20 novembre, 2017

Hollywood prépare un nouveau film catastrophe : La Turquie va sauter !

Voila qui n’est pas  bien excitant. J’ai déjà vu le film et dans de nombreuses moutures, au Chili en 1973, en Grande-Bretagne en 1977, en France en 1981, en Union Soviétique en 1990,  en Thaïlande et en Corée en 1997,  en Grèce en 2009, pour terminer avec le Venezuela la semaine dernière, en attendant la version suivante qui ne saurait tarder.

Le scénario est toujours le même : Un idéologue (religieux ou socialiste, le nom  précis donné à  l’incompétence importe peu car dans le fond Melenchon Erdogan c’est tout pareil…), pense qu’il va montrer au monde comment «vaincre» et «dompter» les forces de l’horrible «marché capitaliste» et se met en conséquence à suivre une politique profondément débile qui commence  toujours par l’impression incontrôlée de monnaie, suivant l’idée que plus d’argent crée plus de richesse…

Hélas, dans la réalité, une telle politique a comme premier effet immédiat d’envoyer au tapis le taux de change du pays qui la suit, comme le montre le premier graphique.

 

 

 

Quand la quantité de monnaie augmente (ligne bleue qui monte), le prix de la monnaie baisse (ligne rouge qui monte=Euro qui monte contre la Livre Turque et donc Livre Turque qui baisse). Variations sur 12 mois dans les deux cas.

Voila qui est fort logique. Si la quantité de quelque chose augmente, son prix baisse…

Ce qui est plus embêtant est que la Turquie depuis des années a emprunté des sommes considérables en monnaies étrangères. On parle de plus de 450 milliards de dollars, ce qui n’est pas rien… Et comme le taux de change se casse la figure, financer cette dette devient de plus en plus difficile. Par exemple comme la Livre Turque a baissé de prés de 30 % depuis un an, le service de la dette coûte aujourd’hui  30 % de plus qu’il y a un an et demain peut être 60 % si la Livre continue de baisser. Sous l’effet de ces sorties de capitaux, le déficit du commerce extérieur se creuse de plus en plus. Or et il est déjà à près de 5 % du PIB Turc…et la question se pose : qui va  investir de l’argent frais dans un pays dont la monnaie s’effondre ?

Et bien sûr une hausse des taux d’intérêts phénoménale suit, sous l’effet de deux facteurs :

  • Tous ceux qui ont des dettes et un cash flow négatif cherchent à emprunter pour servir des frais financiers qui explosent de façon «inattendue».
  • Par contre, les résidents qui ont une épargné ou sont en cash flow positif n’ont qu’une idée et c’est de sortir leur argent aussi vite que possible du pays pour protéger leur capital.

Et  surprise, surprise !  Si la demande de prêts augmente considérablement et si l’offre d’épargne diminue, et bien le prix auquel l’offre d’épargne = la demande d’épargne, c’est à dire les taux d’intérêts montent au travers du toit. Et c’est ce que montre le graphique suivant.

 

Et  comme l’inflation monte et que l’activité économique s’écroule puisque plus personne n’investit, ne pouvant trouver l’argent pour le faire, nous rentrons dans une dépression inflationniste tandis que les banques se mettent à sauter comme des bouchons puisque plus personne ne les rembourse.

C’est en général le moment ou les gens du FMI à Washington  devraient se mettre à réserver leurs billets d’avion pour Istanbul ou Ankara…

L’embêtant est que dans la catégorie « idéologue fou », monsieur Erdogan est parmi les tous meilleurs au monde en ce moment (malgré une sévère concurrence) et que l’idée qu’il a eu tort ne l’effleurera même pas. Les responsables sont bien entendu (je laisse le lecteur choisir) : les Juifs, les Arméniens les Américains, les trois ensemble, les Chrétiens, l’Intelligence Service, les Grecs (peu crédibles cette fois ci), le « mur de l’argent », les gnomes de Zurich ou de Wall-Street, et j’en oublie surement.

