4 juin, 2013

Jacques a dit  » Gommer la dette publique d’un coup ». Vraiment?

Réponse à Jacques Delpla, auteur d’un papier dans Challenges du 30 Mai, “Gommer la dette publique d’un coup? Chiche ».

 

J’ai un peu connu Jacques Delpla, lorsqu’il travaillait pour un grand établissement bancaire français.C’est un esprit inventif et créatif, qui a déjà fait un certain nombre de suggestions originales sur la dette publique et son traitement, on se souviendra de sa proposition de limiter la dette acceptable a un certain pourcentage du PIB, le solde étant traite comme du junk…

Cette fois, tout en reconnaissant le caractère « fortement redistributif  de sa proposition – une taxe de 17% sur le patrimoine s’appliquant au-delà de Euros 30000 prélevée une seule fois – , il la justifie d’une part en mettant en parallèle la richesse  des ménages, et l’endettement élevé de l’Etat, d’autre part en pénalisant les retraites et titulaires de revenus fixes, les épargnants, au bénéfice des jeunes actifs.

Je formulerai toutefois 3 objections que notre ami n’a pas traitées ni même mentionnées dans son papier 

  1. Notre dette publique est comme on le sait placée, grâce au remarquable travail de l’Agence France  Trésor, pour les 2/3 auprès d’investisseurs institutionnels étrangers.

Seront-ils disposes à substituer « au choix des contribuables », en espèces ou en parts de propriétés, les fonds prêtés à la République Française en Euros ou $ sonnants et trébuchants ?On peut en douter. Car comme on le sait l’essentiel des actifs des ménages est constitué par leur immobilier résidentiel, qu’un institutionnel étranger ne pourrait valoriser à son prix de marche.

2. Si l’on considère les actifs financiers, actions et obligations, leur réalisation dans le but de désintéresser les créanciers de la France, entrainerait        un déséquilibre majeur sur les marches concernes, des blocages et des krachs boursiers et obligataires.Certes Jacques Delpla évoque un transfert de propriété à l’Etat, qui ne liquéfierait l’actif que plus tard, à la prochaine mutation ?Ce qui implique que le transfert à l’Etat n’est que cosmétique, et de ce fait ne réduit en rien la dette publique.

3.  Enfin et surtout, cet artifice exonère l’Etat de tout effort de réduction de la dette souveraine par compression des charges publiques Comme on le sait, notre pays souffre d’un déficit structurel, excès de charges sur ressources et ce depuis plus de 40 ans, remettre les choses à plat, en supposant que ceci soit réalisable, ne garantit en aucune façon  que les déficits futurs disparaitront, bien au contraire. Je suis convaincu pour ma part que ceci conduirait au contraire a une accélération des déficits de gestion.

On demeure pantois devant les efforts de bons esprits qui se définissent comme « libéraux », pour éviter de prendre enfin à bras le corps le problème pluri décennal et bipartisan  de la dérive  des charges publiques.

 

Une autre proposition aurait pu être un emprunt obligatoire perpétuel, par hypothèse jamais rembourse et frappant les nationaux ?

Nos gouvernants ont déjà mis en œuvre le principe confiscatoire de traitement fiscal analogue pour le capital et les revenus.

Le capital est taxe au moment de sa formation par l’impôt sur le revenu, au taux le plus élevé des pays industrialisés.

Il subit ensuite annuellement l’ISF, une survivance abandonnée ou jamais adoptée par nos voisins.

Il est enfin ampute pour le solde par les droits de mutation, entre vifs ou au décès..

Nos gouvernants et leurs thuriféraires sont inventifs et recherchent toujours de nouvelles recettes.

La courbe de Laffer n’est pas enseignée dans les grandes écoles de la République.

Quid de la maxime selon laquelle « trop d’impôts tue l’impôt »comme le découvrent les socialistes avec la taxation des activités financières ?

