8 décembre, 2015

La mort annoncée de l’Etat Providence

Quand un gouvernement fait une très mauvaise politique économique, il récolte de l’exaspération et du désaveu de la part de citoyens très préoccupés par le chômage, le terrorisme, l’insécurité et l’immigration. Avec un rapport de forces qui repose maintenant sur trois formations politiques : le Front National, Les Républicains et le Parti Socialiste, le pays risque de devenir ingouvernable dans le cadre des institutions de la Cinquième République…

Quand une opposition passe son temps en petites querelles de chefs, les résultats de la droite sont décevants.

L’économie s’accommode très mal de zigags incessants. Cela entretient les anticipations négatives, ralentit les investissements et détruit des emplois.

Depuis des mois, nous dénonçons semaines après semaines les incohérences des décisions économiques qui vont à l’envers de ce qu’il faudrait faire.

 

L’Etat providence est mort. Il est impossible de continuer longtemps avec des politiques inefficaces. Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté ne cesse d’augmenter. Le niveau de fiscalité confiscatoire a pour résultat d’inciter les entrepreneurs à investir à l’étranger et surtout de les pousser à se délocaliser pour éviter l’ISF.  L’état providence a cannibalisé l’état régalien et la redistribution évincé la production. Dans le même temps l’étatisme et le corporatisme figent et ferment la société. La France se coupe progressivement du monde ouvert du XXIème siècle.

Les outils de l’état providence sont démolis par la mondialisation : la solidarité est tuée par un marché dual  du  travail avec les in et les out (les jeunes). L’élitisme républicain est tué par une école en échec. L’innovation est tuée par l’égalitarisme des chercheurs. La classe moyenne est tuée par l’atrophie de l’industrie.

La France a une incapacité à faire évoluer son modèle fondé sur des structures d’économie administrée des années 70 et la croissance à crédit. Ensuite par son obstination à nier ses problèmes et à refuser de les traiter.

Pour tous ceux qui veulent lire un livre très intéressant qui donne des solutions pour traiter le problème de l’Etat Providence, Tom Palmer, Senior Fellow du Cato Institute a dirigé un livre intitulé « After the Welfare State » publié chez Jameson Books.

 

Seul le retour à la croissance peut améliorer la paix civile et l’unité nationale.

Quand le rentier gagne plus d’argent que l’entrepreneur, grâce aux politiques laxistes des banques centrales, il n’y a plus de croissance.

Pourquoi a t il été nécessaire que l’on enregistre 12 trimestres consécutifs de destruction des emplois déclarés entre particuliers pour revenir en arrière ?

Pourquoi le taux de chômage est au plus haut depuis 20 ans, ce qui fait de la France le seul pays d’Europe où la situation ne s’améliore pas ?

Pourquoi l’exportation ne concerne que 4,6% des entreprises françaises  contre 13,6% en Allemagne ?

Pourquoi le taux d’imposition moyen des entreprises françaises est de 62,7% selon les calculs de PwC ?  Cela  montre à quel point la France est mal placée. Tant que les entreprises françaises devront se battre dans l’univers de la mondialisation avec un énorme sac de pierre sur le dos

Pourquoi les français partent-ils trop tôt à la retraite ?

 

 

Pourquoi la loi santé de Marisol Touraine a quadruplé de volume en un an mais elle n’a pas reculé d’un pouce sur la généralisation du tiers payant qui est une stupidité ?

Pourquoi la réforme du Code du Travail prend-t-elle déjà du retard ?

Pourquoi les crédits du programme Innovation et Recherche  qui devraient s’ajouter au budget des ministères se substituent à leurs dotations comme le fait remarquer la Cour des Comptes ?

 

La crédibilité de Mario Draghi est écornée

 

L’activisme de Mario Draghi à la tête de la BCE relève d’une stratégie de plus en plus risquée. Les taux négatifs sont un outil de plus en plus audacieux. C’est une planche à billets qui fonctionne à toute allure qui produit des résultats mitigés et contradictoires. Si la crise de la dette des états a été mise en sommeil tandis que l’Euro revenait pratiquement à parité avec le dollar, les liquidités injectées alimentent la hausse des bourses et des marchés financiers. La baisse des taux d’intérêts profite surtout aux Etats et aux ménages qui possèdent des actifs.