Il va donc continuer d’accumuler les erreurs que bien d’autres ont fait avant lui du style contrôle des prix, contrôle des changes, contrôle du crédit, mises en prison de commerçants ou de banquiers, trafiquants fusillés sévèrement, diplomates étrangers expulsés, journalistes disparaissant mystérieusement… avant que d’être chassé du pouvoir par la rue ou par l’armée.

Mais avant de réfléchir aux nouvelles âneries que le Président Turc nous réserve, il me faut d’abord expliquer pourquoi et comment il a tenu aussi longtemps.

La Turquie a depuis  un grand moment un important déficit de son commerce extérieur, (aux alentours de 5 % du PIB), ce qui veut dire qu’elle achète pour 5 %  de plus à l’étranger qu’elle ne lui vend. Cela n’est possible sur le long terme que si « quelqu’un » lui prête la différence, c’est-à-dire environ bon an mal an 5 % du PIB.

Ce quelqu’un, d’après ce que je crois savoir aurait été l’Arabie Saoudite.

Et donc, depuis années, la Turquie vivait au dessus de ses moyens parce que l’Arabie Saoudite la subventionnait dans le cadre de la  lutte millénaire entre Sunnites et Chiites au Moyen-Orient (voir mes papiers sur le sujet).

L’embêtant est que le royaume Saoudien a un nouveau maitre qui s’est rendu compte qu’il n’y avait plus un rond dans les caisses et qui du coup cesse de subventionner les autres pays Sunnites…Plus de subventions à attendre donc et du coup la monnaie se casse la figure.

Et que le lecteur ne croit pas que cela va affecter uniquement la Turquie.

Les monnaies Libanaises, Bahreïni, Qatari  Egyptienne, voir Algérienne ne sont tenues que grâce aux Saoudiens. Et donc, partout dans le monde sunnite et arabe les monnaies locales vont s’effondrer, ce qui est rarement favorable à la stabilité politique.

Depuis 1973, les économies de ces pays vivent dans une fausse économie basée sur ce que les économistes appellent la rente minière.

La rente minière disparaissant, il est à craindre que les populations locales payées à ne rien faire depuis des lustres ne se mettent à crever de faim et que du coup elles partent – à  pied- pour rejoindre de nouveaux pays d’accueil où elles seront nourries.

Les crises financières et politiques au Moyen-Orient risquent bien de relancer l’immigration vers chez nous, ce qui ne va pas arranger les affaires dans notre vieux continent.

Pour conclure.

(Sur des considérations bassement boursières (Pouah !))

La première étape de la crise du Moyen-Orient impliquait d’un coté la Russie et l’Iran et de l’autre l’Arabie Saoudite et la Turquie. La Russie et l’Iran ont gagné cette première manche, ce qui était parfaitement prévisible.

Du coup, l’Arabie Saoudite se retire dans son bunker et laisse tomber les autres Sunnites, dont les régimes vont s’écrouler, ce qui va déclencher de nouveaux mouvements d’immigrés et quelques perturbations financières, je le crains.

  • Je me suis laissé dire par exemple que les banques françaises et allemandes étaient parmi les plus grands créditeurs de la Turquie. Voila des dettes qui ne seront jamais remboursées…et pour ça, je fais tout à fait confiance à monsieur Erdogan.
  • Il apparait aussi que les plus gros clients de nos vendeurs d’armes en Europe seraient les monarchies sunnites dont tout laisse à penser qu’elles vont droit à la faillite. Détenir ces valeurs en bourse me parait peu souhaitable.
  • De gros contrats viennent d’être passés par Airbus avec la compagnie aérienne Emirats. J’attendrais un peu avant d’acheter Airbus, à tout hasard.
  • J’achèterai bien des obligations Russes (à 8 %), pour me prémunir contre une hausse des prix du pétrole et des obligations chinoises (à 4%), pour me protéger contre des ennuis avec mes euros.
  • Je maintiens ce que je dis depuis des années, n’ayez aucune valeur financière ni aucune obligation de la zone euro en portefeuille, sauf si vous aimez perdre de l’argent.
  • Je vendrai volontiers les fonds investis en obligations des pays émergents, si j’en avais, ce qui n’est pas le cas.
  • Et pour finir, je lèverai bien un peu de cash dans mon portefeuille actions, que je mettrai en dollar US, à tout hasard.

