11 septembre, 2018

Les actions américaines sont au plus haut alors que la guerre commerciale fait rage verbalement  

 

Les actions américaines ont réalisé une performance significative depuis le début de l’année avec + 8,8% pour le S&P 500 contre -5,5% pour l’indice Eurostoxx,  -0,6% pour le CAC et -7% pour le Dax.   Pourtant, la hausse de Wall Street est la plus longue et la plus détestée de l’histoire. Dans les mois qui viennent les moteurs de la croissance ne proviendront plus de la politique monétaire ou de la baisse de l’inflation, mais de la croissance des résultats des entreprises dans un environnement un peu plus inflationniste. Dans cet environnement on peut penser que les marchés actions vont continuer de monter pendant plusieurs années Avoir une exposition à 100% actions au moment où on ne devrait plus acheter d’obligations n’est pas déraisonnable. Mais on peut préférer une exposition 50% actions, 50% obligations en Renminbi. L’expérience montrant qu’une allocation de portefeuille moitié actions moitié obligations, produit dans la durée de la stabilité et de la performance. En ce qui concerne le marché américain, il est désormais sur acheté, ce n’est pas une raison suffisante pour ne plus être exposé aux valeurs américaines.

 

La guerre commerciale de Donald Trump contre le reste du monde a été un des grands thèmes de l’été.  Le scénario le plus probable est que le président américain va se concentrer plus sur la Chine que sur l’Europe, au moins jusqu’aux élections de mi-mandat qui auront lieu le 6 novembre prochain.  Une victoire des démocrates aux prochaines élections de mid-term qui leur donnerait la majorité au Congrès ne serait pas forcément considéré comme un élément négatif. Il faut constater néanmoins que les paroles du président américain ont été bien plus spectaculaires que les actes. Tout donne à penser que les excès verbaux permettent de déboucher ensuite sur des accords bilatéraux qui sont présentés comme des « grands succès » par l’administration américaine. Seule une dégradation de l’activité aux États Unis pourrait faire remonter l’agressivité du président des États Unis.

 

Le commerce international se comporte comme un oxymore. Dans la pratique cela signifie que des phénomènes nombreux agissent à la périphérie d’un environnement plutôt stable. Des forces contraires se manifestent, des changements institutionnels remettent en cause des mécanismes établis. Il faut les prendre tout à fait au sérieux. Le commerce international est un des paramètres les plus étudiés en temps réel par les logiciels destinés à mesurer le risque actions. Depuis la fin du mois de juillet alors que la tension était au plus haut, ce paramètre a fourni un signal positif. Ce signal a été confirmé de nouveau à la fin du mois d’août.

 

En Chine la détérioration des relations avec les États Unis s’accentue. Donald Trump continue à juste titre son combat pour rééquilibrer les échanges commerciaux entre les États Unis (500Md$ d’importations chinoises) et la Chine (125 Md$ d’importations américaines).

Dans ce sillage on peut noter que l’Allemagne commence à exiger de la Chine plus de réciprocité et que des petits pays comme le Danemark expriment publiquement leur désir de lutter contre l’invasion économique de la Chine au Groenland. Tous ces mouvements ont entrainé une baisse de l’ordre de 10% du Renminbi contre dollar, mais ce repli s’est produit dans l’ordre et sans déclencher de panique.

 

Parallèlement l’Iran doit absolument trouver de nouvelles sources de financement puisque l’accès au dollar lui est désormais interdit. Donald Trump préférera probablement un accord avec l’Iran à un pétrole à 3$ le gallon. La Russie consolide ses relations avec la Chine au lieu de le faire avec l’Europe.

 

Les élections européennes seront biaisées

 

Les élections européennes qui auront lieu le 26 mai 2019 seront marquées par l’opposition entre Emmanuel Macron et le front Matteo Salvini, Viktor Orban. Cela risque de se transformer en référendum sur l’immigration européenne dans une séquence où la croissance économique ralentit.  Le retour très fort du concept de nation en Italie, Pologne, Hongrie ne pourra pas être balayé d’un revers de la main, par les technocrates de Bruxelles, en traitant cette aspiration de « populisme menaçant la démocratie ».

