qui décident de ces choix sans sacrifier non plus leurs chances de réélection !

 La France est donc en panne avec une croissance en berne, un chômage en hausse, la fermeture de nombreuses usines. La compétitivité française est en berne. Le gouvernement a des projets pour y remédier, mais maintenant il faut passer aux actes. Avec son projet de décentralisation, François Hollande semble avoir inventé l’art de réformer sans réforme. C’est le mouvement dans l’immobilisme écrit Jean Michel Lamy dans le Nouvel Economiste. Le mille- feuille continue : la Région est promue, le Département sera conforté dans le traitement social du chômage, le statut de Métropole sera créé. En un mot chaque échelon administratif pourra continuer à s’occuper de tout de ce que bon lui semble…

Toutes ces non mesures qui montrent bien qu’il n’y a aucun désir de s’attaquer à la baisse des dépenses publiques ne font qu’amplifier les doutes sur les prévisions de recette fiscale du gouvernement.

Dans le domaine de l’immobilier à Paris, les professionnels comme Charles-Marie Jottras, de Daniel Feau constatent que le mouvement de départ vers l’étranger s’accélère. Le prix des grands appartements parisiens enregistre en ce moment un décrochage de 5% sur les plus hauts.

 En Allemagne, la production industrielle allemande a reculé de 0.5% en août, moins que les 0.8% qu’attendait le consensus. En particulier, le secteur de la construction a baissé de 2.8% et la production de biens intermédiaires de 1.3%. Par ailleurs, le chiffre de juillet a été revu à +1.2% contre 1.3%.

François Hollande espérait une victoire du SPD aux élections qui auront lieu en  2013. Il sera probablement déçu car les allemands pourraient voter pour une grande coalition entre la Chancelière et son principal rival Peer Steinbruck. Pour faire face au ralentissement de la consommation en France, Angela Merkel envisage une baisse d’impôts, ce qui ne manquerait pas d’accroitre encore l’écart entre les performances de l’Allemagne et celles de la France.

 La Grèce devrait sortir de l’Euro en 2014

 La Grèce devrait sortir de l’Euro dans le cours du premier semestre 2014. Selon Giada Giani de Citi, il n’y aura pas de « Grexit » avant les élections allemandes, car cela diminuerait les chances de la Chancelière d’être réélue. Comme le pays ne pourra pas tenir ses engagements, cela aura pour résultat de faire cesser les financements internationaux, car après les élections l’Allemagne ne voudra plus faire de nouvelles concessions.

En Italie, la production industrielle a augmenté, pour la première fois depuis deux mois, de 1.7% en août, contre un consensus à -0.4%. Elle sera le moteur de la reprise d’après Gareth Evans, le stratégiste de la Deutsche Bank. Les mesures prises par Mario Monti vont commencer progressivement à porter leurs fruits. Pour le moment Silvio Berlusconi est de côté. Le débat aura lieu entre Mario Monti et les candidats de gauche. Nick Nelson le stratégiste de UBS note d’ailleurs que le flux des investisseurs sur le marché italien a été positif en septembre.

 Grande Bretagne : les politiques fiscales attractives permettent de créer des emplois

 Le nombre de sociétés américaines qui s’installent en Grande Bretagne grandit. (Aon, Ensco, Rowan, Delphi Automobile …) Elle sont attirées par les avantages fiscaux proposés par le gouvernement Cameron.

Etats Unis : amélioration en trompe l’œil du chômage

Les derniers chiffres du chômage ne sont pas aussi bons qu’on ne le pense. Olivier Delamarche de Platinum Gestion estime que de nombreux demandeurs d’emplois ont été supprimés des statistiques et qu’il y a en fait une explosion du travail à temps partiel. Après dix ans de déclin, l’emploi manufacturier remonte sensiblement, mais comme le rappelle Business Week il faudra vingt cinq ans au rythme actuel pour qu’il retrouve son niveau de l’an 2000.

La Corée est un bon exemple de marché qui profite de l’arrivée de flux d’investissement extérieurs alors que les performances économiques se détériorent. Christopher Wood de CLSA qui était la semaine dernière à Séoul, pense que tout dépendra des performances des valeurs les plus détenues par les étrangers : Samsung Electronics, Hyundai Motors et NHN Corp. La Banque Centrale de Corée a ramené son taux directeur à 2.75% (-25 bps) sans surprise. Elle a révisé à la baisse ses anticipations de croissance du PIB pour 2012 à 2.4%.

Banques : le dégonflement du bilan des banques va peser sur la croissance

Le débat se poursuit sur l’utilité de Bâle III. On a eu droit cette semaine à plusieurs papiers très nettement dirigés contre les banques. Paul Jorion, économiste belge,  explique que la finance est en train de se suicider en faisant du lobbying contre l’application des mesures. Il souhaite que l’on se débarrasse des Credit Default Swap (CDS). Pour cela il rappelle le Code Pénal de 1885 qui interdit toute forme de spéculation. « Les paris faits sur la hausse ou la baisse des effets publics sont prohibés » ! André Cartapanis professeur d’économie à Sciences Po Aix en Provence défend l’idée qu’il ne faut rien céder au lobby des établissements financiers.

Quant à Laurence Scialom membre  de l’ONG Finance Watch,  la séparation des activités de banque commerciale et de banque d’affaires est un enjeu démocratique.

Einstein aimait souvent rappeler : « On ne peut pas régler un problème si on pense de la même façon que ceux qui l’ont créé ». C’est bien ce qui est en train de se passer dans le secteur bancaire.

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

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