La BCE s’échine à vouloir relancer l’inflation alors qu’aujourd’hui la hausse de la consommation ne tire plus les prix vers le haut comme avant.

La croissance en zone Euro reste anémique. Les grands moyens ne soulagent pas une Europe à la dérive.

 

Pour le moment, l’activité industrielle en Europe regagne un peu de  terrain grâce à la baisse de l’Euro. Cela permet à Mario Draghi de revendiquer un début de résultats.

Ce qui est sûr pour l’investisseur est que les obligations européennes n’offrent plus aucune protection contre la déflation, ce qui met bien évidemment en péril tous les systèmes de retraite.

 

En Allemagne, le marché du travail est en bonne santé. Le chômage est au plus bas depuis 1991. L’Espagne va voter le 20 décembre…

 

Aux Etats Unis, l’activité industrielle est toujours médiocre, les résultats des sociétés reculent alors que  les salaires progressent. Les spread de crédit sont à des niveaux de récession. Le bon niveau de création, le taux de chômage est à 5% d’emplois s’explique pour l’essentiel par la bonne santé du secteur des services.

 

Le comportement des Marchés Emergents dépendra des matières premières

 

Tout pari sur les EM est un pari sur les matières premières. Pour le pétrole, les stocks sont au plus haut depuis 1980. C’est une situation qui devrait rappeler à un peu d’humilité tous ceux qui nous expliquaient que la planète allait prochainement manquer de pétrole…

 

 

Le comportement des marchés émergents n’est pourtant pas uniforme. En Inde,  qui profite de la baisse du prix du pétrole, le PIB du troisième trimestre a progressé de 7,4% sur les douze derniers mois. Par contre,  au Brésil, le PIB est en baisse de  -4,5% sur douze mois. L’excédent commercial se réduit en novembre avec des importations qui baissent plus vite (-30%) que les exportations (-11%). En Chine, l’activité industrielle est toujours mauvaise. Le Renminbi fait désormais partie des DTS qui sont l’unité de compte du FMI. Cela fait partie du plan de  conquête du monde par les chinois. La construction de lignes de chemin de fer qui vont rejoindre l’Europe en cinq jours a déjà débuté.  Des cimenteries vont être prochainement construites au Myanmar. Ce qui va être fait par la Chine dans toute l’ Asie sera plus important que ne l’a été à son époque le Plan Marshall pour l’Europe….

 

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

5 Commentaires

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  • sassy2

    10 décembre 2015

    « Tout pari sur les EM est un pari sur les matières premières. »

    plus important, il est possible aussi que les commodités nous montre le chemin de 2016 que pourraient prendre les actions.
    ce n’est pas un prono 2016 mais une mesure de prudence (qui peut etre tres tres rentable)

    =>cela a toujours été le cas (cf relations intermarchés que 50% de la population n’a jamais lu étant trop jeune)
    =>les Mp sont une preuve que la banque centrale (bcefedbojbcc) est peut être à poil. La BPC l’est c’est obvious.
    =>il y a un canal de transmission évident via le HY
    =>même sous l’hypothese que la BC a toujours la main, pourquoi voudrait’elle des indices actions aussi haut? pourquoi pas -10 /-20%?

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  • sassy2

    10 décembre 2015

    En outre, il est possible que des français (de Castries par exemple famille connue aussi pour la bonne gestion d’un camp retranché en Indochine…) s’evertuent à accelerer la faillite de l’etat providence afin de le récuperer plus vite.
    Ils sont mieux placés que quiconque pour savoir que le sytème de santé US est bien meilleur pour nous.

    le modèle de santé américain ayant aujourd’hui fait ses preuves, il est vital (jeu de mots nul carte vital ;-)) pour certains acteurs français de le transposer pour le gérer en France
    Ce n’est que justice aussi quand on voit la formidable réussite des établissements TBTF, de même pour leur holding l’eclatante banque centrale ou leurs fournisseurs de papier PQ comme François Hollande

    ps: grace à l’informatique on pourrait diviser les process et les couts de la secu. c’est cette rationnalisation-qui n’ jamais été faite parce que Francois Hollande a autre chose à faire- que veulent encaisser les bnp axa…

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  • Francis

    9 décembre 2015

    Vous écrivez: « Seul le retour à la croissance peut améliorer la paix civile et l’unité nationale. »

    La croissance pourrait masquer un temps la fracture qui se creuse dans l’unité nationale, mais la croissance ne peut à elle seule fonder l’unité nationale.