Le succès médiatique remporté par le fait de ne pas accepter en Italie l’accostage d’un navire qui avait été rempli d’immigrants payant très cher les mafias lybiennes et italiennes pour les transporter dans les eaux territoriales internationales, pour être récupéré par une ONG, devra être pris en compte.

Les demandes formulées ouvertement par Matteo Salvini à Rome, Pedro Sanchez à Madrid et plus discrètement par Paris, pour relâcher les contraintes budgétaires de Bruxelles devront aussi être abordées publiquement. La situation des banques du sud de l’Europe reste préoccupante car les obligations d’Etat représentent 12,4% des actifs des banques portugaises, 11,5% des banques italiennes, 9,2% des banques espagnoles. Le chiffre est de 3,5% pour l’Allemagne et 2% pour la France.

 

En Italie, une solution raisonnable devrait être trouvée sur le budget

 

Le populisme italien n’est pas uniforme, ce qui devrait empêcher le gouvernement actuel de faire passer les propositions fiscales les plus radicales de son gouvernement. Matteo Salvini tient absolument à récupérer les voix de Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi. On peut également s’attendre à un peu plus de flexibilité de la part de l’Union Européenne sur le budget. Une solution devrait être trouvée au problème du budget, ce qui éviterait une déclaration de guerre ouverte avec Bruxelles  et éviterait une  nouvelle dissolution du gouvernement. On a le droit de ne pas être aussi optimiste car le gouvernement italien fait des demandes inacceptables par l’Union Européenne. L’Italie pourrait ainsi être la fameuse baleine que l’on retrouvera flottant sur le ventre après une pêche à la dynamite…

 

La Turquie est confrontée à une crise de liquidités

 

Recep Tayyip Erdogan est en train de rechercher de nouveaux alliés. Avec la Russie, il fait des tentatives de rapprochement, avec l’Union Européenne il devient plus conciliant, avec le Quatar il est en train d’accepter une injection de 15 Md$ pour recapitaliser les banques turques. Parmi les banques européennes, celles qui sont le plus impliquées vis-à-vis de la Turquie sont : Unicredit qui détient 41% de Tapi Kredi la cinquième banque turque, BBVA qui contrôle 50% de Garanti Bank la troisième banque turque…

 

La crise de liquidité en Turquie ne devrait pas amener de changement de la part des banques centrales. Personne ne s’attend à ce que Riyadh aille au secours d’Ankara. Personne en Europe n’aurait la possibilité de sauver la Turquie. Quant à la Chine elle semble avoir suffisamment de problèmes à traiter en ce moment…

 

La baisse de 44% de la Livre turque face au dollar depuis le début de l’année n’est pas la seule. La Roupie indonésienne se retrouve à son niveau de 1998, époque de la crise asiatique à 14957 Roupies pour un Dollar.

 

Au total, on constate que l’économie américaine se porte très bien sur les plans économiques et financiers, que l’Europe est dans une séquence de décélération de sa croissance, que la Chine ralentit et laisse baisser le renminbi. Quant aux marchés émergents ils sont touchés par les effets collatéraux de la guerre commerciale et par la diminution des financements en dollar. Logiquement il faudrait encore privilégier  les Etats Unis, réduire son exposition sur l’Europe et fait des achats sélectifs en Asie

 

 

Auteur: Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X. Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC. Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

11 Commentaires

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  • Homer

    19 septembre 2018

    Siroco et Dupont Aignan ont disparu.. ?

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  • Garofula

    13 septembre 2018

    Il n’y a plus beaucoup de volume sur le CAC en ce moment. L’indice semble évoluer dans le vide, comme si le marché avait disparu.

    Répondre
  • Charles Heyd

    12 septembre 2018

    J’ai une question pour M. Netter et Idlibertés mais qui n’a rien à voir avec cette discussion:
    Lundi, la veille donc de la publication de cette discussion, j’ai posté un commentaire sur une autre discussion initiée par M. Netter sur l’immigration dont le titre était, de mémoire: « l’immigration n’est pas une chance pour l’Europe »; pratiquement seules des références à des titres de livres d’auteurs variés et portant sur ce sujet (l’immigration) y étaient mentionnées;
    deux réponses étaient déjà postées lorsque j’ai rajouté la mienne; à ma grande stupeur cette discussion (billet si vous préférez), a tout simplement disparu le mardi!
    Était-ce un piratage de votre site ou avez-vous tout simplement retiré cette discussion pour une raison qui me dépasse?
    Merci par avance pour votre réponse.

