24 janvier, 2013

Das pot au feu

Beaucoup sans doute, ne se sont jamais posé une question pourtant essentielle à quiconque veut comprendre l’évolution du monde : qu’est ce qui donne de la valeur aux choses ? Pourquoi certains acceptent-ils de payer trois mille euros de plus pour une  Mercedes que pour une volvo alors que les deux voitures sont d’une qualité quasi identique ? Pourquoi certains préfèrent ils s’offrir une monture de lunettes de marque alors qu’ils pourraient au même prix s’en acheter dix chez  le concurrent ? Pourquoi l’aigue marine que ma mère portait toujours a- t- elle beaucoup plus de valeur pour moi que la valeur marchande de la pierre ?

Cette question de la valeur a divisé les économistes pendant le 19 me siècle et une bonne partie du XX siècle. Au départ, avec Ricardo et ses successeurs, les économistes se sont fourvoyés : ils estimaient que leur rôle était de trouver une explication objective et mesurable à la valeur des choses. Dans leur esprit, la valeur devait être égale à la somme de la valeur des produits et services entrant dans le produit fini. L’exemple du pot au feu est éclairant.Dans un pot au feu, on met des carottes, des poireaux, des navets, des pommes de terre, de la viande…la valeur du pot au feu serait donc égale à la somme des valeurs de tous ses ingrédients. Et d’ou viendrait la valeur des carottes, des poireaux, de la viande, etc ?

Eureka ?Du travail nécessaire pour faire pousser les légumes et élever le bœuf.Certes ! Mais le paysan n’a pas creusé la terre avec ses petits ongles, il a utilisé un tracteur et donc du capital. On ne peut pas produire des carottes, ou autres légumes, on ne peut pas élever des bœufs uniquement avec du travail : il faut aussi du capital.

Se pose alors la question : qu’est ce que le capital ? C’est le travail que les générations passées n’ont pas consommé, répondaient les disciples de Ricardo. Excellente idée.Une première remarque : si cette idée est juste, en empêchant la rémunération du capital, on spolie les générations futures et on consomme quelque chose que nous n’avons pas produit et donc on condamne au dénuement le plus total nos pauvres rejetons. Ce qui induit une question de fond : est ce bien moral que de condamner à la misère des générations futures ?Si l’on regarde l’expérience des pays socialistes, le moindre doute n’est plus permis. La seule explication rationnelle aux désastres engendrés par les socialistes, c’est qu’ils ont essayé de nous affranchir de toute richesse, utile et inutile pour enfin nous libérer de ce matérialisme sordide que génère le capitalisme. La pauvreté la plus totale a suivi à leur passage au pouvoir. De cela, il faut prendre acte si l’on veut rester lucide intellectuellement. Mais continuons notre démonstration et interrompons notre digression, puisque le pot au feu est servi et qu’il ne peut refroidir.

Si l’ on utilise un tracteur pour faire pousser les carottes, les navets, les pommes de terre et pour transporter le fourrage nécessaire à l’alimentation des boeufs, quelle part de l’amortissement du tracteur revient à chacun des ingrédients du pot au feu ? Le tracteur, en effet, il faudra bien  un jour le remplacer, afin que le paysan puisse continuer à travailler. Sans cette capacité d’amortir le matériel, le capital, c’est la dégringolade. Une dégringolade, parfois tragique…

Mais poussons plus loin la raisonnement : même si l’on pouvait calculer la « valeur travail » et la « valeur capital » de chacun des ingrédients entrant dans notre pot au feu, celui-ci pourrait n’avoir aucune valeur en termes économiques. Il faut en effet, que des gens aient envie de pot au feu !Se mettre à fabriquer des diligences dernier cri quand les chemins de fer se développaient n’aurait pas été très intelligent et n’aurait eu aucune valeur.

Pour faire simple, ce n’est pas en additionnant beaucoup de travail et beaucoup de capital que l’on aboutit à un produit de la valeur. Or, toutes les économies socialistes ont été organisées et le sont encore selon la théorie de la « valeur travail ». Il y avait des légions de statisticiens qui en URSS, s’épuisaient à additionner un millième de tracteur à un dixième d’engrais et un vingtième de travailleur pour déterminer la valeur de la carotte ! Et pendant près d’un siècle, cette erreur intellectuelle  été soutenue et continue de l’être contre vents et marées par toute la gauche et tous les syndicats français (cf l’hommage de Jean-Paul Sartre au marxisme « horizon indépassable de la pensée humaine »).