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

34 Commentaires

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  • Emmanuel

    13 août 2018

    Grande clairvoyance monsieur Charles! Votre article est vraiment d’actualité.

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  • Mjdbdf

    5 décembre 2017

    La monnaie algérienne ne dépend en rien de la monnaie saoudienne sauf que les deux sont corrélées au prix du pétrole et aux fluctuions de leurs réserves de change. La balance commerciale algérienne est en fort déficit mais les réserves de change encore à un niveau respectable sauve les meubles. Le pays a un niveau d’endettement très faible mais son déficit budgétaire avoisine les 16% DU PIB. Pour y remédier le gouvernement prévoit d imprimer des sous en toute compétence , ce qui le rend éligible au scénario décrit relatif à l effondrement de la monnaie et ses conséquences.

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  • Cliquet

    22 novembre 2017

    Formelle , vous avez raison, mais si on raisonne par rapport à la valeur initiale (prise comme référence) l’énoncé est correct. Une baisse de 30% sera compensée par une hausse de 30%, exprimée en valeur de référence

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  • AgentDevlin

    21 novembre 2017

    Et pour nous, c’est bien ou mal? Va-t-on assister à une invasion migratoire encore plus grande après l’effondrement de toutes ces economiedbou va-t-on voir la fin du financement des mosquées salafiste ou intégristes turcs? Je me demande

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  • Hardy

    21 novembre 2017

    ARticle superbe comme d’habitude, vous oubliez pourtant de mentionner un point qui n’est pas de détail : l’or.
    Ce beau pays qu’est la Turquie, qui rappelons avait quand même abattu un avion Russe et qui sur son sol avait eu un ambassadeur du pays du TSar flingué en capitale sans que de prime abord cela ne génère de réactions sanguines de Mr Poutine , ce qui vous en conviendrez est presque étonnant, possède une politique dudit métal qui est inconnue chez les occidentaux ayant un age en deça de celui de la crise de la quarantaine. Vous me dire oui et alors ??? et alors comme la Russie la CHine et les pays pétroliers ont la même voila qui a le don d’aiguiser quelque peu la curiosité non ??

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  • Ben

    21 novembre 2017

    « Les monnaies Libanaises, Bahreïni, Qatari Egyptienne, voir Algérienne.. » Et la Tunisie , trop petite..?

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  • JV Piot

    21 novembre 2017

    ‘Ne mutlu Türküm diyene’soit ‘Heureux cekui qui se dit Turc’
    Mustafa Kemal Atatürk

    Pauvre Turquie

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  • El Momoho

    20 novembre 2017

    Si je comprends bien, la cause première de cet article est l’assèchement des finances de l’Arabie Saoudite et donc le tarissement, dont elle est la source, de toutes les mouvances sunnites (ce qui expliquerait la révolution de palais actuelle), en particulier des Frères Musulmans. Cela me semble une excellente nouvelle.

    Cela dit, que l’Arabie soit à cours d’argent me paraît fou. Ce sont les américains qui auraient réussi à tout leur piquer à travers leurs «projets de développement»? (doublés d’une baisse du cours du pétrole)
    Et si les saoudiens sont à sec, ils risquent de revoir leur allégeance aux américains. Mais il semble relever du merveilleux que les dirigeants américains laissent les puits de pétrole saoudiens partir en vadrouille. Il me semble que nous observerons de l’activité.

    Pour revenir à la Turquie, si je comprends bien, l’Arabie Saoudite n’a pas acheté directement la devise turque sur les marchés, mais a preté des USD à la Turquie pour que celle-ci achète sa propre monnaie sur les marchés. Bref, le déficit de la balance commerciale a été transféré en dette (même chose que le système target2). Mais dans ce cas, ce sont les saoudiens qui sont les détenteurs de cette dette.

    En conséquence, il semblerait que la Turquie devra réduire ses importations (un déficit du commerce extérieur de 5% du PIB, n’est-ce pas énorme?).
    – Quid de sa dépendance au pétrole? L’allié saoudien lui en fournira-t-il?
    – Quid de sa dépendance en nourriture? Doit-elle en importer?
    – Autres importations critiques?

