21 septembre, 2016

L’assurance vie est menacée par la remontée des taux et les changements de réglementation

La remontée des taux commence à angoisser les investisseurs et les gouvernements. Un tiers de l’encours de la dette émise par les gouvernements des pays de l’OCDE se trouve à des taux de rendements négatifs. On ne peut pas vivre longtemps dans des économies où des sociétés comme Henkel ou Sanofi empruntent à un taux négatif, puisque cela revient à demander à l’épargnant de payer pour prêter son argent. Les banques centrales vont donc devoir changer de stratégie.

 

L’endettement de la France qui atteint déjà 2 138Md€  (chiffre au 31/03 2016) soit pratiquement 100% du PIB progresse tous les jours en raison de l’accumulation du déficit  budgétaire, du déficit de la balance commerciale, des déficits des comptes sociaux, des déficits des régimes de retraite, du déficit de l’assurance chômage et de tout ce qui appartient au modèle social français qui coûte près de 750Md€ par an.

 

Il y a des milliers de pages d’économistes distingués qui nous ont expliqué pendant de nombreuses années  que les dettes de l’état n’étaient pas un problème.

Ils appartiennent à diverses tendances comme « les économistes de gauche », « les économistes du Front de Gauche », « les économistes atterrés »,  « les économistes déconnomistes»,  « les économistes régulationnistes », « les économistes keynésiens »… Après avoir été les apôtres du surendettement, ils viennent aujourd’hui dénoncer les risques de l’austérité qui est bien évidemment la conséquence du surendettement. Ce sont des incendiaires qui viennent faire la leçon aux pompiers accusés de provoquer des dégâts des eaux en éteignant les feux…

 

L’Etat qui ne pourra jamais rembourser les sommes qu’il a empruntées va être donc obligé de trouver des systèmes pour ne pas respecter ses engagements. Il a l’habitude. Pendant la Révolution, la France avait inventé la banqueroute des deux tiers (Loi du 9 Vendémiaire an VI soit 30 septembre 1797). Comme il n’y avait plus d’argent dans les caisses, l’Etat a décidé unilatéralement que  les rentes viagères et les pensions ne seraient payées qu’à raison du tiers. Les deux autres tiers sont « assurés ou remboursés » en bons au porteur permettant d’acquérir des biens nationaux ! Bien évidemment, à peine mis en circulation, le cours du « tiers », la fameuse rente,  n’a cessé de baisser. Dans la mémoire collective cette décision restera comme la première spoliation de l’épargne par l’Etat.

 

L’assurance vie pourrait devenir un produit risqué et bloqué

 

L’assurance vie aujourd’hui est la classe d’actif qui a connu un grand succès puisque 1 300Md€ de l’épargne des français  y sont placés dans des fonds en Euro. Ils comptent beaucoup dessus pour leur assurer un complément à la retraite par répartition, dont l’avenir est incertain compte tenu de l’âge actuel du départ à la retraite. Les sommes de ces contrats sont très majoritairement investies en obligations en Euro émises par l’Etat, pour financer ses nombreux déficits. La baisse des taux a bien évidemment beaucoup bénéficié à ce produit ces dernières années.

Le problème maintenant, avec les taux d’intérêts négatifs, est que toutes les nouvelles sommes encaissées par les assureurs-vie  sont placées à des taux inférieurs à ceux des portefeuilles existants.

Dans l’hypothèse d’une remontée brutale des taux il y a un vrai risque de panique sur les obligations. C’est pourquoi la future Loi sapin 2 dans son article 21bis autorisera le « Haut Conseil de Stabilité Financière » présidé par Michel Sapin à « suspendre ou restreindre temporairement les retraits des titulaires de compte en Euro ». Ce produit qui a toujours été vendu comme un contrat alliant sécurité et liquidité deviendrait donc en cas de krach obligataire un produit risqué et bloqué. Pour prendre sa décision, sera assisté par les membres du HCSF  qui sont Francois Villeroy de Galhau Gouverneur de la Banque de France et Président de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution, Membre es qualité ; Gérard Rameix, Président de l’Autorité des Marchés Financiers, Membre es qualité ;  Bernard Delas Vice-président de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution, Membre es qualité ; Patrick de Cambourg Président de l’Autorité des Normes Comptables, Membre es qualité ;  Raphaëlle Bellando Professeur, Université d’Orléans Personnalité qualifiée ;  Agnès Bénassy-Quéré Professeur, Université déléguée du Conseil d’Analyse Économique Personnalité qualifiée ; Hélène Rey Professeur, London Business School, Personnalité qualifiée. Nul doute qu’il n’ y aura pas beaucoup de résistance au sein du Haut Conseil pour prendre la décision !

 

Arbitrer une partie des fonds en Euros en fonds en Unité de Compte

 

Grâce à l’assurance vie, les Français sont  champions d’Europe de l’épargne,  87 % d’entre eux mettent de l’argent de côté, plus que les Belges (83 %), les Espagnols (81 %), les Italiens ou les Anglais (75 %). Ils sont aussi ceux qui « investissent le moins sur les marchés financiers (33 %), avec les Néerlandais (27 %).  Par contre, les Suédois (61 % ),les Italiens (45 %) ou les Allemands (44 %). investissent principalement sur des actions. les obligations, etc.),

Au total l’Assurance-vie en euro pèse 19 %  de leur patrimoine contre seulement 4 % pour les actions et 3 % pour les obligations détenues en direct. Cette situation est due au fait qu’ils ont peur de l’avenir.

 

Tous ceux qui ont un contrat d’assurance vie uniquement composé d’actifs en Euros devraient donc en convertir une grande partie en contrat en Unité de Compte. Cela devrait au moins permettre d’éviter le blocage de leurs fonds pendant une période présentée comme temporaire.