En France aujourd’hui, il y a des milliers de braves citoyens qui travaillent au ministère de la Santé pour comptabiliser un dixième d’amortissement de l’hôpital avec un trentième du coût de formation d’un médecin et y ajouter ensuite le prix du coton hydrophile avant de conclure que la Sécurité sociale est en déficit. Le déficit de la Sécurité sociale ne veut strictement rien dire pour un économiste.Si le prix d’un bien ou d’un service fort désirable comme la santé est maintenu artificiellement à un niveau zéro, sa demande devient infinie.. Comment en être surpris ? il ne ne peut donc y avoir d’équilibre des comptes de la sécurité sociales dans son mode de fonctionnement actuel. Comme la répétait un de mes professeurs, toute société doit à un moment ou un à un autre choisir entre la main invisible d’Adam Smith- (le marché) et le coup de pied fort violent de Joseph Staline ( la contrainte étatique le rationnement, la corruption , les gendarmes et le goulag).

L’ennui avec la théorie de la « valeur travail » c’est qu’elle paraît logique : un bien  devrait se vendre à un prix qui couvre son coût de fabrication et permettre à ceux qui l’on produit de vivre décemment.Si la théorie de la « valeur travail » ou du « juste prix » ne tient pas devant la réalité, par où pèche t-elle ? Les classiques voulaient partir de la valeur pour déterminer les prix. En réalité, il faut partir du prix pour déterminer la valeur. Chacun de nous, en effet, a une échelle des valeurs différentes de celle de son voisin.Chacun de nous, à partir de son revenu, considère qu’il peut vendre ou échanger un certain nombre de produits ou de services,  tout moment . Il y a donc, une infinité de « valeurs » qui se baladent dans le monde à chaque instant.

On est devant un univers de possibles.De temps en temps, miraculeusement, deux « valeurs » se rencontrent et un prix est arrêté. C’est alors que l’échange du bien ou du service à lieu. Ce prix fixe la valeur monétaire du bien à ce moment là seulement. Ce qui n’a rien à voir avec la valeur subjective que chacun d’entre nous pourrait accorder à ce bien. C’est l’exemple d’aigue marine de ma mère que je ne vendrais pas pour tout l’or du monde.Pour la commodité de l’analyse et les calculs statistiques, le prix arrêté lors de cette transaction sera utilisé comme un substitut à la valeur et ce jusqu’à ce qu’une nouvelle transaction ait lieu. Et ainsi de suite. La valeur de notre pot au feu, c’est le prix auquel il est acheté, un jours précis par un tiers.

Tous ceux qui ont assisté à une ente aux enchères comprennent ce mécanisme. Personne dans une vente aux enchères n’achète s’il n’est persuadé, au moment où il fait son offre que le prix qu’il paie est inférieur à la valeur du bien qu’il achète. « J’ai fait une bonne affaire », telle est la façon de résumer cette situation. Cette théorie de la valeur subjective, et en corolaire, le prix objectif, fut mise en lumière par une école économique qu’il est convenu d’appeler l’école autrichienne, à la fin du XIX et au début du XX. Elle révolutionnera la pensée économique.

 

Voilà pour la valeur, voilà pour le pot au feu. En revanche, pour la sécurité sociale, je ne peux rien proposer à ce stade.

 

Auteur: Charles Gave

Economiste et financier, Charles Gave s’est fait connaitre du grand public en publiant un essai pamphlétaire en 2001 “ Des Lions menés par des ânes “(Éditions Robert Laffont) où il dénonçait l’Euro et ses fonctionnements monétaires. Son dernier ouvrage “Sire, surtout ne faites rien” aux Editions Jean-Cyrille Godefroy (2016) rassemble les meilleurs chroniques de l'IDL écrites ces dernières années. Il est fondateur et président de Gavekal Research (www.gavekal.com).

22 Commentaires

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  • BA

    27 janvier 2013

    Vous vous rappelez toutes les belles promesses au moment du référendum sur le traité de Maastricht ?

    – « Si le traité était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, 30 juillet 1992, RTL)

    – « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)

    – « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

    – « Les droits sociaux resteront les mêmes – on conservera la Sécurité sociale –, l’Europe va tirer le progrès vers le haut. » (Pierre Bérégovoy, 30 août 1992, Antenne 2)

    – « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)

    – « C’est principalement peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les plus inquiets sur ces contrevérités. Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry, 12 septembre 1992, discours à Béthune)

    – « Si aujourd’hui la banque centrale européenne existait, il est clair que les taux d’intérêt seraient moins élevés en Europe et donc que le chômage y serait moins grave. » (Jean Boissonnat, 15 septembre 1992, La Croix)

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  • BA

    25 janvier 2013

    Vous vous rappelez toutes les belles promesses au moment du référendum sur le traité de Maastricht en 1992 ?