    Le point qui n’est pas clair est pourquoi la Turquie imprime de la monnaie. Elle en fait quoi? Elle achète des USD sur le marché pour acheter à l’extérieur (importer) du pétrole et du blé? Ça ne va tenir longtemps comme ça.

    L’autre question est la quantité de la dette détenue par les américains. Car ceux-ci sont les seuls à qui la Turquie ne peut pas dire «on vous remboursera plus tard, un jour, veuillez consulter les calendes grecques» sauf à avoir la US Navy à ses portes. C’est peut-être le but à court terme: acheter autant de USD sur le marché que possible afin de rembourser la partie de la dette dont le remboursement «différé» susciterait la floraison de jolis mignons portes-avions dans ses eaux territoriales.

    In fine, quelle est l’allocation de cette impression?

    Enfin, la victoire chiite me semble annoncer une grande paix dans l’arc chiite, une excellente chose, ma foi. Al Sissi, de sa main de fer, a ramené le calme, «l’ordre», en Égypte. L’Algérie pourra toujours vendre son pétrole. Il me semble que le problème reste la Lybie+Tunisie. Mais si le financement destiné à déstabiliser la Lybie se tarit, cela me semble également bon signe. Bref, je trouve que, au contraire, la faillite de l’Arabie Sadoudite est un facteur de paix.

    Et puis, par ailleurs, il y a aussi cette bonne nouvelle:

    https://www.youtube.com/watch?v=c-vIKiD93HY

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  • Tomsouville

    20 novembre 2017

    Bonjour monsieur,
    Je vous propose une petite suite à ce scénario : l’Arabie Saoudite ne peut plus faire face à ses obligations financières, le pays, déjà en proie à des tensions internes très fortes, rentre en guerre civile. Le cours du pétrole grimpe en flèche. La Turquie au bord de l’effondrement se tourne vers l’UE, qui lui tourne le dos. Elle se tourne vers les USA : idem. Soudain une aide inattendue se fait jour. La Russie, profitant de la hausse du pétrole et de l’or, propose son aide à la Turquie. Erdogan ne peut refuser, c’est vivre ou mourir. Et là nous assistons à la fin du plus grand retournement stratégique de l’histoire depuis l’Alliance entre la France et le Royaume-unie, retournement qui a commencé en juillet 2016 lorsque les services russes ont sauvé la peau du Codillo d’Anatolie.
    Je vous laisse imaginer ce qu’un tel changement pourrait avoir comme conséquences au moyen orient et en Europe…
    Ah, quel plaisir de vous lire !
    A la semaine prochaine.

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  • Citoyen

    20 novembre 2017

    C’est étrange …. Mais à la lecture, on pourrait croire qu’Erdogan et sa clique, pour être aussi balèzes, ont suivi des cours d’économie chez nos socialos ….

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    • idlibertes

      20 novembre 2017

      Ou qu’ils ont Alain Minc en conseiller

  • Bigou J.J.

    20 novembre 2017

    Cet article et tous ces commentaires sont très intéressants! cependant comment peut-on faire des pronostiques alors que jusqu’à présent Mr Trump n’ a pas, et de très loin, les coudées Franches. Il ne peut pas diriger le FBI, il ne peut pas diriger le department of justice, il ne peut pas diriger la CIA ni la NSA, l’ armée? etc…. Par contre, plus il avance plus il (son équipe) enfonce des coins dans dans ce bloc qui lui barre la route et qui un jour ( proche j’ espère) volera en éclats! Alors quelle sera sa position vis à vis des sujets mentionnés, quelle sera sa politique à l’ international, monétaire… ?
    Merci de nous éclairer;

    Quelles en seront les retombées au moyen Orient et en Europe?
    Combien de temps l’ UE et l’ euro actuel continueront-ils d’ exister ?