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    • sassy2

      12 septembre 2018

      J’ai pu lire vite fait sur twitter qu’un article aurait été publié avec une semaine d’avance.
      Comme plus bas dans mon post sur le cuivre l’opérateur avec ses gros doigts , un opérateur ou opératrice de l’idl avec ses gros… a probablement fait une mauvaise manipulation?
      Il faudrait faire un CTRL F…

      Je viens de voir dans une video de cet été que Monsieur Gave avait redoublé au collège au moins deux fois (perso c’est l’inverse toujours premier au collège, j’ai redoublé quasi systématiquement mes années à la fac, car je n’y allais que l’après midi …)
      Je sais qu’il y a un audio en attente sur la taxation avec Ferghane & M Nemo + surement un jean batiste Noe encore pour cette semaine.
      Je suis aussi déçu de ne pas pouvoir lire ce soir cet article sur les racines africaines de la religion de l’eurss et de la BCE, mais le désir compte plus que le plaisir, nous avons déjà eu une dose considérable cette semaine…

    • idlibertes

      13 septembre 2018

      Non, c’est JJ netter qui a donné le mauvais et ne s’en est rendu compte qu’après publication.

    • idlibertes

      13 septembre 2018

      Bonjour,

      JJ netter a soumis un article qui n’etait encore que l’ébauche de ses notes et que vous retrouverez la semaine prochaine en état de publication. Il m’avait soumis ses notes d’articles et non l’article fini.

    • Charles Heyd

      14 septembre 2018

      en réponse à #sassy2: lorsqu’on écrit dans une base de donnée le shortcut « CONTRLALT.sup. » et que je me suis toujours abstenu de retenir, ne marche pas;
      quand, dans une base de données, vous avez appuyé sur « ENTER » l’enregistrement est effectivement enregistré; il faut alors revenir en arrière et faire une action volontaire de suppression de cet enregistrement (donc que vous ayez conscience que vous avez fait une erreur).
      j’étale un peu ma confiture d’informaticien amateur, sans plus!

  • Jepirad

    12 septembre 2018

    Merci monsieur Netter pour cet éclairage sur la situation économique et financière mondiale. Très précieux pour se positionner.

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  • sassy2

    11 septembre 2018

    Mon sentiment, pour en revenir au texte inaugural de cette nouvelle année de Monsieur Gave, plus à celui sur la Bible, est que les midterms vont être le nouveau point remarquable de ce graphique qui fut pour l’instant dessiné par Kissinger et cie:

    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:U.S_Trade_Balance_(1895-2015).png

    La nature d’un événement dépend essentiellement de la personnalité de celui qui le subit (Huxley?).

    Lorsque vous montrez ce graphique à un Fabius à un macron à kissinger à un moscovici ou aux Juges aux Rois à tous les autres lecteurs en cachette de la Bible et connaisseurs du Moloch, alors ils continueront à trouver des solutions marketing pour que le graphique continue.
    Sans prendre de risque et surtout sans trop se poser de questions quitte à faire double down.

    Lorsque vous montrez ce graph à Trump ou un Napoleon alors il y verra une formidable opportunité de retour à la moyenne, mécanique et avec levier. Ce qu’il a fait à NYC.

    On peut observer le même phénomène sur certaines plages o\u viennent des vagues de 1 mètre, directement sur le sable dans à peine 10cm d’eau (shore break).
    Certains enfants pleurent effrayés ou sont assommés quand d’autres rient comme jamais en en profitant…

    notes:
    bretton woods => la convertibilité en or mais aussi => avant tout la convertibilité en dollar.
    Déjà TRY , peso… ne sont plus convertibles en dollar

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Les livres de Charles Gave enfin réédités!