    Vous vous rappelez toutes les belles promesses en 1992 pour nous inciter à voter « oui » à la monnaie unique, « oui » à l’euro ?

    – « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)

    – « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)

    En réalité, nous avons eu exactement le contraire.

    En réalité, la construction européenne aboutit à un désastre économique, un désastre financier, un désastre social, un désastre humain.

    Vendredi 25 janvier 2013 :
    France : chômage concernant les catégories A, B, C, D, E :
    5 560 100 demandeurs d’emploi inscrits en fin de mois à Pôle Emploi.

    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-VHP736-2.pdf

    Espagne :
    Les chiffres effarants du chômage de masse en Espagne.
    Le taux de chômage espagnol a terminé l’année 2012 sur un nouveau record historique à plus de 26% de la population active, tandis qu’il monte même à 55% chez les jeunes. Et la situation a toutes les chances de s’aggraver encore en 2013.

    Grèce :
    Avec 26,8%, le chômage en Grèce va de record en record.
    Le taux de chômage grec a atteint un nouveau record en octobre à 26,8%, contre 26,2% le mois précédent (chiffre révisé), a annoncé jeudi l’agence nationale des statistiques Elstat.
    L’économie grecque devrait subir une sixième année consécutive de récession en 2013.

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    • Nicolas

      27 janvier 2013

      La France et les français font n’importe quoi. Tout mettre sur le dos de l’Europe est un peu facile. Exemple : éducation bas de gamme, immigration, redistribution à credit, ISF, c’est l’Europe ?

  • david

    25 janvier 2013

    Bonjour Mr Gave,

    La conclusion de votre article est une évidence, c’est a dire que le prix d’un bien est celui que quelqu’un est prêt a payer pour l’obtenir, il n’y a pas de valeur intrinsèque.
    D’ailleurs si un bien est vendu a un prix inférieur au cumul des prix des éléments constituants, son concepteur finira par faire faillite et la question ne se posera plus. Si au contraire le bien est vendu avec une marge importante, la concurrence fera que ça ne perdurera pas et le prix s’ajustera forcement.

    par contre la dessus.
    « Si le prix d’un bien ou d’un service fort désirable comme la santé est maintenu artificiellement à un niveau zéro, sa demande devient infinie.. Comment en être surpris ? il ne ne peut donc y avoir d’équilibre des comptes de la sécurité sociales dans son mode de fonctionnement actuel. »

    il peut y avoir équilibre si il y a restriction de l’offre et donc pénurie partielle, et c’est ce qu’essaient de mettre en place, avec plus ou moins de succès, les politiques de modération des dépenses.

    Cordialement.

    PS: je confond volontairement prix et valeur, ce qui ne pose de problème vu la conclusion atteinte.

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    • David

      25 janvier 2013

      je complète ma réponse en faisant remarquer que si on regarde un cours Boursier on remarque que le cours courant (et donc la valeur d’échange et donc le prix) n’est en rien corrélé a la valeur fondamentale de l’entreprise qui a émis le titre, ce qui rejoint la conclusion de Mr Gave.
      Si on reprend l’article ou il nous expliquait que les prix se décident « à la marge » on en arrive au constat que la véritable « valeur » d’une entreprise prise à un moment donné est directement liée au prix auquel sont échangé ses titres « a la marge ».

    • Homo-Orcus

      26 janvier 2013

      Normal, le prix d’une action représente la croyance de certains dans la capacité à générer des bénéfices futurs, une estimation projetée avec toutes les erreurs du jugement humain. PSA par exemple, si on divise aujourd‘hui toutes ses immobilisations par le nombre d’actions, le montant unitaire doit-être supérieur à la valeur de son action. Mais comme le but n’est pas d’acheter un « morceau » d’entreprise mais de l’aider à continuer son exploitation en lui fournissant du capital pour acheter de la matière première, des machines et de manière incroyable, payer des salaires et même soyons fous, embaucher ! Certains achèteront pour revendre et faire une plus-value en « dormant », ah les salauds ! mais comme dirait Mandeville « heureusement qu’ils sont là ! »
      Mais non ce n’est pas une critique des socialistes, n’y voyez pas de mal.

  • idlibertes

    25 janvier 2013

    Tout à fait. Rien ne se perd, tout se transforme.