    Une seule chose me parait sûre: la Russie est très peu endettée, elle a de réserves de richesses naturelles immenses, elle sait « naviguer » avec la Chine, sa population et ses dirigeants font bloc autour du concept de nation et sont attachés à leurs racines,les entreprises et l’ Etat sont convaincus de l’ intérêt de la sélection dans l’ éducation, de la promotion au mérite et d’ une échelle des salaires suffisamment étendue pour motiver les plus performants, etc…

    Répondre
    • Robert Marchenoir

      7 décembre 2017

      @ Bigou J.J

      Hahaha, l’Etat russe est convaincu des bénéfices de la promotion au mérite … vous en avez d’autres, comme celle-là ?

      Et l’Etat (ainsi que les entreprises !) sont convaincus, en Russie, de l’intérêt d’une échelle des salaires suffisamment étendue pour motiver les plus performants…

      Qu’en termes galants ces choses-là sont dites !

      Vous voulez dire : le seul moyen d’espérer une place décente dans la société, pour les jeunes, c’est de faire partie de la nomenklatura des forces de sécurité (police politique, services secrets, armée…) ? Et le seul moyen d’espérer une promotion, c’est de montrer une servilité en toutes circonstances à l’égard du pouvoir ?

      Quant à l’échelle des salaires « motivante », vous voulez parler, sans doute, de celle qui permet à un simple violoncelliste de l’entourage de Poutine de voir passer des milliards de dollars sur son compte en banque au Panama ? Violoncelliste médiocre, qui plus est ?

      Vous voulez parler des revenus « motivants » des bandits kleptocrates qui constituent la classe dirigeante russe, anciens communistes qui ont perfectionné le marxisme en pillant les ressources naturelles de leur pays, et en réduisant leurs compatriotes à la misère ?

      Vous voulez parler de « l’échelle des salaires », ou plutôt des revenus, qui fait de la Russie l’un des pays les plus inégalitaires du monde, auprès duquel les Etats-Unis font figure de monastère socialiste ?

  • TYLOLO76

    20 novembre 2017

    Bonjour Monsieur Gave, sur les graphiques on voit des hauts et des bas de manière régulière, est-ce que nous ne sommes pas simplement dans une phase haute ? Ne va-t’il pas y avoir des forces de rappel comme celles que vous évoquiez dans l’article du 9 octobre entre la France et la Grande Bretagne :
    « Comment gagner de l’argent sans travailler…mais en réfléchissant. » ?
    Bien à vous, un lecteur très fidèle.

    Répondre
  • Ockham

    20 novembre 2017

    J’apprécie tjrs votre humour, effectivement pour une fois les Grecs n’y sont pour rien et Erdogan va les dépasser. Au-delà du raisonnement économique solide sur les différentes balances des comptes turcs (monétaire, commerciales et comptes nationaux), vous laissez apparaître une masse sombre dans le lointain. Ce ne sont là que des raisonnements de vieil européen à la Louis XV avant la guerre de sept ans… Il s’agirait de l’alliance de la Russie et de l’Iran encore hypothétique contre les Sunnites car elle n’en est qu’au stade de l’inimitié profonde ou de guerres par procuration (Yémen, Syrie, Irak, Qatar – exception-, Liban…). Tant que l’Inde et la Chine ne prennent pas partie mais ils n’apprécient pas beaucoup le punch sunnite, l’ouragan sera évité. Le monde n’en est certes pas là mais en attendant Erdogan tire les chèques d’avance. S’il en tirait de trop, l’adage selon lequel personne n’est irremplaçable pourrait s’appliquer. La force prime le droit, le droit prime l’économie et la prière console.

    Répondre
  • aurelien

    20 novembre 2017

    Bonjour,
    J’ai un peu de mal à saisir pourquoi la Turquie va rentrer en crise, alors que le FMI lui affiche une croissance en 2017 de 5,1 %PIB.
    Si Erdogan utilise la planche à Billet il est très loin d’être le seul (Algérie, Japon, BCE, FED, Arabie Saoudite…)Effectivement la révolution de palais à Ryad va probablement causé des turbulences dans le monde musulman, mais un pays comme l’Algérie me parait bien plus fragile et moins stratégique pour les USA (pas pour la France où ce serait catastrophique)ou la Russie-Chine. Wait and see.