    La santé économique et ses conséquences, l’emploi, la fiscalité sont très importants pour le bien-être dans un pays, mais tout n’est pas réductible à l’économie.

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    • idlibertes

      9 décembre 2015

      Non, tout n’est pas réductible à l’Economie mais quand tout le monde est au chômage, il est difficile avec certitude d’être apaisé.

  • nolife

    8 décembre 2015

    Pourquoi la France redémarre-t-elle lentement ?

    Parce que la France est toujours en avance d’une révolution parce qu’en retard d’une réforme.

    Parce que la France est aussi le pays du Diesel.

    Parce que la France REFUSE les réformes structurelles se croyant trop importante pour devoir pratiquer une politique d’austérité.

    Parce que la France est le pays de « Encore une minute Monsieur le Bourreau ».

    Parce que la France a voté pour un candidat qui n’avait aucune expérience ministérielle et dont la carrière politique n’a été faite que de clientélisme et politique politicienne.

    Parce que les politiciens français font demi-tour à la première grève de fonctionnaire ou d’étudiants.

    Parce que la France attend d’être au fond de la piscine pour bouger.

    Parce que la France emprunte à des taux plus proches des Allemands que des Italiens.

    Parce que la classe politique se préoccupe de ses électeurs rentiers (retraités) qui ne veulent « toucher à rien ».

    Parce que la baisse des prix du pétrole en plus des taux laisse penser au gouvernement que cela va se rétablir sans devoir réformer.

    « Pourquoi la loi santé de Marisol Touraine a quadruplé de volume en un an mais elle n’a pas reculé d’un pouce sur la généralisation du tiers payant qui est une stupidité ? »

    Parce qu’elle n’est pas issue du secteur médical comme tout politique à ce poste devrait l’être.

    « Pourquoi a t il été nécessaire que l’on enregistre 12 trimestres consécutifs de destruction des emplois déclarés entre particuliers pour revenir en arrière ? »

    Parce qu’il faut d’abord casser ce qu’a fait le précédent chef, et ensuite à l’approche des élections le rétablir pour qu’il porte sa signature et tenter de se faire réélire.

    « Pourquoi la réforme du Code du Travail prend-t-elle déjà du retard ? »

    Parce que les réformes sont faites pour être discutées pas appliquées (comme les ordres) en espérant que les journalistes à force d’en parler feront croire que ces réformes auront été faires (satisfaisants ainsi ceux qui les réclamaient tout en ne froissant pas ceux qui n’en voulaient pas).

    Le problème, cher Monsieur :

    La Vème République est faite pour être gouvernée par un monarque ayant le dessus sur les corps intermédiaires, liant le Souverain à son peuple (référendum) par-dessus parlement, syndicats, parti politiques … de manière à pouvoir court-circuiter le corporatisme et la bureaucratie.

    Mais depuis Chirac, les présidents sont tétanisés par la perte d’un point dans les sondages et ne pensent qu’à se refiler les postes entre copains en plus d’avoir abrogé stupidement le septennat !

    Au fait, l’Italie a réformé en partie son marché du travail et réduit son parlementarisme. A ce rythme dans 2 ou 3 ans, le taux de chômage de l’autre-côté des Alpes pourrait être inférieur à celui de la France, la baisse des taux (de leur agent à la BCE) pourrait permettre aux pays qui font les réformes (Italie et autres pays du Sud) de faire rouler leurs dettes et faire baisser leurs services de la dette, ce qui pour l’instant fonctionne monsieur.

    http://affaires.lapresse.ca/economie/international/201506/11/01-4877263-italie-200-000-emplois-crees-apres-le-jobs-act.php

    Le service de la dette italienne était 4,7 % de son PIB avec un stock de dette équivalent à 1,3 année de PIB, là avec les taux qui baissent, il pourront peut-être économiser vu qu’ils empruntent à des taux négatifs sur des maturités inférieures à un an.

    Forza Italia !

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