    Répondre
  • Tk

    25 janvier 2013

    Ce billet me rappelle un livre que j’avais beaucoup aimé « Un libéral nommé Jesus » (chapitre V) le connaissez-vous ??? 🙂

    Répondre
  • reporting

    24 janvier 2013

    ce billet peut rappelle mes études sup où on simulait une négociation avec une partie acheteur et une partie vendeur qui devaient s’entendre sur le prix de transaction d’une entreprise à partir de divers éléments et paramètres. Il en ait ressorti autant de prix qu’il y avait de groupes de négociation. Chacun groupe avait su négocier un prix sachant qu’il n’existait pas un prix bonne réponse ou correspondant à un calcul mathématique. Pas besoin d’être un expert philosophe économiste protestant ou juif du XIXème siècle pour comprendre cette notion de prix et de valeur. C’est quelquechose qui se pratique tous les jours par beaucoup de monde même si les gens n’en ont pas forcément conscience.

    Répondre
    • idlibertes

      24 janvier 2013

      Cher Reporting

      C’est vrai mais cependant les gens continuent de penser que par exemple, il faudrait avoir recours à une externalité de valeur soit disant réelle que serait l’or pour donner une valeur à la monnaie.
      La monnaie dans l’absolu n’est jamais que l’expression d’une négociation arretée en amont.
      Or, si l’on réflechit, l’or sur les marchés n’a jamais que la valeur que l’acheteur veut bien lui donner (qui n’est pas celui du cout d’extraction).
      Aujourd’hui, il y a plus de 1 000 Dollars de différence entre le cout d’extraction et le prix de vente d’une ounce. Le difference n’est jamais qu’une entente, encore et toujours.

      Cdlmt

      Idl

  • Gerald Muller

    24 janvier 2013

    Effectivement, la critique de la « valeur travail » vient de l’école autrichienne. En 1922, il y a donc 90 ans, parut un livre intitulé « Sozialismus » (Socialism dans la traduction anglaise et mise à jour que je possède) de Ludwig von Mises. Ce livre explique exactement ce que notre ami Charles Gave écrit. Merci pour ce condensé. Néanmoins, je conseille à tous la lecture de von Mises, qui écrit de façion très claire. A lire également « Human action » du même auteur. Dernière remarque: von Mises fut le professeur de Friedrich von Hayek, le continuateur de l’oeuvre de von Mises.

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  • Hugo

    24 janvier 2013

    Magnifique ! d’ou tenez vous cela ? Menger ?

    Répondre
  • pseudonyme anonyme

    24 janvier 2013

    La rareté est incluse dans le raisonnement de M. Gave puisque en matière de prix c’est la rencontre relative entre un excédant de demande et une pénurie d’offre.

    Bien fou celui qui serait prêt à payer cher quelque chose qu’il peut obtenir facilement.

    Répondre
    • idlibertes

      24 janvier 2013

      Je ne crois pas que « la rareté » soit incluse dans le raisonnement, loin de là. Je crains que vous ne deviez relire l’article en question.
      Hugo a raison, c’est un peu « autrichien » comme position.
      Si vous relisez attentivement l’article, vous observerez que dans le raisonnement de CG entrent deux autres compossantes:

      -l’affectif
      -le subjectif (induit du premier)

      Les autrichiens ou votre raisonnement est de dire rare= valeur= chose qu’on a du mal a trouver

      CG vous dit rare=aigue marine de ma mère ou rare= ce que je suis pret à considerer comme rare à un instant t

      Enfin, il me semble,
      Amicalement

      Idl

    • Sirius

      25 janvier 2013

      Tout à fait, la rareté elle-même est subjective.
      Le même litre d’eau dans le désert de Gobie n’a pas la même valeur que celui rue de la « Pompe ». Mais cette rareté n’est pas évaluée par tout le monde pareil.
      La valeur d’un bien, rare ou pas reste subjective.

      Sauf si ce bien n’intéresse personne, dans ce cas, rare ou pas il ne vaut rien. La ça devient objectif !

  • christophe

    24 janvier 2013

    merci pour cet article mr gaves, par contre, s’il vous plaît, pourriez -vous l’envoyer en plusieurs exemplaires à bercy, d’avance merci mr gaves.

    Répondre
    • Charles Gave

      24 janvier 2013

      Cher Christophe,
      Savent-ils lire ?