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  • Aljosha

    20 novembre 2017

    Du coup, l’indice « compagnie aérienne middle east » prendrait du plomb dans l’aile : Turkish Airlines, Qatar Airways, Emirates, Etihad Airways …
    Une opportunité pour Air France KLM ?

    Répondre
    • Dyr

      2 janvier 2018

      Ryan Air va se positionner bien avant si créneau il y a.

  • Le bélier

    20 novembre 2017

    « Ce quelqu’un, d’après ce que je crois savoir aurait été l’Arabie Saoudite. »

    Il y a aussi la Qatar, quand on va sur la Banque des Reglements internationaux, on constate que ce sont les banques du Golfe qui fournissent la « hot money » pour le déficit turc.

    Le Qatar « paie » ses « Frères Musulmans Turcs » pour une « protection » et en cas de blocus, les Turcs envoient leurs soldats au Qatar.

    Pour les monnaies du Qatar et de Bahrein, elles n’ont nullement besoin de l’Arabie Saoudites car ces pays sont aussi assis sur de gigantesques ressources minières.

    Une autre chose, Erdogan a comme tant d’autres pays du tiers-monde (Thaïlande …) et même de pays développés (USA, Irlande, Espagne ….) constriut son modèle sur une bulle immobilière.

    Sauf que contrairement à l’Espagne, la Turquie a la « chance » d’avoir son taux de change.

    La Turquie a un déficit des comptes courants de 3.8 %.

    « La rente minière disparaissant, il est à craindre que les populations locales payées à ne rien faire depuis des lustres ne se mettent à crever de faim et que du coup elles partent – à pied- pour rejoindre de nouveaux pays d’accueil où elles seront nourries. »

    On a encore quelques années devant … sauf pour l’Egypte qui soutenue à bout de bras par l’Arabie Saoudite pourrait bien sauter d’ici quelques années.

    « Je me suis laissé dire par exemple que les banques françaises et allemandes étaient parmi les plus grands créditeurs de la Turquie. Voila des dettes qui ne seront jamais remboursées…et pour ça, je fais tout à fait confiance à monsieur Erdogan. »

    BNP est assez présent là-bas …

    Mais les Allemands eux pourront se faire rembourser prioritairement car les industries turques dépendent beaucoup de l’Allemagne, contrairement à la Grèce, la Turquie produit.

    « Il apparait aussi que les plus gros clients de nos vendeurs d’armes en Europe seraient les monarchies sunnites dont tout laisse à penser qu’elles vont droit à la faillite. Détenir ces valeurs en bourse me parait peu souhaitable. »

    *Acheteurs.
    Ensuite ce sont le Qatar, les Emirats Arabes Unis et l’Egypte qui ont acheté le Rafale, les Saoudiens eux achètent Américains.

    Le Qatar et les UAE ont encore de la marge, l’Egypte n’a pas les moyens et se fait payer par l’Arabie Saoudite et donc …

    « De gros contrats viennent d’être passés par Airbus avec la compagnie aérienne Emirats. J’attendrais un peu avant d’acheter Airbus, à tout hasard. »

    Airbus, bien heureusement vend à d’autres personnes dont Singapore Airlines, des compagnies de charters …

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    • Jeeves

      23 novembre 2017

      Si le Qatar a bien des réserves de gaz gigantesques (et ne craint donc pas grand-chose de ce côté-là), le Royaume de Bahreïn n’a rien de semblable me semble-t-il et dépend effectivement de l’Arabie Saoudite qui avait sauvé la mise u gouvernement de Manama en envoyant des chars faire du « maintien de l' »ordre » aux dépens des chiites…
      On peut cependant que le Qatar dispose d’une centre de commandement américain à Al-Udeid et que Bahreïn abrite le QG de la Vème flotte américaine. Une paille.

    • channy

      26 novembre 2017

      @Airbus, bien heureusement vend à d’autres personnes dont Singapore Airlines »

      Singapore airlines qui vient de lui renvoyer un A380 et s’apprête à lui en renvoyer un autre…si pas d acheteurs ils seront désossés et vendus pour pièces,Singapore airlines avaient pris ces appareils en leasing…,Malaysia airlines ne sait quoi faire de ces A380, il y en a un qui « pourri » à KLIA depuis des mois en quête d un acheteur, juste pour l’anecdote..