 

 

 

Par Jean-Claude Gruffat

depuis New-York

 

 

Auteur: Jean-Claude Gruffat

Jean Claude Gruffat est depuis Avril 2020 Managing Director chez Weild and Co, banque d’affaires indépendante présente dans plus de 20 États aux États Unis. Après une carrière dans la banque internationale chez Indosuez, puis Citigroup. Jean Claude Gruffat est le Chairman de Competitive Enterprise Institute, et un board member de Atlas Network, toutes deux think thanks libertariennes domiciliées à Washington DC. Il est également gouverneur de L’American Hospital de Paris. Titulaire d’un doctorat en droit public, et d’une maîtrise de science politique de l’Universite de Lyon, ainsi que ancien participant au Stanford Executive Program, GSB, Stanford University, CA.

8 Commentaires

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  • FrancisC

    9 juin 2013

    Quand Jacques Delpla s’ajoute à Gaspard Koenig , tous deux prétendument libéraux, ça devient inquiétant car dans notre pays les pires dégâts arrivent toujours de ces intellectuels bourgeois désireux de reconnaissance qui souhaitent marquer leur temps.

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  • krugkey

    8 juin 2013

    notre dette n’est pas détenu à 2/3 par des étrangers.

    Allez regarder qui se trouve derrière les acheteurs d’oat au luxembourg ou ailleurs. Bien des institutions françaises utilisent des paradis fiscaux pour acheter de l’oat française

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  • Poutine7

    6 juin 2013

    Jacques Delpla est un « économiste » de gôche.

    Quand je pense que ce personnage enseigne, je me dis : on est mal, on est très très mal !

    Bon sang ! Taxer au dessus de 30000 euros de patrimoine. Il veut quoi notre génie de gôche : un pays de pauvres ?

    Sans compter qu’un tel transfert de richesse induirait une chute vertigineuse des prix et pour quoi faire ? rembourser une dette induite de l’assistanat

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    • krugkey

      8 juin 2013

      de gauche vous plaisantez!!!!

      challenges un magazine de gauche???

      de toutes façon la seule solution est l’inflation donc au final c’est l’épargnant qui va payer

      tous les 40 ans le capitalisme se purge

  • Francis

    4 juin 2013

    Que de stupidités. cene sont pas ceux que l’on fait payer qui sont à l’origine des dettes !!! Ceux qui doivent payer ce sont ceux qui les ont faites et ceux qui en ont profité :
    – Les partis politiques qui ont été au pouvoir depuis 1970
    – Les hommes politiques qui n’ont eu que des rémunérations publiques depuis 1970
    – Il faut réduire les salaires et indemnités de tout ce qui est public
    – Il faut réduire toutes les aides pour réduire la dette
    – Il faut ramener la dépense publique au niveau de l’Allemagne
    – Il faut simplifier et réduire les dépenses
    – Il faut arrêter de rendre ceux qui créent de la richesse pour des vaches à lait
    – Il faut stopper le cirque fiscal permanent faisant peur à tout investisseur, il faut de la stabilité
    – Il faut limiter les mandats politiques et interdire d’en faire un métier
    – Il faut unifier le système de retraite
    – etc ……
    – En 10 ans on peut refaire surface

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  • Nicolas

    4 juin 2013

    Surtout surtout, on n’a pas a faire payer les  » riches » pour les stupidités de ceux qu’ils entretiennent déjà depuis des décennies : les  » pauvres » DOIVENT payer. Et que ça serve de leçon pour l’avenir.

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    • JohnS

      4 juin 2013

      Exactement, qu’ils commencent par etendre l’IR a TOUS les Francais travaillant.

      On peut payer un iphone et des baskets a 150E a ses enfants mais pas 150 E d’IR sur l’annee ??

      De qui se moque t’on ?!

    • krugkey

      8 juin 2013

      les français ne payant pas l’ir payent des impots (csg, rds, tva etc;)

      cela représente 2 mois de salaire d’un smicard

      alors svp arrêtez de dire n’importe quoi

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