      C.G

    • Gilles Hector

      18 février 2013

      Lire, oui. Savoir aussi. Mais comprendre, NON

  • jepirad

    24 janvier 2013

    Beau papier merci.
    Nous sommes pour beaucoup de choses dans la subjectivité. Ainsi par son paradoxe de « l’eau et des diamants », Smith s’interrogea sur la subjectivité de la valeur en observant que l’eau, qui est indispensable à la vie ne vaut (presque) rien, alors que les diamants qui ne servent presque à rien (hors industrie) valent très chers.
    Mais la rareté ne fait elle pas aussi le prix?
    Au passage, pour les puristes, jamais de patate dans le pot au feu!

    Répondre
    • Homo-Orcus

      25 janvier 2013

      « Au passage, pour les puristes, jamais de patate dans le pot au feu! »
      Oui, car le pot au feu était pratiqué bien avant que la patate soit arrivée dans notre gastronomie. La mentalité franchouille s’exprime de manière extraordinaire au travers de la patate. 1) pouquoi mettre des patates dans le pot au feu, on ne le faisait pas avant ! 2) c’est quoi ce truc venu des Amériques ? 3) c’est un violent poison en plus ! 4) (le paysan) mes ancêtres n’ont jamais cultivé ce machin bizarre, bon, je veux bien en cultiver un carré pour mes cochons. Alors que ce légume est un don de Dieu, il y a des trucs comme ça sur terre qui dépasse l’entendement tellement ils sont utiles. Je vous laisse le soin de répertorier toutes les subtilités et les avantages de la patate. Ne serait-ce que pour le pot au feu, la patate est le seul légume à récupérer et concentrer tous les aromes des viandes et épices. Dès demain je me fais un pot au feu, j’en ai l’eau à la bouche. Pour que la patate ait droit de citer dans notre consommation, il faut attendre au moins 1830… Les généraux de Léon Napo s’étant enrichis grâce au pillage de l’Europe ont acheté des domaines agricoles à leur retour. Connaissant les avantages de la patate savamment cuisinées dans le nord, ils en ont imposé la culture, autrement elle serait toujours réservée aux cochons et le français se contenterait de navets fadasses dans son pot au feu.
      La patate a donc une très grande valeur. La valeur, objet du billet est un thème vraiment passionnant et il me semble qu’il faudrait l’aborder de manière plus philosophique qu’économique. La valeur devenant dans l’économie : capital, richesse, argent, monnaie…

    • jepirad

      25 janvier 2013

      « . Je vous laisse le soin de répertorier toutes les subtilités et les avantages de la patate. »
      Mes connaissances en gastronomie sont infiniment plus étoffées qu’en économie, bien que tout cela reste de la cuisine intellectuelle au bon sens du terme évidemment.

  • Sirius

    24 janvier 2013

    Cher CG,
    Warren Buffet vous rejoint totalement quand il écrit « Le prix c’est ce que vous payez, la valeur c’est ce que vous avez ».
    Il est clair que la valeur est subjective : difficile de valoriser sa voiture au millier d’euro près, son appartement à la dizaine de millier d’euro près… alors que dire d’une entreprise ? Etonnant de voir combien d’analystes sortent des target price à la virgule près !

    Pourtant c’est aussi cette subjectivité qui fait le marché, pour un même bien certains étant pour des tas de raisons acheteurs et d’autres vendeurs. Les gouts et les couleurs…

    Restant sur le cas des entreprises, il faut dire qu’on a la chance d’avoir à notre disposition un certain nombre d’outil, de référence et de modèle possible de valorisation (dont il faut comprendre et maitriser les hypothèses sans quoi le résultat est faux).
    A mon avis, la différence dans la perception du risque est pour beaucoup dans la subjectivité de la valeur. Et je pense qu’aujourd’hui le risque est trop quantifié ou relevé comme une donnée de marché (par le beta…) et pas suffisamment qualifié (analyse approfondie de la qualité, évaluation des risque de perte de valeur).

    Ceux qui en ce moment retiennent des modèles exclusivement mathématiques, avec un cout du capital faux (sous évalué) et une analyse du risque basée sur le beta, ont une analyse du risque erronée et des actifs de fait surévalués…

    Bonjour les dégâts en vue !!
    Ce qui très rassurant car les machines et ordinateurs ne sont pas près de nous remplacer pour cela, il faudra toujours quelqu’un derrière (qui comprend ce qu’il fait sinon il est remplacé) pour paramétrer.

    Il faut s’efforcer d’avoir du « bon » risque, la valeur du capital en sera préservé, et mieux peut être le return suivra

    Bien à vous,

    Répondre

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