  • Gerhom

    20 novembre 2017

    Bonjour à tous,

    Avec les changements majeurs qui s’opèrent en ce moment dans cette région, vous pourriez écrire un article tous les jours ! Le Moyen-Orient est particulièrement intéressant à suivre en ce moment, de part les changements/transformations majeures qui s’y déroulent, nous pouvons constater l’échec (une fois de plus) de la politique Américaine.
    Mais vous portez toujours au gré de vos articles, un certain intéressement au dollars US.
    Le fait que beaucoup de Pays, emmener par la Chine, sortent progressivement du dollars pour commercer (Contrats Commerciaux, Matières Premières, etc…), comment voyez-vous cela sur le long terme ? Il me parait évident que cela aura des répercussions sur l’économie Américaine, le financement de leur déficit extérieur,… le dollar risque quand même d’en prendre un coup, sans oublier que, tous les pays qui ont tenter de sortir du dollar se sont retrouver assez rapidement avec l’armée Américaine sur leur territoire….

    Répondre
    • sassy2

      20 novembre 2017

      bonjour,
      Pour l’instant c’est l’inverse ou surtout le dollar qui sort de cette zone.

      Sinon à MT / LT pour effectivement « sortir du dollar » il faut être au moins 2.
      Si la russie peut le faire et le fait pour elle même, la chine a 200/300pc de dette/pib lequel semble vraiment peggé au dollar.

      Outre l’importance de la dette mondiale en quasi dollar qui est à rembourser (ou euro ou yen car ces 3 politiques monétaires sont coopératives), la principale force du dollar est le glaive qui est assorti (philippe le bel ou le monopole de la violence i.e. l’US army).
      L’europe n’ayant pas d’armée.

      L’une des meilleures façons de faire de l’invest, pour la période récente, a été de scruter l’évolution de réserves de change en dollar afin de prédire les PIB ainsi que les achats (ou recyclage) sur les marchés actions & obligataires.
      Tom mc Manus chez Boa(?) avait inventé un modèle FRODOR.
      (aujourd’hui chez Lazard)

      Si aujourd’hui les banques centrales se substituent pour les achats à ceux qui auraient du recycler, et se mettent contre partie des vendeurs en face qui ont besoin de dollar, ces approches restent pertinentes pour deviner les PIB.

      Les réserves de change indiquent que les pib ne vont pas bien (euphémisme)
      La géopolitique ne cesse de le confirmer.

  • marc

    20 novembre 2017

    Merci M. Gave, on apprends des choses très inintéressante.

    Répondre
  • Stefano

    20 novembre 2017

    Il faut ajouter à cela qu’Istambul, qui représente 30% du PIB Turc, est située sur une faille sismique majeure et qu’un désastre est reconnu inévitable à tout moment sur un horizon maximal de 20 ans

    Répondre
    • Xavier

      20 novembre 2017

      (…) et ainsi disparurent les minarets de Constantinople.

      Histoire de la guerre civile européenne, Flammarion, 2041

  • candide

    20 novembre 2017

    Bonjour M Gave,

    billet passionnant, comme à l’accoutumé.
    Il entraîne cependant 2 questions.

    La Turquie s’enfonce du fait d’une utilisation abusive de la planche à billet, ce qui se comprend assez bien. De notre coté, nous faisons la même chose (en pire) et… il ne se passe pas grand-chose. Par quel miracle notre monnaie et notre économie ne part pas en sucette ? Ce n’est pas brillant, certes, mais le château de cartes tient à peu près. Pourquoi ?

    Seconde interrogation, géopolitique celle-là : la Turquie fait partie de l’OTAN, et est la tête de pont des USA dans la région, juste en face de la (méchante) Russie. Comment peut-on affronter les risques de déstabilisation du pays et quelles en seront les conséquences ?