Rappelons nous de la grande phrase de Milton Friedman, grand économiste américain « Il n’y a rien de plus durable qu’une décision temporaire décidée par un gouvernement »…

 

 

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

12 Commentaires

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  • Jepirad

    26 septembre 2016

    Observation naïve. En 1994 avec la forte remontée des taux (de l’ordre de 5%) il n’y a pas eu de problème de solvalibité du système d’assurance vie. Finalement pour l’épargnant « sédentaire » retirer pour aller où ? Au contraire son réflexe naturel n’est-il pas d’en mettre plus par peur de l’avenir. Et puis les nouvelles obligations mieux rémunérées…Bon pour les institutionnels ça doit être plus compliqué.

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  • Jacques Peter

    22 septembre 2016

    Je ne vois pas comment le déficit de la balance commercial augmente la dette publique.

    Répondre
    • idlibertes

      22 septembre 2016

      Bonjour,

      Je ne vois pas ou cela est écrit?

      Cela étant dit, sans entrer dans une analyse ricardienne des endettements liés (ou pas donc),le déficit de la balance commerciale, si elle n’est pas forcement une mauvaise chose dans l’absolu, le devient quand ce déficit sert à financer une dette publique, et devient un moyen de vivre au dessus, de ses moyens justement.

      Donc, dans l’absolu, pour plus ou moins répondre à la question (dont je ne trouve pas l’origine), un déficit commercial peut juste vouloir dire que l’on a moins vendu que l’on a acheté, ce qui ne serait pas grave

      Ou il peut vouloir dire que les ménages et ou l’état vivent au dessus de leurs moyens (ce qui pour l’état Français, n’est plus à prouver).

    • Jacques Peter

      3 octobre 2016

      « L’endettement de la France qui atteint déjà 2 138Md€ (chiffre au 31/03 2016) soit pratiquement 100% du PIB progresse tous les jours en raison de l’accumulation du déficit budgétaire, du déficit de la balance commerciale… »

      C’est bien écrit dans votre texte.

    • idlibertes

      3 octobre 2016

      Je ne comprends toujours pas votre question.
      Vous me demandez pourquoi en additionnant deux moins , on trouve un gros gros moins???

      Pourquoi est ce qu’un déficit budgétaire , en plus ,d’un déficit commercial s’additionnent en un service de la dette encore plus tragique , de fait, tous les ans?

      Si quelqu’un comprend la question ? Merci

  • Gogo_Jen

    21 septembre 2016

     »
    Il y a des milliers de pages d’économistes distingués qui nous ont expliqué pendant de nombreuses années  que les dettes de l’état n’étaient pas un problème.

    Ils appartiennent à diverses tendances comme « les économistes de gauche », « les économistes du Front de Gauche », « les économistes atterrés »,  « les économistes déconnomistes»,  « les économistes régulationnistes », « les économistes keynésiens »… Après avoir été les apôtres du surendettement, ils viennent aujourd’hui dénoncer les risques de l’austérité qui est bien évidemment la conséquence du surendettement. Ce sont des incendiaires qui viennent faire la leçon aux pompiers accusés de provoquer des dégâts des eaux en éteignant les feux…
     »

    Superbe description, rien à redire.

     » Nul doute qu’il n’ y aura pas beaucoup de résistance au sein du Haut Conseil pour prendre la décision »

    Laissez=moi faire un pronostic: zéro résistance

     » Rappelons nous de la grande phrase de Milton Friedman, grand économiste américain « Il n’y a rien de plus durable qu’une décision temporaire décidée par un gouvernement »… »

    Je plussoie.

    Rappelons que Brangelina divorcent!! Go go Jen!

    Répondre
  • hagen

    21 septembre 2016

    Au Québec l’on dit « se faire passer un sapin » dans le sens de se faire rouler…L’expression tombe a pic.

    Répondre
  • GAUTHIER

    21 septembre 2016

    Les Français sont peut-être des champions de l’épargne mais la dette publique est détenue à plus de 60% par des investisseurs étrangers…qui, sans doute, retiendront l’État de porter la main sur ce placement…cela dit, oui, il ne rapportera plus rien et va faire souffrir les assureurs…une hypothèse que je cajole depuis plusieurs années : un futur grand emprunt à échéance lointaine et à taux nul mais transmissible sans aucun droit de succession…un nouveau « Pinay »…voir le retour de la « rente »…un dernier mot sur l’épargne des Français qui, selon notre façon de voir, est constituée à plus de 50% d’immobilier, le plus souvent à usage d’habitation…une amie vient de me confier que près de la moitié des copropriétaires de sa résidence sont incapables de payer la note du ravalement et, de ce fait, mettent en vente leur « épargne »…

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  • Winch13

    21 septembre 2016

    Venant de Sapin, ce braquage ne surprendra personne.
    Par contre, je n’ai pas entendu les parlementaires s’en offusquer, ni à droite ni à gauche.
    Sont-ils donc tous si pourris?

    Répondre
    • François

      23 septembre 2016

      Bonjour,

      en même temps on a pas l’impression qu’ils déclarent grand choses la dedans. Certains affichent un nombre impressionnant de postes effectués mais peu ou pas de rémunération, on se demande de quoi ils vivent à vrai dire. c’est beau d’être dédié à la nation 🙂 ils doivent se nourrir de politique et d’eau fraiche (du robinnet de la mairie sûrement)

    • PloufPlouf

      23 septembre 2016

      En les lisant, j’ai la larme à l’oeil et je m’étonne juste qu’ils ne tendent pas une sebile pour l’aumône.

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