    Répondre
    • Charles Heyd

      20 novembre 2017

      je vais me permettre (m’autoriser comme on dit dans certains milieux!) de faire deux remarques ou réponses à vos questions;
      – vous dites « nous faisons la même chose (en pire) et… il ne se passe pas grand-chose »; l’UE et la zone € globalement ne sont pas (encore) à 5% de déficit du commerce extérieur; la France, certes s’en rapproche mais justement un des avantages de la zone € ou de l’Union, c’est de mutualiser ou consolider les données; cela durera ce que cela durera, c-à-d pas éternellement!
      – la stratégie des USA est multiple et parfois compliquée; mais il ne vous aura pas échappé que les USA sont très présents dans l’ex Europe de l’est (Pologne, états baltes et … tout dernièrement en Ukraine) et tous ces pays sont encore mieux placés vis-à-vis de la Russie que la Turquie! cherchez l’erreur!

    • durru

      20 novembre 2017

      En ce qui concerne l’Europe de l’Est et les US, je crois que nous assistons à un redéploiement des forces US qui ne dit pas son nom. Depuis que la base aérienne OTAN en Turquie (à Incirlik) a été bloquée lors du coup d’Etat d’Erdogan, la question se pose sérieusement.
      Dans votre liste, il manque une pièce maîtresse: la Roumanie. Les bases militaires qui sont en cours d’installation, la politique étrangère, la position géographique, tout indique que le front sud-est européen va obtenir un nouveau centre de gravité.
      Si on ajoute l’aversion intrinsèque des Roumains envers les Russes et les musulmans, plus la stabilité politique du pays (au moins comparé à ses contre-candidats, notamment la Turquie et l’Ukraine), l’accès à la Mer Noire et les relations particulièrement bonnes avec presque tous les acteurs de la région (sauf la Hongrie, et encore…), on devine que la politique du « containment » est de retour, et pour un bon moment.
      Le gros problème des occidentaux au Moyen-Orient est de trouver des partenaires fiables. Et ça risque pas de changer, à mon avis.

    • El Momoho

      20 novembre 2017

      @durru

      +1

  • François Demay

    20 novembre 2017

    La LIVRE TURQUE et pas LA LIRE !!

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  • sassy2

    20 novembre 2017

    Je pense me souvenir que la Turquie est parmi les économies traditionnellement les plus dollarisées au monde.

    Tout ce à quoi nous assistons est le résultat des comptes d’exploitation de ces pays et de l’attrition de leur réserve de change.

    Depuis le coup d’aout 2016, la turquie a probablement du opérer un virage à 180deg vis à vis de ses sources de financement.

    Auparavant la Turquie était aussi financée par les US (ère obama clinton bush)( un peu comme l’Egypte qui a commndé des mistrals et cie…) .
    Mon petit doigt me dit que le Qatar a pris aussi le relai circa 2016, ainsi que MERKEL
    (AK deutsche bank avec qatar la veille du coup en Turquie, des chèques ont en outre été faits concomitamment à Erdogan par Juncker avec notre argent)

    Et nous avons Obama et peut être Merkel HS, avec un Erdogan qui s’est retourné vers la Russie.

    A propos des mêmes schémas, dont je regrette ce matin de n’en avoir pas parlés, et cette fois en Arabie Saoudite: qui étaient les mieux placés pour défoncer le riyal saoudien dans le dos du prochain monarque?
    A mon avis ceux qui sont au ritz carlton de Riyadh. Et le jeune a fait son Philippe le Bel.
    Il se dit, par exemple, croyez-moi ou pas, que certains saoudiens avaient 1milliard de GLD en physique à Geneve port franc depuis plusieurs années…

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  • Alain B.

    20 novembre 2017

    Bonjour Mr Gave,
    Votre article est très interessant comme toujours ! Vraiment la faillite de la Turquie est une « torpille » que je n’avais pas vu venir….Les marchés sont chers et peut-être en bulle.
    Il faudra un facteur exogène pour faire éclater tout cela et mettre les pendules à l’heure….
    Merci pour vos articles, les tutoriels sont amusants et excellents, ils devraient figurer dans les programmes scolaires !
    Bien à vous

    Répondre
  • Gerldam

    20 novembre 2017

    Ce qui est merveilleux, c’est qu’avec vous , on apprend toujours quelque chose. Brillant, comme souvent.

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